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    LES MARINIERS A LONGUEIL-ANNEL

    Balade organisée par le Centre culturel de Vitry

    le 25 octobre 2008


     

    Départ en car de la mairie de Vitry à 7h30. Nous avons rendez-vous à 10 heures à  Longueil, et plus précisément à Longueil-Annel, petit village de l’Oise, à 80 kilomètres au nord de Paris.

    Longueil-Annel abrite aujourd’hui la Cité des Bateliers, avec un musée de la batellerie (internet : www.citedesbateliers.com). Nous y arrivons en avance, il est tout juste 9 heures. Le musée ouvre à 10 heures. En attendant, petite balade à pied. Le temps est brumeux, et le voile gris posé sur le canal  donne au paysage un aspect irréel et tranquille. Des péniches s’étirent le long du canal, de part et d’autre de l’écluse. Car Longueil était un port important durant la révolution industrielle du 19è siècle. Le destin du village s’est précisé en 1826, lorsqu’on a construit le canal latéral à l’Oise, qui traverse le village. Dès lors, la commune  est rapidement devenue une étape incontournable de la route fluviale qui mène à Paris. En 1900 l’écluse est doublée pour faire face au trafic. Il y a alors à Longueil …32 débits de boisson : « le café des mariniers » n’est pas qu’une légende !...

    Batellerie et mariniers : Le long du canal, le halage des péniches s’est fait longtemps par des chevaux, et aussi « à col d’homme » : le plus souvent, ce sont les femmes et les enfants qui étaient attelés à un cordage et qui tractaient la péniche !...  Au 19è siècle, il y avait toutes sortes d’embarcations naviguant sur toutes sortes des canaux ou rivières, sans aucune noprmalisation. En 1879, pour harmoniser le transport et le faciliter entre la France et les pays du nord, un ingénieur, Freycinet (1828-1923), Ministre des Travaux Publics, impose une norme par décret : toutes les voies d’eau auront le même gabarit : les écluses mesureront 39 mètres de long et 5,20 mètres de large ; les péniches feront quant à elles 38,50 mètres de long et 5,05 mètres de large). La vie est rude à bord, les enfants étaient attachés avec un harnais, tenus en laisse pour leur éviter une chute dans l’eau. Beaucoup ont appris à faire du vélo dans la cale d’une péniche vide. Les mariniers étant nomades, leurs enfants étaient mis en pension, et souvent restaient jusqu’à six mois sans voir leurs parents. Dès l’âge de six ans, les enfants pouvaient apprendre à conduire le bateau... Sur la péniche, les mariniers vivent l’aventure au quotidien : il faut s’approvisionner pour les longs jours de navigation (ce sera le rôle des Familistère, cette chaîne de magasins présents très souvent près des écluses ; les mariniers y faisaient leurs courses, et les marchandises leur étaient livrées au Familistère de l’écluse suivante… Il fallait aussi pouvoir trouver un médecin qui accepte de venir sur le bateau, lutter contre le gel, dégager la glace à la pelle et à la pioche pour éviter l’écrasement de la coque…

    A la fin du 19è siècle, la péniche est le principal moyen de transport des marchandises, on compte à cette époque entre 350 000  et 400 000 mariniers. Mais la concurrence du rail fait son apparition, et c’est le début des difficultés pour les mariniers.  Les premiers conflits sociaux éclatent en 1936, et les mariniers obtiennent alors un « tour de rôle » pour obtenir un fret… De nos jours, les conditions de travail nomades, les difficultés de l’éducation des enfants, et la double concurrence du rail et de la route, ont fait chuter le nombre des mariniers à un millier à peine. Par ailleurs d’innombrables contraintes obligatoires sont venues renchérir le coût du transport : obligation de nettoyage complet du bateau après chaque transport, obligation de n’utiliser que des peintures spéciales « alimentaires » dans le cas de transport de céréales et autres denrées alimentaires, obligations de maintenance technique, etc…

    Malgré le faible coût du transport fluvial, l’économie privilégie en 2008 les transports routiers. La batellerie est pourtant encore importante en Europe du nord ( Belgique, Pays-Bas…) et pourrait revenir sur le devant de la scène avec le projet de canal à grand gabarit…qui remettrait, les péniches… à flot !

