• Dans les années 1959-1960, les journaux faisaient leurs gros titres avec cette info : "L'Affaire des Ballets roses : nouvelles inculpations après celle d'André Le Troquer, 73 ans, ancien Président du Conseil"... Comme le titre était racoleur ! et évocateur ! Songez donc : les "Ballets roses" !!! Et chacun d'imaginer alors de véritables spectacles,  tout plein de petites ballerines en tutu dansant pour un Président du Conseil et de hauts dignitaires en rut ! Bien entendu, les journalistes appuyaient sur le côté voyeur des gens ! Car ne nous y trompons pas ; en faisant mine de s'indigner en se drapant dans la morale, le bon peuple en rêvait secrètement, de ces ballets, et se jetait sur les journaux en se pourléchant !... Or le livre de Benoît Duteurtre démystifie cette affaire, derrière laquelle on ne trouve pas le faste spectaculaire que suggère l'expression "ballets roses", mais seulement quelques soirées festives et arrosées, auxquelles ont participé des filles mineures, lesquelles n'étaient pourtant plus des bébés, et étaient souvent poussées par leurs parents ! On découvre aussi dans le livre de Duteurtre que Le Troquer, dont le nom faisait de si gros titres dans les journaux... était un de ceux qui en avaient fait le moins : comme on le trouve mentionné dans les textes des tribunaux, André Le Troquer s'était contenté "de se procurer lui-même des satisfactions"... autrement dit L'ancien Président du Conseil se contentait... de travaux manuels ! Par contre, plus personne aujourd'hui ne pourrait citer les noms des autres inculpés, il y en eut pourtant 22, qui contrairement  Le Troquer, ne se contentaient pas de regarder, mais allaient... au fond des choses!...  ! Le plus curieux, c'est que personne non plus ne se rappelle le nom du "gros poisson" de l'affaire des ballets roses : pourtant, il s'appelait Merlu ! Un nom parfait pour un gros poisson ! En fait c'est lui qui recrutait les jeunes filles : il avait trente ans et il savait baratiner les filles, il les emballait toutes, de 14 ans à 18 ans ! Il ne les enlevait pas à la sortie des écoles, il les séduisait, iI couchait avec elles, consentantes, mais comme il n'aimait pas travailler et qu'il aimait bien vivre... il partageait ses conquêtes avec des copains, qui bien sûr profitaient de l'aubaine et récompensaient généreusement  Merlu ! Quant aux parents des filles, ils étaient enchantés de voir leur fille sortir avec un bel homme comme Merlu qui avait tant de relations !   Souvent, ces parents... prêtaient même leur voiture à Merlu pour qu'il emmène leur fille et la conduise "dans le beau monde" !... Le procès des ballets roses eut lieu en 1960, et en 1961 en appel. Les accusés furent condamnés à des peines diverses, mais comme on dit " On ne se refait pas !" Une fois libéré, le gros poisson, Merlu... a ouvert à Montmartre un restaurant... échangiste ! En toute légalité cette fois !... Excellent reportage de Benoît Duteurtre, bien écrit et bien documenté ! Une lecture qui vaut bien mieux qu'une soirée idiote sur TF1 !...


