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                    L’ASSEMBLEE NATIONALE

                                                 
                            Samedi 21 juillet 2001

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    De même que la République plonge ses racines dans la monarchie, de même le Palais-Bourbon, siège de l’Assemblée Nationale, fut à l’origine un bâtiment éminemment aristocratique…En effet, il fut construit à partir de 1722, peu après la mort de Louis XIV, pour la duchesse de Bourbon, fille de Louis XIV et de Madame de Montespan, et qui avait épousé Louis, duc de Bourbon, petit-fils du Grand Condé. La construction fut édifiée dans une région alors campagnarde, sur des terrains que le marquis de Lassay avait conseillés à la duchesse de Bourbon… qui était par ailleurs sa maîtresse, depuis que la duchesse de Bourbon était devenue veuve du duc de Bourbon !…Fut construit également l’hôtel de Lassay… Cela correspond au fait que, après la mort de Louis XIV, le Régent quitte Versailles, qu’il trouve trop ennuyeux, pour s’installer à Paris…D’où la construction de ces hôtels ; d’ailleurs, cette époque voit la naissance puis l’essor du faubourg Saint-Germain, autour du Palais-Bourbon. La duchesse de Bourbon mourra criblée de dettes, et c’est Louis XV qui rachète le Palais-Bourbon, pour le donner au prince de Condé, petit-fils de la duchesse, et qui deviendra le chef de l’armée des Emigrés.<o:p></o:p>

    Le Palais Bourbon, de même que l’hôtel de Lassay, furent confisqués à la Révolution, comme « biens d’émigrés », son propriétaire le prince de Condé ayant quitté le territoire.<o:p></o:p>

    Elle servit d’abord à l’administration militaire, puis abrita l’Ecole centrale des Travaux Publics, future Ecole Polytechnique, avant de devenir une assemblée en 1795, pour abriter le Conseil des Cinq-Cents ; c’est à cette occasion que fut construit l’hémicycle, inauguré en 1798 ; le bureau du Président(Le perchoir) et la tribune de l’orateur datent de cette époque… En 1806, fut élaboré et présenté à l’Empereur Napoléon 1er le projet de la façade actuelle côté pont de la Concorde.<o:p></o:p>

    Au moment de la Restauration après 1815, le prince de Condé voulut récupérer ses biens…Il récupéra sans peine l’Hôtel de Lassay, qui avait conservé un usage d’habitation ; par contre, ce fut impossible pour le Palais-Bourbon qui restait « provisoirement » affecté à la Chambre des députés. Dans ces conditions, le prince loua son bien à la Chambre ! La République était locataire de l’aristocratie !… Finalement, le Palais fut acheté par l’Etat pour 5 millions de francs, en 1827. Puis des travaux importants furent entrepris, car la salle des séances menaçait ruine. Le nouvel hémicycle fut achevé en 1832, et une grande bibliothèque fut aménagée. L’hôtel de Lassay fut à son tour acheté par l’Etat le 14 avril 1843. Une galerie fut aménagée (la Galerie des Tapisseries), permettant de joindre l’Hôtel de Lassay, résidence du Président de l’Assemblée Nationale, et le Palais-Bourbon.  Ces lieux sont aujourd’hui toujours dans leur état d’origine. Et l’on peut profiter des vacances parlementaires pour les visiter… Allons-y :<o:p></o:p>

    -         Le Salon du Public : C’est la salle d’accueil ; le public est filtré, les cartes d’identité exigées, les bagages soumis à un examen aux rayons X, les visiteurs devant passer sous un portique de détection : la République prend des précautions avec les citoyens !…<o:p></o:p>

    -         La Rotonde d’Alechinsky : c’est le point de jonction entre la Galerie des Fêtes et le Palais-Bourbon. Les fresques ont été peintes en 1992 par Alechinsky, autour de cette inscription du poète Jean Tardieu : « Les hommes cherchent la lumière dans un jardin fragile où frissonnent les couleurs »<o:p></o:p>

    -         La Galerie des Tapisseries : Elle relie le Palais-Bourbon et l’hôtel de Lassay : superbes tapisseries : six de la manufacture de Beauvais, et trois de la manufacture des Gobelins. Eclairage par des lustres comportant des centaines d’ampoules<o:p></o:p>

