• Et dire que je me faisais une joie de déjeuner aujourd'hui avec des amis chers ! En plus, le repas promettait d'être grandiose, jugez vous-même : caviar à volonté, champagne millésimé et danseuse nue au dessert ! Après tout, on a le droit de croire au Père Noel même en janvier !... Et puis une sordide gastro-entérite me bloque chez moi, gastro que je dois à ma nièce Anne et à sa tribu, merci encore, tu ne l'emporteras pas en paradis, Anne, c'est Tonton Bob qui te le dit !!!... Mais je me console en rédigeant ce compte rendu du livre de Cavanna : Coups de sang... C'est  un fabuleux bouquin, qui n'est pas un roman, mais un recueil de chroniques bien senties, dans lesquelles Cavanna pousse de terribles coups de gueule contre les méfaits de l'universelle connerie humaine ! Le livre date de 1991, mais il est toujours, hélas, d'actualité. Tout y passe : l'imbécile corrida et les souffrances infligées au taureau au nom de la tradition  des cons... la vivisection... la pollution dont on crève... les fausses sciences des sectes de tout poil, les magouilles du sport, l'imposture de l'art moderne,  le crétinisme de la télévision... la couillonne réforme de l'orthographe... Inutile d'analyser ce livre, il suffit d'en citer quelques courts extraits pour donner le ton :

    " La télé est indigente à cause des exigences de la publicité ; la course à l'audimat, au plus grand nombre de téléspectateurs c'est à dire aux plus cons, conduit à se mettre à plat-ventre devant le "con moyen" tout puissant, et c'est l'avalanche de jeux ineptes, d'horoscopes, de gourous, de concours navrants où l'on appâte le gogo avec un étalage de clinquant de supermarché."

    " La publicité s'adresse aux imbéciles. Et aux brutes. Toujours. Elle ne fait pas le détail. Elle doit obtenir un effet maximum sur le plus grand nombre. La publicité est le plus puissant des agents de nivellement par le bas et d'abrutissement du populo."

    Rappelons que François Cavanna dirigea dans les années  60 le journal satirique "Hara-Kiri" qui fit les délices de mes loisirs étudiants... Une anecdote lointaine : un jour, je demandai à ma mère qui allait faire des courses de m'acheter Hara-Kiri Mais en arrivant chez le libraire, elle avait oublié le titre ! Elle demanda alors "Je voudrais le journal bête et méchant!" Et elle obtint Hara-Kiri !...

    Lisez Cavanna, on ne l'entend plus guère ! Dame, c'est que les années ont passé pour lui aussi et que la roue tourne pour tout le monde... Cavanna, né en 1923, aura 87 ans en 2010. Cavanna,  c'est encore mieux qu'un écrivain, c'est un grand bonhomme. Et s'il fait hurler tant de monde, c'est seulement parce que les imbéciles sont majoritaires. Cavanna le dit d'ailleurs avec cet aveu lucide et désespéré : "Et bon, vous avez gagné. Les cons gagnent toujours. Ils sont trop."


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  • Ouf ! On en a enfin fini avec les réveillons à répétition ! On bouffe, on s'empiffre ! Trop ! Et du coup, on dort mal ; on prétend "faire la fête" et on se sent plus mal que lorsqu'on ne la fait pas ! C'est quand même con, non ?... Le pire, ce sont les tonnes de cadeaux inutiles qu'on peut échanger les uns et les autres ! Les petits-enfants ou petites-nièces gavés de toutes les saloperies en vente chez Toy's Rus ! Que des trucs en matière plastique, vendus à prix d'or, qui seront bousillés avant trois mois ! Quel gaspillage ! Les grandes surfaces m'emmerdent tout le mois de décembre avec Petit Papa Noel et Douce Nuit qui tournent en boucle et me cassent les oreilles !... Pendant ce temps, dans les banlieues, des gens dorment dans leur bagnole parce qu'ils n'ont que ça comme toit !... Pendant ce temps-là aussi, j'ai perdu trois semaines d'écriture ! Ce que je dis là n'a aucun rapport avec "L'Anneau du pêcheur", mais il fallait que ce fût dit ! D'ailleurs, mes lecteurs et lectrices fidèles auront remarqué que je n'ai pas écrit grand-chose depuis la mi-décembre ! Revenons à l'Anneau du pêcheur. Ce livre de Jean Raspail ne brille pas par l'originalité du propos. Il surfe sur le vague des histoires vaguement religieuses, avec plein de trucs mystérieux, plein de secrets millénaires, de rites mystiques, de croyances et de crédulités bêtasses ! Je l'ai remarqué, le gogo adore ça ! Alors Jean Raspail lui en donne, au gogo, du merveilleux ! ... Ainsi, de chapitre en chapitre, on alterne les années 1400 et les années 1990. Pourquoi cette alternance ?..Figurez-vous qu'au début du roman, des gendarmes en patrouille dans un village du sud-ouest de la France, surprennent deux individus en pleine nuit, dans une église en ruines ! Vous voyez tout de suite comment on appâte le gogo : tout y est :...la nuit.. l'église en ruine... les types bizarres qui semblent se livrer à un rite...  !  Après cette page inaugurale, on plonge dans les années 1400 ; on assiste à toutes les magouilles autour de la désignation des papes. On assiste au clivage qui conduit à élire un pape à Avignon, un autre à Rome ! Qui est le vrai ? Qui est le faux ! Et on finit par comprendre que le pauvre vieillard dans l'église en ruine est le successeur contemporain du pape Benoît d'Avignon ! Une sorte de rival ou de concurrent du pape romain ! En fait, depuis des centaines d'années, une bande de fans, restée fidèle au pape d'Avignon, continuait de désigner des papes clandestins dans le sud-ouest de la France : une sorte de schisme ! Bien sûr tout ça tourne autour des Templiers, et de leur fameux trésor supposé mais jamais trouvé ! Jean Raspail nous emmerde avec d'interminables détails sur la papauté au 15è siècle...  Mais surtout, il y a quelque chose d'effrayant dans ce livre : c'est l'acharnemant des gens qui "ont la foi" A voir la rage que ce groupe met à élire des papes, pendant des centaines d'années.... ça me terrifie ! Car il en est ainsi de toutes les religions : elles tuent les Infidèles ! Malheur à celui qui ne croit pas!...et l'Inquisition n'est jamais très éloignée de la foi. Il n'est pire ferment de haines et de divisions que les religions. Ce livre en est une illustration, une de plus.


