•  Château de CHENONCEAU – avec le Centre culturel de Vitry –

    Samedi 28 mai 2011

    Départ de la mairie de Vitry dans la fraîcheur mais sous un beau soleil. 12°C, on supporte une petite veste et un gilet. Le car démarre à 6h30, nous sommes 43. Direction Chenonceaux, pour visiter le château de Chenonceau. Non, je n’ai pas fait de faute : il y a un X à la ville, il n’y en a pas au château ! C’est comme ça, la langue française, elle est bourrée de pièges à cons ! Nous faisons une pause d’une demi-heure en cours de route, ne serait-ce que pour respecter les conditions draconiennes sur le temps de conduite du chauffeur, et pour mettre à jour la boîte électronique des données de conduite du car, car c’est informatisé tout ça… Qu’est-ce qu’on attend pour en faire autant sur les bagnoles des particuliers ?.....

    10h15 : Arrivée à Chenonceaux, mais le car nous dépose à proximité, à Chisseaux, au bord du Cher. Là nous montons dans une gabare, bateau à fond plat spécifique des pays de Loire. La gabare navigue avec d’infinies précautions, car le Cher est presque à sec cette année. Son débit est de 20 m3 par seconde, contre 200 m3 par seconde en mai 2010. Plusieurs fois la coque râcle légèrement le fond. Nous naviguons ainsi jusqu’aux abords du château de Chenonceau, sans pouvoir nous en approcher complètement, à cause précisément du manque d’eau… Photos du château, puis la gabare fait demi-tour et nous ramène à l’embarcadère. Le car reprend la route et nous dépose enfin au château de Chenonceau. Beau temps, et beaucoup de monde. Chenonceau est le deuxième château le plus visité de France après Versailles.

    Un peu d’histoire, approchez-vous un peu, et coupez la télé ! Pas besoin d’écouter TF1 sans arrêt en fond sonore, ça rend con, vous le saviez pas ?… Bon, ça y est ? Vous avez éteint la télé ? Alors voici, rien que pour vous, l’histoire du château de Chenonceau :

    Vers les années 1400, il y a là un modeste manoir, genre maison Phénix de l’époque, qui appartient à un nommé Jean Marques. Mais en 1411, le roi Charles VI ordonne la destruction de ce manoir pour punir Jean Marques, qui avait joué au con en se rebellant contre le roi, une affaire genre Clearstream, un truc comme ça si vous voyez ce que je veux dire. Or les monarques n’aiment pas ça du tout, qu’on se rebelle contre eux !...  Et le château de Jean Marques est détruit. Mais Jean Marques ne se décourage pas, il ouvre un plan d’épargne-logement, met de la thune de côté en rançonnant les manants et les serfs du coin, et en 1432 il se fait construire un château-fort et un moulin fortifié, surtout qu’entre-temps on a changé de roi : Charles VI est mort, Charles VII règne.  Tout est OK pour Jean Marques. Mais les meilleures choses, déjà à cette époque, ont une fin. Les années passent, Jean Marques trépasse…

    En 1513, son héritier, Antoine Marques, un con qui ne sait pas gérer, bourré de dettes, est obligé de vendre le château à Thomas Bohier, une grosse légume de Normandie, receveur général, donc un mec qui traficote grave dans la perception des impôts et s’en fout plein les poches au passage, oui, ça se faisait déjà, à l’époque… En 1515, Bohier, le nouveau proprio, fait tout raser, ne conservant que le donjon du château-fort. Il décide de faire édifier un nouveau bâtiment. Mais il part faire la guéguerre en Italie, et c’est sa meuf, Catherine Briçonnet, qui supervise les travaux et se tape tout le boulot. Mais Chenonceau est né, né de cette femme pourrait-on dire…  C’est pourquoi on appelle encore Chenonceau le château des dames, tant il y eut de femmes qui y jouèrent un rôle de premier plan. Mais hélas, les guerres et les travaux ça use, ça use… Thomas Bohier meurt en 1524, sa femme Catherine Briçonnet décède à son tour peu après, en 1526… Or Thomas et Catherine ont un fils : Antoine. Mais c’est encore un con (c'est pas ça qui manque sur terre), bourré de dettes. Alors, pour se faire un peu de thune, il vend Chenonceau à la Couronne en 1535. Voici donc le château de Chenonceau propriété royale. Et François 1er saute dessus vite fait, en 1539… Par ici la bonne soupe, faut pas louper une affaire pareille ! Eh oui, ça s'est passé comme ça !... Vous voyez, on avance, on avance… Encore un peu de patience et d’attention SVP, la culture est à ce prix… En 1547, François 1er meurt, et c’est Henri II qui lui succède et devient roi de France. Il a 28 ans et il est marié à Catherine de Médicis. Mais  une femme, Diane de Poitiers, lui a tapé dans l’œil, et ça ne lui portera pas chance, on verra pourquoi un peu plus tard… Et donc, le roi Henri II fait comme tous les rois (et pas que les rois !) : il a une maîtresse, sauf que lui c’est un peu différent, et même bizarre : les autres préfèrent massivement des jeunettes, mais lui, il se tape une « vieillette », puisque Diane de Poitiers à 48 ans quand il en a 28… N’empêche, il la trouve canon, et en échange de son cul il lui donne le château de Chenonceau, car les hommes sont toujours très généreux en amour, au-delà du raisonnable. Du coup, elle ne porte pas plainte pour viol ou pour harcèlement sexuel, ce qui prouve qu' Henri II s’est mieux démerdé à son époque que DSK de nos jours, y a pas photo, d'ailleurs la photo n’existait pas à l’époque de toute façon, ça tombe bien…  En outre, comme toute maîtresse, Diane joue les emmerdeuses et fait des caprices : elle exige de faire construire un pont pour pouvoir traverser le Cher sans mouiller ses petits petons, et aussi un jardin plein de roses, rien que pour elle, chochotte va, pour qui ça se prend, je vous jure !!! Et même, Diane de Poitiers ordonne à Henri II de venir s’installer à Chenonceau. Elle trouve que Paris c’est loin, et comme y a pas encore de TGV ni de RER, c’est assez chiant de faire le trajet. Henri II fait comme tous les mecs : il capitule pour avoir la paix et s’installe avec sa suite à Chenonceau en 1552. A Chenonceau donc, ça gouverne et ça roucoule, bref tout baigne (dans le Cher !)… Sauf que Catherine de Médicis, l’épouse d’Henri II, fait la gueule, à cause de Diane de Poitiers, qu’elle traite de pouffiasse, car toutes les femmes, nobles ou roturières, traitent toujours de pouffiasses les femmes qui couchent avec leur mari ! C’est d’ailleurs tout à fait illogique, car si toutes les femmes qui couchent avec le mari sont des pouffiasses, l’épouse, qui en fait autant, n’est alors, elle aussi, qu'une pouffiasse, toute légitime qu'elle soit ! Mais cette logique échappe aux femmes, c’est pourquoi on parle de logique féminine pour désigner en fait l’absence de logique !... Et après on viendra nous parler de solidarité féminine !... Passons… Mais en 1559, ce n’est plus Diane de Poitiers, mais une lance qui tape dans l’œil d’Henri II ! Et comme pour Diane de Poitiers, Henri II succombe, mais là c’est pour de vrai : il meurt après dix jours de souffrances atroces, un morceau de lance fiché dans l’œil jusqu’au cerveau… L’horreur !... Mais ce drame fait pourtant jubiler Catherine de Médicis, sa veuve. Elle la tient enfin sa vengeance contre l’autre pute de Diane de Poitiers !... Elle vire sa rivale de Chenonceau, zou ! casse-toi pauv'conne ! Ce n’est pas chose facile, car le château n’appartient plus à la Couronne, mais à Diane de Poitiers, eh oui, pas folle la guêpe ! Finalement, on fait une transaction : Diane de Poitiers donne le château de Chenonceau, mais elle reçoit en échange le château de Chaumont-sur-Loire.  Ensuite, Catherine de Médicis va entreprendre de grands et interminables travaux à Chenonceau : tous les jardins sont refaits, une galerie est bâtie sur des arches au-dessus du Cher, le château devient demeure royale, bref rien n’est trop beau pour effacer les traces de cette salope de Diane de Poitiers ! Et en 1577, on inaugure enfin la fameuse galerie sur le Cher, avec une méga-teuf, avec que du beau monde, tout comme au Fouquets de nos jours : la mère du roi, la reine Louise épouse d’Henri III (oh, trop mignon !!!), Marguerite de Navarre, épouse du futur roi Henri IV. C’est la grande période du château de Chenonceau. Sachez qu’ensuite, vont se succéder toute une floppée de propriétaires, des simples particuliers, mais fortunés évidemment. On va citer les principaux :

    • Louise Dupin (dont descendra plus tard George Sand), qui sauvera le château de la Révolution Française
    • René Vallet de Villeneuve en 1799
    • Madame Pelouze en 1864, qui refit évidemment tout le gazon !
    • Le Crédit Foncier en 1882, qui fit une belle plus-value, les banques c’est fait pour ça !
    • Mister Terry, riche Amerloque en 1891
    • Henri Menier, l’empereur du chocolat, en 1913 (Y a Bon Chenonceau, histoire de concurrencer Banania !)
    • Laure Menier, descendante de la famille Menier, est la propriétaire actuelle. Le château ne reçoit aucune subvention de l’Etat.