    -         Salle des Pas-Perdus : Appelé aussi salon de la Paix, c’est l’endroit que le Président de l’Assemblée traverse avant chaque séance, au son du tambour, entre une double haie de gardes républicains. Au plafond, peintures d’Horace Vernet symbolisant la Paix, et rendant hommage à l’industrie, en exaltant la vapeur, les machines, les bateaux, les ingénieurs et les ouvriers…<o:p></o:p>

    -         Salle des Quatre-Colonnes : outre ses colonnes, elle comporte quatre statues qui proviennent de l’ancienne salle du Conseil des Cinq-Cents de 1795 ; elles représentent des législateurs de l’Antiquité :<o:p></o:p>

                  Caton : vers 180 av JC, sévères mesures contre le luxe, et prescrit la destruction de Carthage ( delenda est Carthago)<o:p></o:p>

                  Brutus : Conspiration contre César qu’il assassine en 44 av JC <o:p></o:p>

                  Lycurgue : fondateur au 9è siècle av JC du régime sévère de Sparte.<o:p></o:p>

                  Solon : vers 590 av JC, transforma la Constitution athénienne, et abolit la contrainte par corps.<o:p></o:p>

    -         Salon Delacroix : Il abritait le trône où venait siéger le roi Louis-Philippe pour ouvrir les sessions parlementaires…On peut y admirer de très belles peintures de Delacroix…<o:p></o:p>

     Rappel : en 1830, c’est la victoire des « libéraux » ; mais le roi, Charles X, veut modifier alors la loi électorale, il interdit certains journaux… La réplique est la révolution de juillet 1830 (les Trois Glorieuses) ; le peuple veut la république et le suffrage universel… Cependant les libéraux, souvent plus riches que les monarchistes, se méfient des changements, et font venir le duc d’Orléans, Louis-Philippe : il pouvait passer pour libéral, ayant été officier de la République pendant la révolution…La Fayette, le présente habilement au peuple, en proclamant : « Voici la meilleure des Républiques » !<o:p></o:p>

    Ainsi naît la Monarchie de Juillet, qui veut se montrer libérale (Philippe-Egalité, roi des Français !), mais qui va se révéler terriblement conservatrice, d’où la révolution de 1848.<o:p></o:p>

    C’est dans cet esprit que le Palais-Bourbon est réaménagé ; la peinture est confiée à Delacroix, qui passe pour libéral, on magnifie des thèmes « libéraux » : l’agriculture, l’industrie, mais aussi la justice, la guerre. Sur les pilastres, sont personnifiés les mers et les fleuves de France.<o:p></o:p>

    Le salon du Roi est le lieu de passage et de rencontre des députés de gauche.<o:p></o:p>

    -         Le Salon Pujol : Symétrique au salon Delacroix, il est le lieu de passage et de rencontre des députés de droite. Les plafonds sont peints en trompe l-œil par Pujol, dans des teintes gris clair, et représentesn la loi salique, les capitulaires de Charlemagne, et Louis-Philippe prêtant serment à la charte de 1830.<o:p></o:p>

    -         Salle des conférences : c’est la salle de lecture et de correspondance des députés, elle occupe l’emplacement de la salle à manger du prince de Condé. On y trouve le « piano », meuble constitué des casiers où les députés trouvent leurs messages.<o:p></o:p>

    -         La bibliothèque : Construite en 1830 par l’architecte Jules de Joly, elle abrite 7000 volumes (et 70000 dans les réserves) ; ses plafonds sont décorés par Delacroix ; d’un côté Orphée, porteur d’avenir, et Attila, porteur de mort…<o:p></o:p>

    La bibliothèque contient notamment l’original du procès de Jeanne d’Arc (celui de l’évêque Cauchon), le manuscrit de la Nouvelle Héloïse, ainsi qu’un exemplaire de la Constitution de 1791 annotée par Robespierre.<o:p></o:p>

    -         La Salle des Séances : C’est le célèbre hémicycle, reconstruit entre 1828 et 1832 par Jules de Joly pour remplacer celui du Conseil des Cinq-Cents. Il comprend les 577 places numérotées des députés.  Cependant, le bureau de l’orateur et le « perchoir » datent de 1795…<o:p></o:p>

    Précisions sur l’Hôtel de Lassay : C’est la résidence officielle des Présidents de l’Assemblée Nationale. <o:p></o:p>

    Il fut construit en même temps que le Palais-Bourbon. En effet, tandis que le Palais Bourbon était construit pour la duchesse de Bourbon, son amant, le marquis de Lassay, précisa : «  Je demanderai aux architectes quelques moments perdus pour élever furtivement auprès du Palais-Bourbon, un hôtel petit, simple, modeste, dont le mérite sera pourtant de rappeler, comme le strass donne l’idée du véritable diamant, le séjour de ma princesse » !<o:p></o:p>



