• Ce roman a pour principal intérêt de nous faire plonger au coeur de la culture chinoise traditionnelle... Le livre se présente un peu comme une longue correspondance, celle d'une femme Chinoise à sa soeur ; cette Chinoise a épousé un Chinois, mais "occidentalisé" : parti aux USA, il en revient médecin... Et là, rien ne va plus entre cette jeune épouse profondément enracinée dans les traditions chinoises et son mari qui s'est imprégné de culture occidentale et entend bien libérer sa femme du poids des traditions millénaires... Cela ne s'avère pas facile ! En outre, cette femme Chinoise a un frère ; et lui c'est pire : parti également aux USA, il revient au pays avec auprès de lui une femme américaine qu'il a épousée ! Horreur, malheur ! Toute la famille chinoise se dresse pour chasser l'intruse, cette étrangère que l'on rejette comme une "barbare" ! Nous découvrons alors au fil des pages, ces étonnantes traditions chinoises : se prosterner devant ses parents... épouser une fille  que l'on vous destine dès qu'elle a un an ! Etre totalement soumis aux ancêtres ! Et pour les femmes : être totalement soumises au mari, et accepter qu'il prenne une Deuxième, Troisième, Quatrième épouses, qui sont autant de concubines officielles.... Mais au-delà de la narration ce qui est passionnant, et très bien montré dans cet ouvrage, c'est le poids immense du conditionnement des esprits par l'éducation... On voit en effet s'affronter ici deux civilisations  : celle de l'orient (le vent d'est) et celle de l'occident (le vent d'ouest).. Et ce conditionnement mental est tel, qu'il est complètement impossible à la famille traditionnelle d'accepter toute évolution ! Il n'y a que la narratrice chinoise et son frère, qui parviennent à intégrer les valeurs occidentales, et encore, au prix de bien des doutes, bien des souffrances et de douloureuses remises en cause personnelles... Un roman à lire, car il nous permet de comprendre bien des conflits à  travers le monde,  et même dans notre pays, ou dans notre propre famille, ainsi que les terribles difficultés d'intégration, les profondes incompréhensions, qui surgissent parce que tous les cerveaux humains ne sont pas tous programmés selon les mêmes logiciels !...