    Revenons à notre balade :

    • A midi, après la promenade en bateau sur le Cher presque à sec, on a déjeuné au restaurant l’Orangerie, dans le jardin du château de Chenonceau : salade maraîchère, coq au vin rabelaisienne, fromages et salade, omelette glacée Chenonceau, vin et café compris…

    Pour digérer tout ça, visite du château : Elle n’est pas très facile, car il y a presque autant de populo ici que dans les couloirs du métro Châtelet vers 18 heures. Pas de conférencier non plus : on nous file un Ipod ( quel modernité, mazette !), qui nous montre les salles du château en vidéo, tandis qu’un casque sur nos oreilles diffuse musiques et commentaires, tout en se cassant la gueule toutes les 10 secondes, merde on n’entend plus rien, on remonte le casque, mais comme on a effleuré l’écran de l’Ipod, ça a coupé, putain !... et on se tape le commentaire d’une autre salle, bref c’est assez bordélique. Surtout qu’il n’est pas facile de regarder à la fois l’écran de l’ipod et les fresques du plafond ! Mais bon, de toute façon, à peine sorti on a déjà à peu près tout oublié, tout se mélange dans les petites têtes sans culture des touristes à la va-vite ! Et l’Histoire est si complexe également, il faut en convenir ! Mais on retient l’essentiel : on voit la chambre de Diane de Poitiers, avec le lit à baldaquin qui porte encore quelques traces d’ADN d’Henri II, qui ne sont pas parties malgré une lessive avec Dash 3 en 1, on voit la fameuse galerie qui franchit le Cher, je ne vais pas tout vous énumérer. Il faut y aller, car les pièces sont toutes décorées et meublées, même si on ne voit pas tout, à cause de tous les gros culs en bermudas, les cuisses velues sous les shorts obscènes, et les jeans crades des touristes braillards qui traversent les pièces en troupeau compact, en hordes dépenaillées, appareil photo pourri en main (photos autorisées mais sans flash) et Ipod déglingué sur les oreilles… La visite  se passe comme ça, au milieu de la populace, on est content de sortir enfin pour une balade dans les jardins… Les 150 hectares qui entourent le château sont faits de parcelles variées. On y trouve le jardin de Diane, jardin à la française orné de rosiers sur tiges, mais aussi des parties boisées, un labyrinthe vert, un potager important, une ferme du 16è siècle et ses bâtiments rustiques qui font penser un peu au Hameau de la reine à Versailles… Et il y a aussi un jardin des ânes, ils n’ont pas l’air plus bêtes que bien des touristes croisés ici…

    17h30 : On regagne le car, pour le retour à Vitry, où nous arrivons vers 20 heures 15… Vous savez tout, ou presque. Pour le reste, connectez-vous sur internet, ou allez visiter Chenonceau, la région est belle et le château aussi…


    votre commentaire
  •  

              

     

     

    De la Bastille à Charonne

    Balade organisée par l’Amicale des anciens élèves des écoles d’Ivry

    Le 6 mars 2003

      Départ Place de la Bastille, au début de la rue de la Roquette.


    La Bastille : quartier à l’origine populaire, comme tout l’est parisien.  Profondément modifié ces dernières années, le quartier de la Bastille n’a plus grand chose de prolétarien, à l’exception des enseignes qui cultivent le « mythe prolo » à l’intention des porteurs de cartes bancaires bien approvisionnées ! De nombreux passages sont aujourd’hui fermés et protégés par des codes… Dehors, les pauvres !... Il est devenu très difficile et fort rare d’apercevoir la perspective d’une allée rustique comme il en existait tant il y a quelques décennies…

    • Au 2 rue de la Roquette, on passe sous le porche de l’immeuble et on s’engage dans le passage du Cheval Blanc : c’est une succession de six cours qui portent les noms des six premiers mois de l’année. La cour Janvier : bâtiments du milieu du 19è siècle. Cours février et mars : maisons à pans de bois. Avril : pas de cour, elle a disparu !  Mai : cour reconstruite par l’architecte Sauger en 1910. Juin : immeubles à pans de bois. Le passage conduit, par la cité Parchappe (du nom de la famille qui vécut ici), à la rue du Faubourg St Antoine. Il a largement perdu son caractère artisanal, mais pas sa structure générale. C’est aujourd’hui une cité résidentielle et branchée. Au 18è siècle, il y avait là un important dépôt de bois ; au 19è siècle, de nombreux ateliers y ont été créés. On revient rue de la Roquette et on la suit en tournant le dos à la Bastille.

    Au n° 18, Ets Loubinoux, spécialistes du mobilier de cafés. Leur présence rappelle que le quartier fut longtemps appelé « La petite Auvergne ». Les émigrés du Massif Central s’y fixaient et tenaient tous les bistrots du coin.

    Rue de Lappe : elle a abrité jusqu’à 15 bals auvergnats, avant que la bourrée ne cède la place à la java, puis au tango. Le plus connu des bals, le Balajo, inauguré pendant le Front Populaire, existe encore et a conservé son décor intérieur. D’autres, comme « La Boule rouge » ou « le Bal Bouscat » ont disparu. Il reste toutefois le restaurant « La Galoche d’Aurillac » au n° 41 et l’épicerie « Aux produits d’Auvergne » au n° 6.

    Au 17 rue de la Roquette, une plaque est posée sur la maison habitée par Verlaine entre décembre 1882 et septembre 1883.

    Au numéro 56, très jolie cour ; les arcades sur les façades correspondent peut-être à d’anciennes écuries.

    Au niveau du n° 58, voir au fond de la cité de la Roquette une curieuse petite maison néo-gothique.

    Le n° 41 ouvre sur un passage fermé par une grille : alignements d’ateliers

    43-45 : Maisons basses anciennes jusqu’à la rue du Commandant Lamy.

    Juste après cette rue, c’est la toute nouvelle église Notre Dame d’Espérance au style forteresse déconcertant.

    Presque en face, au n° 70, fontaine édifiées sous Louis-Philippe (entre 1830 et 1848 donc, sous la Monarchie de Juillet).

    Au 76, le théâtre de la Bastille a remplacé un ancien cinéma de quartier, disparu comme tant d’autres.

    84/86 : synagogue pour les Juifs de rite espagnol.

    Au 71, un beau portail à tympan sculpté est le seul vestige, avec les deux colonnes supportant un balcon, d’une riche maison de plaisance du 18è siècle, détruite en 1977.

    Au 93, on pousse la porte cochère : vestiges des Bains Voltaire : mosaïques et deux candélabres encadrant l’escalier qui menait à l’établissement.

    Traversons maintenant l’avenue Ledru-Rollin et la rue Godefroy-Cavaignac.

    130-134 rue de la Roquette : immeubles inspirés de la place des Vosges, mais l’architecte s’est débarrassé des rigueurs du style Henri IV pour surcharger les façades de guirlandes, angelots…

    Traverser le bd Voltaire et continuer la rue de la Roquette.

    Au 166-168 s’élevait la prison de la Grande Roquette. Entre 1851 et 1899, plus de 200 exécutions ont eu lieu ici, le plus souvent la nuit, en présence d’un public nombreux et friand !

    Au 174, le square est à l’emplacement de la prison de la Petite Roquette, prisons pour femmes, démolie en 1974. Il en reste le porche d’accès au square.

    En face du square, rue de la Croix Faubin ; au sol, à proximité du passage piéton, on voit les cinq dalles qui servaient de points d’assise à la guillotine qu’on dressait devant la prison de la Grande Roquette. C’est là que, au 19è siècle, on enfermait les condamnés à mort en attente de leur exécution, ainsi que les bagnards avant leur embarquement.

    Au 153, belle boulangerie  ornée de peintures sous verre en devanture.

    Poursuivons, rue de la Roquette, traversons le bd de Ménilmontant et entrons par la porte principale dans le cimetière du Père Lachaise.

    Dans le cimetière :

    Avançons dans l’allée principale et gagnons la terrasse par les escaliers latéraux.

    En chemin, tombe de Colette, au début de l’avenue du Puits ; celles de Rossini, Musset, Haussmann (à gauche allée principale), et d’Arago, Ledru-Rollin, Félix Faure (côté droit)

    Parvenus au sommet des escaliers, souffler ! C’est de ce balcon que le jeune Rastignac, héros de Balzac, s’écrie « A nous deux, maintenant » !

    Prenons à droite l’avenue de la Chapelle, où se trouve un bronze de Géricault, puis tout de suite à gauche le chemin du Bassin, puis le chemin Molière où on voit les tombeaux de Gay-Lussac, Molière et La Fontaine, dont on peut douter qu’on ait vraiment retrouvé leurs restes dans les cimetières Saint-Joseph et des Innocents).

