• Parfums, brimborions de Philippe Claudel, 2012

    Commençons par la définition du mot brimborion. Un brimborion, c’est un petit truc, une bricole sans grande importance, une broutille.  Et ce terme qualifie bien Parfums de Philippe Claudel.  En fait ce livre est une sorte de dictionnaire, de A à Z, des souvenirs olfactifs de l’auteur. Il a voulu battre sans doute Proust et sa fameuse madeleine. Il est vrai que sur le plan quantitatif, il y est parvenu, avec plus de 60 mini-chapitres, qui vont de  A comme acacia, à V comme voyages, en passant par charogne, goudron, Gauloises, pissotières, sexe de la femme et station d’épuration des eaux, pardon pour ce double rapprochement ! Ça vous fait pas rire, vous, le sexe de la femme coincé entre les pissotières et la station d’épuration ??... Bref  il y en a pour tous les naseaux ! A noter toutefois un indéniable sexisme, puisque l’auteur,  s’il a bien évoqué le sexe de la femme, ne nous dit rien du rectum des homos... On lui pardonne cette lacune, on ne peut pas mettre sa plume et son nez partout !... Cela étant, on est très loin ici du talent d’écriture habituel de Philippe Claudel, auteur remarquable des Âmes grises, et de La petite fille de monsieur Linh... Disons que Parfums est une récréation, un livre personnel que l’auteur aurait écrit pour lui-même. Un livre comme vous et moi pourrions en écrire. Sauf que, vous et moi, gens obscurs, jamais vus à la télé, verrions notre manuscrit refusé. Ne nous voilons pas la face comme des femmes islamistes radicales, et parions que si l’éditeur a publié Parfums, et si les médias ont fait du battage au moment de sa sortie, ce n’est pas du tout à cause du talent d’écriture, c’est à cause du nom de Philippe Claudel, qui est évidemment vendeur. Ainsi vont les affaires, même si elles ne font pas celles de la littérature. On vend un livre comme une savonnette : vite écrit, vite publié, vite oublié ! On le retrouve quelques années plus tard, vendu au poids, 3 euros le kilo,  dans les foires aux livres organisées en province au profit de l’association des parents d’enfants handicapés, ou autre mouvement caritatif. Je déconseille donc l’achat de ce livre, il ne vaut vraiment pas les18,50 euros de son prix de vente. Ce Philippe Claudel ressemble à du Philippe Delerm, en plus pesant, avec beaucoup de « remplissage » verbeux à base de longues énumérations inutiles : ça fait des lignes supplémentaires sans trop se casser la tête, tout en augmentant le nombre de pages et donc le prix du livre ; malin, hein ! ! Et le pauvre gogo se laisse piéger ! On pousse son caddie chez Leclerc, à la recherche de légumes, et d’un seul coup, en passant on voit « Parfums » de Philippe Claudel...  Alors on se dit « Ah oui, c’était vachement bien, les Âmes Grises »... et hop, on prend le bouquin de Claudel, Parfums, sans savoir qu’en cherchant ses légumes, on vient de trouver un navet !


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  • Trente mille jours, souvenirs, par Maurice Genevoix, 1980.

     

    Je n’ai jamais été un fan des écrivains de terroir, toujours à parler des histoires de la campagne, et qui en profitent pour étaler leur science en accumulant les noms techniques d’un tas de plantes, d’outils et d’objets régionaux, dans un fatras de mots incompréhensibles au commun des mortels. Heureusement, Genevoix n’abuse pas ici de cette veine rurale, et nous livre plutôt une synthèse des plus forts souvenirs qui lui restent en mémoire, alors qu’il atteint l’âge vénérable de 90 ans, soit environ  trente mille jours. Bien sûr, il y a dans ce livre un tas d’anecdotes dont on se fout éperdument, lorsqu’il nous parle par exemple du tonton pharmacien, ou de telle manie du grand-père : ces détails familiaux sont intéressants assurément pour ses descendants, famille et amis très proches, mais le lecteur moyen s’ennuie profondément.... Par contre, il y a aussi dans cet ouvrage des souvenirs plus généraux, concernant la vie à la fin du 19è siècle et au début du vingtième, des souvenirs aussi concernant la guerre de 1914-1918, que Genevoix a faite ! Ce diplômé de Normale Sup n’était pas un planqué, et fut même réformé après avoir été grièvement blessé par une balle allemande. Par ailleurs, Genevoix nous raconte également des rencontres intéressantes qu’il a faites, avec des écrivains, des éditeurs, des académiciens, lui-même ayant été élu à l’Académie Française en 1946. Bref, Trente Mille jours, qui apparaît d’abord comme un salmigondis de souvenirs personnels, s’élargit heureusement en un recueil documentaire qui éclaire la vie d’un siècle traversé par l’auteur. Maurice Genevoix est en effet né en 1890 et décédé en 1980, l’année-même de la parution de Trente Mille jours, qui est dès lors une sorte de testament amical et chaleureux, que nous laisse un homme sensible, simple et cultivé. 


