• Ceux qui aiment les thrillers feraient bien d'oublier pour un soir les conneries inlassablement diffusées sur TF1, pour se plonger dans la lecture de La Thébaïde. D'abord ils n'ont jamais lu Racine et ça leur donnerait l'occasion de se cultiver un peu, pour une fois et pour pas cher. En outre, la lecture rend moins con que la télé, c'est donc tout bénef !... La Thébaïde est la première tragédie de l'auteur, écrite par un Jean Racine encore tout jeune. C'était en 1664 et il avait 25 ans.  Parlons un peu du sujet de la pièce : Etéocle est le roi de Thèbes ! Eh oui, dans Racine, on s'appelle Etéocle, Polinice, Antigone ou Jocaste, et non pas Lorie, Erwann, Kevin ou Quentin comme dans les HLM des banlieues difficiles, il faut s'y faire !... Et donc Etéocle, roi de Thèbes, est jalousé par son frère Polinice qui veut prendre le pouvoir à sa place. Ces deux-là ont une maman, Jocaste. Et comme toutes les mamans, elle voudrait bien que toute sa progéniture s'entende bien, elle essaie de les rabibocher, elle leur suggère de partager le pouvoir, chacun son tour, l'un du 1er au 15 du mois, l'autre du 16 au 31, comme pour le stationnement aujourd'hui ! Mais que dalle, c'est comme aux élections, chacun se cramponne à son pouvoir. Et comme le dit Olivier Besancenot, un seul mot d'ordre : "Rien lâcher !"... Et donc, sans vous dévoiler les détails de l'intrigue, sachez que les deux frères vont s'étriper sans vergogne ! Mais, pendant ce temps, dans l'ombre (où se cachent généralement les traîtres), il y a Créon. Créon c'est l'oncle des deux frères. Et pendant que les deux frangins s'estourbissent mutuellement, lui il attend son heure en se marrant : si les deux frères mouraient... hé hé!... c'est lui alors qui prendrait le pouvoir ! MDR le tonton-flingueur, en attendant l'instant propice !... Les deux frères combattants, Etéocle et Polinice, ont une petite soeur ; elle s'appelle Antigone. Elle aussi, ça la désole de voir ses deux frères se massacrer, mais que faire ? Comment tout cela va-t-il se terminer ?.... Je ne vous le dirai pas, mais ça finira mal : Il y a pratiquement un mort à chaque acte de la pièce. Comme sur TF1. Sauf que chez Racine on est tranquille  : on n'est pas emmerdé par des coupures de pub ! Un mort à chaque page, comme s'il en pleuvait !... Et que fait la police de proximité, direz-vous ? Eh bien rien !... C'est vrai qu'à l'époque, elle n'existait pas, quoique ça ne change pas grand-chose, puisque de nos jours elle existe mais n'intervient pas ! Vous voyez, Racine n'a rien de vieillot. Et puis on y trouve quelques beaux vers, comme celui-ci :

    " Qu'il est doux d'admirer tant de divins appas

    Mais aussi que l'on souffre en ne les voyant pas !"

    Mais oui, Racine c'est furieusement tendance ! Mais bon c'est comme tout : faut pas en abuser ! Essayez ! Juste une fois !...


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  • Le Notaire du Havre constitue le premier volume de la "Chronique des Pasquier", dans laquelle Georges Duhamel nous raconte une saga familiale, celle d'une famille bourgeoise de Paris, dirigée par un père égoïste et raté, mais bourré de principes moraux. C'est le troisième enfant, Laurent Pasquier, qui est le narrateur de cette  histoire, et nous offre le spectacle de ses rêves et de ses désillusions. Dans ce premier volume, nous suivons au quotidien la vie difficile de cette famille qui vit dans une sorte de misère digne, faite de pauvreté déguisée, de privations, et aussi des trésors d'imagination et de dévouement d'une mère combative et soumise en même temps... Soudain, la fortune est en vue : un parent décédé laisse un bel héritage... Seulement voilà, il faut d'abord  attendre la lettre du notaire du Havre, qui précisera les modalités de l'héritage. Mais la lettre tarde, les mois passent, l'espoir diminue, l'argent manque de plus en plus, il faut tirer le diable par la queue... Le jeune Laurent assiste à tous les plans que ses parents échafaudent pour tenir financièrement, en attendant... des plans qui s'écroulent lamentablement... Il y a dans ce récit, qui se déroule dans les années 1890, un goût amer et désabusé en même temps que la peinture d'une vie parisienne bien difficile quoique bourgeoise, une vie bien éloignée des douceurs supposées de la "Belle Epoque". Ce n'est donc pas seulement un roman, pas seulement une saga, c'est aussi un document historique et social qui sonne juste.