    Empruntons maintenant le premier petit chemin sur la gauche. Traverser la Transversale 1 et le chemin des Anglais pour nous engager dans l’avenue Greffüle. Tournons à gauche dans la Transversale 2. A 50 m à droite, tombe de Victor Noir, abattu en 1870 par le Prince Pierre Bonaparte. Cette tombe est une des plus visitées : le sexe du gisant est caressé par de nombreuses mains anonymes !!!…

    Après Victor Noir, tournons à droite avenue Carette ; on y voit la tombe d’Oscar Wilde, couverte des traces de rouge à lèvres d’admiratrices…

    Prenons à gauche l’Avenue circulaire et rejoignons la porte Gambetta pour sortir.

    Tournons à droite dans le rue des Rondeaux. Il y subsiste sur la gauche des maisons modestes. Au n° 52, le mur porte sur le chaînage d’angle un repère de nivellement : altitude 89,562m. Prenons à gauche dans le rue Charles Renouvier, qui se transforme en pont pour enjamber la rue des Pyrénées.

    Juste après le pont, on tourne à droite le passage Stendhal pour rejoindre la rue Stendhal ; au débouché du passage, on aperçoit la villa Stendhal : cet ensemble immobilier est le premier conçu pour une clientèle bourgeoise au début du 20è siècle.

    Après la rue Lisfranc, à gauche, l’espace engazonné coiffe les réservoirs de Charonne.

    Tournons à gauche dans le chemin du Parc de Charonne et pénétrons dans le cimetière Saint-Germain de Charonne. L’église Saint-Germain de Charonne est l’une des deux seules à Paris à être encore entourées d’un cimetière (L’autre étant l’église St Pierre de Montmartre). En effet à partir de 1785, les cimetières entourant les églises et les couvents de Paris ont été vidés, et les ossements transférés dans d’anciennes carrières du 14è arrondissement, devenues les Catacombes… Mais Charonne était à l’époque en dehors de Paris, et n’y fut rattaché qu’en 1860, après la destruction de l’enceinte des « Fermiers Généraux » (Ce mur murant Paris rend Paris murmurant …)

    Dans ce cimetière, quelques sépultures célèbres :

    • La tombe de Robert Brasillach, écrivain Français fusillé en 1945 pour son engagement dans la collaboration et la promotion du nazisme.
    • La tombe aussi des deux enfants d’André Malraux, tués en 1961 dans un accident de voiture.
    • La tombe de Magloire, un farfelu, se prétendant secrétaire de Robespierre ! En fait, c’était un joyeux drille, grand buveur devant l’Eternel, dont on dit qu’il fut enterré ici avec auprès de lui une dernière bouteille !
    • La tombe également de l’acteur Pierre Blanchar.

    Eglise Saint-Germain de Charonne : selon la légende, Saint-Germain, évêque d’Auxerre, a rencontré dans ce lieu champêtre la future Sainte-Geneviève, en 1429. C’est ce que représente une grande toile du 18è siècle sur le mur pignon intérieur, à gauche de l’entrée. Une petite chapelle fut élevée à cet emplacement au début du Moyen-Âge, remplacée par une église au 12è siècle : il en reste la base du clocher actuel, avec les forts piliers cylindriques qui le soutiennent à la deuxième travée. L’église fut endommagée lors des guerres de religion et de la fronde. Il y eut des travaux de reconstruction aux 15 è et 17è siècles.  En 1737, suite à un incendie, le portail ouest est supprimé, ainsi que l’abside, désormais plate, qui a raccourci l’église. Ce sont les villageois de Charonne qui participèrent eux-mêmes financièrement aux travaux au XVè siècle notamment. Le clocher renferme une cloche appelée Germaine. L’église surplombait le village. Il faut savoir que sur la superficie de l’actuel 20è arrondissement, il n’y avait en 1800 que 599 habitants ! Au milieu de l’actuelle rue Saint-Blaise était la place de Grès où l’on mettait au pilori les voleurs et autres malfaiteurs condamnés par la justice seigneuriale. Charonne était un village de paysans et de vignerons. Sur la butte, la rue des Vignoles est en fait l’ancienne rue des Vignobles.

    L’église St-Germain renferme trois autels : à gauche l’autel de Saint-Blaise, avec une statue de Saint Blaise et un tableau de Paul Rambié (artiste contemporain qui vit dans le quartier) : Sainte Thérèse d’Avila adorant le Christ crucifié. A droite l’autel de la Vierge, avec une Pièta de Paul Rambié également.

    Pourquoi Saint Blaise ? La légende veut qu’ici même un roi, un certain Charles, avait eu un grand enrouement après avoir crié contre une cloche qui avait fait fuir son gibier ; guéri par l’intercession de St Blaise, il fit élever une chapelle en son honneur ; et jusqu’au 19è siècle, on continua d’invoquer Saint-Blaise  contre les maux de gorge. Dans les cas graves, on apposait un cierge triangulaire allumé sur la gorge des malades…

    Les vitraux modernes (1950) illustrent les Miséricordes : Veillez sur ceux que personne n’aime, sur ceux qui ont faim, sur ceux qui pleurent…

    Au pied d’un pilier, lire absolument le texte reconstitué de la dédicace de l’église : « L’an 1460, le dimanche devant la Saint-Germain, le 17è jour de juillet fut l’église de Charonne dédiée par Révérend Père en Dieu Monseigneur Guille, évêque de Paris. » … Si vous avez bien lu, cette lecture vous donne droit à « 40 jours de vrai pardon » !

    Au fond de l’église, un tableau de Joseph Benoist Suret (mort en 1807) représente la rencontre historique de Saint-Germain et de Sainte Geneviève.

    L’orgue, de 1850, signé Suret père et fils, possède encore sa mécanique d’époque.

    Quittons l’église, descendons les marches et traversons la rue de Bagnolet pour prendre la rue Saint-Blaise : c’était l’ancienne rue principale du village de Charonne, un bourg plus campagnard encore que les villages voisins de Belleville et Ménilmontant. Les riches parisiens y édifièrent aux 17è et 18è siècles des résidences secondaires parfois somptueuses.

    Tournons à gauche dans la rue de Riblette, une des plus vieilles rues du village de Charonne, puis encore à gauche dans la cité Leclaire, à droite place Pierre Vaudrey, et à gauche rue des Balkans.

    Derrière les grilles du jardin public de l’hospice Debrousse, se dresse l’élégant pavillon de pierre blanche de l’Ermitage, construit en 1734 ; c’est l’ultime vestige du château de Bagnolet, dont le domaine couvrait 80 hectares sur Charonne et Bagnolet, soit deux fois la superficie de l’actuel cimetière du Père Lachaise ! Morcelée, déboisée et lotie à la fin du 18è siècle, la propriété fut progressivement avalée par la ville dans le courant du 19è siècle. Le pavillon de l’Ermitage fut le siège de la contre-Révolution ; les conjurés tentèrent en vain de faire évader Louis XVI et Marie-Antoinette. Tous les « conjurés de Charonne (54) furent arrêtés et guillotinés, à l’exception de leur chef, le prince de Batz, introuvable, qui survécut, et qui fut décoré en 1823 de l’Ordre de Saint-Louis.

    En face du débouché de la rue des Balkans, au 135-137 rue de Bagnolet : deux maisons villageoises, dont l’une est pourvue d’une niche en façade. Juste à gauche, à l’angle de la rue de Bagnolet, un joli café, construit en 1914, présente un décor de boiseries et de faïences.

    Non loin du carrefour Balkans/Bagnolet, on peut voir au 134/136 rue de Bagnolet, deux escaliers en fer à cheval : les maisons haut perchées étaient autrefois beaucoup plus basses, et se sont trouvées surélevées du fait du creusement vers 1850 de la rue de Bagnolet pour en abaisser la pente.

    Tournons à droite dans la rue de Bagnolet puis à gauche dans la rue Pelleport. Traversons la rue Belgrand et suivons la rue du Capitaine Ferber jusqu’à la place Octave Chanute. Vers la droite, on s’engage dans la petite rue Paul Strauss.

    Ici commence le lotissement « La campagne à Paris », bâti sur une ancienne carrière de gypse appelée la « Carrière du père Roussel », carrière de gypse (pierre à plâtre) remblayée à la hâte vers 1880 avec les décombres et gravats provenant du percement haussmannien des avenues Gambetta et de la République. La butte, ainsi stabilisée, et devenue un petit bois, fut achetée en 1908 par une société coopérative dénommée «  La campagne à Paris », en vue de faciliter l’accession à la propriété des gens aux revenus modestes mais réguliers (employés). Une centaine de pavillons en meulières ou en briques furent construits en vingt ans. Le site fut inauguré en 1926 ; il n’a pratiquement pas bougé depuis. Parcourons les rues Jules Sigfried et Irénée Blanc, avant de descendre un escalier qui ramène vers le bruyant Boulevard Mortier, fin de la balade. Si on veut se reposer, une halte est possible juste en face, dans le square Séverine… Bon, il ne vous reste plus qu’une chose à faire : copier ce texte, chausser vos baskets, et faire à votre tour cette belle balade parisienne !... 