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  • CHÂTEAU DE MONTE-CRISTO à Port-Marly -  mars 2009 <o:p></o:p>

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    Le château de Monte-Cristo est la résidence que se fait construire Alexandre Dumas père, en 1844, sur les coteaux de Port-Marly. Il avait découvert le site au hasard d’une promenade, alors qu’il habitait Saint-Germain-en-Laye.  Dans un parc de deux hectares, il demande à un grand architecte, Hyppolite  Durand, de bâtir une demeure de style Renaissance et gothique dans l’esprit romantique, et d’y adjoindre, sur une île, une bâtisse plus petite, le château d’If, qu’il réserve à l’écriture et où il reçoit ses innombrables conquêtes féminines. Le terrain contient de la glaise, et il faut d’énormes travaux pour le stabiliser. Le devis initial est de 48 000 francs, la dépense réelle dépassera les 200 000 francs ! Dumas mène ici grand train, reçoit d’innombrables hôtes, donne des fêtes.  Très généreux, il dépense sans compter et se fait littéralement dépouiller par ses hôtes. Le rêve dure peu : la maison est terminée en septembre 1847… Elle est vendue le 22 mars 1849 (18 mois plus tard !) par un Dumas ruiné, pour 31 000 francs, et Dumas la quittera définitivement en 1851.

    Mais avant de visiter la maison, parlons de l’écrivain, de ses origines, de son œuvre…

    Les origines d’Alexandre Dumas :

    -         Le grand-père : C’est un aristocrate, il s’appelle Alexandre Davy de la Pailleterie. Il s’est installé à Saint-Domingue où il exploite des plantations de coton, avec le travail de nombreux esclaves. Il a une liaison avec une esclave noire nommée Marie-Césette « du mas », d’où naît en 1762 un fils, Thomas Alexandre Dumas Davy de la Pailleterie, qui deviendra le Général Dumas.

    -         Le père : C’est un véritable colosse doté d’une force herculéenne, et qui est plein de courage. Ne pouvant s’engager dans l’armée républicaine sous son nom noble, il prend alors le nom de Dumas. Apprécié d’abord par Napoléon pour sa force et son allant, il est ensuite gravement brouillé avec l’Empereur au cours de la campagne d’Egypte. Au retour, il est fait prisonnier par le royaume de Naples et jeté en prison pendant deux ans. Il en ressort très affaibli. Napoléon ne lui pardonne toujours pas. Au contraire, il demande au général Dumas de se charger de la répression de la révolte des esclaves de Saint-Domingue. Le général, métis, refuse et Napoléon le sanctionne. Le général se retire alors chez lui, à Villers-Coterets. C’est là que son épouse, Marie-Louise Labouret, fille d’un aubergiste local, met au monde, le 24 juillet 1802, Alexandre Dumas, le futur écrivain. Le général Dumas meurt à Villers-Cotterêts en 1806.

    -         Alexandre Dumas père : Il a à peine 4 ans quand son père meurt. La famille a peu de ressources, et le jeune Alexandre Dumas ne reçoit qu’une instruction fort limitée, à laquelle il s’intéresse d’ailleurs fort peu, au collège de l’abbé Grégoire, à Villers-Cotterêts. Il débute sa carrière comme « saute-ruisseau », c’est-à-dire qu’il est coursier pour le compte d’un notaire de Villers-Cotterêts. Il ne saute pas que des ruisseaux et commence très tôt une vie amoureuse multiple, servie par sa grande confiance en lui et l’alliance étonnante entre une peau très bronzée et des yeux très bleus ! Puis il devient troisième clerc de notaire avant de saisir sa chance en allant à Paris. Il a 21 ans, il est sans le sou, au point que pour payer son voyage de Villers-Cotterêts, il vend le produit de son braconnage. Il entre au service du duc d’Orléans, le futur Louis-Philippe,  dont il devient une sorte de bibliothécaire, archiviste et copiste. Il en profite pour lire énormément, et pour aller très souvent au théâtre ; il parfait ainsi lui-même sa culture. Il est hardi, plein d’allant, et multiplie les aventures amoureuses : beaucoup d’actrices bien sûr, qui ne rêvent que de jouer dans les pièces qu’il écrit !... Les noms défilent : Laure Labay, Mélanie Waldor, Belle Kreilssamner, Ida Ferrier, Emma Manoury-Lacour, Isabelle Constant, Marie de Ferrand, Emilie Cordier,  Olympe Audouard, Fanny Gordon, Addah Merkken, d’autres encore…

    -         Laure Labay lui donne en 1824 un fils : Alexandre Dumas fils.