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    Voici un livre qui m'a rajeuni ! Les aventures de Simon Templar, alias le Saint, je les lisais du temps où j'étais élève du lycée Charlemagne, dans les années 1954/1957... C'était l'heure de gloire de ce héros, Simon Templar, une sorte de Zorro, ou de Robin des Bois, ennemi tout à la fois des policiers véreux et des truands chevronnés, une sorte d'aventurier et de justicier, qui parcourait le monde, pourfendant partout le mal, volant au secours de la veuve et de l'orphelin... Le livre que je viens de lire "Le Saint et les femmes" ne déroge pas à la règle. Il est donc complètement inutile que je vous raconte ce qu'il contient, car il est facile de l'imaginer. Disons cependant que ce titre met en scène Le Saint dans des aventures qui ont un point commun : la rencontre de notre héros avec des femmes dans des situations difficiles, dont il va les sortir bien évidemment avec panache et en triomphant de toutes les difficultés, même les plus insurmontables !... Simon Templar n'est pourtant plus  la mode en ce début de 21è siècle : peut-être est-il jugé trop macho : il traite son éternelle complice, Patricia Holmes avec une supériorité toute masculine, tandis qu'elle est évidemment subjuguée, ébaubie par son charme. Simon Templar a évidemment des yeux d'un bleu d'acier,  des muscles du même métal, et il ne rechigne ni sur la cigarette ni sur le double scotch ! Tout cela ne cadre plus avec notre époque hygiéniste et imprégnée du sacro-saint principe de précaution ; cela ne cadre plus non plus avec l'idéologie égalitaire et sourcilleuse d'un féminisme exacerbé... Dommage ! Car les aventures de Simon Templar sont finalement fraîches et bon enfant ! Les qualités du Saint sont tellement surhumaines que nul ne s'y trompe : tout cela n'est qu'un jeu : un jeu d'écriture mené rondement par Leslie Charteris dans le seul but de nous distraire et de nous faire passer de bons moments de lecture et d'aventures, sans nous prendre la tête avec des "problèmes de société" comme le prétendent trop souvent tant d'auteurs bouffis d'aujourd'hui, écriveurs de polars qui se croient philosophes et donneurs de leçons ! Si vous ne connaissez pas Leslie Charteris, essayez, ça ne coûte rien ! Ou plutôt si, ça coûte les quelques euros du prix d'un livre. Et comme Leslie Charteris n'est plus guère édité, le plus simple est d'aller sur internet et d'acheter ses bouquins sur ebay.fr. On y trouve de nombreux titres, peu coûteux. Le seul petit problème, c'est que les livres sont rarement en parfait état. Leur reliure brochée, aux éditions Arthème Fayard, a mal traversé les assauts du temps !... 

    Bio : Leslie Charteris est un auteur britannique. Né le 12 mai 1907 à Singapour, il s'appelle de son vrai nom Leslie Charles Bowyer Yin. Il est le fils d'un père Chinois et d'une mère britannique. C'est en 1928 - il a 21 ans-  que, dans son troisième roman, apparaît le personnage de Simon Templar : le succès est immédiat. Le surnom de "Saint" donné à Simon Templar, vient de la première et de la dernière lettre du prénom et du nom du héros : Simon Templar = S T = Saint !... De nombreux titres ont été publiés, que j'ai lus bien davantage que les pièces de Racine et de Corneille qui étaient pourtant au programme de mes années-lycée ! Leslie Charteris est mort en 1993, à peu près oublié. Mais pas par moi !...