    votre commentaire
  •  MISSIONS ETRANGERES DE PARIS

    Balade organisée par l’Amicale des anciens élèves des écoles d’Ivry

    Le 13 avril 2010, un vent printanier nous a poussés d’abord  vers une première mission qui ne nous est nullement étrangère : contribuer à la formation des jeunes apprentis de l’école hôtelière Ferrandi, 28 rue de l’Abbé Grégoire, près du Bon Marché. Des élèves attentifs et stylés nous ont servi un menu fin où ont défilé, dans les assiettes d’abord, dans les gosiers ensuite, d’adorables sardines tartares en leurs atours croustillants,  de délicates asperges vertes vêtues d’une fine lamelle de lard  et entourées d’oignons confits et d’une tendre salade de roquette dentelée, parsemée de copeaux de parmesan et pignons de pin. Vint ensuite un contrefilet fondant qui me fait encore saliver rien qu’en l’écrivant,  puis quelques fromages du terroir et pour conclure, un Bavarois aussi goûteux que moelleux… Quant à nos  verres, ils furent emplis ad libitum d’un Madiran à la robe d’un velouté profond que je vous laisse imaginer.  Pour les convives sobres, heureusement minoritaires, le sommelier avait disposé  sur la table quelques bouteilles d’une eau minérale d’Auvergne connue déjà en 1690 et que Louis XIV faisait venir jusqu’à Versailles, c’est du moins ce qui était écrit sur l’étiquette : c’est vous dire que même l’eau avait de la classe, dans ce menu royal, même si elle avait surtout un goût prononcé de marketing ! Après ce repas, véritable péché de gourmandise, il fallait faire amende honorable : c’est ce que nous avons fait,  par un  pèlerinage à  la Société des Missions Etrangères de Paris toute proche. Douce pénitence en vérité, qui nous a permis de découvrir cette institution religieuse vieille de 352 ans, et dont la mission est essentiellement d’aller dans les pays d’Extrême-Orient pour y former des prêtres du cru : chinois, cambodgiens, vietnamiens, japonais, thaïlandais, indiens… Nombreux sont les missionnaires qui furent torturés et massacrés par les autochtones entre 1690 et 1866, et dont l’institution conserve ici le souvenir et honore la mémoire dans une crypte qui retrace leur histoire et leur martyre. Mais les Missions étrangères de Paris, c’est aussi un ensemble de splendides bâtiments en pierre blonde parisienne du 18è siècle, bordant un superbe jardin d’un hectare, planté d’arbres élégants, et fleuri de parterres engazonnés. Imaginez : on est en plein Paris, à deux pas du Bon Marché, et l’on n’entend que le chant des oiseaux et le murmure du vent ! C’est stupéfiant… Nous avons fait le tour du jardin  sous la conduite instructive  d’un guide aussi compétent qu’enthousiaste. C’est lui qui nous a montré,  juste à côté, par delà un mur de pierres, la maison où est mort Chateaubriand le 4 juillet 1848…  C’est lui également qui nous a donné de nombreuses explications sur les cultures et les langues si diverses des pays d’Extrême-Orient, si mal connus… Mais déjà il se faisait tard malgré l’heure d’été, et nous nous sommes séparés à l’heure des vêpres, en nous promettant encore bien d’autres balades… et d’autres agapes, bien entendu !  


    votre commentaire
  •  JOURNEE A CHINON

    10 avril 2010

    Balade organisée par le Centre Culturel de Vitry


    Dur dur de se lever à cinq heures ! Mais bon, on dit que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, même si la notion d’avenir se confond de moins en moins avec la notion d’éternité depuis que j’approche des rives de mon 67è anniversaire !

    Le car démarre à l’heure –une fois n’est pas coutume- à 6h45. Courte pause dans un Flunch sur l’autoroute A10 du côté d’Orléans. Curieux spectacle dans les toilettes hommes : une gamine d’une dizaine d’années est plantée là et contemple une rangée de mecs alignés le long des pissotières ! Très attentive, la petite !... Occasion aussi de constater l’affluence record, malgré tout ce qu’on brame sur la crise : ça y va, les croissants et les pains au chocolat ! Le Coca coule à flots dès le matin, la recette de Flunch sera bonne ce soir ; c’est pourtant un samedi ordinaire, sans ruée de vacanciers… Et puis on repart… la route, autoroute A10, rien à en dire…

    • Chez un vigneron exigeant : Jean-Christophe Pelletier :

    Visite  de l’exploitation, sous la conduite du viticulteur, Jean-Christophe Pelletier. Il nous conduit d’abord dans ses vignes, étagées sur un superbe coteau calcaire de Saint Louans orienté plein sud et surplombant la Vienne. Ici, on ne transige pas avec la qualité ; on ne fait pas « pisser la vigne ». Sur ce beau domaine de 12 hectares en cours de conversion biologique, on n’oublie pas qu’on est ici au pays de Rabelais, et l’on conjugue donc tradition et exigence. Suit une très belle et très généreuse dégustation des vins produits ici : un Chinon rouge « Eveil des sens » 2009, mis en bouteille ces derniers jours, puis un rouge encore « réserve de Satis » provenant de vignes de dix ans, la « cuvée Elise », issue de vieilles vignes de 35 à 85 ans. A mentionner aussi un excellent Chinon blanc sec et fruité. Le tout à des prix très raisonnables, qui vont de 6 à 9 euros la bouteille ! C’est autre chose que les jus merdiques des foires aux vins en grandes surfaces ! Allez, je vous donne les coordonnées, ça en vaut la peine :

    Jean-Christophe Pelletier, Domaine des Béguineries, 52 rue de l’Ancien Port « Saint-Louans », 37500 CHINON  -  tel 02 47 93 37 16 –

    C’est aussi chez ce viticulteur que nous déjeunons : une grande table rustique en plein air, un très beau buffet campagnard, simple mais copieux : charcuteries, viandes, salade piémontaise, fromages, tarte aux fruits… le tout arrosé encore de crus du domaine servis avec générosité par Jean-Christophe Pelletier en personne…

    L’après-midi : Visite du château de Chinon, sous la conduite d’une jeune guide enthousiaste et cultivée.  Occasion de réviser un peu notre Histoire de France, allons-y gaiement :

    Les premiers bâtisseurs du château, les comtes de Blois, cèdent le château aux comtes d’Anjou en 1044. Le plus célèbre des comtes d’Anjou, Henri II Plantagenêt, devient roi d’Angleterre en 1154. C’est sous son rège que le château de Chinon acquiert sa silhouette actuelle. Jean sans Terre, héritier d’Henri II Plantagenêt, abandonne le château à Philippe-Auguste en 1205. Ce dernier développe les fortifications et renforce le donjon (tour du Coudray). Plus tard, en 1307, Jacques de Molay, Grand Maître des Templiers est emprisonné deux mois, dans la tour du Coudray sur ordre de Philippe Le Bel. Pendant la Guerre de Cent ans (1337-1453), Charles VII se réfugie à Chinon, où il rencontre Jeanne d’Arc en 1429. Le château commence son déclin au 17è siècle. En effet, son propriétaire, le Cardinal de Richelieu,  décide de ne plus l’entretenir, n’ayant pu obtenir de le démolir pour récupérer les matériaux pour son domaine de Richelieu !... Finalement, une restauration est enfin mise en œuvre au début du 21è siècle (Mieux vaut tard que jamais). Les appartements royaux, que nous avons visités, ont été reconstitués et couverts : plafond et toiture posés. On peut désormais voir le château dans sa configuration d’autrefois : trois entités : le fort du Coudray, le Château du milieu, et le fort Saint-Georges, séparés par des fossés et entourés par une muraille extérieure. Des travaux sont encore en cours en avril 2010.

    A nouveau chez le vigneron :

    A 18 heures, retour en car chez le vigneron, pour deux raisons : café et goûter offerts par le viticulteur, et retrait des commandes de bouteilles passées par les uns et les autres au moment de la dégustation. Et enfin  c’est le voyage du retour vers Vitry, où nous arrivons à 22h30 : Levés tôt couchés tard : une journée bien remplie, avec des bouteilles bien vidées !



    votre commentaire
  •  LA CLAIRIERE DE L’ARMISTICE  RETHONDES

    Balade organisée par le Centre culturel de Vitry

     le 25 octobre 2008

     

        Beau temps en ce 25 octobre 2008, malgré une brume assez tenace qui masque le soleil et qui ne se dissipe pas. A 13 heures, en prélude à la balade sur ce lieu du souvenir des deux armistices, nous déjeunons à Rethondes, à l’auberge du Grand Maréchal. A table, on nous sert le « Menu du Poilu » :

    • Kir au cassis et au citron
    • Bol de soupe aux fèves et carottes
    • Rata : pois cassés, saucisse, lard
    • Fromage (Brie)
    • Tarte aux pommes

    Par contre, le Chef a évité les « carottes Vichy », ça faisait désordre !!!...

    Le car nous conduit ensuite dans la fameuse clairière de Rethondes, laquelle n’est justement pas à Rethondes, mais sur la commune de Compiègne, en pleine forêt. D’ailleurs,  à cette saison, les arbres sont magnifiques et on a du mal à imaginer que, de cet endroit bucolique et si beau, on envoyait des munitions lourdes pour des bombardements à longue distance… Le lieu est si calme aujourd’hui, si tendrement bucolique…

    En fait, on avait aménagé là, à l’abri d’une futaie, et donc dissimulée aux regards, une voie ferrée destinée à l’artillerie  lourde… En novembre 1918, à la fin de la Première Guerre mondiale, on cherchait un endroit tranquille et discret pour les négociations. Rethondes fut choisi. Un premier train venant de Rethondes fut dirigé vers la clairière en forêt, c’était le 7 novembre 1918 : il transportait les plénipotentiaires français, avec à leur tête, le Maréchal Foch, généralissime des armées alliées. Arriva ensuite un second train, le 8 novembre à 9 heures, amenant les négociateurs allemands… Le temps était épouvantable, la forêt boueuse, et il fallut installer des caillebotis pour permettre de se déplacer d’un train à l’autre…

    Le début des négociations fut mené avec une grande sécheresse par Foch. Le 8 novembre donc, Foch fait venir dans son wagon les négociateurs allemands.