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  • Le Voyageur imprudent, roman de René Barjavel, 1943

    Se souvient-on encore de René Barjavel ? J’en doute.  Disparu en novembre 1985, il a été essentiellement un journaliste, et un romancier de science-fiction. Toutefois, Barjavel se distingue  de ce genre,  où les auteurs ne cherchent souvent qu’à  raconter une histoire pleine d’aventures  extraordinaires. Barjavel y  ajoute une autre dimension, en exprimant ses propres convictions au cœur des ses ouvrages.  Car Barjavel est hanté par deux thèmes majeurs : les excès du progrès technique, et l’horreur de la guerre...  En contrepoint à ces deux thèmes, Barjavel  croit au sentiment de l’amour, seul capable de sauver ce qui peut l’être de l’humanité. Dans chacun de ses livres, on retrouvera donc tout cela : le penchant incoercible des hommes pour la guerre, la recherche du progrès sans frein, et puis bien sûr l’amour.  Dans « Le voyageur imprudent ». Barjavel  raconte l’histoire d’un jeune homme, Pierre Saint-Menoux, épris de mathématiques, qui rencontre un vieillard, sorte de savant fou, qui a mis au point une machine qui permet de voyager dans le temps, soit pour retourner dans le passé, soit pour se projeter dans l’avenir. Le vieillard fait de Pierre son cobaye, et lui confie plusieurs missions d’exploration du temps, afin de répondre à diverses questions dont celle-ci : si on retourne dans le passé, peut-on en modifier tel événement en vue d’empêcher un malheur ultérieur ?... Notre héros, après chaque voyage dans le temps, retrouve le vieux savant, mais aussi... la fille de ce dernier, Annette, qui est, bien sûr, belle comme le jour, fraîche comme une source pure, et innocente au possible, à l’opposé des bads girls contemporaines, qui fument et rotent comme les mecs, histoire de montrer que l’égalité n’est pas un vain mot !... Et dans cette histoire à travers le temps, l’amour va naître, puisqu’il est, lui,  de tous les temps !... Mais attention, pas l’amour façon Christine Angot, avec point G, clito, sex-toy et orgasme toutes les trois lignes !! Non, ici, c’est juste une petite rougeur qui vient aux joues et deux mains qui se frôlent !... Ce livre de René Barjavel  n’est sans doute pas le meilleur de son oeuvre, d’autres titres lui sont supérieurs, tels Ravage ou encore Tarendol. Mais il est agréable à lire par les thèmes évoqués, de quoi réfléchir à ce que deviendra le monde futur, dans quelques siècles ou quelques millénaires.


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  • Le château d’Amberville, roman de  Thierry Bourcy, 2007

    Thierry Bourcy a eu une fort bonne idée pour commémorer la Grande Guerre, celle de 1914-1918 : il a écrit toute une série de romans qui ont tous pour sombre décor la guerre, les tranchées, la boue et la mort. Mais au lieu de nous rabâcher les souffrances des Poilus ( il y a bien assez de documents, de livres et de témoignage sur ce sujet), il nous raconte dans chaque volume une enquête policière. Son héros, l’inspecteur Célestin Louise, a quitté son service parisien pour devenir simple soldat. Partageant la vie des bidasses, leurs peurs, leurs combats et leurs assauts, il n’en demeure pas moins policier dans l’âme, et lorsque surgit une mort étrange, qui ne semble pas avoir été provoquée par une balle ennemie ou un obus, et qui ne semble pas pour autant naturelle non plus,  l’inspecteur, c’est plus fort que lui, cherche à en connaître la raison. Or, la nature humaine étant ce qu’elle est, en général une belle saloperie, il s’avère qu’il y a eu un crime ! Et donc un criminel à démasquer ! Dans le présent titre, nous sommes en 1916, l’année des terribles combats de la Somme et de Verdun. Célestin Louise, assez gravement touché par une balle dans le dos, est évacué du Front, et soigné. On l’envoie ensuite en convalescence dans une grande propriété, le château d’Amberville, où il doit passer plusieurs semaines, en compagnie de nombreux autres blessés. Or voici qu’un soldat convalescent est retrouvé mort dans un étang du parc du château. Ras-le bol de la guerre ? Désespoir ?...  Accident ?... Quelque chose ne colle pas... Célestin veut en avoir le cœur net : son enquête commence... L’intrigue n’est pas exceptionnelle par son originalité, mais le roman est bien écrit, on tourne les pages sans bâiller, on attend la suite avec impatience... Et puis, comme toujours, on retrouve en arrière-plan, la guerre, très présente et fort bien évoquée par l’auteur, que l’on sent bien documenté. A noter : chaque roman de cette série se déroule dans une année particulière de la guerre : 1914, 1915, en 1916 pour le Château d’Amberville. Le roman suivant : Les Traîtres, se déroule en 1917, l’année des tristement célèbres mutineries.  Il faut lire Thierry Bourcy, absolument.


