• Film sorti le 22 avril 2009. Réalisé par Anne Fontaine, d'après le roman d'Edmonde Charles-Roux : "L'Irrégulière". La volonté de la réalisatrice est de nous montrer l'existence de Gabrielle Chanel, en amont de sa vie de grande couturière, de nous entraîner dans la vie étonnante de deux orphelines, Gabrielle (qui deviendra Coco Chanel) et sa soeur Adrienne, toutes deux attendant chaque dimanche un père qui ne vient pas. Mais cette volonté reste ici une velléité, car rien n'est abouti. On reste à la surface des choses et des êtres. Par contre, on pénètre dans de somptueux décors, ceux qui constituaient au début du 20ème siècle, le cadre de vie extraordinaire d'un certain nombre d'aristocrates, de barons de la finance et de capitaines d'industrie : immensité des propriétés, luxe du mobilier, tourbillon des fêtes et des réceptions, avec une domesticité nombreuse qui se charge des viles besognes ! La belle vie, quoi : on drague au café-concert, on mange, on lance des traits d'esprit, on baise à l'occasion et on a des peines de coeur pour meubler son oisiveté entre deux courses de chevaux où l'on montre ses belles toilettes !... On est ici entre le documentaire sur une époque révolue et une image d'Epinal un peu conventionnelle : l'irrésistible ascension d'une jeune orpheline ! Là-dedans, les acteurs jouent... après tout ils sont payés (bien !) pour ça : Benoît Poelvoorde est très crédible dans le rôle d'un hobereau (Etienne Balsan) sur ses terres de Compiègne, et c'est lui qui permettra à Gabrielle Chanel de côtoyer des gens du monde et de nouer d'utiles relations qui serviront sa carrière ultérieure... Son jeu est subtil et vrai. Alessandro Nivola joue également avec sensibilité le rôle d'un ami de Balsan qui tombe amoureux de Coco. A mentionner aussi Emmanuelle Devos, dans le rôle d'une "ex" de Balsan, d'abord ironique puis conquise par Coco et ses idées novatrices en matière de mode. Et puis il y a l'incontournable Audrey Tautou, égale à elle-même dans des rôles dont elle ne sort pas : la jeune fille pure mais qui en même temps n'a pas froid aux yeux ! Un peu agaçant à la longue, un peu beaucoup même !...Voilà ! Comme on dit familièrement, ça ne casse pas trois pattes à un canard, et on sait que les canards s'accommodent bien des navets !!!... Il faut dire enfin un mot de la toujours jolie Marie Gillain, qui n'a ici qu'un second rôle : Adrienne, la soeur de Coco Chanel... Dommage ! La délicieuse et enthousiasmante Marie Gillain méritait mieux que ça, mais bon, je parle là en fan, sans la moindre objectivité !... Bref, ce film n'est pas un trait de génie, et malgré la beauté des décors, on a tendance à somnoler parfois devant des longueurs sans grand intérêt. Coco avant Chanel est un film banal et gentillet que je verrais bien finir sa carrière un dimanche soir sur TF1, devant une famille plan-plan et replète !...


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  • Au fond, en matière de littérature, c'est comme pour le reste : on ne fait du bon boulot que si on est un vrai pro ! Le bon ébéniste fait un beau meuble, le bon jardinier un beau jardin et le bon romancier un bon roman ! Or l'auteur, Danielle Bleitrach, n'est pas une romancière, mais seulement une politique, une idéologue communiste, vaguement journaliste et qui se revendique sociologue, un peu de tout, quoi  ! Elle fut même membre du comité central du PCF de 1981 à 1996 ( Le PCF c'est la parti communiste français, je le dis pour les jeunes générations qui ignorent désormais ce groupuscule moribond, dont les cris ne sont plus que des cris d'agonie !)... Autres temps, autre époque ! Et donc, Danielle Bleitrach est peut-être une bonne militante et une sociologue de métier, mais pour le roman, elle touche le fond ! "Les enfants du mauvais temps" est un livre épais de 420 pages qui prétend nous brosser une vasque fresque marseillaise sur fond de misère sociale, celle des ouvriers pendant la première moitié du 19è siècle. Mais Bleitrach n'est pas Zola, et son engagement communiste ne suffit pas pour remplacer un talent totalement absent de ce roman social, qui n'est qu'une saga interminable et confuse, sans imagination, et où, PCF oblige, on sombre dans la caricature la plus outrancière : les patrons sont tous des crapules, les ouvriers sont tous des anges... Rien n'est vivant dans cette histoire de boulangers en grève, qui n'est que le prétexte pour l'auteur à défendre ses thèses personnelles. Elle le fait sans élan, sans talent je le répète, et on ne ressent pas la moindre émotion à la lecture de ce livre. La pâte ne lève pas ! Le style est farineux, les personnages se mêlent et s'embrouillent dans des histoires abracadabrantes qui se perdent dans un fouillis inextricable sans le moindre intérêt. Pour cette histoire de boulangers, Bleitrach a oublié la levure, et les lecteurs sont dans le pétrin, quelle misère ! Je n'en cite même pas un extrait, le bouquin n'en vaut pas la peine ! Je me demande même si j'ai eu raison de parler de ce pseudo-roman, qui mérite davantage le silence qu'une critique... Bien entendu, c'est un bouquin que l'on m'a offert : Y a vraiment des gens qui m'en veulent !


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  • Je serai bref : La péniche Saint-Nicolas n'est pas de la littérature, c'est une scorie d'écriture rurale, qui fait partie de cette longue série de bouquins paysans ou prétendus tels ! Il faut croire que ça plaît, puisque le nombre des titres est innombrable, de La Grange aux loups, à la Soupe aux herbes sauvages en passant par d'autres titres à la gloire des campagnes profondes !  Je m'y ennuie, de la première ligne à la dernière... Ce n'est pas tout à fait vrai, car dès la ligne 15 je m'endors déjà, et à la page cinq,  je zappe ! Ne vous méprenez pas : je n'ai rien contre la France profonde, et j'aime la campagne... J'ai aimé la Petite Fadette et la Mare au Diable : George Sand savait écrire ! Mais le problème, avec nos modernes "livres paysans" c'est qu'ils sont sans le moindre talent ! La prétention historique des auteurs en fait une longue suite de détails qui se veulent "vrais", sans que rien jamais n'illumine notre lecture : on se fait chier, de bout en bout, rien d'autre à dire ! Un mystère demeure : ceux qui aiment cette prose nulle, ils font comment ? Insondable mystère ! Allez hop, au pilon, la Péniche Saint-Nicolas !


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  • Ne faites pas comme moi : ne perdez pas votre temps à lire "Le Clin d'oeil de l'ange", et dites-moi un grand merci, car je vous évite ainsi une dépense inutile et de longs moments d'ennui ! De quoi s'agit-il ? En fait, il ne s'agit pas d'un roman... C'est une suite de récits qui se déroulent dans des endroits très variés : à Anvers... dans une clinique des environs de Paris... dans un restaurant routier... A Disneyland... et dans quelques autres endroits que je ne vais pas énumérer ici. Car les lieux sont sans importance. Dans chacune des sept histoires qui composent le bouquin, on est en face de la même problématique : il y a un couple, plus ou moins nouveau, plus ou moins ancien, mais dans lequel on trouve à chaque fois une passion bien affadie pour toutes sortes de raisons diverses, reportez-vous à votre cas personnel ou observez votre famille, vos voisins ou vos amis, et vous comprendrez sans peine !... C'est d'une grande banalité... Et dans ce couple tiédard, l'un des deux va faire une rencontre : un autre homme ou une autre femme, une personne rencontrée fortuitement, sans qu'on l'ait recherchée... Et commence alors une sorte de parenthèse amoureuse ou simplement complice, qui ne change pas grand-chose, quelque chose de mélancolique qui n'aboutit pas à un nouveau départ, mais seulement à des réflexions amères sur le couple et son devenir, et sur ces bonheurs entrevus trop tard et auxquels on renonce... Bof ! à quoi bon !... Non seulement le propos de Françoise Mallet-Joris est pessimiste et sombre, mais il est très répétitif. Pourquoi changer à chaque fois le décor et les noms des personnages, si c'est pour raconter à chaque fois la même chose ? Une fois lu le premier récit, on a tout compris ! Nul besoin de nous asséner sept fois la même histoire. Ce rabâchage est vraiment insupportable ! Elle radote, Mallet-Joris !... Si encore le bouquin était bien écrit, si encore les phrases nous emportaient dans le bonheur de lire, on pourrait apprécier la répétition : c'est bon, un plaisir renouvelé !... Mais ce n'est pas le cas : le style est lourdingue, emberlificoté... On doit s'y reprendre à trois fois pour comprendre de qui elle parle, pourquoi cet adjectif  ? et à quel mot il se rapporte déjà ? Quel embrouillaminis ! On ne lit pas, on déchiffre laborieusement, on ahane sous le fardeau d'une syntaxe pesante et tourmentée. Voici un extrait (attention, ne vous endormez pas !) :

    "Il aurait sans doute pu retenir Sophie. Elle n'aurait peut-être pas demandé mieux ? Il se sent vraiment trop fatigué pour lire le roman - non, ce sont des nouvelles - traduites du letton par Castaing. Et qui viendrait lui rendre visite, puisque justement Castaing fait des conférences sur l'intérêt de la littérature lettone un peu partout (quand on connaît un sujet que personne ne connaît, on en profite), et qu'il a laissé partir Sophie ? Son attachée de presse ? Probablement  au Club Méditerranée. Tante Caro ? En cure, suivant le principe petit-bourgeois que l'argent dépensé doit l'être à des choses utiles et ennuyeuses. Une cure, oui, des vacances, non."