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  • Ayant entendu à la radio que Catherine Clément présiderait cette année le Jury du Prix du Livre Inter, je me suis demandé qui elle était, et je me suis aperçu que je n'avais jamais rien lu d'elle. Comme quoi, ma culture est faite de lacunes, mais ça, je le sais depuis longtemps. Ma famille et mes amis aussi. Cependant, animé par le noble souci de colmater cette regrettable brèche culturelle, j'ai donc acheté un bouquin de Catherine Clément, comme ça pour voir ; ou plutôt pour lire... j'ai choisi au hasard.. am-stram-gram....pic et pic et colegram... c'est tombé sur "Cherche-Midi" ... Mauvaise pioche !  Je me suis profondément ennuyé à la lecture pénible de ce récit nombriliste. Certes, Catherine Clément raconte sa rue, la rue du Cherche-Midi, celle de son enfance... Mais justement, je me fous de la rue de son enfance.  Et je me suis senti complètement extérieur à ses confidences de femme... Certes, elle traîne avec elle la mémoire d'un drame familial épouvantable : la déportation et la mort à Auschwitz de ses grands-parents juifs, pendant la deuxième guerre mondiale. Le sujet est grave, mais ça ne suffit pas à faire un livre de talent. J'y ai vu pour ma part une longue suite de notations pointillistes... L'auteur ne supporte plus de passer devant l'hôtel Lutetia à Paris... Elle a la nausée devant telle ou telle image, elle nous raconte le mariage et le remariage de sa mère.. et entre nous, si vous saviez à quel point je m'en fous, du remariage de sa mère ! Rien n'accroche, rien n'interpelle dans ce livre, longue suite de notations paersonnelles : moi je... moi je.. maman bobo... Je comprends que Catherine Clément ait eu besoin d'expectorer ses souvenirs et ses douleurs, mais c'est le genre de trucs qui m'ennuient profondément ; rien n'est vraiment traité ici : ni l'histoire, ni la guerre, ni l'horreur des camps, rien : juste une femme qui nous fait part de ses états d'âme autobiographiques : passionnant pour elle, sans intérêt pour moi. Heureusement, mon ennui fut de courte durée, le récit ne faisant que 118 pages. Hélas, ici c'est 118 pages de trop !...


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  •  La Jeune Fille au sablier est une nouvelle écrite en 1996, une longue nouvelle de 87 pages qu'on lit d'une traite... Voici l'histoire. Elle s'appelle Méta, et c'est une petite fille de neuf ans. Adorable, fraîche, spontanée, pétillante et enthousiaste. Bref, elle est comme toutes les petites filles de cet âge, pas encore abruties et abêties par trois mômes à chercher à l'école, un boulot de con, deux heures  de RER ou d'embouteillages, 25 ans de lourdes mensualités pour l'achat de la maison, la belle-doche qui se pointe le dimanche et le mari qui rote devant la télé en braillant devant le PSG !... Alors, la petite Méta décide de ne pas grandir : elle restera toujours une petite fille, toute mignonne. Mais comment faire ?... L'histoire se déroule dans le vieux Strasbourg au 18è siècle. (Oui, je sais, y avait pas la télé ni le PSG au 18è siècle, mais ça ne change rien à mon propos !)...  La petite Méta se promène souvent avec sa grand-mère, et même seule parfois. Un jour justement qu'elle est toute seule, elle tombe en arrêt devant la vitrine d'un brocanteur du vieux Strasbourg : il y a là un magnifique sablier, très grand et très décoré. Méta veut absolument ce sablier : c'est lui qui lui permettra d'arrêter le temps, elle en est sûre. Elle entre dans la boutique, et de tout son enthousiasme insouciant de petite fille, elle propose au marchand de casser sa tirelire, mais le marchand éclate de rire : "Mais, ma petite,  ce sablier est un trésor ! Il faudrait au moins que tu m'apportes un diamant pour que je le donne, ce sablier !"... Méta sort de la boutique, toute triste : comment pourrait-elle se procurer un diamant ; sa famille est pauvre... Mais Méta est intelligente et vive : elle va réussir à se procurer un diamant, et elle achète le sablier. Alors le miracle s'accomplit : elle ne grandit plus, elle reste une petite fille, le temps pour elle s'est arrêté... Et Méta est heureuse... Mais peut-on ne pas grandir quand tous les autres autour de soi vieillissent ?... Méta se rend compte peu à peu qu'il lui faudra enfin devenir grande. Il lui faudra pour ça briser le sablier... Et ensuite, que se passera-t-il ?...  Eh, pour le savoir, allez vite acheter le livre de Marcel Schneider La Jeune Fille au sablier. C'est publié par les éditions du Rocher et ça ne coûte que quelques euros... Vraiment, ce récit, court et dense, anecdotique et allégorique, est caractéristique de l'écriture de Marcel Schneider, toujours aux frontières du rêve et du fantastique... Un bon moment de lecture...

