• Enfin un film qui dépasse les films plan-plan et les séries cul-cul des soirées-télé ! Joan Sfar est un tout jeune réalisateur, et il apporte un regard neuf sur le cinéma. Il ne se contente pas de "raconter une histoire", et il ne nous présente nullement ici une biographie de Serge Gainsbourg. Il nous offre un spectacle filmé qui ressemble à un kaléidoscope : tout s'y mêle en couleurs variées, changeantes et intenses... Des bribes de la vie de Gainsbourg, depuis le moment où il s'appelait Lucien Ginsburg, petit juif portant l'étoile jaune, et apprenant le piano sous la dure férule de son père pianiste de bar,  jusqu'au Gainsbarre de la fin, démoli par le tabac et l'alcool (fin que le film pourtant ne nous montre pas). Entre ces deux pôles, entre l'alpha et l'oméga de cette existence, Sfar nous montre les facettes tourmentées d'un homme exceptionnel, trouble et génial, timide et provocateur, laid et séducteur, adulé et décrié... La chronologie en prend sérieux coup, mais ça n'a pas d'importance : chaque séquence fuse comme un tableau nouveau sans qu'un enchaînement soit nécessaire.  Un peu comme dans un feu d'artifice. Tout n'est pas réussi pour autant. Commençons par ce que je trouve positif : le jeu d'Eric Elmosino dans le rôle de Gainsbourg est parfait, ainsi que le personnage de "la sale gueule", double caricatural de Gainsbourg avec un nez immense et de gigantesques oreilles !... Ce "double" est l'occasion de dialogues entre Gainsbourg et sa "sale gueule", c'est original et intelligent... Un bon point aussi pour Laetitia Casta, excellente en Brigitte Bardot très crédible... Par contre, il y a des ratages patents : Boris Vian, qui était maigre, presque émacié est représenté par un homme mûr plutôt baraqué : nul ! Pas fameux non plus, le rôle de Jane Birkin, interprété par la regrettée Lucy Gordon, qui s'est donné la mort l'an dernier dans son appartement parisien , à l'âge de 28 ans... Pas terrible encore, il faut le dire, le personnage de Juliette Gréco... Et enfin, le pire est le rôle de France Gall, joué ici par la pourtant excellente et belle Sara Forestier ! Sauf que France Gall, petite lycéenne couvée par son papa, avait 16 ans au moment de Gainsbourg, et que donner ce rôle à Sara Forestier qui a 24 ans et que l'on a déguisée en ado nunuche, c'est un loupé total ! Pauvre Sara Forestier, elle mérite mieux que ça !... Mais n'en tenons pas rigueur au réalisateur, c'est un jeune et il a encore des choses à apprendre ! Mais il a du talent, de l'originalité,  c'est déjà beaucoup et il est riche de promesses cinématographiques...  Bilan de ce film : malgré quelques incohérences et les ratés de casting,  "Gainsbourg" a le mérite de sortir des sentiers battus et de nous offrir une vision originale et neuve sur un artiste majeur du 20è siècle. Un film à voir sans barguigner.


    votre commentaire
  • Le Vilain est un film réalisé par Albert Dupontel, dans lequel le rôle du fils truand qui retrouve sa mère (Catherine Frot) qu'il n'avait pas revue depuis vingt ans.  Cette mère a une particularité : aucun accident ne l'atteint jamais, comme si le ciel refusait de la faire mourir. Elle se dit alors que Dieu attend pour cela qu'elle ait réussi à convaincre son fils de faire enfin quelque chose de bien dans sa vie !... Commence alors une histoire rocambolesque et idiote, à base d'agents immobiliers de promoteurs et  de zone pavillonnaire expropriée... Le film est sorti en novembre 2009. J'ai lu ici ou là quelques bonnes critiques journalistiques. Il faut dire que les journalistes, je ne sais pas si vous le savez, bénéficient d'une carte d'entrée gratuite dans tous les cinémas, pour tous les films. Alors forcément, ils sont un peu indulgents parfois, ils ont ce qu'on nomme la reconnaissance du ventre ! Moi, je suis un spectateur libre, je paie ma place et je me sens en droit de dire ce que je pense sincèrement d'un film. Je dis donc ici que Le Vilain a sa place dans le top 50 des plus grands navets de l'histoire du cinéma ! C'est totalement nul, l'histoire se traîne lamentablement, on s'ennuie au point que je me suis endormi dans une douce torpeur à trois reprises... Les gags ou les répliques qui se veulent drôles ne font rire personne dans la salle... et on est triste de voir l'excellente Catherine Frot embarquée dans une telle galère ! Comment une actrice qui semble intelligente peut-elle jouer dans une crétinerie pareille ? Besoin d'argent, peut-être ! Absolument pitoyable ! Fuyez ce film, c'est d'un bas niveau, c'est chiant au possible ! Dupontel bondit, grimace comme un imbécile congénital... Il y a eu tout de même trois bons moments dans le film : ceux pendant lesquels j'ai dormi !!!.. "Le Vilain" c'est un très vilain film. J'ai honte de l'avoir vu, c'est dire !


