• Que voilà un film excellent ! C'est sans doute pour cette raison qu'une bande de critiques professionnels a cru bon de l'éreinter ! Pour nombre d'intellos en effet, un film n'est un bon film que si on se fait chier dans la salle obscure et si on manie des concepts théoriques, en se prenant la tête pour chercher des références à Proust ou aux plans-coups d'Antonioni ! Mais laissons ces pisse-vinaigre et autres casse-couilles qui confondent un bon film avec un bouquin de Kant ! Et entrons dans la salle obscure : Le Concert est un bon film, car il nous fait passer deux heures de bon cinéma : belles images, superbe musique du concerto pour violon de Tchaikovski, dépaysement devant des Russes dont le comportement nous amuse et nous déconcerte... L'histoire est originale, et nous change de ces centaines de films qui se bornent à nous montrer inlassablement des voyous commettant des hold-up, ou des couples enlisés dans leurs divorces laborieux et leurs histoires de culs recommencées, avec comme grave préoccupation ontologique : "C'est qui, qui va garder les mômes le mercredi ?" Ras-le-bol ! Le Concert nous raconte une histoire : Andrei Filipov, grand chef d'orchestre du Bolchoï de Moscou dans les années 70, est déchu par le parti communiste pour avoir refusé de se séparer de musiciens juifs. Il travaille désormais au Bolchoï comme homme de ménage. Un jour, il met la main sur un fax : Le théâtre du Chatelet invite l'orchestre du Bolchoï à venir à Paris. Une idée folle naît alors dans l'esprit de Filipov : rassembler tous ses anciens copains musiciens déchus, reconstituer l'orchestre et venir à Paris jouer le fameux concerto pour violon de Tchaïkovski, en se faisant passer pour le Bolchoï ! Il en résulte des gags assez bien vus, bien tournés et très amusants. Et puis le réalisateur a su ménager un émouvant suspense : la violoniste solo de Paris (jouée par la belle mais triste Mélanie Laurent) est inconnue des Russes. De plus, elle ignore qui sont ses parents, on croit comprendre qu'ils ont été déportés dans un goulag, autrefois... ça aussi, ça a dû déplaire aux critiques ! Dénoncer les camps nazis est carrément une ardente obligation démocratique, mais évoquer seulement les camps soviétiques provoque évidemment des nausées chez les intellos de gauche ! La dignité de la personne humaine, ça dépend, c'est comme ça arrange les idéologues politicards !... Revenons au film : il faut le voir, le revoir, il est excellent ! Et puis les acteurs sont très bien dans leurs rôles : Mélanie Laurent est parfaite en violoniste intelligente mais tourmentée et triste, et François Berléand est superbe en directeur tonitruant du théâtre du Châtelet ! Si vous ne trouvez plus le film en salle... achetez le dvd !


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  • Pluie, vent, giboulées, ce 30 mars 2010 a été une journée bien grise. Bien arrosée aussi, ce qui est excellent pour le jardin, comme quoi les inconvénients de la météo présentent aussi souvent des avantages !... Pour conjurer la noirceur du ciel, je suis allé au cinéma, pour voir L'Arnacoeur, film qui a un énorme avantage : on y voit une des mes petites chéries cinématographiques, j'ai nommé Vanessa Paradis bien sûr ! Certes, il faut en convenir, mon étincelante égérie a pris un sacré coup de vieux. Je veux dire qu'elle m'est apparue comme marquée, fatiguée, et amaigrie... Mais bon, on n'est pas ici à la chronique people de Voici ou de Gala, alors parlons de cinéma. Le réalisateur, Pascal Chaumeil a réussi une très belle comédie romantique. Il y avait pourtant un écueil vachard : sombrer dans la bluette à l'eau de rose pour lectrices énamourées de romans-photos. Il existait aussi un autre risque : celui de se laisser aller à un humour pour crétins, genre "On a retrouvé la 7è Compagnie", avec des rires gras et de la franche déconnade à deux balles pour beaufs replets !.... Ces périls ont été heureusement évités. L'histoire en quelques mots : Romain Durris -c'est lui l'arnacoeur- joue le rôle d'un séducteur professionnel. Son métier consiste à séduire les femmes malheureuses afin de les détourner d'un mec qui ne leur convient pas. Mais attention, c'est un métier sérieux : il s'agit d'ouvrir les yeux des femmes sans leur ouvrir les jambes ! Notre arnacoeur se voit chargé d'une nouvelle mission : séduire Vanessa Paradis, une fille à papa qui doit se marier dans une semaine, mais dont le père est hostile au mariage... Bien sûr, on s'en doute immédiatement, notre dragueur professionnel va succomber au charme de sa proie ! Mais cela nous est dit avec une progression crédible et superbement tournée, dans un film où les gags fusent à chaque instant, mais parfaitement dosés et alternant avec des moments où on rejoint une romantisme empreint de fraîcheur, rare au cinéma. Le film ne tombe à aucun moment dans la facilité, il est mené de main de maître par le réalisateur, et magnifiquement interprété : Vanessa Paradis est une jeune femme fragile et romantique sous les dehors d'une fille-à-papa richissime et sûre d'elle, Durris a vraiment  la tête du tombeur ! Les autres personnages sont à l'avenant : vrais, touchants, drôles. Du très bon cinéma de divertissement... Si vous préférez bavasser à n'en plus finir en débattant avec suffisance dans un ciné-club, ce film n'est pas pour vous : retournez à vos Bunuel, Bergmann et Antonioni, allez jouer ailleurs les "brillants causeurs" !... Mais si vous voulez passer une heure trente de pure jubilation, allez voir l'Arnacoeur ! Comme on le dit aujourd'hui dans le néo-jargon médiatique : " L'Arnacoeur... ça l'fait !..."