    Bio :  Marcel Schneider, j'ai failli le connaître : il était prof de Lettres au lycée Charlemagne, aux temps lointains où j'y étais potache, de 1954 à 1961... Mais je ne l'ai pas eu comme prof. Je le voyais passer dans la cour, mince et élégant... parfois aussi, pendant la récréation, je l'apercevais à la fenêtre de sa classe, nous regardant... Né le 11 août 1913 à Levallois-Perret, Marcel Schneider est mort le 22 janvier 2009, dans son domicile parisien, rue de Turenne, dans le Marais, à deux pas du lycée Charlemagne. La mort de Marcel Schneider est passée inaperçue. Car il n'était pas un grand amateur des plateaux télé de la modernité. Marcel Schneider, né trop tard, portait en lui le regret d'une époque révolue. Il a vu disparaître  la civilisation élégante et cultivée de l'Europe,  emportée dans le tourbillon démocratique d'une culture de basse classe pour peuple ignorant... Entré en littérature en 1947 avec  "Le Granite et l'absence", Marcel Schneider a publié ensuite de nombreux ouvrages marqués par le rêve et le fantastique. Proche d'André Gide et de Georges Dumézil, il a également fréquenté Paul Morand, lequel lui a légué.. sa garde-robe !...  Déraciné dans un monde qui n'était pas le sien, Marcel Schneider a senti venir sa fin : en janvier 2009 il venait de terminer un livre au titre prémonitoire : "Il faut laisser maisons et jardins"... Marcel Schneider a quitté sa maison de la rue de Turenne et abandonné à jamais ses jardins secrets le 22 janvier 2009. Son dernier livre a été publié un mois plus tard en février 2009.


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  • "Le chiffre de l'alchimiste" est un livre publié en 2007. C'est un récit étonnant, dont on se demande s'il est un roman ou un document historique. En fait, il est un peu les deux. Nous sommes en effet en 1696, tout à la fin du 17è siècle, et l'histoire met en scène deux héros, dont l'un est particulièrement célèbre, puisqu'il s'agit du grand savant Isaac Newton ! Ca vous dit quelque chose ? Vaguement hein, mais vous ne savez pas trop... C'est loin l'école et en plus.. vous étiez loin du tableau, au fond, près du radiateur !... Bon alors je vous aide : Newton, c'est celui qui, pendant qu'il faisait la sieste au pied d'un arbre, a reçu une pomme... en pleine poire ! Vous et moi, réveillés en sursaut, on aurait juste dit "Merde, aïe, putain, ça fait mal !" Lui, Newton, non : lui il en déduit immédiatement les lois de la gravitation universelle ! C'est ça, un savant ! Trop fort le mec !... Or, dans le livre, nous découvrons que Newton n'était pas seulement ce savant fameux. En Angleterre il avait une charge importante, celle de lutter contre les faux-monnayeurs et de faire arrêter et condamner les faussaires. Enquêteur impitoyable, Newton montrait des dons de détective qui font penser aux déductions habiles du lieutenant Columbo, fondées sur une observation minutieuse des indices les plus ténus : et nous suivons donc dans le roman les enquêtes entreprises par Newton, secondé par un collaborateur dévoué et admiratif nommé Ellis. Ce tandem évoque finalement un peu celui de Sherlock Holmes et du Docteur Watson... Un meurtre, puis deux, puis trois, nous permettent de suivre la délicate enquête menée par Newton, qui nous conduit sur le sentier boueux des guerres de religion et de leurs terribles séquelles. Car derrière les règlements de compte entre faux-monnayeurs, se cachent aussi des haines implacables entre catholiques et protestants...  Le style du livre est léger et clair,  et le récit ne manque pas d'intérêt, même si parfois la narration se traîne un peu et s'essouffle. Quant aux chiffres et à l'alchimie, c'est surtout racoleur dans le titre ; mais ça se réduit à peu de chose dans le récit : juste une histoire de message chiffré, que bien entendu, Newton va réussir à décrypter, vous vous en doutez ! Dame ! Quand un type recevant une pomme sur le crâne en déduit l'attraction universelle, il est facile de deviner qu'il ne va pas se laisser emmerder longtemps par un texte codé ! Voilà, c'est tout ! C'est un livre qu'on peut lire. C'est aussi un livre qu'on peut ne pas lire, c'est comme on le sent !