    A Longueil, des mariniers en retraite organisent la visite guidée d’une péniche Freycinet de 1932 amarrée le long du canal, la visite du musée de la batellerie, avec des films et de nombreux objets et témoignages sur la vie fluviale… Le long du canal, des bornes d’information permettent de compléter la visite par des témoignages sonores.

    Cité des Bateliers

    59 avenue de la Canonnière

    60150 LONGUEIL-ANNEL

    Tel 03 44 96 05 55

    www.citedesbateliers.com

    Autre site sur les mariniers :

    Musée municipal Pierre Mondanel

    Place de l’Aire

    63430 PONT-DU-CHÂTEAU

    Ouvert en juillet et août de 10 à 12 et de 15 à 18

    Sur rdv aux autres périodes : tel 04 73 83 73 62


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  •  CHÂTEAU DE VINCENNES

    Balade organisée par le Centre Culturel de Vitry

    Le 31 janvier 2009

    Petit conseil personnel  aux visiteurs : ne faites pas comme nous, n’y allez pas en hiver : quel froid ! Pas le moindre chauffage…


    Visite du château de Vincennes, en partant de Vitry en car. A 14 heures, nous y sommes, par un beau temps, ensoleillé, mais glacial. Entrée par la tour médiévale nord. Une guide jeune et compétente nous accueille, et nous partons pour un voyage dans le passé, il y a environ un millier d’années !…

    Attesté en 847, le bois de Vincennes est devenu, au moins partiellement, une forêt royale un peu avant 1037. Une première résidence royale existe dès la fin du règne de Louis VII (aux environs de 1170-1180), vraisemblablement sur le site de l’actuel château. Sous Philippe-Auguste (1180-1223), Vincennes devient l’une des résidences de la Cour d’Île-de-France et un centre de gouvernement.

    Du règne de Louis IX (1226-1270) à celui de Philippe VI (1328-1350), le manoir prend une place de plus en plus importante dans la vie de la monarchie. Plusieurs souverains y meurent, s’y marient, y naissent entre 1338 et 1340.

    La guerre de Cent Ans (1337-1453) entraîne une modification de la nature des bâtiments : Jean II le Bon (1350-1364), pour faire face aux multiples dangers qui menacent alors la monarchie (jacqueries et Étienne Marcel), fait entreprendre en 1361 un énorme donjon (50 m de hauteur) achevé en 1369 sous le règne de son fils Charles V le Sage (1364-1380). Celui-ci renforce la vocation militaire du château en protégeant toutes les constructions antérieures par une vaste enceinte de 378 m sur 175 m. L’essentiel de cette structure existe encore aujourd’hui.

    En 1379, Charles V ordonne la construction d’une Sainte-Chapelle qui ne sera achevée que sous le règne d’Henri II, au milieu du XVIe siècle. Son style, la qualité de son architecture, sa taille, en font l’un des plus beaux édifices religieux de la fin du Moyen Âge. Pendant trente ans, à partir de 1365, ce nouveau château de Vincennes va être l’une des principales résidences de Charles V et de son fils Charles VI (1380-1422). Puis la guerre de Cent Ans et ses suites vont éloigner la royauté de Vincennes.

    Ce n’est qu’avec le règne de Louis XI (1461-1483) que les souverains reviennent à Vincennes. Le changement des goûts architecturaux se manifeste ici par la construction, peut-être dès 1470-1475 d’un pavillon de plain-pied au sud-ouest de l’enceinte de Charles V, reconstruit par Marie de Médicis. Un demi-siècle plus tard, cette construction sera remplacée par l’actuel pavillon du roi édifié pour Louis XIV par l’architecte Le Vau de 1654 à 1658, qui construira ensuite de 1658 à 1660, l’actuel pavillon de la reine.