    votre commentaire
  • "Tricheuse" est un bon mélo des familles, une comédie à deux balles,  idiote à souhait, le rêve des soirées télé sur TF1 : vautré dans le canapé, l'oeil mi-clos, avec un seul objectif : surtout, surtout ne pas penser !... Bingo ! Avec Tricheuse, c'est gagné ! Voici l'histoire : elle nous montre les aventures et mésaventures de deux avocates, jeunes évidemment ! Les avocates jeunes, vous remarquerez,  ça intéresse davantage le bon peuple que des ouvrières usées, même si ces ouvrières usées vivent la même chose que les avocates jeunes ! Vous voyez, même devant un film con, on peut penser et réfléchir !... Donc, Clémence (Hélène de Fougerolles) est une jeune avocate, dont la meilleure copine est aussi avocate : "asinus asinum fricat" (Non, je ne traduirai pas, consultez les pages roses du dico, ou allez voir sur internet : les choses se gravent mieux quand on les cherche soi-même !)  Et donc je reprends :  Clémence, la jeune avocate, a un amant, un nommé Cédric : les emmerdements commencent : elle, elle veut baiser, lui, il veut l'épouser ! On a droit alors à un poncif : le gros cadeau à la belle ! Cédric offre à sa dulcinée un piano ! Je note à ce propos deux choses : lui qui aurait rechigné à donner vingt euros à une association humanitaire n'hésite pas à débourser plusieurs millions d'euros pour un cul convoité !... La deuxième chose, c'est qu'il lui offre  un piano... à queue ! Pour qu'elle comprenne bien ce qu'il attend,  sans doute !...  Mais elle, Clémence, elle ne veut pas de lui ; et pour s'en débarrasser, elle demande à l'accordeur de piano venu régler l'instrument, de se faire passer pour son mari ! Invraisemblable, idiot ! En outre, pour ajouter du piment, l'accordeur de piano est un Algérien : le piment devient de l'harissa ! L'Arabe s'installe dans l'appartement de l'avocate, et fait venir d'Aubervilliers ses deux filles... Gags !... Le propriétaire de l'immeuble, qui n'aime pas les célibataires est heureux de voir Clémence "mariée" ! et du coup, il trouve pour la jeune avocate un client : Lavoisier, un député (évidemment véreux!) impliqué dans un trafic de thon avarié ! On imagine les gags imbéciles qu'on peut tirer de toute cette purée nullarde ! Encore plus incroyable : la mère de Clémence, qui n'avait jamais revu sa fille depuis plus de quinze ans.. revient ! Gag !...  Et ça continue comme ça, les conneries s'enfilent comme des perles sans valeur sur ce collier de nouilles du cinéma français ! Je vous livre le bouquet final ! la jeune avocate épouse l'Algérien ! Et la mère de Clémence épouse le propriétaire de l'immeuble ! Ouf ! on est rassuré dans les chaumières : un dernier pet puissamment étouffé dans le canapé, on éteint la télé et on va se coucher , on a passé une bonne soirée, on ne s'est pas pris la tête !


