• Voici un modeste polar, avec un parfum de régionalisme breton.. Des malfaisants s'en prennent aux trésors des églises : ciboires, calices, tableaux, vitraux...tout y passe. Tout cela alimente des réseaux de trafic d'oeuvres d'art au profit de collectionneurs sans foi ni loi, mais avec un compte en banque bien garni.. Hélas, tout ne se passe pas bien : une grenouille de bénitier qui avait surpris les cambrioleurs en pleine action est grièvement blessée, ailleurs un prêtre, puis deux autres, sont tués.. L'enquête commence.. mais à côté d'une police évidemment nulle et incompétente, voici une jeune peintre, Clémence, dont l'intuition féminine va faire merveille ; et comme elle est peintre, les assassins vont en voir de toutes les couleurs !.. L'histoire se déroule dans les années 1880, en Bretagne et à Paris, on côtoie donc Gauguin, Toulouse-Lautrec et d'autres artistes... L'auteur en profite pour glisser dans son histoire de nombreuses tartines de culture générale et artistique, au grand dam des lecteurs incultes, qui gueulent dans leurs critiques, au lieu d'en faire leur profit !.. Il est vrai aussi qu'un polar ne doit pas se transformer en un cours de fac !... Mais il faut noter qu'il est très facile de sauter les digressions culturelles de l'auteur : on a le droit de rester con et ignare, ça fait partie, hélas, des libertés individuelles !... En résumé, petit polar qui ressemble à un téléfilm de TF1... où tout finit bien !  Ce n'est pas vraiment de la littérature, c'est de la petite bière policière, mais bon, la petite bière, ça se laisse boire !...


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  • Premier roman de l'auteur, auteure, auteuse ou autrice (rayer les mentions inutiles !) américaine Barbara Kingsolver, ce coup d'essai est assez réussi.   L'héroïne, une toute jeune femme nommée Taylor Greer, n'a pas l'intention de vivre toute sa vie dans le Kentucky, ce pays pourri où les gens végètent dans des vies misérables, tandis que les femmes pondent des chiards avant même d'avoir appris à compter... Elle même, elle bosse depuis plusieurs années dans un labo, où elle compte sous le microscope globules rouges, globules blancs et plaquettes sanguines.. Aucun avenir... Elle décide donc de tout quitter, même sa mère, et part au volant d'une vieille Volkswagen "Coccinelle".. La voilà sur les routes, vers l'Ouest, où se sont toujours dirigés les rêves américains... Mais bientôt, la Volkswagen tombe en panne, il faut payer une réparation coûteuse, mais c'est alors que survient un événement insolite. Alors que Taylor prend un verre dans un bar, une femme s'avance vers elle, lui dépose un bébé dans les bras et s'enfuit !...Que faire ? Taylor ne va pas abandonner le bébé au bord de la route ! Elle repart donc avec ce colis insolite et bien encombrant, terrorisée à l'idée de devoir justifier éventuellement l'origine de cet enfant... C'est une petite fille...Taylor lui donne un nom : "Turtle' (Tortue !), puis poursuit sa route et va rencontrer plusieurs femmes, toutes plus ou moins paumées, car la vie n'est facile pour personne... Quoi qu'il en soit, des relations fortes vont naître entre tous les protagonistes, dont le centre de gravité commun est la petite Turtle !... Cette petite Turtle qui va redonner finalement un sens à la vie de Taylor... Notons enfin que la petite fille, qui se révélera passionnée par les plantes et les légumes qu'elle découvre peu à peu, donnera son titre au roman : l'arbre aux haricots...


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  • Nick Corey est le shérif de la petite ville de Pottsville, où vivent 1275 âmes... En principe, il devrait y faire régner l'ordre et respecter la loi... Mais il préfère se la couler douce, profiter de son logement gratuit, et de sa vie sexuelle mouvementées, entre sa femme, une maîtresse, puis une autre, ce qui l'oblige à mentir à toutes pour avoir la paix... Pour ce qui concerne les délits, il ferme souvent les yeux, ou les détourne au bon moment, ne se hasardant jamais à tenir tête aux notables ou aux gens influents... Une sorte de lâche tranquille, qui accepte par ailleurs quelques pots de vin ici ou là... Mais à ce petit jeu, des rumeurs courent, laissant entendre qu'il ne sera pas réélu comme shérif, la population préférant un autre candidat, plus sérieux, plus rigoureux.. Un jour, deux souteneurs en viennent même à insulter et défier le shérif.... A partir de là, tout va changer. Nick Corey décide qu'on ne lui marchera plus jamais sur les pieds ! Les gens veulent de l'ordre et de la rigueur ?.. Ils vont en avoir ! Soucieux de sa ré-élection, le shérif va faire la ménage et son colt va lui servir plus d'une fois, pour des règlements de compte définitifs !... Ce roman noir est à lire au deuxième degré, car il est truffé d'humour et de dérision sous l'apparente noirceur de l'histoire... 

    L'auteur, Jim Thompson, né en 1906 et mort en 1977, n'a pas eu de grand succès littéraire. Il est vrai que sa vie ne fut pas une existence modèle. Développant une vision pessimiste du monde, il aime mettre en exergue la saloperie humaine sous toutes ses facettes : hypocrisie, vulgarité, sadisme, roublardise, sacrilège, blasphème, érotisme amoral voire immoral.... Il meurt à seulement 71 ans, bouffé par la clope et l'alcool...


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  • Dans ce roman, on retrouve Simon Templar, allas Le Saint, dans une aventure complètement rocambolesque... Une jolie rousse, chevelure flamboyante et belle paire d'airbags à faire damner... un saint (ça tombe à pic !) fait un pari : amener chez elle le célèbre Simon Templar.. Ce dernier accepte ; mais quand il arrive au domicile de l'érotique rouquine, une surprise l'attend : un cadavre est allongé dans le salon ! Dès lors, une enquête commence, menée par le Saint himself !... L'enquête sera longue et difficile, mais surtout elle sera émaillée par une longue litanie de cadavres, tous aussi morts les uns que les autres. Personne n'y comprend rien, sauf notre héros, qui va démêler peu à peu les fils de cette embrouille carabinée. On se demande même comment Simon Templar tient une forme aussi athlétique, avec tout ce qu'il s'enfile comme clopes et comme  whiskys bien tassés ! De quoi cumuler le cancer du poumon avec la cirrhose !... En outre, bien que le Saint soit dans le collimateur de pas mal de tueurs qui rêvent de lui trouer la peau, il échappe à toutes les balles, et survit à toutes les rafales !.. Bref, ce n'est pas avec ce genre de lecture que vous pourrez passer le concours d'entrée à Normale Sup, mais ce roman est comme un petit rosé de Provence bien frais : il se déguste avec plaisir au coeur de l'été... quoique j'aime aussi lire parfois un Simon Templar bien au chaud au coeur de novembre quand souffle un vent glacé du nord...  Allez... bonne lecture !


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  • Le philosophe romain Sénèque (4av JC-65 ap JC) écrivit "La Vie heureuse" en 58, sept ans avant sa mort. Dans ce petit texte, il disserte sur les conditions du bonheur... La première phrase de son essai est la suivante "Vivre heureux, qui ne le désire ! mais lorsqu'il s'agit de définir ce qui rend la vie heureuse, tout le monde tâtonne"... A partir de ce constat, Sénèque nous livre ses réflexions. En voici quelques-unes : "Gardons-nous bien de suivre, à la manière des moutons, le troupeau de ceux qui précèdent... car rien n'entraîne à de plus grands malheurs que de se conformer à la rumeur publique en estimant que les meilleurs choix sont ceux du plus grand nombre"... Il dit aussi : "Les affaires humaines ne sont pas de telle nature, hélas,  que les meilleurs choix plaisent au plus grand nombre ; et la preuve du pire, c'est la foule"....Vous l'aurez compris, on ne résume pas un tel ouvrage, on le parcourt, on le butine comme fait l'abeille dans la fleur, pour en recueillir le nectar dont elle fait le miel... Sénèque, il y a deux mille ans, dénonce déjà la futilité des comportements humains, les ravages de la rumeur, le conformisme imbécile des foules. La morale de Sénèque est aussi une morale du discernement : donner aux pauvres, oui, mais pas n'importe comment. Il écrit ceci : "A l'un je porte secours,  à un autre, parce qu'il en est digne, je donne des armes contre la pauvreté.. A certains je ne donne rien, malgré leur gêne, parce que même si je leur donne,  ils seront encore et toujours dans la gêne."  Quel bon sens et quelle sagesse... Sur ce je me tais.. à vous de butiner Sénèque, en laissant de côté vos séries Netflix et le dernier but de tel ou tel footeux !... La vie est brève, conclut Sénèque.


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