    Avec le départ de Louis XIV et de sa cour à Versailles en 1762, le château connaîtra diverses affectations. Il abritera les débuts de l’École militaire (1753-1756), une fabrique de porcelaine (1740-1756), des ateliers produisant des armes... Le donjon devenu prison reçoit des personnages célèbres comme Mirabeau, Sade, Diderot. En 1796, le Directoire y transfère l’arsenal de Paris : c’est le début de l’implantation militaire dans le château qui, en donnant une fonction à l’édifice, en assurera la sauvegarde.

    - En 1804, Bonaparte, afin d’enlever tout espoir de restauration aux Bourbons, fait enlever le duc d’Enghien (dernier héritier des Condés) et le fait fusiller dans les fossés du château.

    -  Dès 1831, on construit les premières casemates contre l’enceinte médiévale avant qu’une loi, votée en 1840 et décidant la fortification de Paris, ne transforme les lieux en un fort de seconde ligne défendant la capitale. En 1939-1940, le château abrite le poste de commandement de l’état-major des armées, avant que les troupes allemandes ne l’occupent.

    En 1948, le service historique de l’armée de terre s’installe dans le château, suivi par la marine et l’air, ce qui fait aujourd’hui de Vincennes le troisième lieu de mémoire en France après les Archives nationales et la Bibliothèque nationale.

    - Vincennes est un lieu exceptionnel à plus d'’un titre : mis à part le Louvre, il n’existe aucun château en France ayant une aussi longue existence au cœur de l’histoire nationale.

    Nous avons visité le donjon principal du château, entièrement restauré : des fossés entourent le donjon, ils étaient autrefois remplis d’eau. Un pont-levis permet d’en interdire l’accès, mais en outre, pour décourager d’éventuels assaillants, la porte d’accès au donjon se fait par une passerelle située à douze mètres  du sol, à laquelle on accède par un escalier à l’intérieur d’une tour… Au premier étage, derrière une fenêtre à vitrail se trouve le cabinet de travail du roi, avec une cheminée ; à l’arrière de ce bureau, la salle du Conseil réunissait les collaborateurs et conseillers, dans une salle qui, le soir venu, était transformée en dortoir. Pour maintenir la chaleur, les voûtes et les murs de pierre étaient revêtus de lambris de bois, puis de tapisseries murales, et de tapis au sol. Au deuxième étage, accès par un escalier d’honneur, on arrive dans la chambre du roi, richement décorée de couleurs, car le roi recevait ici. Jouxtant la chambre, une garde-robe, mais aussi une chapelle réservée aux seuls religieux. Le roi lui-même ne pouvait y entrer, il se tenait dans une minuscule pièce attenante, l’oratoire, d’où il pouvait suivre l’office, par une petite fenêtre ménagée dans la cloison.

    Le château de Vincennes fut également une prison, où Louis XIV envoyait des personnes par les fameuses lettres de cachet, ainsi appelées car signées et cachetées par le roi lui-même : aucune juridiction n’avait le pouvoir de libérer les prisonniers, seul le roi avait la faculté d’accorder sa grâce. Les prisonniers étaient souvent des personnages notables, ils avaient le droit de se chauffer, et même de faire décorer et meubler leur cellule. Certains pouvaient aussi y amener leurs domestiques, secrétaires et serviteurs… Quelques prisonniers  célèbres : le Cardinal de Retz, Diderot, le Marquis de Sade qui y passa sept années de 1776 à 1783, avant d’être transféré à la Bastille, d’où il fut libéré par les révolutionnaires… le 14 juillet 1789.

    Les fossés du château ont servi souvent de lieu d’exécution… Quelques fusillés célèbres :

    - Le Duc d’Enghien, fusillé en 1804

    - Mata-Hari (courtisane et espionne) fusillée le 15 octobre 1917.

    Intéressante et instructive balade que la visite du château de Vincennes… mais à deux conditions : il faut avoir de bonnes jambes pour pouvoir marcher et gravir des marches… et puis il ne faut pas y aller en hiver, car le froid y est terrible : même les prisonniers autrefois étaient mieux traités : ils avaient le droit de faire du feu dans les cheminées, eux !



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  •  GIVERNY, la maison et le jardin de Claude Monet

    Balade organisée par le Centre Culturel de Vitry

    Le 6 juin 2009

    Départ de Vitry en car à 8 heures. Le temps est gris et bientôt nous roulons sous la pluie. Aïe ! Mais heureusement, pas d’embouteillages, et dès 9h15, nous sommes à Vernon-sur-Eure. Petite pause, le temps de prendre un café et un thé au tabac du coin, où l’on peut désormais s’attabler sans être enfumé, et de jouer une grille de loto, on ne sait jamais… Dame Fortune, peut-être !... Dire qu’il a fallu une loi pour contraindre les fumeurs à un minimum de respect des autres !... Saloperie de nature humaine ! Mais on philosophera une autre fois !... Revenons à Claude Monet.

    A 10 h, notre car rejoint ses nombreux camarades déjà garés en une impressionnante cohorte sur le parking : quelle foule à Giverny ! C’est la cohue du côté des tourniquets d’entrée… Heureusement, la pluie a cessé ; pas de soleil, mais le ciel est d’un gris très clair et une bonne lumière baigne l’étang des nymphéas… On fait des photos, même s’il y a dans le viseur davantage de populo que de nénuphars et de nymphéas !... Attention : nymphéas et nénuphars, ce n’est pas la même chose ! Mais je ne vous dirai pas la différence : z’avez qu’à chercher un peu sur internet, ça vous fera pas de mal ! La culture, il faut aussi l’approfondir soi-même !... Après le tour de l’étang, on parcourt le beau jardin de fleurs qu’avait créé Monet, profusion de roses, de pivoines, de géraniums, qui semblent pousser ici dans une liberté sauvage… Visite ensuite de la maison de Claude Monet, dans laquelle il vécut à partir de 1883 comme locataire, avant d’en devenir propriétaire en 1890, jusqu’à sa mort survenue en 1926. Sa première femme, Camille, n’a jamais connu Giverny, elle est décédée en 1879. Maison rose aux volets verts, la maison de Giverny est typique du 19è siècle, avec ses pièces distribuées en enfilade au rez-de-chaussée : atelier de Claude Monet, salle à manger jaune, cuisine bleue… à l’étage : chambres en enfilades longées par un corridor… la chambre de Claude Monet, et la chambre de sa femme Alice, chaque chambre disposant d’un cabinet de toilette mitoyen.

    Midi : après une halte à la boutique, on déjeune au restaurant, sur le site même de Giverny. Mais le plus important chez Claude Monet n’est pas sa demeure mais son œuvre. Découvrons-la maintenant à l’occasion de la visite du musée des impressionnismes, qui se trouvé également à Giverny et qui présente une très belle exposition jusqu’à fin août 2009. Cette exposition est assez extraordinaire car elle permet de voir un certain nombre de toiles prêtées par des collectionneurs privés, oeuvres qu'on ne peut donc jamais voir… à moins d'être pote avec les collectionneurs ! Ce n'est pas mon cas ! Pas un de mes amis ne possède un Claude Monet authentique...   