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  • Le Vilain est un film réalisé par Albert Dupontel, dans lequel le rôle du fils truand qui retrouve sa mère (Catherine Frot) qu'il n'avait pas revue depuis vingt ans.  Cette mère a une particularité : aucun accident ne l'atteint jamais, comme si le ciel refusait de la faire mourir. Elle se dit alors que Dieu attend pour cela qu'elle ait réussi à convaincre son fils de faire enfin quelque chose de bien dans sa vie !... Commence alors une histoire rocambolesque et idiote, à base d'agents immobiliers de promoteurs et  de zone pavillonnaire expropriée... Le film est sorti en novembre 2009. J'ai lu ici ou là quelques bonnes critiques journalistiques. Il faut dire que les journalistes, je ne sais pas si vous le savez, bénéficient d'une carte d'entrée gratuite dans tous les cinémas, pour tous les films. Alors forcément, ils sont un peu indulgents parfois, ils ont ce qu'on nomme la reconnaissance du ventre ! Moi, je suis un spectateur libre, je paie ma place et je me sens en droit de dire ce que je pense sincèrement d'un film. Je dis donc ici que Le Vilain a sa place dans le top 50 des plus grands navets de l'histoire du cinéma ! C'est totalement nul, l'histoire se traîne lamentablement, on s'ennuie au point que je me suis endormi dans une douce torpeur à trois reprises... Les gags ou les répliques qui se veulent drôles ne font rire personne dans la salle... et on est triste de voir l'excellente Catherine Frot embarquée dans une telle galère ! Comment une actrice qui semble intelligente peut-elle jouer dans une crétinerie pareille ? Besoin d'argent, peut-être ! Absolument pitoyable ! Fuyez ce film, c'est d'un bas niveau, c'est chiant au possible ! Dupontel bondit, grimace comme un imbécile congénital... Il y a eu tout de même trois bons moments dans le film : ceux pendant lesquels j'ai dormi !!!.. "Le Vilain" c'est un très vilain film. J'ai honte de l'avoir vu, c'est dire !


