• Les Corneilles, roman de JH Rosny Aîné, 1888

     

    Ce roman est typique des œuvres mélodramatiques, larmoyantes du 19è siècle, au sentimentalisme pleurnichard, dans des intrigues complètement invraisemblables... Mais bon, c’est toute une époque, celle où les filles lisaient sagement  ce genre d’histoires, en rêvant au beau mariage et au grand amour, d’où naîtraient ensuite les mouflets qui serviraient de chair à canon une fois devenus grands, mais ça, elles ne le savaient pas, ces braves jeunes filles romantiques... mais je divague, je m’égare, venons-en aux Corneilles... Voici l’histoire, qui évoque vaguement Roméo et Juliette, le talent en moins !... Donc Jacques, un beau jeune homme, rencontre dans une soirée la belle Madeleine ; belle évidemment car si elle avait été moche, il ne l’aurait même pas vue, malgré tout ce qu’on raconte hypocritement sur la suprématie de la beauté intérieure... Mais Madeleine lui lance un regard chargé d’une lourde haine. La raison ? Les familles se haïssent : le père de Jacques, avait aimé  jadis la mère de Madeleine, mais cette dernière avait préféré épousé un homme riche plutôt que son amoureux payé en-dessous du SMIC. Comme quoi l’amour féminin passe d’abord par le portefeuille avant de passer par le cœur et la braguette. Bref, Jacques est fort marri, alors qu’il se voyait fort mari de Madeleine. Mais il ne part pas battu : toutes les nuits, il vient jouer sous les fenêtres de sa dulcinée une douce musique... La belle d’abord entend, puis écoute, et enfin s’émeut... S’ensuit une chaste romance, une idylle asexuée entre Madeleine et Jacques, tandis que, autour d’eux,  chantent les oiseaux dans les vertes frondaisons et coassent les grenouilles dans l’étang. Et comme nos amoureux sont bien sages et bien conformistes, ils s’ouvrent à leurs parents et leur font part de leur désir de se marier ! Aïe ! mauvaise pioche, la haine recuite des familles se dresse à nouveau, furieuse ! La mère de Madeleine déclare à sa fille qu’elle ne donnera la main de sa fille à Jacques, qu’à la condition que le père de Jacques vienne la lui demander, humblement... La chose va se faire, mais mal, et les amoureux  voient finalement leurs espoirs brisés... A partir de là, je vous laisse imaginer la fin, après quelques péripéties abracadabrantesques de derrière les fagots !...   Quant au style du roman, il est lourdingue et alambiqué, l’auteur se croit obligé d’utiliser des mots compliqués pour dire des choses simples ! C’est ça, le manque de talent et le style pompier. Quelques exemples : le bassin est décagone... la lune est dichotome... etc... il y en a des tonnes comme ça, on est très loin de la belle écriture de Maupassant ou de Zola... A lire par curiosité. Et puis c’est gratuit si vous avez un livre électronique : il suffit de télécharger le bouquin : gratos, oui, vous avez bien lu ! C’est si rare dans notre monde mercantile !...


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  • La compagnie des spectres, roman de Lydie Salvayre, 1997

    Lorsque j’ai entendu que le Prix Goncourt 2014 avait été remis à Lydie Salvayre pour son roman « Pas pleurer », je ne me suis pas jeté sur ce livre. Comme j’ignorais tout de cet auteur, j’ai préféré lire autre chose d’elle, une œuvre moins récente... J’ai fait jouer le hasard, am-stram-gram, pic et pic et colégram... et pan ! c’est tombé sur La Compagnie des spectres, publié en 1997.  Je viens de lire ce roman, et je dois en convenir : je ne suis pas enchanté, bien que la forme du livre soit très originale. Mais l’originalité est une chose, l’intérêt d’un livre en est une autre...  De quoi s’agit-il ? La compagnie des spectres raconte une histoire très simple, qui se déroule en un seul jour et en un seul lieu : un appartement où se côtoient deux femmes : une fille (la narratrice) qui vit avec sa mère, devenue folle après le massacre de son frère Jean par des miliciens pendant la deuxième guerre mondiale. Depuis, elle voit des fascistes, des miliciens et des collabos partout. Au début du livre les deux femmes reçoivent la visite d’un huissier venu faire un inventaire avant saisie,  suite à de nombreux impayés. Et tandis que la fille tente d’amadouer l’homme de loi en faisant assaut de politesse, la mère, dans son délire, l’interpelle : « C’est Darnand qui vous envoie ?... ce suppôt du Maréchal Putain ! »... Le ton est donné... Au fil des pages, nous assistons au dialogue sans fin de la mère qui délire sur les spectres du passé noir de l’occupation, tandis que sa fille tente de la raisonner, le tout en présence de l’huissier, qui, chapitre après chapitre, continue, imperturbable, de dresser l’inventaire des biens à saisir... Idée originale, mais c’est truffé de références à la littérature antique... Pline le Jeune... Cicéron...Sénèque... Plutarque... bref, des noms qui n’évoquent pas grand-chose pour la plupart de nos contemporains. Et puis c’est un livre qu’on lit en restant extérieur, sans émotion et sans grand plaisir à mon sens. Assurément, c’est bien écrit, mais ça ressemble à un exercice d’écriture plus qu’à un livre à succès. Comme je suis un lecteur consciencieux, je suis allé jusqu’au bout des 172 pages, la dernière m’ayant enfin permis d’esquisser un sourire pâlot et tiède, il était temps. Bref, la compagnie des spectres est un livre original mais un peu terne, et finalement assez ennuyeux. Espérons que « Pas pleurer », prix Goncourt 2014, est meilleur.