    L’œuvre de Claude Monet :

    Claude Monet naît en 1840 à Paris, mais dès 1845 il suit ses parents à Rouen. C’est là qu’il s’initie à la peinture grâce à Eugène Boudin, vers 1856, il a alors 16 ans. En 1861, tandis qu’il effectue son service militaire en Algérie, sa tante propose de le faire libérer à condition qu’il étudie sérieusement l’art. Claude Monet accepte et entre aux Beaux-Arts à Paris. Mais Claude Monet n’est pas un peintre classique, et ne sombre pas dans l’académisme ; au contraire il explore des voies nouvelles : peinture dans la nature, recherche de la lumière, travail sur les « impressions » procurées par le changement de la lumière selon les heures et les saisons : c’est l’émergence de l’impressionnisme, terme qui apparaîtra en 1872 sous la plume d’un critique rejetant cette approche, à la suite de l’exposition d’une toile de Monet intitulée « Impressions soleil couchant »… L’exposition de Giverny, au-delà de l’impressionnisme, permet de voir l’évolution de l’art de Claude Monet. D’abord, l’intérêt de Monet pour les fleurs se voit  déjà dans deux tableaux provenant de collections privées : ce sont deux panneaux représentant des fleurs, panneaux qui faisaient partie d’une série de six panneaux décorant une porte… On voit ensuite une toile représentant un moulin dans des champs de tulipe. Monet a réalisé ce tableau à l’occasion se son séjour en Hollande en 1886 : la toile laisse beaucoup de place au ciel, très visible avec ses nuages, au-dessus des allées de tulipes… Monet avait beaucoup aimé ces longs alignements de fleurs, il s’en souviendra pour aménager son jardin de Giverny… Deux autres tableaux « Les palmiers » et « Sous les citronniers », montrent une évolution : en particulier, le ciel tend à disparaître peu à peu, comme si le regard du peintre se fixait que la terre. Dans « Sous les citronniers », Monet « zoome », il se concentre sur les choses qui lui importent, sans chercher à représenter l’ensemble du lieu : on est sous les citronniers, on ne sait pas où exactement, et ça n’a pas d’importance pour le peintre… Par contre, fidèle encore à l’impressionnisme, il peint des « séries », c'est-à-dire des tableaux qui représentent le même sujet, sous des éclairages différents ; ainsi la série sur les meules… Mais ça ne correspond pas au goût des acheteurs. C’est alors que Paul Durand-Ruel a l’idée de les vendre aux USA : et là, gros succès ! Des Américains viennent et achètent : Claude Monet devient riche !... L’exposition de Giverny présente deux toiles faisant partie de séries : « Les peupliers »  et « Sur la Seine »… Dans la toile « Trois jeunes femmes sur une barque » (1887), le ciel a disparu complètement. Cette tendance va s’accentuer encore lorsque Claude Monet, après avoir acheté la maison de Giverny, dont il était locataire depuis 1883, va aménager le jardin et surtout réaliser son étang où il fait pousser des nymphéas… Mais écoutons Monet, il dit ceci : « J’ai mis du temps à comprendre mes nymphéas. Je les cultivais sans songer à les peindre. Un paysage ne nous imprègne pas en un jour. Et puis tout à coup j’ai eu la révélation des féeries de mon étang. J’ai pris ma palette. Depuis ce temps, je n’ai guère eu d’autre modèle. » Dès lors, Monet va se consacrer presque exclusivement à la peinture de son jardin. Mais attention, il ne peint pas des paysages ! De plus en plus il se concentre sur les détails qui retiennent son attention ; on ne voit pas l’étang ni ses berges, seulement des nymphéas… Et même, certaines feuilles des nymphéas ne sont pas représentées en entier, elles sont coupées par le bord de la toile. Monet suggère ainsi que la toile ne représente pas un tableau fini… la toile se prolonge à l’extérieur par l’imagination du spectateur qui reconstruit dans son imaginaire ce qui n’est pas représenté. Monet ira encore plus loin dans ce sens, en ne finissant pas de remplir ses toiles, laissant des marges blanches et inégales sur les bords, afin que ces toiles ne soient pas encadrées… Ecoutons encore Monet : « Le motif est quelque chose de secondaire. Ce que je veux reproduire c’est ce qu’il y a entre le motif et moi. »

    Terminons cette balade par quelques repères sur la vie de Claude Monet :

    1840 : naissance de Claude Monet

    1883 : Installation à Giverny, en location.