    Foch : « Quel est l’objet de votre visite » ?

    Erzberger : « Nous venons de recevoir les propositions relatives à la conclusion d’un armistice, sur terre, sur mer, dans les airs, sur tous les fronts, et aux colonies. »

    Foch : « Je n’ai pas de propositions à vous faire !

    Oberndorff : « Nous désirons prendre connaissance  des conditions de l’armistice »…

    Foch : « Je n’ai pas de conditions à faire !... »

    Erzberger : « Cependant, le président Wilson… »

    Foch : « Je suis ici pour vous répondre si vous demandez l’armistice… Demandez-vous l’armistice ? Si vous le demandez, je puis vous faire connaître les conditions auxquelles il sera obtenu. »

    Erzberger et Oberndorff (ensemble) : « Ya » !

    Le général Weygand donne alors lecture du texte proposé par les gouvernements alliés...

    Le 11 novembre 1918, à 2h15 du matin, s’ouvre la dernière séance. A 5h30, les Allemands signent le texte définitif de l’armistice. Foch signe le premier.

    A 6h15, le chef de gare de Rethondes est directement informé par téléphone par le capitaine d’Etat-major. Il se précipite sur le quai, informe ses camarades. Puis il vide les chargeurs des deux fusils qui se trouvaient sur son bureau, en tirant en l’air vers la forêt. Puis il envoie des soldats, qui feront sonner les cloches de l’église de Rethondes ! A 11 heures, ce même jour du 11 novembre, on cessa de tirer partout : la Grande Guerre était finie…

    Le site de Rethondes : Le wagon n° 2419D utilisé par le Maréchal Foch devint emblématique. D’abord resté dans la clairière, il fut transporté à Paris, aux Invalides. Puis il fut remis à Rethondes, où on l’installa dans un musée du souvenir construit en 1927. On édifia dans la clairière une grande statue de Foch. Mais le 22 juin 1940, après avoir exigé la signature d’un armistice après la victoire allemande de juin 1940, Hitler fit détruire tous les bâtiments. Le wagon de Foch fut emmené en Allemagne, et détruit par les SS en 1945. En 1950, on reconstruisit le bâtiment du musée à l’identique, et on y installa un autre wagon, en tous points identiques à celui utilisé par Foch en 1918.

    Le musée présente le wagon, des photographies du conflit de 1914-1918, des objets militaires divers : uniformes, armes, objets fabriqués de façon artisanale par les Poilus, et aussi par les soldats allemands.

    Des documents vidéo présentent aussi le conflit de 1939-1945

    Ouverture du musée  de Rethondes : tous les jours sauf le mardi :

    • Du 15 octobre au 31 mars : de 9h à 12 h et de 14h à 17h30
    • Du 1er avril  au 14 octobre : de 9h à 12h30 et de 14h à 18 h
    • Adultes : 4 euros
    • 7 à 13 ans et groupes de plus de 30 personnes : 2 euros





    votre commentaire
  •  

     

    LES MARINIERS A LONGUEIL-ANNEL

    Balade organisée par le Centre culturel de Vitry

    le 25 octobre 2008


     

    Départ en car de la mairie de Vitry à 7h30. Nous avons rendez-vous à 10 heures à  Longueil, et plus précisément à Longueil-Annel, petit village de l’Oise, à 80 kilomètres au nord de Paris.

    Longueil-Annel abrite aujourd’hui la Cité des Bateliers, avec un musée de la batellerie (internet : www.citedesbateliers.com). Nous y arrivons en avance, il est tout juste 9 heures. Le musée ouvre à 10 heures. En attendant, petite balade à pied. Le temps est brumeux, et le voile gris posé sur le canal  donne au paysage un aspect irréel et tranquille. Des péniches s’étirent le long du canal, de part et d’autre de l’écluse. Car Longueil était un port important durant la révolution industrielle du 19è siècle. Le destin du village s’est précisé en 1826, lorsqu’on a construit le canal latéral à l’Oise, qui traverse le village. Dès lors, la commune  est rapidement devenue une étape incontournable de la route fluviale qui mène à Paris. En 1900 l’écluse est doublée pour faire face au trafic. Il y a alors à Longueil …32 débits de boisson : « le café des mariniers » n’est pas qu’une légende !...

    Batellerie et mariniers : Le long du canal, le halage des péniches s’est fait longtemps par des chevaux, et aussi « à col d’homme » : le plus souvent, ce sont les femmes et les enfants qui étaient attelés à un cordage et qui tractaient la péniche !...  Au 19è siècle, il y avait toutes sortes d’embarcations naviguant sur toutes sortes des canaux ou rivières, sans aucune noprmalisation. En 1879, pour harmoniser le transport et le faciliter entre la France et les pays du nord, un ingénieur, Freycinet (1828-1923), Ministre des Travaux Publics, impose une norme par décret : toutes les voies d’eau auront le même gabarit : les écluses mesureront 39 mètres de long et 5,20 mètres de large ; les péniches feront quant à elles 38,50 mètres de long et 5,05 mètres de large). La vie est rude à bord, les enfants étaient attachés avec un harnais, tenus en laisse pour leur éviter une chute dans l’eau. Beaucoup ont appris à faire du vélo dans la cale d’une péniche vide. Les mariniers étant nomades, leurs enfants étaient mis en pension, et souvent restaient jusqu’à six mois sans voir leurs parents. Dès l’âge de six ans, les enfants pouvaient apprendre à conduire le bateau... Sur la péniche, les mariniers vivent l’aventure au quotidien : il faut s’approvisionner pour les longs jours de navigation (ce sera le rôle des Familistère, cette chaîne de magasins présents très souvent près des écluses ; les mariniers y faisaient leurs courses, et les marchandises leur étaient livrées au Familistère de l’écluse suivante… Il fallait aussi pouvoir trouver un médecin qui accepte de venir sur le bateau, lutter contre le gel, dégager la glace à la pelle et à la pioche pour éviter l’écrasement de la coque…

    A la fin du 19è siècle, la péniche est le principal moyen de transport des marchandises, on compte à cette époque entre 350 000  et 400 000 mariniers. Mais la concurrence du rail fait son apparition, et c’est le début des difficultés pour les mariniers.  Les premiers conflits sociaux éclatent en 1936, et les mariniers obtiennent alors un « tour de rôle » pour obtenir un fret… De nos jours, les conditions de travail nomades, les difficultés de l’éducation des enfants, et la double concurrence du rail et de la route, ont fait chuter le nombre des mariniers à un millier à peine. Par ailleurs d’innombrables contraintes obligatoires sont venues renchérir le coût du transport : obligation de nettoyage complet du bateau après chaque transport, obligation de n’utiliser que des peintures spéciales « alimentaires » dans le cas de transport de céréales et autres denrées alimentaires, obligations de maintenance technique, etc…

    Malgré le faible coût du transport fluvial, l’économie privilégie en 2008 les transports routiers. La batellerie est pourtant encore importante en Europe du nord ( Belgique, Pays-Bas…) et pourrait revenir sur le devant de la scène avec le projet de canal à grand gabarit…qui remettrait, les péniches… à flot !

    A Longueil, des mariniers en retraite organisent la visite guidée d’une péniche Freycinet de 1932 amarrée le long du canal, la visite du musée de la batellerie, avec des films et de nombreux objets et témoignages sur la vie fluviale… Le long du canal, des bornes d’information permettent de compléter la visite par des témoignages sonores.

    Cité des Bateliers

    59 avenue de la Canonnière

    60150 LONGUEIL-ANNEL

    Tel 03 44 96 05 55

    www.citedesbateliers.com

    Autre site sur les mariniers :

    Musée municipal Pierre Mondanel

    Place de l’Aire

    63430 PONT-DU-CHÂTEAU

    Ouvert en juillet et août de 10 à 12 et de 15 à 18

    Sur rdv aux autres périodes : tel 04 73 83 73 62


    votre commentaire
  •  CHÂTEAU DE VINCENNES

    Balade organisée par le Centre Culturel de Vitry

    Le 31 janvier 2009

    Petit conseil personnel  aux visiteurs : ne faites pas comme nous, n’y allez pas en hiver : quel froid ! Pas le moindre chauffage…


    Visite du château de Vincennes, en partant de Vitry en car. A 14 heures, nous y sommes, par un beau temps, ensoleillé, mais glacial. Entrée par la tour médiévale nord. Une guide jeune et compétente nous accueille, et nous partons pour un voyage dans le passé, il y a environ un millier d’années !…

    Attesté en 847, le bois de Vincennes est devenu, au moins partiellement, une forêt royale un peu avant 1037. Une première résidence royale existe dès la fin du règne de Louis VII (aux environs de 1170-1180), vraisemblablement sur le site de l’actuel château. Sous Philippe-Auguste (1180-1223), Vincennes devient l’une des résidences de la Cour d’Île-de-France et un centre de gouvernement.