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  • J'ai beaucoup aimé ce livre autobiographique de Janine Boissard... C'est d'autant plus remarquable que je déteste habituellement ces bouquins où l'on se fouaille le nombril pour étaler sa vie et ses bobos à l'âme... Sauf que là, le livre est déjà bien écrit, plaisant à lire, on y chemine comme on se promènerait dans les beaux quartiers et les appartements de la haute bourgeoisie, sauf qu'ici on n'est pas écrasé par l'insolence d'un luxe tapageur et méprisant, mais par la sensibilité de cette petite fille qu'était Janine Boissard, dont on se dit qu'elle a autant souffert que bénéficié de ce milieu familial privilégié qui fut le sien : immense appartement de 315 m2 en plein 16è arrondissement de Paris.. et les vacances d'été dans le château familial de Bélair, près de Charleville, dans son parc de trente hectares...  Mais il y a plus : ce livre constitue un fabuleux documentaire sur la vie bourgeoise dans les années 1940 à 1960... Une période si proche de la nôtre, et si lointaine pourtant... On y voit une omniprésence de la religion , il y a toujours un cousin prêtre.. et même une grand-mère qui part en vacances en emmenant dans ses bagages un abbé pour la confesser chaque matin !! Pas au 16 siècle, non !!! ...Au vingtième siècle !...Parler de sexe est un tabou absolu, même si tous les parents de ces milieux aisés pondent avec allégresse leurs cinq à sept mouflets !.. Les études des enfants? .. Dans des institutions religieuses du 16 arrondissement, bien sûr !.Messe et confession obligatoire... On a , évidemment, à la maison domestiques, cuisinière et chauffeur. Les filles sont éduquées strictement, et les lectures soigneusement réglementées : Autant en emporte le vent est interdit : trop de cul entre Rett Butler et Scarlett O'Hara !  Pourtant, on est ici bien loin du classement X !... Mais alors, comment font les filles pour se marier ?? Là, c'est très malin : pas question qu'une jeune fille de ces bonnes familles s'entiche bêtement d'un ouvrier, d'un manutentionnaire ou quelque manant du peuple rencontré par hasard...Alors les bourgeois ont trouvé un truc simple et génial : quand les pulsions génitales se font sentir chez leur progéniture, on organise des festivités diverses : rallyes, soirées dansantes, clubs divers.. Y participent des jeunes filles et des jeunes gens triés sur le volet, tous fils et filles de grandes familles, de bourgeois, Inspecteurs des finances,  avocats, hautes professions libérales, ambassadeurs... bref le gratin Les filles vont donc trouver un large choix de mecs, auxquels elles vont succomber d'autant plus facilement qu'elles sont sous pression côté périnée, et en manque (même sans le savoir ! ) depuis des années...  Voilà comment se font ces "beaux mariages " entre privilégiés : au moins le patrimoine ne se gaspille pas, et même s'accroît ! .. Et si jamais une fille avoue  à ses parents avoir rencontré un garçon dont le nom est inconnu des parents, la question des parents fuse  : Que font ses parents" ?... Et cette question "Que font ses parents" ? m'a beaucoup amusé... car je me suis reconnu ! Sauf que moi, dans ma jeunesse, j'étais du mauvais côté, celui du pauvre ! Voici l'anecdote : J'avais rencontré à la fac de Sciences une jolie blondinette qui, à 20 ans roulait, à bord d'une Simca Versailles et habitait la prestigieuse rue Vaneau dans le 7è arrondissement de Paris : immeuble prestigieux, ascenseur, tapis rouge dans l'escalier... La blondinette et moi, on faisait de longues balades au Jardin des Plantes, entre deux amphis de biochimie.. on se tenait la main, et on se lançait des boules de neige, comme des gamins.. On était bien ensemble et même, elle m'aidait de ses doigts fins, à disséquer ma souris blanche en travaux pratiques ! A la fin de l'année scolaire, elle tint à me présenter à ses parents.. J'y allai.. Et leur question fusa, presque d'emblée  : "Que font vos parents" ? .. Inutile de frimer, je dis la vérité : ma mère restait à la maison, et mon père était veilleur de nuit"... Que croyez-vous qu'il arriva ?? Deux jours plus tard, je reçus une jolie lettre de ma blondinette : elle me demandait de ne plus chercher à la revoir, m'annonça que c'était la décision de ses parents, et qu'elle irait passer tout l'été en Allemagne, pour se fiancer  à l'automne là-bas !... Elle me demanda de lui pardonner, et termina en me précisant que dans sa famille, on devait, même si ça me surprenait, obéir aux décisions des parents !...  Allez, revenons au livre de Janine Boissard  ! Il est excellent, et comme récit, et comme document ! Sans compter que Janine Boissard  était parfois le "vilain petit canard" de sa famille, une petite fille moins conformiste, une petite fille un peu perdue et étouffée, qui la rend plus sympathique que ce milieu fermé où tout fonctionne par relations de haut niveau : on voit ainsi  un membre de la famille qui fait son service militaire au moment de la guerre d'Algérie : mais pas d'inquiétude pour lui,  il est mobilisé .. à Paris ! Pendant ce temps, mes copains d'Ivry, ces prolos, partaient, eux, dans les djebels ! "Selon que vous serez puissants ou misérables"......


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  • Ce faux polar à la sauce suédoise  se laisse lire, un peu comme une petite bière se laisse boire : pas terrible mais c'est mieux qu'un verre d'eau ! Une jeune femme, Sibylla, est assez paumée. Rejetée par sa mère, elle vit en marginale dans une sorte d'errance, un road-movie façon Ikéa !... Pas facile quand on n'a pas de thune, et c'est important, la thune ("y a que ça qui les fait bander" chante la délicieuse Angèle !).. Alors, sans le sou, Sibylla compte sur l'immense gentillesse des hommes : elle leur fait un sourire.. et ils lui offrent une chambre à l'hôtel ! Sans coucher, je précise, juste comme ça, par générosité masculine désintéressée... ou plutôt par faiblesse devant le charme féminin !... Or, pas de bol, l'homme qui lui a offert une chambre est assassiné un soir... Or Sibylla a été vue avec lui ! Elle devient donc la suspecte, et elle est recherchée par la police, d'où le titre sans surprise du bouquin : "Recherchée"... Toute l'histoire est celle de cette recherche.. Il ne se passe rien de bien intéressant... elle se cache.. on la cherche... et on a droit à de longs chapitres qui reviennent sur son enfance et ses difficultés familiales, histoire de meubler un peu une récit plutôt fade... Et puis notre héroïne, qui a 32 ans, va être sauvée par un jeune garçon de 15 ans, dont la mère est policière, comme par hasard ! Ce jeune ado va se démener pour aider Sibylla, et faire triompher la vérité ! Elle n'a pas tué ! En prime, vous saurez qui était le meurtrier, et vous découvrirez avec étonnement ses étranges motivations religieuses ! .. Redisons-le, c'est une petite histoire de 270 pages, c'est court, on n'a donc pas le temps de s'enliser dans ce gentil petit bourbier d'écriture ! ouf !