    -         Belle Kreilssamner lui donne en 1831 une fille : Marie-Alexandrine.

    Ce sont ses deux seuls enfants légitimés (en 1831 pour les deux). Ils n’ont plus de descendance actuelle.

    En 1829 : premier coup d’éclat avec la pièce romantique « Henri III et sa cour ».

    1831 : Naissance se sa fille Marie-Alexandrine, de sa liaison avec l’actrice Belle Kreilssamner.

    1832 : Voyage en Suisse

    1835 : Voyage en Italie

    1839 : Voyage en Belgique et en Allemagne

    1840 : Il se marie avec l’actrice Ida Ferrier ( pour peu de temps)

    1841 : Il publie Le Chevalier d’Harmental.

    1844 : Publication des Trois Mousquetaires, de La Fille du Régent, du Chevalier de Maison-Rouge, de La Dame de Monsoreau. C’est le succès, il est publié en feuilleton. Il démarre la construction de sa demeure de Port-Marly

    1847 (septembre) : il inaugure la château de Monte-Cristo et y mène grand train

    1848 : Alexandre Dumas fils publie La Dame aux Camélias.

    22 mars 1849 : c’est la ruine : Dumas doit vendre sa demeure de Port-Marly, achevée depuis 18 mois seulement. Il l’occupera encore jusqu’en 1851.

    1850 : Dumas poursuivi pour dettes ; il publie La Tulipe Noire.

    1857 : Il rend visite à Victor Hugo, exilé à Guernesey.

    1858 : Voyage en Russie

    1859 : Voyage en Italie

    1861-1864 : Il vit à Naples pour fuir les créanciers.

    1869 : Il travaille à son dictionnaire de cuisine.

    1870 : c’est l’année de la fin ; en mars, il séjourne à Bayonne et à Saint-Jean-de-Luz ; en avril il est à Madrid. En juillet il rentre en France : Biarritz, Bagnères de Luchon…

    Enfin il rentre chez son fils, à Puys, en Normandie, où il meurt le 5 décembre. Victor Hugo ne peut se rendre aux obsèques le 8 décembre 1870, et écrit la lettre suivante à Alexandre Dumas fils :

    « Mon cher confrère, J'apprends par les journaux que demain 16 avril, doivent avoir lieu à Villers-Cotterêts les funérailles d'Alexandre Dumas. Je suis retenu près d'un enfant malade, et je ne pourrai aller à Villers-Cotterêts. C'est pour moi un regret profond. Mais je veux du moins être près de vous par le coeur.  <o:p></o:p>

    Dans cette douloureuse cérémonie, je ne sais si j'aurais pu parler, les émotions poignantes s'accumulent dans ma vie et voilà bien des tombeaux qui s'ouvrent coup sur coup devant moi, j'aurais essayé pourtant de dire quelques mots. Ce que j'aurais voulu dire, laissez-moi vous l'écrire.
    Aucune popularité en ce siècle n'a dépassé celle d'Alexandre Dumas; ses succès sont mieux que des succès; ce sont des triomphes; ils ont l'éclat de la fanfare. Le nom d'Alexandre Dumas est plus que français il est européen; il est plus qu'européen, il est universel. Son théâtre a été affiché dans le monde entier; ses romans ont été traduits dans toutes les langues. Alexandre Dumas est un de ces hommes qu'on peut appeler les semeurs de civilisation; il assainit et améliore les esprits par on ne sait quelle clarté gaie et forte; il féconde les âmes, les cerveaux, les intelligences; il crée la soif de lire; il creuse le génie humain, et il l'ensemence.