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  • Enfin un film avec lequel on passe un bon moment de cinéma ! Bien calé dans mon fauteuil de velours bleu nuit du cinéma Robespierre de Vitry, j'ai oublié pendant une heure trente l'acharnement antisarkozyste ambiant et les giboulées de mars qui sont actuellement les deux mamelles de l'actualité printanière. Pièce montée nous raconte une journée mémorable : celle du mariage de Vincent (Jérémie Renier) avec la jeune et riche Bérengère (La très ravissante Clémence Poésy). Le film démarre très fort avec l'écroulement de la gigantesque pièce montée apportée pour la circonstance. Cette scène initiale, burlesque à défaut d'être originale laisse déjà présumer que les choses ne vont pas se passer de façon tout à fait normale en ce jour d'hyménée ! La suite sera effectivement mouvementée : le curé qui célèbre l'union, le tonitruant et désabusé Père Victor (Fabuleux Jean-Pierre Marielle) reconnaît soudain dans l'assistance la vieille Madeleine (Etonnante Danielle Darrieux), toute ridée, mais dont il fut amoureux avant de renoncer à elle en épousant Dieu. Terrible prise de conscience pour ce prêtre, mais aussi pour Madeleine, qui se rendent compte, mais un peu tard, qu'ils étaient faits l'un pour l'autre... Pendant ce temps, la folle journée se poursuit et des fêlures se font jour dans le jeune couple, à la suite d'un papier compromettant remis au marié et insinuant que la mariée se livre sur certains membres (virils!) du club sportif à des succions que la morale réprouve et que la nature adore !... Certes, le film ne fait pas appel à de grandes idées profondes... mais il est fort bien construit : il y a des scènes bien tournées, des plans vifs et rondement menés. En fait, sous les dehors d'images filmées avec une certaine légèreté et pas mal d'humour, se cachent des réalités  humaines plus graves qu'il y paraît, mais que le réalisateur laisse à chacun le soin de découvrir, sans jamais imposer au spectateur un discours normatif. Chacun est libre de voir le film de la façon qui lui convient : en surface ou en profondeur. Le tout est servi par une très brillante distribution : Clémence Poesy est parfaite dans le rôle de la jeune mariée sérieuse et digne, Jean-Pierre Marielle est excellent en prêtre exubérant, Danielle Darrieux est aussi émouvante que crédible en grand-mère toujours amoureuse du prêtre, Jérémie Renier est un jeune marié parfait. Quant à Léa Drucker, elle interprète sobrement le rôle d'Hélène, une femme que son mari n'aime pas... Le tout forme un bon spectacle, j'emploie ce mot à dessein, car le cinéma, art  de l'image et du mouvement, ça doit d'abord être ça : un bon spectacle ! Ici, c'est réussi !