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  • En moins bien, roman d’Arnaud Le Guilcher, 2009

    Quel étrange bouquin ! Je ne l’avais pas demandé ni commandé, et c’est ma sœur qui me l’a offert. J’avais donc de vives inquiétudes ! Car les bouquins qu’on reçoit c’est comme un parfum ou une eau de toilette : généralement ça ne plaît pas !... Mais tout de même, sensible au geste de ma petite sœur, j’ai ouvert le livre et j’ai lu... L’histoire démarrait très mal, je veux dire en m’emmerdant grave : un pauvre type, genre qui picole et qui fume, rencontre une meuf canon, Emma ! Il en devient raide dingue, et ça lui fait donc une troisième addiction : après la clope et la bibine, le cul ! Affligeant de banalité et pitoyablement humain : un héros qui se croit libre et se retrouve triplement esclave ! Le genre d’histoire que je mets au panier directement. Sans compter que l’auteur s’imagine qu’en écrivant bite couille et copulation et en ajoutant çà et là un vague calembour ou une sentence façon almanach Vermot, il devient l’égal d’un Desproges dans l’humour et la dérision. Bref, j’ai refermé le livre à la page 30. Mais bon, le sourire de ma sœur m’offrant le bouquin m’est revenu en mémoire, et j’ai repris ma lecture par sentiment fraternel : là, le mec  se lamente à longueur de page : sa meuf s’est tirée pendant la nuit de noces, il ne s’en remet pas ! Du coup ça y va encore pire sur la clope et sur les cuites ! Ya 3,5 milliards de femmes dans le monde, eh bien non, le héros nous emmerde avec celle là, qu’il ne connaissait pas un mois plus tôt ! Une vraie maladie mentale, j’appelle ça, une fixette obsessionnelle qui me fait penser aux bêtes en rut plus qu’au grand amour ! J’ai donc fermé le livre pour la deuxième fois, ma lecture me faisant penser au chemin de croix de Jésus, qui tombe une première fois, une deuxième, et puis une autre !... J’ai fait comme lui, j’ai chuté lourdement, et page 160 cette fois j’ai bien failli  balancer le livre définitivement dans la poubelle du papier à recycler... Mais je me suis relevé, et le miracle s’est enfin produit à la page 170 : ouf ! Enfin, il se passe quelque chose dans cette histoire ! Enfin on voir survenir des choses inhabituelles, étranges, intrigantes. Je ne vous dis pas lesquelles ! Il était temps d’ailleurs car le bouquin ne comporte que  275 pages. Au total on s’emmerde donc pendant 170 pages, avant d’avoir enfin envie de les tourner ! C’est un roman bien déséquilibré de ce point de vue. Heureusement, comme il est court on ne perd pas trop de temps, globalement. Cependant, il y a tout de même de bonnes choses, comme ce parallèle entre le héros quitté, et ce touriste allemand qui fait les cent pas sur la plage,jour et nuit, en attendant le retour d'une femme qui l'a planté là. Sans compter que notre héros, abandonné, va vivre une histoire de cul avec une journaliste, qu'il va à son tour abandonner, reproduisant chez la journaliste ce qu'il a subi lui-même. Cela étant, je n’aime pas beaucoup les héros pitoyables, ces types qui perdent toute dignité quand on les quitte ! Ce point de vue m’est personnel, j’en conviens ! Mais si vous aimez les autodestructions imbéciles d’un mec largué, ça vous regarde... Bilan : un livre à ne pas acheter, ou alors avec une remise de 60%, de manière à ne payer que les pages 170 à 275 ! 


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