    Ce qu'il sème, c'est l'idée française. L'idée française contient une quantité d'humanité telle que partout où elle pénètre, elle produit le progrès. De là l'immense popularité des hommes comme Alexandre Dumas. Alexandre Dumas séduit, fascine, intéresse, amuse, enseigne. De tous ses ouvrages, si multiples, si variés, si vivants, si charmants, si puissants, sort l'espèce de lumière propre à la France.<o:p></o:p>

    Toutes les émotions les plus pathétiques du drame, toutes les ironies et toutes les profondeurs de la comédie, toutes les analyses du roman, toutes les intuitions de l'Histoire, sont dans l'œuvre surprenante construite par ce vaste et agile architecte. Il n'y a pas de ténèbres dans cette œuvre, pas de mystère, pas de souterrain, pas d'énigme, pas de vertige; rien de Dante, tout de Voltaire et de Molière, partout le rayonnement, partout le plein midi, partout la pénétration de la clarté. Ses qualités sont de toutes sortes, et innombrables.

    Pendant quarante ans cet esprit s'est dépensé comme un prodige. Rien ne lui a manqué; ni le combat, qui est le devoir, ni la victoire, qui est le bonheur. Cet esprit était capable de tous les miracles, même de se léguer, même de se survivre. En partant, il a trouvé le moyen de rester, et vous l'avez. Votre renommée continue sa gloire.<o:p></o:p>

    Votre père et moi, nous avons été jeunes ensemble. Je l'aimais, et il m'aimait. Alexandre Dumas n'était pas moins haut par le coeur que par l'esprit; c'était une grande âme bonne. Je ne l'avais pas vu depuis 1857. Il était venu s'asseoir à mon foyer de proscrit à Guernesey, et nous nous étions donné rendez-vous dans l'avenir et dans la patrie, en septembre 1870, le moment est venu; le devoir s'est transformé pour moi: j'ai dû retourner en France.

    Hélas, le même coup de vent a des effets contraires. Comme je revenais dans Paris, Alexandre Dumas venait d'en sortir. Je n'ai pas eu son dernier serrement de main. Aujourd'hui je manque à son dernier cortège. Mais son âme voit la mienne. Avant peu de jours, bientôt je le pourrai peut-être, je ferai ce que je n'ai pu faire en ce moment; j'irai, solitaire, dans le champ où il repose, et cette visite qu'il a faite à mon exil, je la rendrai à son tombeau. <o:p></o:p>

    Cher confrère, fils de mon ami, je vous embrasse.<o:p></o:p>

    Victor Hugo<o:p></o:p>

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    La demeure de Port-Marly : Elle est édifiée sur un terrain de 9 hectares à l’origine ( il en reste deux aujourd’hui). La propriété comprend :<o:p></o:p>

    -         Le parc : Il est aménagé comme on l’aime à cette époque romantique : des arbres, un jardin à l’anglaise, des cascades, des rochers, des fontaines. Avec aussi un théâtre de verdure pour y donner des représentations.<o:p></o:p>

    -         Le château de Monte-Cristo : demeure de style renaissance  mais avec des aspects néo-gothiques flamboyants mêlés. Au-dessus des fenêtres, Dumas a fait placer  des têtes : Shakespeare, Dante, Homère, Virgile, Chateaubriand, Goethe…  Au-dessus de la porte d’entrée principale, c’est sa tête qu’il fait mettre ! Toute modestie mise à part !... Dans le haut des tourelles, on trouve aussi ses initiales : A.D, ainsi que son blason, orné de sa devise : »J’aime qui m’aime »… A l’intérieur, il y a en particulier un magnifique salon mauresque, que Dumas a fait réaliser par des artisans ramenés de Tunisie…<o:p></o:p>

    -         Le château d’If : Petit château de style néo-gothique, que Dumas fait édifier sur une petite île.   Chose unique : il fait graver sur les façades plus de 80 stèles portant chacune le titre d’une de ses œuvres. Dans le château lui-même, il a son cabinet de travail au rez-de-chaussée, et une chambre à l’étage, où il mène ses innombrables conquêtes féminines !...<o:p></o:p>

    -         En 1969, l’ensemble des demeures tombait quasiment en ruine. Un promoteur immobilier se porte acquéreur en vue de tout raser et de faire édifier 170 logements. Les trois communes de Marly-le-Roi, Port-Marly, et Le Pecq se regroupent en une association et exercent leur droit de préemption : le château de Monte Cristo est sauvé.  A noter que le roi Hassan II  du Maroc a offert la restauration du salon mauresque.<o:p></o:p>

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  • BRUGES, les 9 et 10 juin 2007<o:p></o:p>

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    SAMEDI 10 JUIN :<o:p></o:p>

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    On se lève de très bonne heure :  3h15 ! Il faut être à EDF Villejuif à 4h30 !... On  va en voiture. Tout le monde est là, pas de retardataires, le car part à 5 heures…<o:p></o:p>