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    Voici un film qui est plus qu'un film : Un documentaire, un témoignage, une synthèse dramatique des problèmes  de l'école d'aujourd'hui, mais qui va bien au-delà, en interpellant sur le racisme, la religion, le machisme...  De quoi s'agit-il ? Une prof de français, Sonia Bergerac superbement jouée par Isabelle Adjani, est aux prises avec ses élèves dans le collège d'une banlieue difficile. Sa classe débute en retard, alors que la prof se préparait à faire répéter à ses élèves un extrait du "Bourgeois Gentilhomme" de Molière... Les élèves chahutent se battent entre eux, des insultes fusent, ainsi que toutes les expressions chères à ces cancres banlieusards : "Nique ta mère !"... "Fils de pute !"... "Qu'est-ce t'as eh bouffon ?"... "Enculé de ta race !"... La prof essaie en vain de faire revenir le calme, mais rien n'y fait : insultes, remarques idiotes, ricanements imbéciles fusent de toute part. C'est alors que, dans le brouhaha des bousculades, un caïd de la classe, Mouss, laisse tomber un revolver. La prof s'en empare, et excédée, prend sa classe en otage sous la menace du revolver, seul moyen selon elle de faire revenir le calme et de faire sa leçon sur Molière.. Un coup de feu part, et blesse légèrement Mouss à la jambe. Alerté par la détonation, le principal du collège intervient et constate que la prof est enfermée dans sa classe. Il appelle la police. Tout le monde croit que c'est un élève qui séquestre la prof... Et puis on découvre la vérité. La prof fait connaître son exigence : que soit instaurée dans les écoles, chaque année, une "journée de la jupe", au cours de laquelle les filles pourraient venir ainsi aux cours sans être insultées et traitées de putes !... Dès lors, la tension dramatique va monter, inexorablement. Le film montre à merveille l'opportunisme de la ministre de la justice, la curiosité racoleuse des medias, la veulerie du principal du collège... Denis Podalydès joue à la perfection le négociateur du Raid, qui tente de trouver une solution douce, face à son chef intransigeant qui prône l'assaut brutal... De malentendus en incidents divers, l'action se durcit jusqu'au drame final... Ce film est un film dur et violent, un film vrai, malgré les dénégations furieuses de certains critiques qui ont jugé cette oeuvre "nauséabonde", montrant par l'excès même de leur langage que la puanteur idéologique est dans leur camp ! Laissons cela ! Et courez voir ce film, faites le connaître et voir... Je regrette qu'il ne soit pas mis au programme officiel du baccalauréat, car il éclaire nos problèmes de société plus clairement et plus simplement que bien des thèses chiantes sur le sujet. Une chose pourtant est triste dans ce film, triste et effrayante : c'est qu'il est crédible !... Mais à l'inverse, le grand mérite de la "Journée de la jupe" est qu'il interpelle les consciences...  Mais est-il encore temps ? N'est-il pas trop tard ?...


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  •  En ce lundi glacial du 8 mars, je suis allé au cinéma, voir "L'autre Dumas"... L'autre Dumas est un film réalisé par Safy Nabbou. Ce film, disons-le d'emblée, n'a pas la prétention littéraire ou documentaire et historique qu'on aurait pu attendre... Mais il ne manque pas d'intérêt, puisqu'on y voit se heurter - mais aussi se compléter - le curieux tandem que formait Alexandre Dumas et son "nègre" Auguste Maquet. D'un côté le tonitruant Dumas, grand viveur, jouisseur, dépensier, hâbleur, mais avec une vie trop agitée pour la consacrer suffisamment à l'écriture... De l'autre, le modeste Auguste Maquet, son "nègre", un homme humble, terne, timide et effacé, mais dont la modestie ne permet pas à son talent de s'affirmer ! Le film met en scène les deux hommes, à travers une histoire sentimentale : Alors que les deux hommes séjournent dans une auberge de Trouville, l'humble Maquet est abordé par une certaine demoiselle Desrives, qui le prend pour Dumas. Ebloui par la beauté de cette jeune fille (Mélanie Thierry, voir sa photo supra), il tombe amoureux d'elle, et se fait passer pour Dumas, afin de la conquérir... Mais on n'échappe pas à sa condition : au fil de l'histoire, Auguste Maquet sera rabaissé, humilié ramené à la condition subalterne qui est la sienne et à laquelle il ne parviendra pas à s'arracher... Que ce soit vis-à-vis de Dumas ou des autres, Maquet reste un homme de l'ombre... Les images sont belles, Depardieu est très crédible en Dumas, Poelvoorde joue un Auguste Maquet tout en finesse, et quant à la jeune et jolie Mélanie Thierry... on comprend la fascination  de Maquet !... Et pourtant, à mon avis, tout cela ne suffit pas à faire un grand film... Il manque ici un souffle, une émotion, un élan... On a l'impression que le film se traîne un peu, il effleure des sujets intéressants, il tangente des situations qui pourraient être émouvantes... et puis le réalisateur reste au bord du chemin, sans approfondir ni traiter suffisamment son sujet... Il y a un peu de tout dans cette histoire : un peu d'amour, un peu d'aventure, un peu de drame, mais rien jamais de bien profond, rien de grand ni de grandiose : heureusement que les acteurs sont bons... et Mélanie Thierry bien jolie en plus !


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