•  Quand le thermomètre tutoie les 30 degrés en région parisienne, il faudrait être fou pour lire Proust !... Déjà quand la température est normale, peu de gens sont  capables de lire le délicat Marcel, et parmi les rares qui le lisent, plus rares encore sont ceux qui le comprennent ! Beaucoup s’égarent du côté de chez Swann, et se mélangent les pinceaux entre la recherche du temps perdu, le temps retrouvé ! Car il en est de l’intelligence comme de l’argent : beaucoup en ont très peu, et très peu en ont beaucoup !... Non vraiment, quand la canicule vous échauffe les neurones, mieux vaut se plonger dans une piscine, à l’ombre de jeunes filles en fleurs si possible, c’est encore mieux ! Mais si on n’a ni piscine ni jeunes filles pour mettre dedans,  on peut cependant se plonger dans un bouquin de Leslie Charteris. C’est ce que j’ai fait en lisant « Le Saint condamné sans appel » publié en 1955. Les plus jeunes d’entre vous doivent être perplexes : Leslie Charteris ?? C’est qui ce mec ? Le Saint ? … Le Saint ?... connais pas !  Eh bien justement, faut vous y mettre ! Leslie Charteris a eu son heure de gloire dans les années 50. Véritable écrivain en série, il a écrit des dizaines d’histoires, toutes mettant en scène les aventures rocambolesques de Simon Templar, un héros séduisant, intelligent, aux yeux bleu acier, flanqué d’un collaborateur alcoolo, crétin brutal mais obéissant et dévoué !... Dans Le Saint condamné sans appel, voici notre héros embarqué malgré lui à la poursuite d’un affreux agent secret qui vend ses services diaboliques au plus offrant. Moralement dégueulasse, mais financièrement rentable. Mais le Saint triomphera ! Car le Bien triomphe toujours du Mal dans les romans, pour faire oublier au lecteur que c’est le contraire dans la vraie vie !... Au fait vous savez pourquoi le héros, Simon Templar, est surnommé le Saint ?.... mais tout simplement à cause de ses initiales : Simon Templar… ST !... Saint ! Eh oui, vous vous coucherez ce soir un peu moin bête que ce matin, et c’est grâce à moi !... Bon, c’est l’été, on parlera de Proust à la rentrée ! En attendant, lisez Leslie Charteris, en emportant sur la plage quelques-unes des aventures de Simon Templar, et étalez-les sur le sable : une façon inédite originale de mettre ses Saints à l’air !...



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  •  Ce roman de Didier van Cauwelaert, Un aller simple, a obtenu le Prix Goncourt en 1994. Et il l’a mérité. L’histoire est simple... comme l'aller ! Elle pourrait même sembler simpliste tant elle est à première vue banale : imaginez un jeune arabe prénommé Aziz et vivant en France. Tout petit, ses parents sont tués dans un accident de voiture. Lui en réchappe. Il est recueilli par les tziganes à l’origine de l’accident. Il grandit dans les faubourgs du nord de Marseille, devient adulte… Entre temps il a appris un métier d’avenir : voleur et revendeur d’autoradios, ce qui montre qu’il possède toutes les compétences pour accéder aux plus hautes fonctions dans le milieu politique ou le monde des affaires !... Or ce qui semble au départ un fait divers dramatique comme il en est tant, suivi d’une existence tranquille comme il y en a pas mal,  va se transformer en une véritable saga à rebondissements, grâce au talent et à l’imagination de l’auteur. En effet, le gouvernement, mettant en œuvre un « coup médiatique » sur fond de racisme ordinaire, décide de renvoyer dans son pays, au Maroc, le jeune Aziz, et de le faire accompagner par un « attaché humanitaire » chargé de veiller à son insertion dans son pays d’origine... Questionné par cet accompagnateur au sujet du lieu de sa naissance, Aziz répond qu’il est né à Irghiz… Or Irghiz n’existe pas, et l’attaché humanitaire n’en sait rien ! Voici donc les deux personnages en route pour une destination virtuelle… Et tandis qu’Aziz chemine dans le Maroc auprès de l’attaché, voici que les rôles s’inversent, et Aziz devient en quelque sorte l’accompagnateur de l’attaché qui se révèle fragile, davantage paumé dans la vie qu’Aziz… Mais quel peut donc être le terme de cet étrange voyage vers nulle part ?... Si Irghiz n’existe pas, vers où cheminent nos deux héros ? Quel peut bien être le terme d’un voyage dont la destination est inconnue ? Découvrez-le en dépensant seulement 3,50 euros, le prix de ce roman publié dans le Livre de Poche. Je précise que cette histoire est écrite brillamment, avec à la fois de l’humour et de l’émotion, un sens aigu de l’étrange et des sentiments, qui font de la lecture de ce livre un excellent moment de loisir : on rit, on est ému, on voyage, on est surpris, et on tourne les pages sans lassitude, en oubliant les misères du monde. On en oublie même la nomination d’Escherichia Coli à la tête du FMI… et que peut-être nous aurons bientôt un nouveau candidat à la présidence de la République, un homme innocent, droit et moral, et si proche du peuple qu’il est capable de laisser une flaque de sperme, en toute simplicité et en tout bien tout honneur sur le chemisier d’une femme de ménage !... Un vrai homme de gauche, ah mais oui : le portefeuille à droite, le coeur sur la main, et la main au cul ! Douce France !.... Euh… ne nous égarons pas tout de même ! Lisez Un aller simple, de Didier van Cauwelaert ! C’est mieux que de s’emmerder dans les embouteillages…


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