    Du règne de Louis IX (1226-1270) à celui de Philippe VI (1328-1350), le manoir prend une place de plus en plus importante dans la vie de la monarchie. Plusieurs souverains y meurent, s’y marient, y naissent entre 1338 et 1340.

    La guerre de Cent Ans (1337-1453) entraîne une modification de la nature des bâtiments : Jean II le Bon (1350-1364), pour faire face aux multiples dangers qui menacent alors la monarchie (jacqueries et Étienne Marcel), fait entreprendre en 1361 un énorme donjon (50 m de hauteur) achevé en 1369 sous le règne de son fils Charles V le Sage (1364-1380). Celui-ci renforce la vocation militaire du château en protégeant toutes les constructions antérieures par une vaste enceinte de 378 m sur 175 m. L’essentiel de cette structure existe encore aujourd’hui.

    En 1379, Charles V ordonne la construction d’une Sainte-Chapelle qui ne sera achevée que sous le règne d’Henri II, au milieu du XVIe siècle. Son style, la qualité de son architecture, sa taille, en font l’un des plus beaux édifices religieux de la fin du Moyen Âge. Pendant trente ans, à partir de 1365, ce nouveau château de Vincennes va être l’une des principales résidences de Charles V et de son fils Charles VI (1380-1422). Puis la guerre de Cent Ans et ses suites vont éloigner la royauté de Vincennes.

    Ce n’est qu’avec le règne de Louis XI (1461-1483) que les souverains reviennent à Vincennes. Le changement des goûts architecturaux se manifeste ici par la construction, peut-être dès 1470-1475 d’un pavillon de plain-pied au sud-ouest de l’enceinte de Charles V, reconstruit par Marie de Médicis. Un demi-siècle plus tard, cette construction sera remplacée par l’actuel pavillon du roi édifié pour Louis XIV par l’architecte Le Vau de 1654 à 1658, qui construira ensuite de 1658 à 1660, l’actuel pavillon de la reine.

    Avec le départ de Louis XIV et de sa cour à Versailles en 1762, le château connaîtra diverses affectations. Il abritera les débuts de l’École militaire (1753-1756), une fabrique de porcelaine (1740-1756), des ateliers produisant des armes... Le donjon devenu prison reçoit des personnages célèbres comme Mirabeau, Sade, Diderot. En 1796, le Directoire y transfère l’arsenal de Paris : c’est le début de l’implantation militaire dans le château qui, en donnant une fonction à l’édifice, en assurera la sauvegarde.

    - En 1804, Bonaparte, afin d’enlever tout espoir de restauration aux Bourbons, fait enlever le duc d’Enghien (dernier héritier des Condés) et le fait fusiller dans les fossés du château.

    -  Dès 1831, on construit les premières casemates contre l’enceinte médiévale avant qu’une loi, votée en 1840 et décidant la fortification de Paris, ne transforme les lieux en un fort de seconde ligne défendant la capitale. En 1939-1940, le château abrite le poste de commandement de l’état-major des armées, avant que les troupes allemandes ne l’occupent.

    En 1948, le service historique de l’armée de terre s’installe dans le château, suivi par la marine et l’air, ce qui fait aujourd’hui de Vincennes le troisième lieu de mémoire en France après les Archives nationales et la Bibliothèque nationale.

    - Vincennes est un lieu exceptionnel à plus d'’un titre : mis à part le Louvre, il n’existe aucun château en France ayant une aussi longue existence au cœur de l’histoire nationale.

    Nous avons visité le donjon principal du château, entièrement restauré : des fossés entourent le donjon, ils étaient autrefois remplis d’eau. Un pont-levis permet d’en interdire l’accès, mais en outre, pour décourager d’éventuels assaillants, la porte d’accès au donjon se fait par une passerelle située à douze mètres  du sol, à laquelle on accède par un escalier à l’intérieur d’une tour… Au premier étage, derrière une fenêtre à vitrail se trouve le cabinet de travail du roi, avec une cheminée ; à l’arrière de ce bureau, la salle du Conseil réunissait les collaborateurs et conseillers, dans une salle qui, le soir venu, était transformée en dortoir. Pour maintenir la chaleur, les voûtes et les murs de pierre étaient revêtus de lambris de bois, puis de tapisseries murales, et de tapis au sol. Au deuxième étage, accès par un escalier d’honneur, on arrive dans la chambre du roi, richement décorée de couleurs, car le roi recevait ici. Jouxtant la chambre, une garde-robe, mais aussi une chapelle réservée aux seuls religieux. Le roi lui-même ne pouvait y entrer, il se tenait dans une minuscule pièce attenante, l’oratoire, d’où il pouvait suivre l’office, par une petite fenêtre ménagée dans la cloison.

    Le château de Vincennes fut également une prison, où Louis XIV envoyait des personnes par les fameuses lettres de cachet, ainsi appelées car signées et cachetées par le roi lui-même : aucune juridiction n’avait le pouvoir de libérer les prisonniers, seul le roi avait la faculté d’accorder sa grâce. Les prisonniers étaient souvent des personnages notables, ils avaient le droit de se chauffer, et même de faire décorer et meubler leur cellule. Certains pouvaient aussi y amener leurs domestiques, secrétaires et serviteurs… Quelques prisonniers  célèbres : le Cardinal de Retz, Diderot, le Marquis de Sade qui y passa sept années de 1776 à 1783, avant d’être transféré à la Bastille, d’où il fut libéré par les révolutionnaires… le 14 juillet 1789.

    Les fossés du château ont servi souvent de lieu d’exécution… Quelques fusillés célèbres :

    - Le Duc d’Enghien, fusillé en 1804

    - Mata-Hari (courtisane et espionne) fusillée le 15 octobre 1917.

    Intéressante et instructive balade que la visite du château de Vincennes… mais à deux conditions : il faut avoir de bonnes jambes pour pouvoir marcher et gravir des marches… et puis il ne faut pas y aller en hiver, car le froid y est terrible : même les prisonniers autrefois étaient mieux traités : ils avaient le droit de faire du feu dans les cheminées, eux !



    votre commentaire
  •  GIVERNY, la maison et le jardin de Claude Monet

    Balade organisée par le Centre Culturel de Vitry

    Le 6 juin 2009

    Départ de Vitry en car à 8 heures. Le temps est gris et bientôt nous roulons sous la pluie. Aïe ! Mais heureusement, pas d’embouteillages, et dès 9h15, nous sommes à Vernon-sur-Eure. Petite pause, le temps de prendre un café et un thé au tabac du coin, où l’on peut désormais s’attabler sans être enfumé, et de jouer une grille de loto, on ne sait jamais… Dame Fortune, peut-être !... Dire qu’il a fallu une loi pour contraindre les fumeurs à un minimum de respect des autres !... Saloperie de nature humaine ! Mais on philosophera une autre fois !... Revenons à Claude Monet.

    A 10 h, notre car rejoint ses nombreux camarades déjà garés en une impressionnante cohorte sur le parking : quelle foule à Giverny ! C’est la cohue du côté des tourniquets d’entrée… Heureusement, la pluie a cessé ; pas de soleil, mais le ciel est d’un gris très clair et une bonne lumière baigne l’étang des nymphéas… On fait des photos, même s’il y a dans le viseur davantage de populo que de nénuphars et de nymphéas !... Attention : nymphéas et nénuphars, ce n’est pas la même chose ! Mais je ne vous dirai pas la différence : z’avez qu’à chercher un peu sur internet, ça vous fera pas de mal ! La culture, il faut aussi l’approfondir soi-même !... Après le tour de l’étang, on parcourt le beau jardin de fleurs qu’avait créé Monet, profusion de roses, de pivoines, de géraniums, qui semblent pousser ici dans une liberté sauvage… Visite ensuite de la maison de Claude Monet, dans laquelle il vécut à partir de 1883 comme locataire, avant d’en devenir propriétaire en 1890, jusqu’à sa mort survenue en 1926. Sa première femme, Camille, n’a jamais connu Giverny, elle est décédée en 1879. Maison rose aux volets verts, la maison de Giverny est typique du 19è siècle, avec ses pièces distribuées en enfilade au rez-de-chaussée : atelier de Claude Monet, salle à manger jaune, cuisine bleue… à l’étage : chambres en enfilades longées par un corridor… la chambre de Claude Monet, et la chambre de sa femme Alice, chaque chambre disposant d’un cabinet de toilette mitoyen.

    Midi : après une halte à la boutique, on déjeune au restaurant, sur le site même de Giverny. Mais le plus important chez Claude Monet n’est pas sa demeure mais son œuvre. Découvrons-la maintenant à l’occasion de la visite du musée des impressionnismes, qui se trouvé également à Giverny et qui présente une très belle exposition jusqu’à fin août 2009. Cette exposition est assez extraordinaire car elle permet de voir un certain nombre de toiles prêtées par des collectionneurs privés, oeuvres qu'on ne peut donc jamais voir… à moins d'être pote avec les collectionneurs ! Ce n'est pas mon cas ! Pas un de mes amis ne possède un Claude Monet authentique...   

    L’œuvre de Claude Monet :

    Claude Monet naît en 1840 à Paris, mais dès 1845 il suit ses parents à Rouen. C’est là qu’il s’initie à la peinture grâce à Eugène Boudin, vers 1856, il a alors 16 ans. En 1861, tandis qu’il effectue son service militaire en Algérie, sa tante propose de le faire libérer à condition qu’il étudie sérieusement l’art. Claude Monet accepte et entre aux Beaux-Arts à Paris. Mais Claude Monet n’est pas un peintre classique, et ne sombre pas dans l’académisme ; au contraire il explore des voies nouvelles : peinture dans la nature, recherche de la lumière, travail sur les « impressions » procurées par le changement de la lumière selon les heures et les saisons : c’est l’émergence de l’impressionnisme, terme qui apparaîtra en 1872 sous la plume d’un critique rejetant cette approche, à la suite de l’exposition d’une toile de Monet intitulée « Impressions soleil couchant »… L’exposition de Giverny, au-delà de l’impressionnisme, permet de voir l’évolution de l’art de Claude Monet. D’abord, l’intérêt de Monet pour les fleurs se voit  déjà dans deux tableaux provenant de collections privées : ce sont deux panneaux représentant des fleurs, panneaux qui faisaient partie d’une série de six panneaux décorant une porte… On voit ensuite une toile représentant un moulin dans des champs de tulipe. Monet a réalisé ce tableau à l’occasion se son séjour en Hollande en 1886 : la toile laisse beaucoup de place au ciel, très visible avec ses nuages, au-dessus des allées de tulipes… Monet avait beaucoup aimé ces longs alignements de fleurs, il s’en souviendra pour aménager son jardin de Giverny… Deux autres tableaux « Les palmiers » et « Sous les citronniers », montrent une évolution : en particulier, le ciel tend à disparaître peu à peu, comme si le regard du peintre se fixait que la terre. Dans « Sous les citronniers », Monet « zoome », il se concentre sur les choses qui lui importent, sans chercher à représenter l’ensemble du lieu : on est sous les citronniers, on ne sait pas où exactement, et ça n’a pas d’importance pour le peintre… Par contre, fidèle encore à l’impressionnisme, il peint des « séries », c'est-à-dire des tableaux qui représentent le même sujet, sous des éclairages différents ; ainsi la série sur les meules… Mais ça ne correspond pas au goût des acheteurs. C’est alors que Paul Durand-Ruel a l’idée de les vendre aux USA : et là, gros succès ! Des Américains viennent et achètent : Claude Monet devient riche !... L’exposition de Giverny présente deux toiles faisant partie de séries : « Les peupliers »  et « Sur la Seine »… Dans la toile « Trois jeunes femmes sur une barque » (1887), le ciel a disparu complètement. Cette tendance va s’accentuer encore lorsque Claude Monet, après avoir acheté la maison de Giverny, dont il était locataire depuis 1883, va aménager le jardin et surtout réaliser son étang où il fait pousser des nymphéas… Mais écoutons Monet, il dit ceci : « J’ai mis du temps à comprendre mes nymphéas. Je les cultivais sans songer à les peindre. Un paysage ne nous imprègne pas en un jour. Et puis tout à coup j’ai eu la révélation des féeries de mon étang. J’ai pris ma palette. Depuis ce temps, je n’ai guère eu d’autre modèle. » Dès lors, Monet va se consacrer presque exclusivement à la peinture de son jardin. Mais attention, il ne peint pas des paysages ! De plus en plus il se concentre sur les détails qui retiennent son attention ; on ne voit pas l’étang ni ses berges, seulement des nymphéas… Et même, certaines feuilles des nymphéas ne sont pas représentées en entier, elles sont coupées par le bord de la toile. Monet suggère ainsi que la toile ne représente pas un tableau fini… la toile se prolonge à l’extérieur par l’imagination du spectateur qui reconstruit dans son imaginaire ce qui n’est pas représenté. Monet ira encore plus loin dans ce sens, en ne finissant pas de remplir ses toiles, laissant des marges blanches et inégales sur les bords, afin que ces toiles ne soient pas encadrées… Ecoutons encore Monet : « Le motif est quelque chose de secondaire. Ce que je veux reproduire c’est ce qu’il y a entre le motif et moi. »

    Terminons cette balade par quelques repères sur la vie de Claude Monet :

    1840 : naissance de Claude Monet

    1883 : Installation à Giverny, en location.

    1890 : Monet achète la maison de Giverny

    1893 : il achète un grand terrain près de sa maison avec un cours d’eau et un étang qu’il aménage en jardin avec un bassin aux nymphéas.

    1895 : il érige un pont japonais et le peint pour la première fois.

    1897 : Il fait construire sur son terrain un deuxième atelier où il peut travailler pendant l’hiver.

    1903 : Premier tableau daté de la deuxième série des Nymphéas.

    1907 : Monet travaille exclusivement aux Nymphéas.

    1911 : La vue affaiblie de Monet continue de baisser, mais il surveille l’agrandissement du bassin des nymphéas.

    1914 : Clémenceau suggère à Monet de créer un ensemble de grands panneaux avec les Nymphéas et de les offrir à l’Etat. Monet accepte. Ce travail l’occupera jusqu’à sa mort.

    1918 : A l’occasion de l’Armistice, Monet offre huit tableaux des Nymphéas à l’Etat. Clémenceau vient à Giverny pour les choisir.

    1926 : Mort de Claude Monet, à l’âge de 86 ans

    1927 : Le 17 mai, les Nymphéas sont officiellement inaugurés au musée de l’Orangerie des Tuileries où ils sont toujours.



    votre commentaire
  •  MAISON DE LOUIS ARAGON ET ELSA TRIOLET

    Balade organisée par le Centre culturel de Vitry

    Le 15 mars 2009

    Le soleil brille. On quitte Vitry à 9 heures. A 10 heures, nous sommes à Saint-Arnoult-en-Yvelines, au cœur ancien de cette petite ville au sud-ouest de Paris. Courte pause d’une vingtaine de minutes dans la ville, puis le car nous conduit à la sortie de Saint-Arnoult. C’est là, un peu à l'écart, que se trouve le Moulin de Villeneuve, qui fut la résidence secondaire de Louis Aragon et Elsa Triolet, où tous deux vécurent de 1951 à leur mort : 1970 pour Elsa Triolet, 1982 pour Louis Aragon.

    Nous sommes accueillis par une chanteuse, Lucienne Beauchamp, le look post-soixante-huitard, une intello fan d’Aragon et qu’on imagine bien à Saint-Germain des Prés chantant aussi Ferrat, Léo Ferré, le genre culture de gauche à fond les manettes. Je me suis demandé par exemple si notre cantatrice aurait interprété avec le même enthousiasme les œuvres de Céline, mais ne nous lançons pas dans un procès d’intention ! Elle interprète fort bien Aragon jusqu’à midi, disant ou chantant aussi des textes d’Elsa Triolet.

    A midi, on se retrouve (on est 28 convives) à l’Auberge de l’Etoile, pour le déjeuner. Au menu : Kir et amuse-bouche – Terrine aux champignons – Agneau façon tajine et pommes de terre – Crème au fromage blanc au coulis de framboises – Vin : Côtes de Bourg en carafe – Café –

    Après ça, on est prêts pour la visite guidée de la maison… La jeune Ludivine est notre guide. Entrons avec elle dans cette demeure d'écrivains :

    La maison de Louis Aragon est un ancien moulin à eau. Louis Aragon l’acheta en 1951, pour offrir à Elsa Triolet « un petit coin de France », elle qui était une exilée russe. Le bâtiment est en forme de L, très long mais pas très haut (un étage). Ce qui est extraordinaire c’est que la maison est restée exactement dans l’état où elle était à la mort de Louis Aragon en 1982. Rien n’a disparu et rien n’a été modifié. Meubles, objets divers, livres, tout est là comme si les écrivains venaient de s’absenter… En fait, après la mort d’Elsa en 1970, (ici même dans sa chambre, après un malaise cardiaque dans le jardin sous les yeux de son mari) Louis Aragon vint moins souvent, et finalement, en 1976, il décida de léguer sa maison à l’Etat avec la volonté d’en faire un lieu de souvenir, un lieu d’étude et un lieu de recherche. Aragon légua aussi les meubles et les livres (environ 30 000). Bref, on a l’impression étrange de visiter une maison habitée ; on a peur de déranger… Dans la cuisine, le vieux réfrigérateur des années 60 est encore là et fonctionne. Tout est à sa place : la table, les chaises, l'évier, les placards. A côté, le bureau d’Aragon, avec une feuille de papier et un stylo sur la table, comme si l’écrivain allait rentrer d’une minute à  l’autre et se remettre à écrire… Tout près, le curieux salon aux sombres boiseries, qui jouxte la roue du moulin, laquelle tourne sous le flot incessant de la petite rivière qui passe là. A l’étage, la chambre du couple.  Le dessus de lit est bleu. Bleus aussi les murs et certains meubles. Le bleu se retrouve d'ailleurs souvent dans la maison, c’était la couleur préférée d’Elsa. Sur le palier, un meuble presque secret : c’est là qu’Elsa Triolet cachait avec soin sa collection  « honteuse » : tous les bouquins de la Série Noire ! Ils sont encore là, bien rangés. Elle les adorait, mais elle les cachait soigneusement aux visiteurs et invités : quand on est la compagne du grand Louis Aragon… ça la fiche mal de montrer qu’on se délecte  de polars !!!...  Autour de la maison, on fait ensuite une balade dans le beau jardin qui entoure le moulin. C’est plutôt un parc engazonné et boisé de quatre hectares environ. Cà et là, des panneaux en plexiglas reproduisent des phrases, des vers d’Aragon ou d’Elsa… Et puis on escalade une petite butte dans le haut du jardin. C’est là qu’est la tombe où sont inhumés désormais Elsa Triolet et Louis Aragon. Avant de quitter cette propriété riche de souvenirs, lisons l’inscription qui figure sur la pierre tombale :