    1890 : Monet achète la maison de Giverny

    1893 : il achète un grand terrain près de sa maison avec un cours d’eau et un étang qu’il aménage en jardin avec un bassin aux nymphéas.

    1895 : il érige un pont japonais et le peint pour la première fois.

    1897 : Il fait construire sur son terrain un deuxième atelier où il peut travailler pendant l’hiver.

    1903 : Premier tableau daté de la deuxième série des Nymphéas.

    1907 : Monet travaille exclusivement aux Nymphéas.

    1911 : La vue affaiblie de Monet continue de baisser, mais il surveille l’agrandissement du bassin des nymphéas.

    1914 : Clémenceau suggère à Monet de créer un ensemble de grands panneaux avec les Nymphéas et de les offrir à l’Etat. Monet accepte. Ce travail l’occupera jusqu’à sa mort.

    1918 : A l’occasion de l’Armistice, Monet offre huit tableaux des Nymphéas à l’Etat. Clémenceau vient à Giverny pour les choisir.

    1926 : Mort de Claude Monet, à l’âge de 86 ans

    1927 : Le 17 mai, les Nymphéas sont officiellement inaugurés au musée de l’Orangerie des Tuileries où ils sont toujours.



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  •  MAISON DE LOUIS ARAGON ET ELSA TRIOLET

    Balade organisée par le Centre culturel de Vitry

    Le 15 mars 2009

    Le soleil brille. On quitte Vitry à 9 heures. A 10 heures, nous sommes à Saint-Arnoult-en-Yvelines, au cœur ancien de cette petite ville au sud-ouest de Paris. Courte pause d’une vingtaine de minutes dans la ville, puis le car nous conduit à la sortie de Saint-Arnoult. C’est là, un peu à l'écart, que se trouve le Moulin de Villeneuve, qui fut la résidence secondaire de Louis Aragon et Elsa Triolet, où tous deux vécurent de 1951 à leur mort : 1970 pour Elsa Triolet, 1982 pour Louis Aragon.

    Nous sommes accueillis par une chanteuse, Lucienne Beauchamp, le look post-soixante-huitard, une intello fan d’Aragon et qu’on imagine bien à Saint-Germain des Prés chantant aussi Ferrat, Léo Ferré, le genre culture de gauche à fond les manettes. Je me suis demandé par exemple si notre cantatrice aurait interprété avec le même enthousiasme les œuvres de Céline, mais ne nous lançons pas dans un procès d’intention ! Elle interprète fort bien Aragon jusqu’à midi, disant ou chantant aussi des textes d’Elsa Triolet.

    A midi, on se retrouve (on est 28 convives) à l’Auberge de l’Etoile, pour le déjeuner. Au menu : Kir et amuse-bouche – Terrine aux champignons – Agneau façon tajine et pommes de terre – Crème au fromage blanc au coulis de framboises – Vin : Côtes de Bourg en carafe – Café –

    Après ça, on est prêts pour la visite guidée de la maison… La jeune Ludivine est notre guide. Entrons avec elle dans cette demeure d'écrivains :