    Coucou !... Hello !... Réveillez-vous, c'est fini  !... Je ne vous ai pas pris en traître, je vous l'avais dit, que ce ne serait pas d'la tarte !... Ce bref passage, compliqué à lire et chiant à suivre, donne une bonne idée de l'ensemble de l'ouvrage, publié en 1983 et qui aurait gagné à ne l'être jamais ! Mais si vous ne me croyez pas, ou si vous êtes masochiste, alors lisez Le Clin d'oeil de l'ange, de Françoise Mallet-Joris. Après tout, ça vous regarde, mais ne venez pas vous plaindre après !...


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  • On a beau dire... et tous les magazines littéraires de la télé n'y changeront rien : on devrait lire plus souvent les classiques. Et Ma Cousine Rachel fait partie des classiques. Certes, il y a classiques et classiques. Ce n'est ici ni Gide ni Camus, on  ne se prendra pas la tête en dissertant là-dessus au concours d'entrée à Sciences Po et c'est tant mieux ! Mais Daphné du Maurier, qui a publié ce roman en 1951, nous offre là une aventure plaisante à lire, qui contient en elle tous les ressorts d'une humanité éternelle,  portée et aveuglée souvent par ses sentiments, une humanité sourde alors aux conseils, aux mises en garde, une humanité aveugle, ou pire, qui se crève les yeux pour ne pas voir les réalités les plus évidentes... Philip, le héros du livre, vit dans une grande et riche propriété de Cornouailles. On y vit comme autrefois : on parcourt son immense domaine et on gouverne tout un peuple de jardiniers, domestiques, valets de pied ; c'est dire que les châtelains vivent bien ! Pas de chauffage électrique ni d'ordinateur, mais on attend tranquillement l'heure du repas sans rien foutre, devisant au salon ou dans la bibliothèque en fumant la pipe  ! La valetaille pourvoit à tout ! Ah, on savait vivre à cette époque !... Et puis Ambroise, le mentor du héros, part pour Florence. Les mois passent, une lettre arrive : il a épousé Rachel, la cousine de Philip ! Diantre, quelle surprise ! Encore quelques mois, et il meurt là-bas, mystérieusement. Philip est persuadé que Rachel est la cause de cette mort. Et quand Rachel annonce qu'elle arrive en Cornouailles, Philip  se promet de se venger d'elle avec la cruauté la plus implacable...  Mais quand Rachel arrive, Philip, 24 ans et toujours puceau, tombe sous le charme de la belle, avec ses bras menus. Rachel, avec ses gestes, ses petits rires et ses regards, voire ses effleurements, allume Philip grave, comme on dit de nos jours en langage de banlieue. Il devient amoureux, de plus en plus amoureux, au point, lorsqu'il atteint ses 25 ans... de donner tout le domaine à Rachel ! Ah le con ! Bien entendu, Rachel refuse d'épouser Philip ! Lequel  ne se résout pas à croire à la vénalité de Rachel, malgré l'avis éclairé de la jeune Louise, l'amie d'enfance rougissante qui aime Philip en secret... Et pourtant ! Philip finira par comprendre : une belle salope, cette Rachel ! Mais il est trop tard, elle possède tout ! Elle  a recommencé avec Philip  ce qu'elle avait fait avec Ambroise à Florence ! Dans ces conditions, le roman ne pouvait pas se terminer par une happy end ! Et puis, la morale étant ce qu'elle est, il fallait bien que la méchante fût (concordance des temps oblige) punie ! Elle le sera ! Mais je ne vous dirai pas comment !... Ce roman a un mérite : il est écrit en ménageant les règles de base du suspense : on ne s'ennuie pas, on voyage dans une autre époque, dans la région sauvage et âpre des Cornouailles britanniques, on tourne les pages allègrement, curieux toujours de connaître la suite jusqu'au dénouement tragique ! Un bon bouquin, comme on en fait de moins en moins de nos jours...à lire sur la plage ou au coin du feu, en fonction des prévisions de la météorologie nationale !


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