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  • L’Appel de l’ange, par Guillaume Musso, 2011

     

    Il paraît qu’avec l’âge on perd pas mal de neurones... C’est peut-être mon cas, puisque j’en arrive à lire du Guillaume Musso, au risque de faire de la peine à certains de mes amis... Qu’importe, j’assume ! Parlons un peu du livre : L’appel de l’ange est une histoire complètement invraisemblable ! Je vous narre un peu : Madeline et Jonathan se croisent un peu brutalement dans un aéroport de New-York, une semaine avant Noël... Sous la violence du choc, ils perdent leur portable, mais le récupèrent. Et comme vous l’avez déjà deviné, leurs deux portables sont identiques et donc ils se gourent, chacun emportant le portable de l’autre !  Madeline rentre en France, et quand son téléphone sonne, elle comprend que c’est Jonathan qu’on appelle. Lui, de son côté, et pour la même raison  réciproque, reçoit des appels destinés à Madeline. Vous n’imaginez pas tout ce qui va découler de cet échange de portable ! Car chacun fouille de manière très indiscrète dans le téléphone de l’autre, et y découvre toutes sortes de secrets inavouables : il apparaît ainsi que Jonathan tenait un des plus célèbres restaurants du monde, et qu’il l’a quitté pour tenir une honnête  et humble gargote, après s’être bizarrement séparé de Francesca. De son côté, Madeline est fleuriste à Paris, mais les entrailles de son smartphone révèlent qu’elle fut flic, et qu’elle a longuement enquêté sur la disparition d’une jeune fille de 15 ans, Alice Dixon, avant de faire une tentative de suicide après avoir reçu un jour un colis contenant le cœur de la jeune Alice ! Je vous passe le reste, tout est du même tonneau... On pourrait se moquer et ce serait tellement facile ! On est tellement loin ici de la littérature classique. Mais il ne faut pas oublier une chose : on a changé de siècle. Notre époque ne vit plus au rythme lent des saisons, où l’on lisait avec un délice tranquille un roman de Mauriac ou de Gide au coin de l’âtre où crépitait une bûche de chêne. On est à l’ère de l’image, du zapping et du flash publicitaire, tout va vite, très vite. Trop vite ? A chacun d’en juger. Le roman de Musso épouse son époque : les chapitres y sont très courts, ils se télescopent dans un jaillissement de rebondissements improbables et spectaculaires, qui évoque un feu d’artifice : on en voit de toutes les couleurs, ça éclate bruyamment, à toute vitesse, ça brille et ça scintille pour s’éteindre vite avant la fusée suivante, qui explose à son tour dans un nouvel éblouissement....  Il faut en convenir : les romans de Musso ne cassent pas trois pattes à un canard. Mais demande-t-on cela à un feu d’artifice ? Non, on veut que ça scintille, rien d’autre. De ce point de vue, L’Appel de l’Ange se lit comme on voit un feu d’artifice, c’est vif et enlevé, et il serait vain d’y chercher autre chose qu’un bon moment de lecture... Après tout, pourquoi pas ? Et puis, il faut noter un point positif : ce roman de Musso, pour n’avoir rien de littéraire, n’en est pas moins fort bien écrit. Vocabulaire et syntaxe sont corrects et n’ont rien d’un sous-produit. Enfin l’orthographe est irréprochable. Après tout, la chose est rare de nos jours. L’Appel de l’Ange, par Guillaume Musso, est publié en édition de poche chez Pocket. Pas cher, on peut donc, si on veut, le balancer par la fenêtre sans remord ni regret.