    « Quand côte à côte nous serons enfin gisant, l'alliance de nos livres nous unira pour le meilleur et pour le pire dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur à toi et à moi. La mort aidant, on aura peut-être essayé et réussi à nous séparer plus sûrement que la guerre en notre vivant. Les morts sont sans défense. Alors nos livres croisés viendront, voir sur place la main dans la main, s'opposer à ce qu'on nous arrache l'un à l'autre. Elsa. »

    La visite est terminée. Nous quittons la demeure, presque sur la pointe des pieds, en ne parlant pas trop fort. Il ne faut pas déranger les hôtes qui dorment ici, unis dans la mort comme ils le furent dans la vie et dans l’écriture...


    votre commentaire
  •    

    SUR L’ILE SAINT LOUIS…

    Balade organisée par la Société littéraire de La Poste

    Samedi  15 juillet 2007

    Grâce à la Société littéraire de la Poste, nous partons à l’aventure… Au programme, l’exploration fabuleuse d’une île… Mais pas besoin de jouer les Robinson Crusoë, car l’île n’est pas loin, et elle n’est pas déserte. Située en plein cœur de Paris, c’est l’île Saint-Louis… Rendez-vous à 10h30 au métro Pont Marie…Mais suivez-nous au cœur de notre périple !

    L’île Saint-Louis est située dans le quatrième arrondissement, en plein cœur de Paris, juste à l’est de l’île de la Cité qui fut le berceau de la ville, et dont elle est séparée par le Pont Saint-Louis. L’île Saint-Louis a été formée aux environs de 1620, par la réunion de deux petites îles : l’île Notre-Dame, la plus proche de la Cité, et l’île aux vaches…Ces deux îles étaient séparées par un étroit chenal franchi par une passerelle de bois. Avant le 17ème siècle, ces deux îles n’étaient pas construites ; l’île Notre-Dame, très souvent inondée, n’abritait que des activités saisonnières sans infrastructure immobilière, des pêcheries notamment ; quant à l’île aux vaches, elle était utilisée, comme son nom l’indique, comme pâturage aux troupeaux des fermes parisiennes, fort nombreuses alors… A la fin du 16ème siècle, l’ingénieur Christophe Marie propose au roi Henri IV un projet d’aménagement permettant de réunir les deux îles en une, tout en permettant le franchissement de la Seine de la rive gauche à la rive droite grâce à deux ponts. Mais l’assassinat d’Henri IV en 1610 compromet les plans de l’ingénieur Marie. Pourtant, un nouvel accord est conclu avec Marie de Médicis : Christophe Marie et ses deux associés, Poulletier et Leregrattier combleront le chenal qui sépare les deux îles, afin de réunir les deux îles en une seule (l’actuelle rue Poulletier marque l’emplacement de l’ancien chenal comblé) ; ils construiront deux ponts : le pont de La Tournelle et le pont Marie ; enfin, ils aménageront des quais tout autour de l’île. En échange de ce lourd investissement, ils toucheront pendant 80 ans des redevances sur les ventes des terrains de l’île, et percevront les péages des deux ponts.

    Pourtant, l’affaire tourne mal, et Marie et ses associés finiront « sur la paille » ; en effet, d’interminables procès sont intentés, car le Clergé conteste au Royaume la propriété de l’île Notre-Dame, et les acquéreurs éventuels de terrains renoncent à leurs projets devant l’incertitude de la propriété du sol. Finalement, c’est surtout vers le milieu du 17è siècle, vers 1630, que l’île Saint-Louis va se développer. C’est alors un quartier nouveau, qui va accueillir des « hommes nouveaux » : peu de vraie noblesse d’épée, mais plutôt une noblesse de robe, essentiellement constituée de magistrats. Mais on y trouve aussi des classes populaires, car on tient, à l’époque,  à ce que cohabitent ici « les dodus et les menus ». Comme quoi, le souci d’un brassage des populations n’est pas né d’hier !

    On va construire ici un certain nombre d’hôtels particuliers ; à noter que l’ « hôtel particulier » désigne alors la résidence d’un noble, par opposition à la « demeure », qui est la résidence d’un roturier… Il en est ainsi quand bien même la demeure est plus somptueuse que l’hôtel particulier, et cela arrive. On distingue, pour les constructions de l’île Saint-Louis, deux types de toitures : des toitures en ardoise, très pentues, construites avant 1640, et des toitures « à la Mansard », construites à partir de 1640, qui permettent de faire des combles mieux logeables, mais qui permettent aussi des constructions plus larges qui mettent fin aux pièces en enfilade qu’on trouvait auparavant, et qui autorisent les couloirs et les circulations. On note aussi que les façades du milieu du 17è siècle sont beaucoup plus sobres que celles du début du siècle. En outre, les façades les plus belles sont côté jardin ou cour, jamais sur la rue ; à cela deux raisons : On considère que la beauté de la construction ne concerne pas les « les manants »  de la rue, on la réserve aux hôtes ; par ailleurs, la discrétion des façades vise à ne pas attirer trop l’attention sur des fortunes dont l’origine est souvent plus ou moins trouble… Seule la porte est imposante côté rue, allant parfois jusqu’à occuper toute la hauteur de l’immeuble : elle doit imposer le respect.
    Sur l’île Saint-Louis, on peut encore voir deux anciennes tavernes, dont l’une est juste à l’angle de la rue des Deux Ponts et du quai de Bourbon. Les anciennes tavernes sont reconnaissables aux grilles épaisses qui protègent leur vitrine ; imposées autrefois par le pouvoir, elles avaient pour objectif d’empêcher les clients de s’échapper par les fenêtres en cas de contrôle de police… Sur le quai d’Anjou, on peut voir l’Hôtel de Lauzun. Il fut bâti par Groin, un riche négociant du 17è siècle, qui ravitaillait en vivres les armées, hommes et chevaux. Mais il reçut le nom de son occupant ultérieur, le duc de Lauzun, qui faillit épouser la sœur du roi, la Grande Mademoiselle. Mais Louis XIV interdit cette mésalliance entre une princesse de sang royal et un petit noble de Province. Lauzun fut emprisonné pendant 10 ans.

    On peut voir aussi l’Hôtel de Lambert, flanqué d’une tourelle très rare. Michèle Morgan y habita comme locataire. L’Hôtel de Lambert est aujourd’hui propriété des Rotschchild.

    Quai de Bourbon, maison où séjourna Camille Claudel jusqu’en 1913, année de son internement psychiatrique, qui ne prit fin qu’à sa mort en 1943.

    Quai de Béthune, au numéro 24, appartement de Georges Pompidou.

    On trouve aussi des maisons qui furent autrefois des maisons populaires. Etroites, leurs façades ne comportent que deux fenêtres par étage ; c’étaient des appartements verticaux, une même famille occupant les différents niveaux.

    Rue Saint Louis-en-l’île, on trouve de nombreux commerces, souvent de luxe. S’y trouve également le restaurant « L’Orangeraie », propriété naguère de Jean-Claude Brialy.

    On peut déguster aussi dans cette rue une célèbre glace « Berthillon ». (On a goûté : c’est bon, mais la réputation me semble surfaite : trop cher pour ce que c’est, franchement ! C’est aussi bon chez Auchan ! Mais bon, certains aiment frimer, tout claquer, et gueuler ensuite contre le pouvoir, forcément responsable de l’insuffisance de leur pouvoir d’achat !) Fermons la parenthèse !...

    Face au restaurant l’Orangeraie, l’église Saint-Louis présente une belle coupole surbaissée, construite à l’imitation de Rome, et sa nef est décorée de beaux vitraux polychromes du 19è siècles. Toutefois, il reste encore des vitraux du 17è siècle : ce sont les vitraux clairs, incolores ; au 17è siècle en effet, on s’efforce de mettre des vitraux très clairs, afin qu’il y ait suffisamment de lumière dans l’église pour permettre aux fidèles de suivre les offices en lisant leur missel… Et notre balade s’achève ici.  Il est 12h30. Impeccable. C’est juste l’heure de déjeuner. Nous prolongeons donc notre balade à titre personnel par un menu sympa dans un petit restaurant du coin, histoire de donner à notre balade culturelle une conclusion gastronomique !…




      




    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique