• Jacqueline de Romilly est professeur de grec ancien. Et même, elle a été élue à l'Académie Française en novembre 1988, au fauteuil  d'André Roussin. On peut donc  tresser une couronne de laurier à cette femme si cultivée... Mais Molière nous enseignait déjà de nous méfier des femmes savantes. J'ai voulu lire son bouquin intitulé Hector... Je m'étais dit qu'avec le concours de cette femme instruite j'allais enfin comprendre quelque chose à l'Iliade, ce fabuleux ouvrage que personne ne lit et auquel ceux qui se hasardent à le lire n'y comprennent rien ! Hélas, hélas, hélas, les connaissances de Jacqueline de Romilly n'éclairent en rien le lecteur moyen que je suis ! Hector n'est qu'un bouquin illisible, un truc érudit , un ouvrage de spécialiste pointu. En clair, l'auteur ne nous parle pas de L'Iliade ni d'Homère - ou si peu. Elle met le projecteur sur un seul personnage : Hector ! Vous imaginez ? ... Elle néglige Andromaque, elle ne dit rien d'Agamemnon, passe Pâris sous silence, ne pipe mot d'Hélène... Rien non plus sur le bouillant Achille ! Pas davantage sur Patrocle, sur Priam, sur Ménélas, rien, je vous dis... que dalle ! Et tout sur Hector, distillé, analysé, disséqué, épluché à longueur de phrases, pendant 280 pages ! Cette démarche intellectuelle est le contraire même de la culture, c'est de l'érudition chiante, dont doivent  se délecter quelques hellénistes, forcément distingués ! Quant aux autres, eh bien ils sont comme moi, ils continuent à ne pas comprendre grand-chose à l'Iliade, et c'est fort dommage ! Dans mes rêves les plus fous, j'espère qu'un jour Jacqueline de Romilly voudra bien descendre de sa chaire sorbonnarde, pour nous livrer une traduction moderne de l'Iliade, en français contemporain ! Peut-être ça donnerait un dialogue comme celui-ci :

    Hector : - Viens t'battre Achille, eh bouffon !

    Achille : - Qu'est-ce t'as, l'bâtard ?

    Hector : - Approche, eh, fils de pute !

    Achille : - T'as un blème ? attends j'vais te niquer la gueule !

    Hector : - Même pas cap, sale  Achéen de mes deux !

    Achille  : - J'vais chercher mes potes de la cité, t'vas voir ta gueule, pauv Troyen !

    Hector : - Casse-toi, pauv'con !... (Toute ressemblance avec les propos d'un président de la république française ne peut être que fortuite)...

    Certes, là j'ai grossi le trait jusqu'à la caricature ! Mais bon, un petit effort, Jacqueline de Romilly !... L'Iliade, ça en vaut la peine ! Mais de grâce, halte aux ouvrages pédants !...


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  • Il est rare d'écrire un roman à l'âge de dix-huit ans et de mourir à vingt ans. C'est pourtant  ce qu'a fait Raymond Radiguet. Et il avait tout juste seize ans quand il écrivit "Le Diable au corps". Pourtant la jeunesse et la précocité ne sont pas toujours les gages d'un talent affirmé et durable ; "Le Bal du Comte d'Orgel" fait partie de ces oeuvres que l'on salue, et que pour ma part je range dans la catégorie des bouquins chiants et terriblement vieillis. L'histoire ne présente pas le moindre intérêt : on est chez le comte d'Orgel, un riche oisif comme il y en eut tant, flanqué d'une femme obéissante et soumise comme il y en eut tant également. Le comte se prénomme Anne mais n'est pas homosexuel ; sa femme Mahaut  s'ennuie, comme toutes les bonnes femmes oisives et soumises de cette époque du début du vingtième siècle ... ça rêvasse, ça pense au cul bien sûr, même si ça ne dit jamais le mot (quelle horreur !), ça bavasse au salon au sujet de futilités telles que les aiment les imbéciles friqués, bref,  Mahaut s'emmerde dans l'hôtel particulier où elle habite, flanquée d'une palanquée de valets de pied, de chauffeurs, de cuisiniers... Et bien entendu, Mahaut va s'éprendre de François, un ami du comte... Si l'histoire se passait de nos jours, une salutaire copulation aurait apaisé dès le lendemin les inévitables tensions résultant du désir sexuel et de l'émoi amoureux. Mais là, on sent que la passion charnelle est un péché mortel ! Alors les personnages se fouaillent l'ego, se torturent moralement et physiquement, nient qu'ils soient amoureux, souffrent, culpabilisent pendant des pages et des pages interminables... On pleure, on a des vapeurs, on s'évanouit !... Le tout écrit dans un style lourdingue et complètement dépassé, truffé d'imparfaits du subjonctif : il ne rigole pas avec la concordance des temps, Raymond Radiguet !... Voici un petit extrait  grapillé pour vous au fil de ma lecture : "Comme d'autre part il craignait que ses amis ne voulussent point venir si ce n'était pour Mme de Séryeuse, il inventa que sa mère serait contente de les voir et de fixer le jour. La veille de ce rendez-vous postiche, il dormit chez les Forbach afin que les Orgel vinssent le prendre en auto."... Et  je ne résiste pas au plaisir pervers de vous offrir le morceau de bravoure que constitue la fin, qui mériterait de figurer dans une anthologie du style pompier début de vingtième siècle : "Debout dans le chambranle de la porte, Anne était beau. N'accomplissait-il pas un devoir d'une frivolité grandiose, lorsque, sortant à reculons, il employa, sans se rendre compte, avec un signe de tête royal, la phrase des hypnotiseurs : - Et maintenant, Mahaut, dormez ! Je le veux." Allez, trouvez autre chose... On est en août, en pleine période de vacances ! Ne les gâchez pas avec le Bal du Comte d'Orgel. Il y a mieux à lire...

     


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  • Voici un roman bien anorexique, puisqu'il ne dépasse pas les 90 pages ! Et encore, les marges sont larges et les caractères sont petits ! Mais à tout prendre, je préfère ça aux pavés logomachiques de 900 pages, véritables sagas diarrhéïques, bourrées d'interminables descriptions chiantes au possible ! Seul avantage : ces très gros bouquins peuvent servir d'oreiller sur la plage, et en outre, en hiver, ils brûlent longtemps dans la cheminée !... Cela étant, ce mini-roman d'Amélie Nothomb n'est pas un maxi chef d'oeuvre, et je confesse que Nothomb a écrit de meilleurs textes... En fait c'est l'histoire d'un coursier, qui, après un chagrin d'amour, devient totalement insensible à toutes formes d'émotions et de sensations. Il devient donc tueur à gages et tue froidement les "cibles" qu'on lui demande d'abattre : pas de regrets, pas de remords, au contraire une extraordinaire jouissance qui suit chaque tuerie. Notre héros n'est plus humain. Mais c'est bien mieux : il est heureux... Pourtant, les choses vont prendre un tournant particulier au cours d'une mission : alors qu'il doit abattre un ministre et toute sa famille, il surprend la fille du ministre menaçant son père d'un revolver, puis l'abattant, parce qu'il s'était emparé de son journal intime ! Le tueur a rencontré une tueuse ! Une sorte d'admiration l'envahit devant cette belle jeune fille parricide (Une fois de plus, chez Amélie Nothomb, la notion de beauté est présente...). Malgré tout, n'écoutant que sa conscience professionnelle, le tueur fait son boulot, il abat cette jeune fille de deux balles dans la tête. Cependant, en ouvrant ensuite la serviette du ministre, il y trouve, parmi d'autres documents, le journal intime de la jeune fille. Ce même jour une hirondelle vient mourir dans la chambre du tueur, qui se persuade que cet oiseau symbolise la jeune fille qu'il vient de tuer, et qu'il appelle dès lors Hirondelle, ne connaissant pas son  prénom... Le tueur, après beaucoup de scrupules, lit le Journal d'Hirondelle... Il en sera transformé, mais.... Pour la suite et la fin... lisez le bouquin ! Avec ses 90 pages, il  ne vous prendra ni beaucoup de temps ni beaucoup d'argent ! Journal d'Hirondelle, un bouquin qui vaut le coup, et comme il  ne coûte pas cher, il vaut aussi le coût ! 


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  • Voici l'histoire, une histoire bien étrange en vérité : Bernard et Gervais sont prisonniers dans un stalag en Allemagne, pendant la deuxième guerre mondiale... Ce sont des copains et ils se font des confidences. Bernard est sûr de lui, un peu grande gueule, Gervais est plus réservé, plus introverti... Bernard entretient une correspondance avec une jeune femme qui est sa marraine de guerre...  Il confie à Gervais que cette dernière, Hélène est amoureuse de lui, et qu'il a l'intention de l'épouser. Et pour que les choses aillent plus vite, il veut s'évader. Il demande à Gervais de s'évader avec lui ; ainsi il pourra lui présenter Hélène, à Lyon... D'abord réticent, Gervais accepte. Les deux copains s'évadent et sautent du train à Lyon, dans la gare de triage, en pleine nuit. Mais trompé par l'obscurité, Bernard est happé par un wagon et tué. Gervais, seul, va trouver Hélène et ne sait comment lui annoncer la mort de Bernard. Il part seul dans les rues de Lyon, à la recherche de l'appartement d'Hélène. Mais quand il y arrive et qu'Hélène ouvre la porte, elle lui dit "Vous êtes Bernard ?"... Gervais n'ose pas la détromper...  il répond oui, se faisant passer pour son copain Bernard... Une étrange cohabitation commence alors, entre  Gervais qui prend la place de Bernard, et aussi avec Agnès, la soeur d'Hélène, qui semble douée de dons étranges... Impossible d'en dire davantage sans déflorer le sujet, qui est une sorte de thriller avant la lettre, dans une intrigue bien ficelée qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la fin... Un bon roman, bien écrit de surcroît, qui mérite d'être lu, et que je viens de terminer à la terrasse de l'hôtel Les Combelles, à Châtel en Haute-Savoie, où je passe une semaine de vacances ensoleillées en cette dernière semaine de juillet, l'an de grâce 2009.

    Bio : Je vous confie un scoop : Boileau-Narcejac, ce n'est pas un auteur... mais deux ! Il s'agit en effet de deux auteurs devenus complices et collaborateurs... Pierre Boileau est né en 1906, il se destinait à une carrière commerciale, mais dès sa jeunesse il s'était passionné pour la littérature policière. Il avait écrit des contes et des nouvelles... De son côté Thomas Narcejac, né en 1908, était professeur de lettres et de philosophie, et il avait publié quelques romans. Mais c'est en 1948 que les deux compères se rencontrent. Débute alors une longue et fructueuse collaboration. Boileau se charge surtout de l'intrigue, tandis que Narcejac travaille particulièrement la psychologie des personnages. Ensemble, ils mélangent ce qu'il y a de bon dans le roman policier classique avec ce qu'il y a de neuf dans le roman noir. Cela donne des romans d'angoisse, signés "Boileau-Narcejac", dans lesquels, souvent, le premier rôle est tenu par la victime. La collaboration de Boileau et de Narcejac va se poursuivre jusqu'à la mort de Pierre Boileau en 1989. Thomas Narcejac continuera d'écrire seul, mais signera toujours "Boileau-Narcejac", jusqu'à sa mort en 1998.


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  • Un peu partout autour de moi, j'entendais dire que l'Âge de glace 3 était un film "génial" ! Déjà le mot génial me semblait inadapté, et en tout cas excessif... Mais j'ai profité de la présence de mes deux petits-enfants, Vincent et Alexia, pour aller voir le "film génial" !... Je suis venu, j'ai vu... j'irai plus ! Et disons-le tout net : il y a bien longtemps que je ne m'étais autant emmerdé au cinéma ! Pas la moindre histoire, pas le moindre intérêt pour ce navet braillard ! D'un bout à l'autre ce ne sont que des hurlements, des cris, des vociférations, des chutes interminables dans des abîmes,  des chutes de pierres, des océans de lave brûlante, des mers de glace, des attaques d'oiseaux méchants ou de tyranosaures gloutons, des tonnes d'effets spéciaux aussi chiants que convenus, sans la moindre originalité.... Face aux méchants, il y a des bons et des niais, tout le troupeau des animaux bien pensants et bien plans-plans,  avec bien entendu la scène cul-cul la praline incontournable : la naissance d'un petit mammouth ! L'âge de glace 1 se laissait regarder, et j'avais un faible, personnellement, pour l'espèce d'écureuil acharné sur les noisettes ! Mais là, avec le numéro 3, on touche le fond de l'abîme.  Pour me consoler, j'ai dormi pendant un bon tiers du film, sorti brutalement de mon sommeil réparateur par un glapissement ou une vocifération, avant de me rendormir pour un moment ! Et quand j'entends dire qu'un tel film est "très marrant", j'ai honte, mais vraiment honte pour la nature humaine  ! Comment peut-on rire de telles crétineries cinématographiques ?


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