    La maison de Louis Aragon est un ancien moulin à eau. Louis Aragon l’acheta en 1951, pour offrir à Elsa Triolet « un petit coin de France », elle qui était une exilée russe. Le bâtiment est en forme de L, très long mais pas très haut (un étage). Ce qui est extraordinaire c’est que la maison est restée exactement dans l’état où elle était à la mort de Louis Aragon en 1982. Rien n’a disparu et rien n’a été modifié. Meubles, objets divers, livres, tout est là comme si les écrivains venaient de s’absenter… En fait, après la mort d’Elsa en 1970, (ici même dans sa chambre, après un malaise cardiaque dans le jardin sous les yeux de son mari) Louis Aragon vint moins souvent, et finalement, en 1976, il décida de léguer sa maison à l’Etat avec la volonté d’en faire un lieu de souvenir, un lieu d’étude et un lieu de recherche. Aragon légua aussi les meubles et les livres (environ 30 000). Bref, on a l’impression étrange de visiter une maison habitée ; on a peur de déranger… Dans la cuisine, le vieux réfrigérateur des années 60 est encore là et fonctionne. Tout est à sa place : la table, les chaises, l'évier, les placards. A côté, le bureau d’Aragon, avec une feuille de papier et un stylo sur la table, comme si l’écrivain allait rentrer d’une minute à  l’autre et se remettre à écrire… Tout près, le curieux salon aux sombres boiseries, qui jouxte la roue du moulin, laquelle tourne sous le flot incessant de la petite rivière qui passe là. A l’étage, la chambre du couple.  Le dessus de lit est bleu. Bleus aussi les murs et certains meubles. Le bleu se retrouve d'ailleurs souvent dans la maison, c’était la couleur préférée d’Elsa. Sur le palier, un meuble presque secret : c’est là qu’Elsa Triolet cachait avec soin sa collection  « honteuse » : tous les bouquins de la Série Noire ! Ils sont encore là, bien rangés. Elle les adorait, mais elle les cachait soigneusement aux visiteurs et invités : quand on est la compagne du grand Louis Aragon… ça la fiche mal de montrer qu’on se délecte  de polars !!!...  Autour de la maison, on fait ensuite une balade dans le beau jardin qui entoure le moulin. C’est plutôt un parc engazonné et boisé de quatre hectares environ. Cà et là, des panneaux en plexiglas reproduisent des phrases, des vers d’Aragon ou d’Elsa… Et puis on escalade une petite butte dans le haut du jardin. C’est là qu’est la tombe où sont inhumés désormais Elsa Triolet et Louis Aragon. Avant de quitter cette propriété riche de souvenirs, lisons l’inscription qui figure sur la pierre tombale :

    « Quand côte à côte nous serons enfin gisant, l'alliance de nos livres nous unira pour le meilleur et pour le pire dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur à toi et à moi. La mort aidant, on aura peut-être essayé et réussi à nous séparer plus sûrement que la guerre en notre vivant. Les morts sont sans défense. Alors nos livres croisés viendront, voir sur place la main dans la main, s'opposer à ce qu'on nous arrache l'un à l'autre. Elsa. »

    La visite est terminée. Nous quittons la demeure, presque sur la pointe des pieds, en ne parlant pas trop fort. Il ne faut pas déranger les hôtes qui dorment ici, unis dans la mort comme ils le furent dans la vie et dans l’écriture...


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    SUR L’ILE SAINT LOUIS…

    Balade organisée par la Société littéraire de La Poste

    Samedi  15 juillet 2007

    Grâce à la Société littéraire de la Poste, nous partons à l’aventure… Au programme, l’exploration fabuleuse d’une île… Mais pas besoin de jouer les Robinson Crusoë, car l’île n’est pas loin, et elle n’est pas déserte. Située en plein cœur de Paris, c’est l’île Saint-Louis… Rendez-vous à 10h30 au métro Pont Marie…Mais suivez-nous au cœur de notre périple !