    6h30 : arrêt sur autoroute : petit déjeuner dans une « Arche »<o:p></o:p>

    Arrivée à Bruges vers 10 heures. Le car se gare à la limite de la ville ; tous nos déplacements se feront donc à pied…<o:p></o:p>

    De 10 h à 12h30 : balade à travers la ville, sous la conduite d’une guide flamande. Maisons de style moyenâgeux. Bruges était un port très riche au Moyen-Âge, avec près de 45 000 habitants, contre seulement 20000 de nos jours. La ville est dans les terres maintenant, la mer est plus loin, à Zee-Bruges… On parcourt le béguinage, où les béguines vivaient autrefois, sortes de dames patronnesses, ou de religieuses qui n’étaient pas tenus de prononcer des vœux… Beaucoup de vélos dans Bruges… Nous n’avons pas de soleil mais heureusement pas de pluie non plus, et pas de vent… <o:p></o:p>

    12h30 : Déjeuner au restaurant, au centre ville.<o:p></o:p>

    L’après-midi, nous préférons nous balader en ville plutôt que de visiter le musée de la dentelle au programme…Mais nous n’avons pas le temps de faire des achats…<o:p></o:p>

    Vers 16 heures, on embarque sur un bateau pour une balade sur les canaux de Bruges, qui lui valent son surnom de « Venise du Nord »<o:p></o:p>

    17 heures : la bière belge est renommée, et c’est pourquoi nous visitons la brasserie Halve Maan : on nous présente la fabrication de la bière, le tout suivi d’une dégustation : une » Brugse Zot » qui se laisse boire !.... Cricri ne finit pas son bock, la tête lui tourne !... On achète un verre pour Laurent…<o:p></o:p>

    19h : installation dans l’hôtel « K », chambre 252. C’est un quatre étoiles, avec même une belle piscine intérieure ; nous avons une belle chambre, et une salle de bain moderne toute blanche avec un lavabo à deux bacs et une baignoire…<o:p></o:p>

    19h30 : dîner en centre ville. Au restaurant, on fait la connaissance de deux veuves d’agents EDF : Joëlle Robin et Marie-José Dubois. Comme le monde est petit, j’ai connu le mari de Marie-José, André Dubois : il était ouvrier GDF à Sceaux au temps lointain des années 64/66, en même temps que moi… étrangeté des coïncidences…<o:p></o:p>

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    DIMANCHE 11 JUIN<o:p></o:p>

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    Petit déjeuner à l’hôtel, dans une salle à manger décorée en rose. <o:p></o:p>

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    10 heures : Visite du musée du chocolat « Choco-Story » : une incursion dans le monde de l’ancien Mexique des Mayas et des Aztèques, qui considéraient alors le chocolat comme la boisson des dieux et des guerriers, tandis que les fèves de cacao servaient de monnaie de paiement. On découvre au musée un véritable œuf en chocolat de 120 kg et divers personnages en chocolat ! La guide nous explique le cacaoyer, les cabosses, les fèves, leur torréfaction, l’extraction du beurre de cacao… Et on termine la visite à la boutique, pour des achats de chocolats divers,qui seront un souvenir bien tangible de notre balade en Belgique…<o:p></o:p>

    12h30 : déjeuner au restaurant, avec les surprises locales pas de pain, il est facturé en sus  Pas d’eau en carafe, juste des petites bouteilles d’eau minérales : 2,50 euros  la bouteille de 20 cl !!! Ah, ces Belges !...<o:p></o:p>

    Après le déjeuner, on prend le car pour une visite guidée du village de Lissewege  église Notre-Dame, canal « Vaartje » qui amenait les pierres ayant servi à la construction de l’église… Balade dans les rues aux maisonnettes basses typiques de cette région proche de la mer…<o:p></o:p>

    17 h : retour vers Villejuif où nous arrivons vers 21 heures ; on raccompagne en voiture  Marie-José et Joëlle chez elles.<o:p></o:p>

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    Pour mémoire <o:p></o:p>

    La Belgique compte 10,4 millions d’habitants.<o:p></o:p>

    Les Flamands, néerlandophones, estimés à 58 % de la population, soit 6 millions, habitentà 98 % en région flamande et 2 % en région bruxelloise.<o:p></o:p>

    Les Belges francophones, environ 41 % soit 4,25 millions, sont répartis entre Wallons (80 % du total des francophones) et Bruxellois francophones (20 % des belges francophones)<o:p></o:p>

