• damien-et-ted

    Le vent se lève – film de Ken Loach - 2006 -

    Ce film britannique sorti en 2006 a reçu tous les honneurs : Palme d’Or au festival de Cannes et une demi-douzaine de prix divers. Faut-il pour autant se prosterner devant l’œuvre pour ce seul motif ? Pour ma part, et suivant le précepte de Montaigne, « Je donne mon avis, non comme bon mais comme mien ». Allez, je vous dis tout : le film nous présente une page particulièrement horrible et dramatique du conflit qui a longtemps opposé l’Irlande à la Grande-Bretagne. Nous sommes en 1920 en Irlande. Les soldats britanniques ont envahi l’Irlande pour mater, dans une répression brutale et sauvage, les velléités d’indépendance de l’Irlande. Un groupe de villageois, témoin des brutalités incessantes et des humiliations,  décide alors de créer une force armée. L’un d’eux, un jeune médecin qui se préparait à partir pour Londres, renonce à sa carrière pour rester parmi les siens, combattants irlandais. Tout le film sera une succession interminable d’attaques, d’embuscades, de fusillades, de tueries… La grandeur du film est nous montrer toute l’horreur de cette guerre fratricide, sans sombrer dans la polémique ou le message politique ou idéologique… C’est bien filmé, dans de somptueux paysages irlandais et dans le charme suranné des années 20. Par contre, le film sombre dans la caricature mélodramatique, avec des situations cornéliennes poussées à l’extrême, comme le cas de Damien, le jeune médecin contraint de fusiller son propre frère pour trahison !... Enfin, malgré les situations profondément humaines et dramatiques évoquées, ce film reste toujours froid, et le regard distancié du réalisateur ne permet pas de ressentir la moindre émotion, même devant les images les plus douloureuses. Mais globalement on a un bon film, qui montre bien la stupidité et la cruauté des conflits guerriers entre les humains. Rien que pour ça, il faut le voir.


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  • bertrand russell

    Eloge de l’oisiveté – Bertrand Russell – 1932 –

    L’éloge de la paresse, du mathématicien et philosophe britannique Bertrand Russell, est un minuscule ouvrage de trente-huit pages, paru en 1932. Mais trente-hui pages d’une intelligence étincelante, ce qui explique que ce petit texte est absolument méconnu des masses, lesquelles ne brillent guère par l’intelligence et préfèrent souvent regarder une émission pour crétins du style Attention à la marche sur TF1 ! Et pourtant, le populo, qui se plaint souvent du travail, serait bien inspiré de lire Bertrand Russell. Il y verrait qu’avec tous les moyens de production actuels, il lui suffirait de travailler quelques heures par jour pour produire tout ce dont on a besoin. Le peuple idiot, s’il lisait ce petit opuscule, comprendrait comment les vrais oisifs des classes dirigeantes obligent la moitié de la population à travailler comme des fous et condamne l’autre moitié à chômer… plutôt que de répartir le travail sur tout le monde ! Russell montre combien le peuple se laisse convaincre que le travail est une vertu, alors que sa seule vertu est de permettre à une petite élite de vivre dans l’oisiveté ! Attention, il faut préciser que le mot oisiveté est ici un terme inapproprié. En effet, le lecteur moyen, le lecteur de base, persuadé que le travail est une vertu puisqu’on lui met ça dans la crâne depuis l’enfance, s’imagine que l’oisiveté consiste à ne rien foutre ! Et que l’oisiveté est cette sorte de vices dont souffrent les fainéants. Tragique erreur d’un entendement abruti ! L’oisiveté dont il est question ici, c’est plutôt l’ensemble des activités libres et librement choisies, effectuées sans but lucratif, par opposition au labeur à visée alimentaire… Quoi qu’il en soit, s’il y avait assez de gens intelligents pour lire Russell et le mettre en application, il n’y aurait plus ni surcharge de travail ni chômage ! Hélas, on ne fabrique pas l’intelligence, on en hérite... et peu sont héritiers !... Mais si vous en êtes, lisez vite L’éloge de l’oisiveté, de Bertrand Russel, c’est publié aux éditions Allia. 6 euros environ. De toute façon, avec le temps pourri de ce mois de juillet, lire est encore la meilleure façon d'optimiser des vacances pluvieuses…


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  • profils perdus

    Profils perdus – Philippe Soupault – 1963 –

    Philippe Soupault, fut un peu tout et n’importe quoi : à la fois écrivain, poète, journaliste, une sorte de globe-trotter friqué… Il est issu de la bonne bourgeoisie parisienne, ce qui est un avantage certain : pas besoin de bosser en usine, on  dépense le fric de papa-maman en faisant de la poésie dans des cafés chics et chers, on drague les meufs entre deux rimes en leur faisant croire qu’on est un génie, évidemment méconnu… Quand une histoire de cul tourne mal, on va au Brésil pour oublier, toujours avec le concours actif du compte en banque parental ! Comme le chante Pierre Perret : Merci maman merci papa, tous les jours je voudrais qu’ça r’commen- en-en-en- ce, youkaîdi, aïdi, aïda !... La belle vie, quoi, à la fois oisif et intello, celle d’un parasite de luxe qui fait ce qui lui plaît… Bien entendu, en bon fils de bourgeois, Soupault crache dans la soupe et vilipende la bourgeoisie, et pour « tout foutre en l’air », se lance dans le mouvement Dada puis surréaliste avant d’en être viré… En 1963, il publie Profils perdus, que je viens de lire vite fait, sans plaisir… Ce recueil est assez nul. Ce n’est pas un roman, mais une sorte de carnet mondain, dans lequel Philippe Soupault passe en revue divers personnages qu’il a connus et appréciés : Guillaume Apollinaire, Georges Bernanos, René Crevel, Marcel Proust, Pierre Reverdy, Blaise Cendrars… Une sorte de carnet mondain où l’auteur consigne ses impressions personnelles, lesquelles ne me semblent pas présenter un grand intérêt : c’est du bavardage élitiste, bouffi de prétention, et écrit n’importe comment, dans un style plat, lourd, pesant, chiant ! Allez ouste ! Dehors Soupault, casse-toi, pauv’ c…. ! Bon ! Je reste poli, moi, je suis pas président !....


