• Château de Monte-Cristo - 25 mars 2009 -

    CHÂTEAU DE MONTE-CRISTO à Port-Marly -  mars 2009 <o:p></o:p>

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    Le château de Monte-Cristo est la résidence que se fait construire Alexandre Dumas père, en 1844, sur les coteaux de Port-Marly. Il avait découvert le site au hasard d’une promenade, alors qu’il habitait Saint-Germain-en-Laye.  Dans un parc de deux hectares, il demande à un grand architecte, Hyppolite  Durand, de bâtir une demeure de style Renaissance et gothique dans l’esprit romantique, et d’y adjoindre, sur une île, une bâtisse plus petite, le château d’If, qu’il réserve à l’écriture et où il reçoit ses innombrables conquêtes féminines. Le terrain contient de la glaise, et il faut d’énormes travaux pour le stabiliser. Le devis initial est de 48 000 francs, la dépense réelle dépassera les 200 000 francs ! Dumas mène ici grand train, reçoit d’innombrables hôtes, donne des fêtes.  Très généreux, il dépense sans compter et se fait littéralement dépouiller par ses hôtes. Le rêve dure peu : la maison est terminée en septembre 1847… Elle est vendue le 22 mars 1849 (18 mois plus tard !) par un Dumas ruiné, pour 31 000 francs, et Dumas la quittera définitivement en 1851.

    Mais avant de visiter la maison, parlons de l’écrivain, de ses origines, de son œuvre…

    Les origines d’Alexandre Dumas :

    -         Le grand-père : C’est un aristocrate, il s’appelle Alexandre Davy de la Pailleterie. Il s’est installé à Saint-Domingue où il exploite des plantations de coton, avec le travail de nombreux esclaves. Il a une liaison avec une esclave noire nommée Marie-Césette « du mas », d’où naît en 1762 un fils, Thomas Alexandre Dumas Davy de la Pailleterie, qui deviendra le Général Dumas.

    -         Le père : C’est un véritable colosse doté d’une force herculéenne, et qui est plein de courage. Ne pouvant s’engager dans l’armée républicaine sous son nom noble, il prend alors le nom de Dumas. Apprécié d’abord par Napoléon pour sa force et son allant, il est ensuite gravement brouillé avec l’Empereur au cours de la campagne d’Egypte. Au retour, il est fait prisonnier par le royaume de Naples et jeté en prison pendant deux ans. Il en ressort très affaibli. Napoléon ne lui pardonne toujours pas. Au contraire, il demande au général Dumas de se charger de la répression de la révolte des esclaves de Saint-Domingue. Le général, métis, refuse et Napoléon le sanctionne. Le général se retire alors chez lui, à Villers-Coterets. C’est là que son épouse, Marie-Louise Labouret, fille d’un aubergiste local, met au monde, le 24 juillet 1802, Alexandre Dumas, le futur écrivain. Le général Dumas meurt à Villers-Cotterêts en 1806.

    -         Alexandre Dumas père : Il a à peine 4 ans quand son père meurt. La famille a peu de ressources, et le jeune Alexandre Dumas ne reçoit qu’une instruction fort limitée, à laquelle il s’intéresse d’ailleurs fort peu, au collège de l’abbé Grégoire, à Villers-Cotterêts. Il débute sa carrière comme « saute-ruisseau », c’est-à-dire qu’il est coursier pour le compte d’un notaire de Villers-Cotterêts. Il ne saute pas que des ruisseaux et commence très tôt une vie amoureuse multiple, servie par sa grande confiance en lui et l’alliance étonnante entre une peau très bronzée et des yeux très bleus ! Puis il devient troisième clerc de notaire avant de saisir sa chance en allant à Paris. Il a 21 ans, il est sans le sou, au point que pour payer son voyage de Villers-Cotterêts, il vend le produit de son braconnage. Il entre au service du duc d’Orléans, le futur Louis-Philippe,  dont il devient une sorte de bibliothécaire, archiviste et copiste. Il en profite pour lire énormément, et pour aller très souvent au théâtre ; il parfait ainsi lui-même sa culture. Il est hardi, plein d’allant, et multiplie les aventures amoureuses : beaucoup d’actrices bien sûr, qui ne rêvent que de jouer dans les pièces qu’il écrit !... Les noms défilent : Laure Labay, Mélanie Waldor, Belle Kreilssamner, Ida Ferrier, Emma Manoury-Lacour, Isabelle Constant, Marie de Ferrand, Emilie Cordier,  Olympe Audouard, Fanny Gordon, Addah Merkken, d’autres encore…

    -         Laure Labay lui donne en 1824 un fils : Alexandre Dumas fils.

    -         Belle Kreilssamner lui donne en 1831 une fille : Marie-Alexandrine.

    Ce sont ses deux seuls enfants légitimés (en 1831 pour les deux). Ils n’ont plus de descendance actuelle.

    En 1829 : premier coup d’éclat avec la pièce romantique « Henri III et sa cour ».

    1831 : Naissance se sa fille Marie-Alexandrine, de sa liaison avec l’actrice Belle Kreilssamner.

    1832 : Voyage en Suisse

    1835 : Voyage en Italie

    1839 : Voyage en Belgique et en Allemagne

    1840 : Il se marie avec l’actrice Ida Ferrier ( pour peu de temps)

    1841 : Il publie Le Chevalier d’Harmental.

    1844 : Publication des Trois Mousquetaires, de La Fille du Régent, du Chevalier de Maison-Rouge, de La Dame de Monsoreau. C’est le succès, il est publié en feuilleton. Il démarre la construction de sa demeure de Port-Marly

    1847 (septembre) : il inaugure la château de Monte-Cristo et y mène grand train

    1848 : Alexandre Dumas fils publie La Dame aux Camélias.

    22 mars 1849 : c’est la ruine : Dumas doit vendre sa demeure de Port-Marly, achevée depuis 18 mois seulement. Il l’occupera encore jusqu’en 1851.

    1850 : Dumas poursuivi pour dettes ; il publie La Tulipe Noire.

    1857 : Il rend visite à Victor Hugo, exilé à Guernesey.

    1858 : Voyage en Russie

    1859 : Voyage en Italie

    1861-1864 : Il vit à Naples pour fuir les créanciers.

    1869 : Il travaille à son dictionnaire de cuisine.

    1870 : c’est l’année de la fin ; en mars, il séjourne à Bayonne et à Saint-Jean-de-Luz ; en avril il est à Madrid. En juillet il rentre en France : Biarritz, Bagnères de Luchon…

    Enfin il rentre chez son fils, à Puys, en Normandie, où il meurt le 5 décembre. Victor Hugo ne peut se rendre aux obsèques le 8 décembre 1870, et écrit la lettre suivante à Alexandre Dumas fils :

    « Mon cher confrère, J'apprends par les journaux que demain 16 avril, doivent avoir lieu à Villers-Cotterêts les funérailles d'Alexandre Dumas. Je suis retenu près d'un enfant malade, et je ne pourrai aller à Villers-Cotterêts. C'est pour moi un regret profond. Mais je veux du moins être près de vous par le coeur.  <o:p></o:p>

    Dans cette douloureuse cérémonie, je ne sais si j'aurais pu parler, les émotions poignantes s'accumulent dans ma vie et voilà bien des tombeaux qui s'ouvrent coup sur coup devant moi, j'aurais essayé pourtant de dire quelques mots. Ce que j'aurais voulu dire, laissez-moi vous l'écrire.
    Aucune popularité en ce siècle n'a dépassé celle d'Alexandre Dumas; ses succès sont mieux que des succès; ce sont des triomphes; ils ont l'éclat de la fanfare. Le nom d'Alexandre Dumas est plus que français il est européen; il est plus qu'européen, il est universel. Son théâtre a été affiché dans le monde entier; ses romans ont été traduits dans toutes les langues. Alexandre Dumas est un de ces hommes qu'on peut appeler les semeurs de civilisation; il assainit et améliore les esprits par on ne sait quelle clarté gaie et forte; il féconde les âmes, les cerveaux, les intelligences; il crée la soif de lire; il creuse le génie humain, et il l'ensemence.