    Les germanophones, peu nombreux, environ 70 000 personnes, habitent dans neuf communes le long de la frontière allemande.<o:p></o:p>


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  • Il y a peut-être parmi vous des cinéphiles qui se rappellent le film que François Truffaut a tiré de ce livre. Je ne l'ai pas vu. Je n'en parlerai donc pas, d'autant que nous ne sommes pas ici dans la rubrique des films mais dans celle des livres : ne mélangeons pas tout. Parlons donc du livre "La Nuit Américaine". Rappelons tout d'abord que la "nuit américaine" désigne une technique de prise de vue cinématographique qui consiste à filmer des scènes de nuit en plein jour. Pour ce faire, on sous-expose fortement la pellicule, tout en soumettant les acteurs principaux de la scène à une lumière extrêmement forte. C'est sans doute pour cette raison que le réalisateur Zulawski a adapté le livre à l'écran. Globalement, l'histoire que nous raconte Christopher Frank n'est pas une histoire de technique cinématographique. C'est seulement une chronique, une tranche d'existence, ou plutôt d'existences au pluriel, où se croisent toutes sortes de personnages qui ont un point commun: ils travaillent dans le milieu du théâtre ou du cinéma. Il y a là  Servais, le photographe de presse qui couvre la rubrique des faits divers, et qui se balade de ville en pays, pour traquer le train qui déraille, la crue qui emporte un village, la petite fille enlevée...  On trouve la jeune actrice Nadine Chevalier, qui court le cachet et joue dans des pièces qui ne lui plaisent guère en attendant le grand rôle au cinéma... Il y a là aussi, bien sûr, l'auteur et sa terrible page qui s'obstine à rester blanche, il y a l'éditeur au rejet brutal de ce qui ne lui convient pas... Tout ce monde  particulier vit sous nos yeux, sans que jamais on ne sombre dans une technique fastidieuse. Au fond, c'est comme si nous assistions à une pièce qui nous ferait pénétrer dans le milieu du théâtre et du cinéma... Curieusement, le concept de "nuit américaine" n'apparaît que tardivement dans le récit, et de manière très superficielle... Une simple évocation, qui pourtant donne son titre au livre. La Nuit Américaine se lit facilement. Ce n'est pas un livre à thèse, on ne se prend pas la tête et on ne se regarde pas le nombril. Ce livre a quelque chose du documentaire, mais un documentaire qui nous parlerait davantage des gens que des techniques, et c'est ce qui en fait la réussite. La littérature, pour moi, comporte deux écueils : le premier est l'intellectualisme élitiste, le second est la bêtification de masse ! La Nuit Américaine évite les deux. Il faut dire que Christopher Frank est lui-même cinéaste, à la fois scénariste et réalisateur de films tels que Josépha en 1982, L'année des Méduses en 1984. Son livre La Nuit Américaine a obtenu le Prix Renaudot en 1972.  Un bon bouquin avec lequel on passe un bon moment ! Mais ce n'est bien sûr que mon avis. Vous avez le droit d'avoir le vôtre, même s'il est différent !