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    Ce qu’ils disent ou rien – Annie Ernaux – 1977 –

    En principe, je ne goûte guère les livres autobiographiques où l’auteur se trifouille le nombril avec un égotisme forcené, pour étaler avec une délectation morbide ses bobos intimes, surtout ceux qu’on trouve au fond de la petite culotte, en confondant en outre son nombril avec le nombril du monde. Les écrits du genre « Allo maman, bobo !... » m’emmerdent prodigieusement ! Pourtant, je fais une exception  avec Ce qu’ils disent ou rien , d’Annie Ernaux, parce qu’on y trouve un mélange assez rare de sincérité, d’ironie et de mordant, grâce auquel on se laisse volontiers entraîner dans le sillage d’Anne, une adolescente mal dans sa peau, et qui va vivre ses toutes premières expériences sexuelles, qui seront la triste synthèse d’une immense curiosité, d’un fol espoir, et d’une terrible déception. Au-delà, l’auteur nous offre un tableau à la fois vivant, crédible et désespérant du rôle des parents, véritables emmerdeurs et destructeurs de vie, alors qu’ils sont supposés en être des bâtisseurs… Le talent d’Annie Ernaux dans ce livre, est de parvenir à dépasser son propre cas personnel : les parents qu’elle nous décrit avec une lucidité impitoyable et cruelle, ce ne sont pas les siens seulement, mais des millions d’autres parents, les miens les vôtres peut-être, géniteurs inconscients et incompétents, qui ont oublié à la fois leur enfance et leur jeunesse et passent leur vie à emmerder leur progéniture au prétexte de les élever et de les éduquer ! Annie Ernaux, par le talent de son écriture ici, atteint à une sorte de dimension universelle des lacunes parentales. Au lieu de dire que l’adolescence est un âge ingrat, on ferait mieux de voir la réalité : l’adolescence est appelée âge ingrat, c’est parce que c’est une période où les enfants sont devenus assez grands pour voir la connerie fréquente de leurs parents, et assez conscients pour en souffrir. Ce qu’ils disent ou rien, écrit en 1977, est toujours d’actualité en 2011. Un livre dont la lecture devrait être obligatoire pour tout futur parent ! J'en recommande aussi la lecture à tous ceux qui n'ont pas encore complètement massacré leurs ados au prétexte de les éduquer....


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  • ce qu'ils disent

    Ce qu’ils disent ou rien – Annie Ernaux – 1977 –

    En principe, je ne goûte guère les livres autobiographiques où l’auteur se trifouille le nombril avec un égotisme forcené, pour étaler avec une délectation morbide ses bobos intimes, surtout ceux qu’on trouve au fond de la petite culotte, en confondant en outre son nombril avec le nombril du monde. Les écrits du genre « Allo maman, bobo !... » m’emmerdent prodigieusement ! Pourtant, je fais une exception  avec Ce qu’ils disent ou rien , d’Annie Ernaux, parce qu’on y trouve un mélange assez rare de sincérité, d’ironie et de mordant, grâce auquel on se laisse volontiers entraîner dans le sillage d’Anne, une adolescente mal dans sa peau, et qui va vivre ses toutes premières expériences sexuelles, lesquelles seront la triste synthèse d’une immense curiosité, d’un fol espoir, et d’une terrible déception. Au-delà, l’auteur nous offre un tableau à la fois vivant, crédible et désespérant du rôle des parents, véritables emmerdeurs et destructeurs de vie, alors qu’ils sont supposés en être les bâtisseurs… Le talent d’Annie Ernaux dans ce livre, est de parvenir à dépasser son propre cas personnel : les parents qu’elle nous décrit avec une lucidité impitoyable et cruelle, ce ne sont pas les siens seulement, mais des millions d’autres parents, les miens les vôtres peut-être, géniteurs souvent inconscients et parfois incompétents, qui ont oublié à la fois leur enfance et leur jeunesse et passent leur vie à emmerder leurs enfants au prétexte de les élever et de les éduquer ! Annie Ernaux, par le talent de son écriture ici, atteint à une sorte de dimension universelle des lacunes parentales. Au lieu de dire que l’adolescence est un âge ingrat, on ferait mieux de voir la réalité : si l’adolescence est appelée âge ingrat, c’est parce que c’est une période où les enfants sont devenus assez grands pour voir l'arbitraire et la stupidité fréquente des principes et des décisions de leurs parents, et assez conscients pour en souffrir. Ce qu’ils disent ou rien, écrit en 1977, est toujours d’actualité en 2011. Un livre dont la lecture devrait être obligatoire pour tout futur parent ! Et j'en recommande vivement la lecture à tous ceux qui sont déjà parents ! Il n'ont peut-être pas encore complètement massacré leurs ados  !...


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