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  • Une pintade farcie et une omelette norvégienne, le tout arrosé d'un Touraine-Amboise blanc de 2006, rien que ça et l'année 2010 méritait que je la connusse en ses primes heures ! (non, "connusse" ce n'est pas une faute d'orthographe,  mais un subjonctif, vestige injustement oublié de l'ère primaire pré-sms)... Mais un bon repas ne suffit pas, et pour bien commencer l'année nouvelle, il fallait aussi un bon livre ! Un bon livre certes, mais pas un pavé logomachique qui vous plombe en de longues méditations mornes, le doigt sur la détente du revolver posé sur la tempe, non ! Mais pas un truc con non plus, pas de la littérature façon France Loisirs !... J'ai cherché... et j'ai trouvé la perle rare : "Moi vivant, vous n'aurez jamais de pauses !"  par Leslie Plée !  Enfin un livre où l'humour le plus acide et le plus corrosif côtoie l'intelligence du propos. Pour un peu, je limiterais ma critique à ces deux vocables bien connus des internautes et des  accros de msn : LOL, et MDR !... Mais bon, ce serait un peu court ! De quoi s'agit-il ? Ce livre n'est d'abord pas un livre comme les autres, il s'apparente davantage à une BD, mais pas vraiment ; ce sont des petits dessins agrémentés de textes, de commentaires, de dialogues... L'auteur est une jeune fille pleine d'esprit, pétillante d'intelligence, mais jeune et donc, forcément, un peu naïve, pleine d'illusions et de rêves ! Leslie Plée, puisque tel est son nom, nous raconte ses mésaventures : embauchée à Rennes dans une grande surface qui vend des livres, elle se croit devenue libraire... A elle le monde de la lecture, le monde des livres, celui de la culture ! Elle déchante vite ! Elle est d'abord manutentionnaire et déplace des tonnes de livres au bout de ses petits bras pendant plusieurs mois ! Puis, après une "formation", la voici enfin dotée d'un gilet : elle est promue vendeuse ! Et, à sa caisse,  elle reçoit ses premiers clients : le premier demande seulement s'il y a des toilettes ! Raté ! Faux départ !... Puis c'est le défilé des "vrais" clients : "Je voudrais un livre drôle, gai, qui prend pas la tête, comme Marc Lévy !!!... ou encore : "Y a quoi de bien en ce moment, style Da Vinci Code ?...".. Oui, la culture et la lecture en prennent un sacré coup ! Sans compter que le rythme de travail est infernal, Leslie est toujours debout, et le chef est impitoyable : "Moi vivant, vous n'aurez jamais de pauses ! C'est vrai quoi ! Déjà que vous allez aux toilettes ! et en plus le midi, vous l'avez, votre pause !"...  Donc ce petit ouvrage, tout est bien vu, bien noté, avec une ironie pétillante que j'ai adorée ! A noter le morceau de bravoure que représente la commande d'un livre par ordinateur :  Une collègue explique à Leslie : " Je t'explique : tu tapes le titre, puis tu tapes sur F4, tu valides, et normalement tu cherches la dernière édition en tapant F2, tu valides, euh, non, ça c'est le CD, alors tu fais "annul" et F10 et tu saisis le code 9782218746642, tu cliques sur la flèche en bas, puis F4 et tu valides, et tu vas dans "commande client", là tu notes le nom du client, son adresse, tu fais F4 et tu retapes son nom, juste les trois premières lettres, et tu retapes le code  9782218746642, à nouveau F4, tu valides, tu appuies deux fois sur F10 et tu revalides ! tu vois, c'est simple !"....mdr ! ...mdr !!! Lol !... Tout le bouquin est de cette veine ! On le lit, on le dévore en se marrant comme rarement ! On ne perd pas de temps en vaines spéculations métaphysiques, on rit. Jamais la devise de Rabelais n'est aussi bien appliquée : "Mieux est de ris que de larmes écrire pour ce que rire est le propre de l'homme." (Je précise pour les mal-comprenants que "ris" signifie chez Rabelais "rires", rien à voir donc avec le ris de veau, dont personnellement je raffole, mais bon, ne mélangeons pas le littéraire et le culinaire !)... Et j'en suis sûr : sous ce rire il y a autant de philosophie que dans Aristote, et c'est moins chiant ! La jeune Leslie se rend compte que vendre des livres n'a plus rien de culturel ! Elle va finalement démissionner, retrouver sa liberté ! A la suite de cette expérience de vente, Leslie a perdu bien des illusions, mais elle s'est remise au dessin et à l'écriture, et elle  en a fait ce bouquin autobiographique, qui brille de mille feux : les feux de l'humour ! J'ai adoré !... Je vous l'ai dit, 2010 a bien commencé pour moi ! Qu'il en soit de même pour vous ! A toutes et à tous, connus ou inconnus, j'adresse tous mes voeux pour l'an neuf (qui est aussi l'an dix !) : santé, bonheur... et lecture  !


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  • Julien est un jeune lycéen d'une douzaine d'années. Et comme la génération spontanée n'existe pas - Pasteur l'a démontré depuis longtemps - Julien a deux parents, un papa et une maman... Bien banal, me direz-vous, et vous avez raison. Autre banalité, les parents de Julien sont séparés et se déchirent allègrement. Comme il arrive souvent en ce cas, le père et la mère se battent pour la garde de l'enfant. On n'a pas l'impression qu'il s'agit d'un enfant, mais d'un objet précieux pour lequel chacun se bat avec une férocité rare et un égoïsme crapuleux ! Ah, il ne reste pas grand-chose du "Grand Amour" qu'on s'était juré craché mollardé quelques années plus tôt ! ... Saloperie de nature humaine !... Alors le pauvre Julien, il étudie  du mieux qu'il peut au lycée, c'est un premier de la classe : son livret scolaire est passé deux fois au peigne fin : par son père, et par sa mère... Il vit toujours dans le silence : chez un parent, il n'est pas question de parler de l'autre... Pour son anniversaire il a droit à deux gâteaux et il souffle deux fois les bougies, piètre privilège... Il fait ce qu'il peut, Julien, pour plaire à son père sans déplaire à sa mère,  et réciproquement pour plaire à sa mère sans déplaire à son père... Ce n'est pas facile de plaire à ses deux parents séparés.. Jusqu'à quel point Julien sera-t-il capable d'être lui-même tout en se coupant en deux ? ... Pour le savoir, il vous faudra lire ce livre, écrit simplement, dans une langue châtiée mais sans emphase, par Jean-Denis Bredin, membre de l'Académie Française. Ce livre ne donne pas une haute idée de l'humanité. C'est en cela qu'il est un livre terrible, un livre juste. Il est publié chez Folio, on le trouve partout, pour quelques euros. On peut donc se l'offrir, même en temps de crise !


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