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  • L’Âne et l’abeille

    Voici bien le plus étrange livre qu’il m’ait été donné de lire depuis longtemps. Donné, c’est le mot qui convient, puisqu’il m’a été offert par la jeune Inès Amarouche, qui a eu non seulement l’idée de me l’offrir, mais celle aussi de me le faire dédicacer par son auteur, Gilles Lapouge. Livre étrange donc, car il ne se range dans aucune catégorie littéraire connue. Ni roman, ni autobiographie, ni documentaire, ni pamphlet, il est une sorte d’errance débridée de l’esprit, allant de la poésie à la réflexion philosophique, en passant par les sciences naturelles, la biologie... L’auteur se rappelle un petit poème de Francis Jammes appris autrefois à l’école :

    « J’aime l’âne si doux

    Marchant le long des houx

    Il prend garde aux abeilles

    Et bouge les oreilles ».

    L’auteur se demande pourquoi ces vers de Francis Jammes font cohabiter en quatre lignes deux animaux, l’âne et l’abeille. Pour lui, ce ne peut pas être une simple coïncidence. Il y a sans doute des lignes secrètes qui unissent ces deux bêtes si dissemblables en apparence.  Et l’auteur, dans une rêverie  cultivée, et à travers de multiples anecdotes empruntées à la littérature, à l’histoire et aux sciences, croit avoir trouvé un point commun entre l’âne et l’abeille : en effet, la ressemblance tient dans la façon d’aimer : Aliboron et Maya ont en commun de transgresser la règle qui veut que l’on ne puisse aimer que des êtres de son espèce. L’âne en effet peut s’unir à la jument, et l’ânesse au cheval, donnant naissance alors respectivement au mulet ou au bardot. De son côté l’abeille, elle, bien que dépourvue de sexe lorsqu’elle est ouvrière, fait cependant l’amour avec les fleurs, puisqu’elle les féconde, et que les fleurs font tout pour séduire les abeilles ! Etonnante thèse, appuyée par de nombreuses citations tirées de toutes sortes d’œuvres à travers l’Histoire, la Bible, la littérature. Mais l’auteur ne cherche pas à prouver ses dires, son ouvrage n’est pas une communication scientifique, il nous livre le fruit de nombreuses observations qu’il glane, recoupe, et dont il tire sa conclusion : l’âne et l’abeille n’aiment pas comme tout le monde !... Poétique, fantaisiste et primesautier, ce livre ne sera pas apprécié des gens trop sérieux. Sans compter qu’il faut avoir l’esprit curieux et un tantinet cultivé pour en faire son miel !...

    Bio : Gilles Lapouge est un journaliste et écrivain français. Et ce n’est pas un perdreau de l’année, puisqu’il est né en 1923. Oui, vous avez bien lu. Il a donc franchi le cap des 91 ans, et il publie toujours. Il passe son enfance en Algérie où son père est militaire. Après des études d'histoire et de géographie, il devient journaliste. En 1950, il part pour le Brésil. Pendant trois ans, il travaille pour le quotidien brésilien O Estado de São Paulo, dont il restera le correspondant en France pendant plus de quarante ans. De retour en France, il collabore au Monde, au Figaro Littéraire et à Combat. Il participe à l'émission de Bernard Pivot Ouvrez les guillemets qui deviendra Apostrophes. À France Culture il produit l'émission Agora puis En étrange pays. Il fait partie du comité de rédaction de La Quinzaine littéraire. Il a reçu le prix Pierre Ier de Monaco pour l'ensemble de son œuvre. En 2014, à 91 ans, il publie L’Âne et l’abeille. Bel exploit.


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  • Trois coeurs, film  clopeux de Benoît Jacquot,2014

     

    Un imbroglio d'histoires de cul croisées, entre des partenaires qui ne sont plus de la toute première fraîcheur... En outre, ce film inintéressant au possible est complètement scandaleux par l'usage de la clope dont il fait une véritable promotion ! Il est vrai qu'avec Catherine Deneuve et Poelvoerde, on pouvait s'attendre au pire dans ce domaine ; et c'est bien ce qui se passe, à croire que le réalisateur se passionne pour la promotion du cancer du poumon ! Et tout cela dans l'indifférence générale, je dois être à peu près le seul à m'insurger contre la tabagie généralisée du cinéma contemporain ! Cette promotion de la clope par les acteurs devrait être poursuivie en justice pour mise en danger de la vie d'autrui par la promotion de produit cancérigène ! Merde à ce film et à son réalisateur, et honte aux clopeurs-acteurs qui détournent, sous prétexte de "liberté d'expression" les lois anti-tabac ! Je boycotte ce film ! Faites comme moi, ne cautionnez pas la clope, au cinéma, car cette merde fait 73 000 morts chaque année en France, ce dont semblent se foutre ici réalisateur et acteurs. 


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