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    Voici un film qui est plus qu'un film : Un documentaire, un témoignage, une synthèse dramatique des problèmes  de l'école d'aujourd'hui, mais qui va bien au-delà, en interpellant sur le racisme, la religion, le machisme...  De quoi s'agit-il ? Une prof de français, Sonia Bergerac superbement jouée par Isabelle Adjani, est aux prises avec ses élèves dans le collège d'une banlieue difficile. Sa classe débute en retard, alors que la prof se préparait à faire répéter à ses élèves un extrait du "Bourgeois Gentilhomme" de Molière... Les élèves chahutent se battent entre eux, des insultes fusent, ainsi que toutes les expressions chères à ces cancres banlieusards : "Nique ta mère !"... "Fils de pute !"... "Qu'est-ce t'as eh bouffon ?"... "Enculé de ta race !"... La prof essaie en vain de faire revenir le calme, mais rien n'y fait : insultes, remarques idiotes, ricanements imbéciles fusent de toute part. C'est alors que, dans le brouhaha des bousculades, un caïd de la classe, Mouss, laisse tomber un revolver. La prof s'en empare, et excédée, prend sa classe en otage sous la menace du revolver, seul moyen selon elle de faire revenir le calme et de faire sa leçon sur Molière.. Un coup de feu part, et blesse légèrement Mouss à la jambe. Alerté par la détonation, le principal du collège intervient et constate que la prof est enfermée dans sa classe. Il appelle la police. Tout le monde croit que c'est un élève qui séquestre la prof... Et puis on découvre la vérité. La prof fait connaître son exigence : que soit instaurée dans les écoles, chaque année, une "journée de la jupe", au cours de laquelle les filles pourraient venir ainsi aux cours sans être insultées et traitées de putes !... Dès lors, la tension dramatique va monter, inexorablement. Le film montre à merveille l'opportunisme de la ministre de la justice, la curiosité racoleuse des medias, la veulerie du principal du collège... Denis Podalydès joue à la perfection le négociateur du Raid, qui tente de trouver une solution douce, face à son chef intransigeant qui prône l'assaut brutal... De malentendus en incidents divers, l'action se durcit jusqu'au drame final... Ce film est un film dur et violent, un film vrai, malgré les dénégations furieuses de certains critiques qui ont jugé cette oeuvre "nauséabonde", montrant par l'excès même de leur langage que la puanteur idéologique est dans leur camp ! Laissons cela ! Et courez voir ce film, faites le connaître et voir... Je regrette qu'il ne soit pas mis au programme officiel du baccalauréat, car il éclaire nos problèmes de société plus clairement et plus simplement que bien des thèses chiantes sur le sujet. Une chose pourtant est triste dans ce film, triste et effrayante : c'est qu'il est crédible !... Mais à l'inverse, le grand mérite de la "Journée de la jupe" est qu'il interpelle les consciences...  Mais est-il encore temps ? N'est-il pas trop tard ?...


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  •  En ce lundi glacial du 8 mars, je suis allé au cinéma, voir "L'autre Dumas"... L'autre Dumas est un film réalisé par Safy Nabbou. Ce film, disons-le d'emblée, n'a pas la prétention littéraire ou documentaire et historique qu'on aurait pu attendre... Mais il ne manque pas d'intérêt, puisqu'on y voit se heurter - mais aussi se compléter - le curieux tandem que formait Alexandre Dumas et son "nègre" Auguste Maquet. D'un côté le tonitruant Dumas, grand viveur, jouisseur, dépensier, hâbleur, mais avec une vie trop agitée pour la consacrer suffisamment à l'écriture... De l'autre, le modeste Auguste Maquet, son "nègre", un homme humble, terne, timide et effacé, mais dont la modestie ne permet pas à son talent de s'affirmer ! Le film met en scène les deux hommes, à travers une histoire sentimentale : Alors que les deux hommes séjournent dans une auberge de Trouville, l'humble Maquet est abordé par une certaine demoiselle Desrives, qui le prend pour Dumas. Ebloui par la beauté de cette jeune fille (Mélanie Thierry, voir sa photo supra), il tombe amoureux d'elle, et se fait passer pour Dumas, afin de la conquérir... Mais on n'échappe pas à sa condition : au fil de l'histoire, Auguste Maquet sera rabaissé, humilié ramené à la condition subalterne qui est la sienne et à laquelle il ne parviendra pas à s'arracher... Que ce soit vis-à-vis de Dumas ou des autres, Maquet reste un homme de l'ombre... Les images sont belles, Depardieu est très crédible en Dumas, Poelvoorde joue un Auguste Maquet tout en finesse, et quant à la jeune et jolie Mélanie Thierry... on comprend la fascination  de Maquet !... Et pourtant, à mon avis, tout cela ne suffit pas à faire un grand film... Il manque ici un souffle, une émotion, un élan... On a l'impression que le film se traîne un peu, il effleure des sujets intéressants, il tangente des situations qui pourraient être émouvantes... et puis le réalisateur reste au bord du chemin, sans approfondir ni traiter suffisamment son sujet... Il y a un peu de tout dans cette histoire : un peu d'amour, un peu d'aventure, un peu de drame, mais rien jamais de bien profond, rien de grand ni de grandiose : heureusement que les acteurs sont bons... et Mélanie Thierry bien jolie en plus !


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