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  • En rangeant le fatras de mon grenier, je suis tombé, au milieu d'un remarquable fouillis poussiéreux, sur un vieux livre grand format et sa reliure rouge : "Les Aventures de Mr Pickwick"... Il dormait là depuis près de soixante-dix ans ! Je l'avais reçu à la distribution des prix de mon école d'Ivry, et le maire communiste d'Ivry, Georges Marrane, m'avait fait la bise à cette occasion. Pour autant, cette accolade prolétarienne, citoyenne et municipale ne m'a pas encouragé à lire l'ouvrage, que j'ai vite refermé après en avoir lu les premières lignes, qui m'avaient bien emmerdé dans mon jeune âge... On dit qu'il faut donner du temps au temps.. C'est donc ce que j'ai fait, et largement, puisque je ne l'ai ouvert à nouveau que ces jours-ci ! Il était grand temps, si je ne voulais pas risquer de  tomber dans l'au-delà sans l'avoir jamais lu !...  Eh bien je peux le dire, j'ai gardé mon âme d'enfant, car les aventures de ce Mr Pickwick  m'ont autant emmerdé que dans mes très lointains souvenirs !... Je n'accroche pas du tout à ces historiettes  de Pickwick, un hurluberlu à qui il arrive toutes sortes de petites  anecdotes fadasses, avec une sorte d'humour "so british" qui m'indiffère totalement. Les personnages sont surannés et d'une ringardise pas possible ! La différence par rapport à autrefois, c'est que j'ai lu le livre jusqu'au bout, et que donc on peut dire également que j'ai bu le calice jusqu'à la lie !.. Je ne parle même pas du style, complètement désuet et vieillot....J'avais beau me répéter que Dickens était un grand écrivain.. Rien à faire !  J'ai préféré de loin David Copperfield, ou encore De Grandes espérances... Mais au moins, je n'ai plus de doute : dès la fin du confinement, j'irai déposer mon bouquin dans une boîte à livres, pour lui donner une deuxième chance : celle de plaire à un lecteur radin, qui préférera s'emparer de mon Pickwick gratuit , plutôt que de l'acheter pour soutenir les libraires, malgré sa "solidarité" qu'il proclame sur facebook parce que ça ne coûte rien  !... Ah, la nature humaine !


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  • Maupassant a 36 ans quand il publie Le Horla, recueil de  plusieurs nouvelles, dont la plus célèbre, Le Horla. Plus qu'une nouvelle, Le Horla est un récit autobiographique, puisque Maupassant y décrit ses hallucinations personnelles  : ainsi, alors qu'il se lève chez lui pendant la nuit, il constate que la bouteille pleine d'eau qu'il avait laissée sur la table a été vidée ! Qui l'a bue ?.. Pire, il se regarde dans le miroir.. et ne s'y voit pas, le miroir reste vide de toute image.. Une autre fois, il contemple dans son jardin une jolie rose rouge "Géant des batailles", et c'est alors qu'il voit la tige d'une fleur se plier lentement, se casser, puis la rose s'élever lentement devant lui... Il avance la main pour la saisir, mais pfuiiiit, la rose disparaît !.... Maupassant est alors persuadé qu'un être invisible est près de lui, qui l'épie et le suit. En fait, Maupassant ressent les premières atteintes graves des séquelles nerveuses de la syphilis... Il mourra sept ans plus tard, le 6 juillet 1893, dément et paralysé.... Le recueil comporte d'autres nouvelles, ces merveilleuses histoires que Maupassant raconte mieux que personne, avec une beauté d'écriture et une puissance d'évocation rares...  Il excelle à nous restituer ses émotions, comme dans cette nouvelle intitulée "Amour", où il nous raconte son chagrin soudain : il va à la chasse avec un ami, de bon matin, admirant en même temps le jour qui se lève sur la campagne.. Et puis il tire et abat un oiseau ; c'est une sarcelle qui tombe à ses pieds. Il s'apprête à la ramasser tranquillement, quand il entend des cris déchirants : c'est la sarcelle mâle qui crie, qui hurle son chagrin devant sa compagne tuée, et qui vole tout autour, sans même se méfier des chasseurs.. Alors Maupassant se sent envahi d'une grande tristesse, en voyant que d'un coup de fusil, il a brisé l'amour absolu et total de deux oiseaux qui s'aimaient.. et il quitte la chasse, tandis que son compagnon tire, et abat la deuxième sarcelle, sans états d'âme...

    Admirable Maupassant, à lire et à relire sans retenue, encore et encore.. tout ! Ses nouvelles, ses contes, ses romans..  Et pour celles et ceux qui ne renâclent pas devant les technologies modernes, sachez qu'il suffit de taper maupassant dans Spotify, pour écouter des nouvelles de Maupassant, lues pour vous ! 


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