    votre commentaire
  • "Jeanne et le garçon formidable" est sorti en 1998. Les rôles principaux sont interprétés par Mathieu Demy (Olivier) et Virginie Ledoyen (Jeanne). Film original dans sa forme puisqu'il est tourné sous la forme d'une comédie musicale, ce qui apporte un peu de fantaisie dans ce film dont le thème est bien noir. L'histoire est simple : Jeanne  (Virginie Ledoyen) est réceptionniste et télé-opératrice dans une agence de voyages. Et comme le veut la mode médiatique de notre époque, elle est "libérée", c'est-à-dire qu'elle couche avec tout mâle qui lui convient, pour une heure, pour une nuit ; elle se fait même sauter dans un wagon de métro, histoire de rentabiliser le prix de sa carte orange. Et puis un jour, adieu la fille libérée ! Elle tombe sur un "garçon formidable" ! Il s'appelle Olivier !  et hop, dans le pieu ! On ne saurait lui donner tort : la vie est courte... et celui-là, Olivier, c'est le bon ! Elle en est sûre,  le grand amour !... Seulement on ne peut pas faire un film avec ça ! que resterait-il à montrer, sinon le mariage, la belle-doche, les allocs, les chiards qui naissent et les vacances à La Baule... Alors se produit le coup de théâtre : Olivier est séropositif ! Une histoire de drogue, de piqûre...  Mais il en faut plus pour décourager Jeanne ! Surtout que le film est évidemment moralisateur et veut montrer aux foules que les séropositifs sont des gens comme les autres, mieux que les autres même !... Les tourteraux s'aiment donc avec ardeur. Mais voilà que le sida se déclare, Olivier est hospitalisé ; Jeanne vient lui rendre visite. Mais Olivier, voyant son état s'aggraver, quitte l'hôpital et va se réfugier chez ses parents, sans prévenir Jeanne : il ne souhaite pas la revoir... Mais Jeanne n'accepte pas cette situation. Elle va tout faire pour retrouver Olivier, sans y parvenir cependant. Un jour pourtant, dans le métro, elle reconnaît un copain d'Olivier. C'est par lui qu'elle apprend sa mort, survenue la veille. Et le film s'achève sur la vision du beau cimetière du Père-Lachaise... Jeanne n'a pas le temps d'arriver jusqu'au crematorium et rate cet ultime rendez-vous : elle se casse un talon et tombe sur les pavés des allées : "Et merde!..." soupire-t-elle simplement en chutant. C'est sur cette réplique grandiose (n'est pas Corneille qui veut!)  que se termine l'histoire... Le film est bien tourné, malgré ses aspects lourdement moralisateurs et pédagogiques : le sida n'empêche pas d'aimer... et seul le grand amour vaut la peine !... On le déconseillera cependant aux déprimés, aux pessimistes et à ceux qui veulent seulement rigoler au cinéma ! "Jeanne et le garçon formidable" pourrait avoir un sous-titre : "Plus moche la Vie !"... Bon courage, préparez vos mouchoirs !...


    votre commentaire
  • Faubourg 36 est un film récent, sorti en 2008. Y jouent  : Gérard Jugnot, Kad Mérad, Clovis Cornillac, et Nora Arnzeder dans le rôle de Douce, la fi-fille bien gentille, bien mignonne, bien propre sur elle, et qui va être aimée bien sûr ! L'histoire n'est pas très neuve : Nous sommes en 1936, à l'époque du Front populaire : les salariés ont alors des rêves fous d'émancipation... Ici, deux chômeurs, licenciés du music-hall où ils travaillaient dans le nord populaire de Paris, décident d'occuper l'établissement pour empêcher qu'il soit vendu à un homme d'affaires. Ils décident de monter un "spectacle à succès". Bien entendu, ils connaîtront mille difficultés : les manoeuvres de l'homme d'affaires, des problèmes financiers, des dissensions internes. Il se greffe sur cette histoire une histoire d'amour, qui ne sera pas toujours rose : car deux hommes sont amoureux de Douce, et deux hommes amoureux d'une même femme, ça se termine rarement bien : le Front Populaire n'est pas allé jusqu'au partage sexuel : pas de solidarité ouvrière dans ce domaine, c'est "chacun pour soi" : l'idéologie partageuse a ses limites ! Et puis, pas facile de monter une affaire rentable en l'articulant autour de l'amitié, de la solidarité et du partage. Il y faut d'autres qualités. On est en pleine utopie, et ça finira comme toutes les utopies : par un désastre, un écroulement du beau projet !  Rien de bien nouveau sous le soleil ! Et ce film rappelle étrangement un film de 1936 : "La Belle équipe", qui racontait une histoire très semblable : cinq chômeurs parisiens ont gagné à la Loterie Nationale ; ils décident, avec leur gain, d'acheter un vieux lavoir et de le transformer en une guinguette ! Là aussi, la belle amitié du début va se déliter peu à peu, et bientôt, il ne restera que deux "amis" qui ne vont pas le rester longtemps, vu qu'ils sont amoureux de la même fille ! Et le film finit dans le drame, bien que le réalisateur, Julien Duvivier, ait tourné également une autre fin, optimiste celle-là ! Mais pas de "happy end" pour Faubourg 36 : notre époque est bien désabusée, elle n'imagine même plus une fin heureuse pour de telles entreprises. Bon film sans plus, qui vaut surtout par le jeu des acteurs : Gérard Jugnot  est décidément crédible quand il sort des rôles de rigolard. Kad Mérad est égal à lui-même : bon.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique