• A la demande de deux Christiane qui me sont chères, appelons-les Titi et Cricri, je crée sur mon blog une nouvelle rubrique consacrée au cinéma. Les réalisateurs et les acteurs n'ont qu'à bien se tenir ! Car n'étant ni salarié d'un journal, ni copain de l'ami d'un parent d'un proche d'un acteur, je ne suis pas tenu par les exigences hypocrites du copinage... Et je peux donc m'exprimer librement, dans les limites étroites prescrites par les lois, mais c'est déjà mieux que rien. Pour mieux comprendre mes critiques, je voudrais faire quelques remarques préalables.

    -  Mon regard sur le cinéma a beaucoup changé depuis le temps de mon enfance. (Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, dit-on !) A vrai dire, mon premier contact avec le cinéma (en noir et blanc et muet) se passa dans la salle à manger familiale, où mon père organisait de véritables projections, en louant des films 8 mmm  de chez Film-Office. Dans le vacarme du projecteur Ciné-Gel, j'ai vu ainsi Buster Keaton, Charlie Chaplin en Charlot, Laurel et Hardy, Harrold Lloyd, mais aussi des documentaires de Cousteau, Aladin et la lampe merveilleuse, et des aventures sahariennes à l'eau de rose, Le Fils du Sheik, avec Rudolf Valentino...

    Vers  12 ans, aussi saugrenu que ça puisse paraître, j'avais un faible pour les films romantiques, les belles histoires d'amour et de princesses, sur fond de châteaux chargés d'histoire ou sur fond d'aventures : Michel Strogoff, avec Yul Brynner... Mais mon film préféré de cette époque fut "Le Cygne", avec la très belle Grace Kelly qui me fit rêver avant même que le Prince Rainier  de Monaco n'en ait eu l'idée ! Mais c'est lui qui l'a eue. Beau joueur, je la lui ai laissée !...

    -Vers 15 ans, je suis devenu, avec une bande de copains du lycée Charlemagne, un fan inconditionnel du cinéma Midi-Minuit, sur les Grands Boulevards de Paris. Mais je serais bien incapable de vous citer un seul film, tous des navets de série B, car ce n'était pas pour le film qu'on y allait, mais pour l'entracte. Soyons franc, ce n'était pas non plus pour l'entracte... mais pour la fille, qui, pendant l'entracte, faisait un strip-tease sur la scène ! Nettement mieux que trois pauvres spots de pub pour les esquimaus Gervais ! Et puis, en classe, la sexualité n'était étudiée que sur la pomme du pin sylvestre et sur les spores de la fougère ; il fallait donc trouver ailleurs des informations complémentaires...

    - A 16 ans, j'ai eu ma période cinéma-intello : pour que j'aime un film, il fallait qu'il soit en noir et blanc, avec peu de mouvements, avec des dialogues compliqués et des gens qui se prennent la tête pendant une heure trente en se fouillant le nombril. Ce fut ma période ciné-club à la salle des Conférences d'Ivry. Et après s'être bien emmerdé pendant le film, chacun pouvait ensuite gloser publiquement en hurlant son enthousiasme et en décortiquant le scénario, tout ça pour faire son intéressant. Mes films d'alors : Les Fraises sauvages, de Bergman, et bien entendu, tous les films d'Antonioni, de Varda, de Bunuel, de Marcel Carné, de René Clair... Dans le même temps je me suis pris d'intérêt pour les westerns : ils étaient pour moi, sédentaire Ivryen, une belle occasion de voyager par l'image dans les vastes espaces américains et aussi dans le fabuleux 19è siècle de la ruée vers l'or...


    Je vous fais grâce de mes évolutions ultérieures, car ce serait top long, et parvenu désormais à l'âge de la retraite, j'en arrive à effectuer un retour tardif mais salutaire sur le mot même de cinéma et à son étymologie ! Explication : cinéma, c'est l'abréviation de cinématographe, qui signifie "écrire le mouvement" (graphe = écrire, cinéma= mouvement) Et donc, je me dis que le film doit être essentiellement mouvement, le vrai mouvement, celui que l'on voit, et non les obscurs mouvements des âmes et des coeurs. J'attends donc du cinéma que "ça bouge" ! Ca ne veut pas dire qu'on doive se foutre une peignée toutes les dix secondes, ni abattre un héros toutes les minutes... Je parle du mouvement de l'image... Je ne supporte plus au cinéma les films longs, statiques, tout d'immobilisme et de cheminement intérieur. Non pas que ces cheminements ne m'intéressent pas, mais pour les suivre, je préfère le livre, plus adapté à la réflexion, à l'intériorité... J'en suis venu également à détester les films-slogans, les films délibérément partisans : ils sont souvent sectaires et utilisent de manière odieuse le pouvoir émotionnel de l'image pour soutenir une cause  et orienter la pensée par des moyens qui relèvent de tout sauf de l'intelligence. Je n'aime pas films qui "dénoncent", car ils ne servent qu'à se donner bonne conscience pour le prix d'une place de cinéma. Plutôt que de verser une larme de compassion devant un film qui montre la misère, restons les yeux secs et envoyons un chèque à l'Abbé Pierre, on aura été ainsi plus efficace ! Je veux donc du mouvement pour le cinéma, car un cinéma sans mouvement trahit jusqu'à son nom, puisque cinéma signifie mouvement, mais ça, je l'ai déjà dit plus haut et je m'en voudrais de radoter !  Je termine donc ici ce préambule qui m'a semblé utile, en espérant qu'il vous a intéressé... Et maintenant, que la critique commence !...


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  • Grande déception en refermant ce livre. Assurément, il ne trouvera pas sa place au Panthéon de la littérature française. Son auteur, Pierre Combescot, journaliste et écrivain, a pourtant reçu le Prix Médicis en 1986 pour Les Funérailles de la Sardine,  puis le Prix Goncourt en 1991 pour Les Filles du Calvaire. Je n’ai pas lu ces bouquins. J’ai commencé par Ce soir on dîne chez Pétrone. Disons-le d’emblée : c’est un navet hyper-chiant ! Certes, la critique professionnelle, comme souvent hélas, avait encensé l’ouvrage au moment de sa sortie : avis autorisé ? critique sincère ? Ou simple avis de complaisance entre potes épris d’écriture ? Je penche pour cette dernière petite magouille entre amis, histoire de faire vendre le livre, et « booster » (comme on dit aujourd’hui !) le chiffre d’affaire ! Que raconte ce livre ? Un Grec, Lysias, le narrateur, nous raconte la vie de son ami Pétrone, lui-même ami de l’empereur Néron. Bien sûr, si l’auteur avait eu un talent d’historien ou de conteur, nous aurions pu voyager à travers une époque lointaine, vivant, par la magie de la lecture, au milieu du drapé des toges… Seulement voilà, Pierre Combescot n’a pas su y faire : il nous livre une saga interminable et confuse, qui fourmille de détails insignifiants dont on se fout éperdument, et de toutes ces petites amourettes, ces petites baises, ces enculades de  derrière les rideaux, qui n’ont de raison d’être que pour « faire mode » et accrocher le lecteur par la braguette. Hélas, l’auteur ne sait même pas raconter ces scènes, il ne réussit ni à nous passionner ni à nous faire bander ! Rien ! Le ratage sur toute la ligne ! Quant au style, là encore c’est un échec : énormément de mots qui, loin de nous plonger dans l’histoire de Rome, nous ramènent à la trivialité et à l’argot de notre époque, dans un anachronisme pitoyable et permanent, un vocabulaire plus proche d’une barre d’immeubles  que d’un palais romain au front audacieux ! On lit des mots comme ceux-ci, relevés un peu partout au hasard des pages : Mon zob ton zob, aux bains, zobain !...  godemiché… Encolpe l’enculé… Et fous-moi donc ta bite dans le cul… il les appelait ses couillus… qui venaient lui en tailler une… merdouille de merdouille !... Tu parles d’une bande d’emmanchés !... Elle m’introduisit rapidement trois doigts dans le cul… Je la besognais grossièrement… je déflaquai comme un goujat en solitaire…  Une sorte de balèze…Trop tard, quelqu’un me besognait le croupion !... A-t-il voulu choquer mémère ? Je n’en sais rien, mais toutes ces expressions, qui se voudraient  sans doute évocatrices, cassent complètement l’ambiance romaine…  Vous allez m’objecter qu’il n’y a pas que ça… qu’il y a aussi une histoire, une histoire à lire… Je vous réponds par cet extrait, lisez plutôt :

    « Déjà alors j’avais découvert qu’il avait l’art de dénicher ce genre de moutons à cinq pattes qui le divertissaient infiniment. Il possédait ce coup d’œil qui lui permettait dans l’instant de décortiquer le pékin. Aussi est-il probable que bien des traits comiques de ces époustouflantes baudruches qu’étaient Fluvius et Perlette passèrent dans certains des personnages de La Vie aventureuse d’Encolpe et de Giton. Il faut bien avouer qu’à eux deux, ils étaient un conservatoire de cuirs. Pétrone avait une curiosité sans mesure à l’endroit de la nature humaine, toujours à l’affût du moindre événement insolite, du personnage haut en couleur, du fait divers qui fait mouche dans un récit. Il y avait chez lui de l’entomologiste. Rien ne le mettait plus en joie que la bêtise humaine et, dans ce cas précis de Fluvius et de Perlette, quand celle-ci se doublait de prétentions. Il aimait aussi en nourrir sa vision drolatique, cynique et désespérée du monde. Il fallait voir l’expression de bonheur qui envahissait son visage quand, au hasard d’une promenade, il tombait sur un de ces oiseaux rares. Ses lèvres étaient prises de mouvements semblables à ceux du nourrisson qui demande la tétée. »<o:p></o:p>

    Ca vous a passionné, ce passage ? Non ?? Moi non plus ! Eh bien dites vous qu'il y en a de pleines tartines dans le même style, besogneux, pointilliste, prétentieux et chiant. On attend vainement le moment où la lecture va nous emporter. Mais non, l’histoire ne parvient jamais à décoller. Même la collection Harlequin fait mieux ! Le souper chez Pétrone n’est qu’un brouet de mots indigestes, une prose roborative et verbeuse qui traînaille ainsi pendant 352 pages tout de même ! Le Souper chez Pétrone, c’est une mal-bouffe littéraire. N’y touchez pas, trop indigeste ! Lisez autre chose !...


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  • Annie Ernaux est bien connue pour ses récits, où l'on trouve, à pleines pages, des hommes qui partent et des menstrues qui coulent... C'est son fonds de commerce, à Annie Ernaux, les fonds de culotte ! Elle y disserte sur toutes les taches suspectes qu'on y trouve. Et on en trouve ! D'ouvrages en récits, de confessions en romans, elle y étale la même tambouille vaguement féministe, où se mêlent le sang, les tripes utérines et les hommes-ces-salauds-tous-les-mêmes-rien-que-des-lâches ! Mais là, avec Journal du dehors, elle a trempé son stylo dans une autre encre. J'ai dit une autre encre, et non pas une meilleure encre. Sans doute, lasse de radoter les sempiternelles imprécations contre les machos, et en panne d'inspiration par ailleurs, elle a décidé de se lancer dans le quotidien, le trivial, en nous retranscrivant des paroles entendues çà et là dans le RER, entre 1985 et 1992. Annie Ernaux nous précise doctement son objectif : "Je voulais ainsi retenir quelque chose de l'époque et des gens qu'on croise juste une fois, dont l'existence nous traverse en déclenchant du trouble  de la colère ou de la douleur"... Son véritable objectif était, selon moi, de profiter de sa notoriété pour se faire un peu de fric sans se fatiguer, en publiant quelques fadaises sans talent. Moyennant quoi, elle nous présente un ouvrage d'une terrible banalité, une suite de petites anecdotes totalement insipides, minables et sans le moindre intérêt ! C'est extraordinaire de voir comment le fait d'avoir été déjà publié autorise ensuite un auteur à écrire n'importe quoi, même les choses les plus médiocres, et à se voir à nouveau édité ! On n'admettrait pas la même chose d'un viticulteur  : on ne commercialiserait pas sa méchante piquette au motif qu'il avait produit un bon vin les années précédentes !...Si vous ou moi avions rédigé  de pareilles foutaises, le manuscrit aurait fini à la poubelle. Sans même une réponse. Les mêmes textes signés Ernaux... se retrouvent en librairie ! La littérature n'en sort pas grandie ! Voici quelques extraits de cette pantalonnade :

    " A la boucherie du village, au bas de la Ville Nouvelle, on attendait d'être servi. Quand son tour est arrivé, une femme a dit : -Je voudrais un bifteck pour un homme. Ensuite, le boucher a demandé : -Et avec ça ?.. - C'est tout, a-t-elle dit en sortant son porte-monnaie."

    "Une femme est entrée, l'air hautain. Elle a désigné du doigt dans le compartiment réfrigéré les modèles de glace qu'elle désirait pour le soir du réveillon. "celle-ci"... "celle-ci"..., parcourant du regard ensuite brièvement les clients, sans insister, comme si elle ne voyait personne en réalité. Elle a commandé du foie gras et dit, qu'aujourd'hui, il lui fallait du pain Poilâne".

    Ca continue comme ça pendant 105 pages, toutes aussi pleines de vide ! C'est une pitoyable pochade, sans le moindre talent. Ce n'est même pas un livre, c'est du foutage de gueule. Publier un truc pareil, au fond, c'est mépriser le lecteur. J'ai déjà lu mieux dans le moindre atelier d'écriture. On est ici au niveau zéro de la littérature. Et quand je dis zéro, je parle bien sûr du Zéro absolu : - 273°C !

    Un livre à balancer dans les latrines sans hésiter.


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  • L’auteur, Georges Vigarello, est professeur à l’université de Paris V et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Il nous présente ici une Histoire de la Beauté, ouvrage de 340 pages. D’emblée on remarque qu’il y a, en fin d’ouvrage, plus de… 90 pages de notes ! Oui, vous avez bien lu, près de cent pages de notes interminables et de références bibliographiques ! On a envie de dire : trop c’est trop ! En fait, on voit bien que l’auteur est un prof, et c’est infiniment dommage. Voulant traiter de la beauté, il a pondu un ouvrage savant, écrit dans un charabia qui confine à l'ésotérisme parfois, difficile à lire pour le commun des mortels. C’est truffé de mots abstraits, de concepts jamais explicités : par exemple cette phrase :<o:p></o:p>

    «  Cette beauté change, il faut le redire, bien au-delà des seuls effets de mode : elle épouse les grandes dynamiques sociales, les ruptures culturelles, les conflits de genre ou de génération »<o:p></o:p>

    Les grandes dynamiques sociales ??? Ah  bon !… lesquelles par exemple ?..<o:p></o:p>

    Les ruptures culturelles ??? .. C’est quoi, au juste, concrètement ?...<o:p></o:p>

    Les conflits de genre ??? …Sans blague, on peut avoir un échantillon ?<o:p></o:p>

    Je pourrais  citer des dizaines de phrases du même acabit, le bouquin en est truffé. C’est triste, car le sujet de la beauté méritait mieux que cet ouvrage théorique et touffu. Moi j’attendais des choses simples, une histoire anecdotique et culturelle de la Beauté. Je ne suis pas étudiant à l’Institut Français de la Mode, je ne suis qu’un « honnête homme » du 21è siècle et j’aime avoir quelques lumières sur tout… Je pars d’un constat simple, que chacun peut vérifier sans écrire un livre : La beauté c’est beau, la mocheté c’est moche ! (Test facile : regardez-vous dans un miroir et concluez !)... A partir de là, j’aurais aimé qu’on me raconte simplement l’histoire de la beauté, d’une manière intéressante, plaisante, vivante ! Quelque chose dont on se souvienne et qui nous laisse des repères, des sujets de réflexion… Hélas, Georges Vigarello n’est pas journaliste, il est professeur et il a des réflexes de professeur : il écrit pour ses étudiants, il ne sait pas vulgariser son érudition, il reste confiné  dans le pédantisme, l’abscons, avec un souci vétilleux de l’exactitude et de la précision, d’où le fatras de notes en fin d’ouvrage… Histoire de la beauté, c’est donc un très bon sujet et un très mauvais livre.  Si j’étais courageux, je le relirais, la plume à ma main, pour en extraire environ une trentaine de pages : il n’y en a pas une de plus qui mérite d’être lue ! Quel gâchis, ce bouquin docte et ennuyeux !...<o:p></o:p>


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  • Si vous en êtes resté aux petites filles modèles de la comtesse de Ségur, ou à la douce et blonde Alice du Pays des merveilles, vous allez être surpris en découvrant les « Bad Girls » de ce premier roman de Colleen Curran, publié en France en 2007. Signe des temps, le romantisme n’est plus de mise chez ces petites demoiselles de 15 ans. Ce ne sont pas des petites princesses rougissantes. Elles sont trois, un trio de choc et de charme, qui fréquente le « Sacred Heart Holly Angels Collège », un lycée de filles, un collège bien comme il faut dans le Wisconsin, aux Etats-Unis. Elles s’appellent Astrid, Juli (sans « e » pour faire plus amerloque, yeah !) et Tishbe la narratrice. Astrid est très douée, puisqu’elle parvient à aspirer la fumée des Lucky Strike par la bouche et par le nez. Poussé par une curiosité quelque peu perverse, je me suis demandé si, tant qu’à faire elle n’avait pas testé d’autres orifices, mais le livre n’en dit rien, comme quoi, même quand on joue les affranchies, on trouve vite les limites d’une bonne vieille pruderie !... Et donc nos trois jeunes filles, nos trois bad girls ont une devise qui tient en trois mots (tout va pas trois décidément !) : Sex… Drug… et Rock’n Roll…  Et tout au long des pages, nous suivons les aventures de ce petit trio diabolique, mais où perce souvent l’innocence et la fraîcheur, malgré tout… Leurs activités scolaires se limitent à fort peu de choses, et elles sont bien davantage préoccupées par leur coiffure, leur maquillage et la longueur( si on peut dire !) de leur minijupe moulante en jean… Alors l’auteur nous conte leurs petits exploits quotidiens : elles boivent… elles fument… elles se font peloter…elles sniffent de la colle, elles minaudent avec des mecs à moto, elles disent que Gainsbourg est un vieux dégueulasse… Bien entendu, le langage des bad girls est à la hauteur : « Putain, j’le crois pas ! »… « Saloperie de merde ! », etc… Il faut dire que leur surveillante, Soeur Joe, fume en cachette dans les toilettes… Quel exemple pour la jeunesse ! Bref, de bêtises en conneries, nos trois petites rebelles semblent tout autant victimes que coupables… Victimes de quoi ? on n’en sait rien … Une société moderne, vide, sans valeurs ni repères… un égalitarisme qui pousse les filles à égaler les mecs en se défonçant comme eux. Etrange égalité qui permet seulement aux filles de sombrer dans une déchéance jadis réservée aux mecs, une égalité par le bas… On ressent un vague malaise… Par contre, les filles, sous leurs comportements hardis de bad girls affranchies, se font tout de même baiser, et prendre aux pièges des mecs et à l’ivresse des mots pleins de promesses non tenues : on ne change pas comme ça les lois éternelles de la nature. Finalement, au terme de leur errance paumée, les trois filles mettront le feu au lycée, ultime excès dans une escalade de déviances et de violences… Dans les décombres, on trouvera deux morts… Je n’en dis pas plus, à vous de lire si vous voulez tout savoir ! Mais au fond, ce livre véhicule une morale assez traditionnelle : l’incendie final se solde par une punition : la mort, puis tout rendre dans l’ordre, on repart cette fois du bon pied… du moins pour ceux qui ne sont pas morts. Dormez tranquilles braves gens, la morale est sauve !  Disons enfin que le style du livre est assez vif, à l’image de nos trois bad girls trémulantes ! L’auteur glisse dans son texte des extraits de journaux intimes et des retranscriptions de communications téléphoniques, qui donnent souvent à ce roman les allures d’un documentaire qui sonne vrai ! A la prochaine grève de la SNCF, sur les quais de la gare Saint-Lazare, prenez ce livre avec vous, ça vous passera le temps sans vous casser la tête ! Et même ça vous permettra, mine de rien, de réfléchir un peu ! Après tout, si on a un cerveau, c’est fait pour ça !...


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