    Bio :  Philippe Kerr est un écrivain britannique contemporain. Il est né en 1956 à Edimbourg. Il est l'auteur de "Les enfants de la lampe magique" récit pour les enfants. Après avoir travaillé dans la publicité, il est devenu un auteur à temps plein, écrivant des thrillers.


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  • Il est mal barré, le jeune Christophe, héros de ce roman ! Ce fils de châtelain perd son père dès les premières lignes. (Et moi j'ai perdu le fil dès les premières pages !) Et puis, au château, il y a aussi sa soeur : elle est folle, du moins on le dit, mais Christophe aime sa soeur ! Pourtant, quand il rentre un soir, sa soeur n'est plus là, on l'a internée ! Où ? Nul n'en sait rien : c'est bien connu, dans les châteaux, les familles sont toujours compliquées, les murs pleins de bruits et les vies pleines de silences... Là-dessus, nous avons de longues descriptions dans lesquelles le réel se mêle au rêve, avec une bonne pincée de fantastique ; mais pas du fantastique qui vous prend aux tripes, non : du fantastique de carton-pâte : le souterrain dans le château, les caves où rôdent de possibles fantômes... la forêt sombre la nuit avec les branches qui frissonnent. Pour faire bonne mesure, ajoutez une frêle jeune fille, dont évidemment Christophe est amoureux fou, mais que, tout aussi évidemment, il ne possède que dans le délire de ses fantasmes. N'oublions pas non plus un curé bizarre qui écrit un livre dont on ne sait rien ; mais on dit qu'il a les pieds fourchus ( le curé, pas le livre !) Serait-ce le diable ? Au secours maman, j'ai peur !!!...... Ensuite ça continue par plus fort, avec l'incontournable deuxième guerre mondiale : au château on va trouver un collabo, et à côté, un garagiste, qui -vous l'auriez deviné si je ne vous l'avais pas dit - est communiste et résistant. A la Libération, il va y avoir, bien entendu, des règlements de compte, sous la forme de quelques rafales de mitraillette !.. Et je vous passe mille anecdotes du même tonneau ! On continue comme ça dans le doux délire d'un Christophe qui se fouille l'ego, tout ça pour nous montrer le difficile passage de l'enfance à l'adolescence puis à l'âge adulte ! Mais poursuivons notre lecture : Christophe s'en va... et quand il revient son cousin lui a piqué le château : drame ! Mais Christophe ne s'en laisse pas conter : il va sur la sépulture du curé, mort depuis, et il trouve, comme par hasard,  un testament providentiel : ouf, on est content pour lui !... Que de fouillis  dans cette histoire sans intérêt ! Ce bouquin contient tout, mais à peu près tout ce qui m'emmerde dans un livre : l'ego qu'on se chatouille, le fantastique de pacotille, le symbolisme pesant,  les leçons de morale données en douce, les clichés de bas de gamme, le fatras de petits détails inutiles et confus ! Pourtant, en quatrième de couverture, on peut lire : "Un puissant souffle lyrique, un message spirituel de délivrance et de rédemption". Celui qui a écrit ça a voulu évidemment donner un coup de pouce au bouquin, par contre il ne doit pas en être fier : il n'a pas indiqué son nom !... L'auteur a pourtant une excuse : c'était là son premier roman. Et je confesse humblement que je n'ai rien lu d'autre de lui. Il s'est peut-être amélioré. De toute façon, pas de méprise : ce n'est pas l'auteur que je critique, c'est un livre ; je dis volontairement un livre, parce que, décidément, on ne peut pas appeler ça une oeuvre !...

    Bio : Christian de Bartillat, écrivain français, est né en 1930 à Saligny sur Roudon, dans l'Allier. Diplômé de la faculté de Droit et de l'Institut d'études politiques, il est devenu éditeur, essayiste et historien. En 1975 il obtient le Prix Sully Olivier de Serres pour son ouvrage sur la région de Meaux : Un Champ de bataille. PDG des Editions Stock, Christian de Bartillat est également maire d'Etrepilly en Seine et Marne.


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