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  • Ce n'est pas tous les jours qu'on lit un bon livre : en voici un, publié de surcroît par un petit éditeur (Les éditions du Cygne -2009-) , les grands éditeurs se chargeant d'éditer les Coben, les Marc Lévy et autres nullards à la mode, dont les bouquins se vendent comme les salades, dans les hypermarchés, avec des promos en tête de gondole ! Revenons à : "Nos coeurs s'étaient filé rancard", un titre pas très heureux, avec son air vaguement vulgaire... Et pourtant, dès les premières pages on est séduit. Non, pas séduit, car cela pourrait sous-entendre qu'on est trompé. Mais conquis. Le livre commence en respectant un ordre parfaitement chronologique. La narratrice, Angèle, nous parle du drame vécu par sa grand-mère juive, Hannah, qui, âgée alors d'une dizaine d'années, voit son oncle Laurent brutalement arrêté par le Gestapo. Déporté. Et qui ne reviendra pas. Nous sommes en 1942... Mais la chronologie ne dure pas longtemps. Quelques pages plus loin, nous sommes en 1968, pendant les événements de mai au Quartier Latin à Paris... L'histoire n'est pas linéaire, elle est contemporaine. Angèle vit à Ivry-sur-Seine, dans la Cité Pierre et Marie Curie. Elle porte en elle la mémoire du drame vécu par sa grand-mère Hannah et qu'elle lui a confié. Elle côtoie dans sa cité d'autres jeunes, des Arabes notamment. Eux aussi ont été marqués. Leurs parents plutôt. Par une guerre aussi, pas la même... la guerre d'Algérie. Dans ce chassé-croisé de mémoires, véritable puzzle d'existences, de générations,  de passés, d'ethnies, Angèle va s'éprendre de Mehdi, un Algérien. Le livre raconte cette histoire simple, celle de deux coeurs qui s'étaient filé rancard au pied d'une barre d'immeuble. Une histoire d'amour, une histoire qui pourrait être banale, mais  qui se révèlera complexe en raison de la difficile cohabitation des cultures différentes et des histoires éclatées... Et pour raconter cette histoire, Amélie Grossmann utilise à son tour le puzzle comme technique d'écriture : le livre est un tourbillon de temps forts : Mai 68, la guerre d'Algérie et les accords d'Evian, la Shoah, l'attentat du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center. L'ordre chronologique est constamment chamboulé, mais on ne s'y perd pas car notre jeune auteur prend soin de titrer chacun de ses chapitres, dont on connaît ainsi le contenu et la raison d'être. La lecture est balisée comme par des panneaux indicateurs. Ces chapitres qui s'entrechoquent rendent très bien compte  de la banlieue : au mélange des chapitres correspond le métissage des populations.  L'écriture est par ailleurs imagée et précise, évocatrice mais sans jamais sombrer dans la vulgarité. La banlieue est bien vue, avec ses trafics, sa violence,  mais elle est décrite sans misérabilisme... Bien entendu, il y aura, forcément, une scène à caractère sexuel : on ne saurait publier un roman sans histoire de cul au 21è siècle !... Mais lorsqu'Angèle, qui est vierge,  propose à un pote de lui faire une fellation, c'en est presque romantique, car elle ne veut rien pour elle-même, seulement apprendre comment faire, afin de ne pas décevoir Mehdi, celui qu'elle aime !... Et cette scène, qui aurait pu donner lieu aux pires gauloiseries ou sombrer dans l'obscène le plus trivial, se transforme, par la magie des mots, en quelque chose de sentimental et pur...  Pour un peu, on se croirait dans La Princesse de Clèves !... Par contre l'épilogue du roman surprend par sa brutalité et son côté dramatique, il déconcerte un peu... mais pourquoi pas ? Je ne me suis pas ennuyé une seconde en lisant ce livre... Une toute petite critique cependant : quelques fautes çà et là, quelques contresens qu'on ne peut mettre sur le compte de la typographie ! Mais bon, l'auteur, Amélie Grossmann, n'a que 27 ans , et il est donc presque miraculeux  qu'on n'ait pas trouvé cinq fautes par page !
    Un petit extrait pour conclure  sur une belle écriture, délicate, sensible et courtoise :
    "C'est la fin, tout le monde applaudit. Certains, dans le fond, se mettent à siffler. Mehdi lui aussi enfourne ses doigts dans la bouche. Je suis obligée de me boucher les oreilles tellement le son est strident. Puis je me souviens qu'il m'a appris à le faire.../... Je souffle de toutes mes forces. Le son est détonnant. Mehdi sursaute. Sur son siège, il se tourne vers moi. Il rit. Il m'imite. Alors je recommence, encore et encore, sans m'arrêter. Il me semble que dans la salle on n'entend plus que nos deux sifflements. Deux sifflements, comme deux appels, qui s'entrelacent. Mais moi, je ne me rends compte de rien. Je continue, enivrée par ce que parviennent à produire nos doigts, nos lèvres réunies.../... Daniel, notre professeur d'Histoire, celui qui d'ordinaire est toujours joyeux. Celui qui d'ordinaire a le visage rond et rempli de tendresse. Celui aussi que  tous les élèves craignent pour sa sévérité. Il se penche, tout près : "C'est du joli, de siffler ainsi !". Ses phrases sont sèches. Il ne s'adresse qu'à moi , ce qui est terriblement vexant.
     "Surtout pour une jeune fille!"
    J'encaisse sans souciller.
    " Oui, très élégant !" poursuit-il, sarcastique."

    Oui, vraiment, un bon livre, le tout premier roman d'une jeune romancière... Je lui souhaite un bel avenir littéraire ! Oui, ça existe encore la littérature qui tient chaud au coeur et à l'esprit.


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