    Ce qu'il sème, c'est l'idée française. L'idée française contient une quantité d'humanité telle que partout où elle pénètre, elle produit le progrès. De là l'immense popularité des hommes comme Alexandre Dumas. Alexandre Dumas séduit, fascine, intéresse, amuse, enseigne. De tous ses ouvrages, si multiples, si variés, si vivants, si charmants, si puissants, sort l'espèce de lumière propre à la France.<o:p></o:p>

    Toutes les émotions les plus pathétiques du drame, toutes les ironies et toutes les profondeurs de la comédie, toutes les analyses du roman, toutes les intuitions de l'Histoire, sont dans l'œuvre surprenante construite par ce vaste et agile architecte. Il n'y a pas de ténèbres dans cette œuvre, pas de mystère, pas de souterrain, pas d'énigme, pas de vertige; rien de Dante, tout de Voltaire et de Molière, partout le rayonnement, partout le plein midi, partout la pénétration de la clarté. Ses qualités sont de toutes sortes, et innombrables.

    Pendant quarante ans cet esprit s'est dépensé comme un prodige. Rien ne lui a manqué; ni le combat, qui est le devoir, ni la victoire, qui est le bonheur. Cet esprit était capable de tous les miracles, même de se léguer, même de se survivre. En partant, il a trouvé le moyen de rester, et vous l'avez. Votre renommée continue sa gloire.<o:p></o:p>

    Votre père et moi, nous avons été jeunes ensemble. Je l'aimais, et il m'aimait. Alexandre Dumas n'était pas moins haut par le coeur que par l'esprit; c'était une grande âme bonne. Je ne l'avais pas vu depuis 1857. Il était venu s'asseoir à mon foyer de proscrit à Guernesey, et nous nous étions donné rendez-vous dans l'avenir et dans la patrie, en septembre 1870, le moment est venu; le devoir s'est transformé pour moi: j'ai dû retourner en France.

    Hélas, le même coup de vent a des effets contraires. Comme je revenais dans Paris, Alexandre Dumas venait d'en sortir. Je n'ai pas eu son dernier serrement de main. Aujourd'hui je manque à son dernier cortège. Mais son âme voit la mienne. Avant peu de jours, bientôt je le pourrai peut-être, je ferai ce que je n'ai pu faire en ce moment; j'irai, solitaire, dans le champ où il repose, et cette visite qu'il a faite à mon exil, je la rendrai à son tombeau. <o:p></o:p>

    Cher confrère, fils de mon ami, je vous embrasse.<o:p></o:p>

    Victor Hugo<o:p></o:p>

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    La demeure de Port-Marly : Elle est édifiée sur un terrain de 9 hectares à l’origine ( il en reste deux aujourd’hui). La propriété comprend :<o:p></o:p>

    -         Le parc : Il est aménagé comme on l’aime à cette époque romantique : des arbres, un jardin à l’anglaise, des cascades, des rochers, des fontaines. Avec aussi un théâtre de verdure pour y donner des représentations.<o:p></o:p>

    -         Le château de Monte-Cristo : demeure de style renaissance  mais avec des aspects néo-gothiques flamboyants mêlés. Au-dessus des fenêtres, Dumas a fait placer  des têtes : Shakespeare, Dante, Homère, Virgile, Chateaubriand, Goethe…  Au-dessus de la porte d’entrée principale, c’est sa tête qu’il fait mettre ! Toute modestie mise à part !... Dans le haut des tourelles, on trouve aussi ses initiales : A.D, ainsi que son blason, orné de sa devise : »J’aime qui m’aime »… A l’intérieur, il y a en particulier un magnifique salon mauresque, que Dumas a fait réaliser par des artisans ramenés de Tunisie…<o:p></o:p>

    -         Le château d’If : Petit château de style néo-gothique, que Dumas fait édifier sur une petite île.   Chose unique : il fait graver sur les façades plus de 80 stèles portant chacune le titre d’une de ses œuvres. Dans le château lui-même, il a son cabinet de travail au rez-de-chaussée, et une chambre à l’étage, où il mène ses innombrables conquêtes féminines !...<o:p></o:p>

    -         En 1969, l’ensemble des demeures tombait quasiment en ruine. Un promoteur immobilier se porte acquéreur en vue de tout raser et de faire édifier 170 logements. Les trois communes de Marly-le-Roi, Port-Marly, et Le Pecq se regroupent en une association et exercent leur droit de préemption : le château de Monte Cristo est sauvé.  A noter que le roi Hassan II  du Maroc a offert la restauration du salon mauresque.<o:p></o:p>

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