    L’île Saint-Louis est située dans le quatrième arrondissement, en plein cœur de Paris, juste à l’est de l’île de la Cité qui fut le berceau de la ville, et dont elle est séparée par le Pont Saint-Louis. L’île Saint-Louis a été formée aux environs de 1620, par la réunion de deux petites îles : l’île Notre-Dame, la plus proche de la Cité, et l’île aux vaches…Ces deux îles étaient séparées par un étroit chenal franchi par une passerelle de bois. Avant le 17ème siècle, ces deux îles n’étaient pas construites ; l’île Notre-Dame, très souvent inondée, n’abritait que des activités saisonnières sans infrastructure immobilière, des pêcheries notamment ; quant à l’île aux vaches, elle était utilisée, comme son nom l’indique, comme pâturage aux troupeaux des fermes parisiennes, fort nombreuses alors… A la fin du 16ème siècle, l’ingénieur Christophe Marie propose au roi Henri IV un projet d’aménagement permettant de réunir les deux îles en une, tout en permettant le franchissement de la Seine de la rive gauche à la rive droite grâce à deux ponts. Mais l’assassinat d’Henri IV en 1610 compromet les plans de l’ingénieur Marie. Pourtant, un nouvel accord est conclu avec Marie de Médicis : Christophe Marie et ses deux associés, Poulletier et Leregrattier combleront le chenal qui sépare les deux îles, afin de réunir les deux îles en une seule (l’actuelle rue Poulletier marque l’emplacement de l’ancien chenal comblé) ; ils construiront deux ponts : le pont de La Tournelle et le pont Marie ; enfin, ils aménageront des quais tout autour de l’île. En échange de ce lourd investissement, ils toucheront pendant 80 ans des redevances sur les ventes des terrains de l’île, et percevront les péages des deux ponts.

    Pourtant, l’affaire tourne mal, et Marie et ses associés finiront « sur la paille » ; en effet, d’interminables procès sont intentés, car le Clergé conteste au Royaume la propriété de l’île Notre-Dame, et les acquéreurs éventuels de terrains renoncent à leurs projets devant l’incertitude de la propriété du sol. Finalement, c’est surtout vers le milieu du 17è siècle, vers 1630, que l’île Saint-Louis va se développer. C’est alors un quartier nouveau, qui va accueillir des « hommes nouveaux » : peu de vraie noblesse d’épée, mais plutôt une noblesse de robe, essentiellement constituée de magistrats. Mais on y trouve aussi des classes populaires, car on tient, à l’époque,  à ce que cohabitent ici « les dodus et les menus ». Comme quoi, le souci d’un brassage des populations n’est pas né d’hier !

    On va construire ici un certain nombre d’hôtels particuliers ; à noter que l’ « hôtel particulier » désigne alors la résidence d’un noble, par opposition à la « demeure », qui est la résidence d’un roturier… Il en est ainsi quand bien même la demeure est plus somptueuse que l’hôtel particulier, et cela arrive. On distingue, pour les constructions de l’île Saint-Louis, deux types de toitures : des toitures en ardoise, très pentues, construites avant 1640, et des toitures « à la Mansard », construites à partir de 1640, qui permettent de faire des combles mieux logeables, mais qui permettent aussi des constructions plus larges qui mettent fin aux pièces en enfilade qu’on trouvait auparavant, et qui autorisent les couloirs et les circulations. On note aussi que les façades du milieu du 17è siècle sont beaucoup plus sobres que celles du début du siècle. En outre, les façades les plus belles sont côté jardin ou cour, jamais sur la rue ; à cela deux raisons : On considère que la beauté de la construction ne concerne pas les « les manants »  de la rue, on la réserve aux hôtes ; par ailleurs, la discrétion des façades vise à ne pas attirer trop l’attention sur des fortunes dont l’origine est souvent plus ou moins trouble… Seule la porte est imposante côté rue, allant parfois jusqu’à occuper toute la hauteur de l’immeuble : elle doit imposer le respect.
    Sur l’île Saint-Louis, on peut encore voir deux anciennes tavernes, dont l’une est juste à l’angle de la rue des Deux Ponts et du quai de Bourbon. Les anciennes tavernes sont reconnaissables aux grilles épaisses qui protègent leur vitrine ; imposées autrefois par le pouvoir, elles avaient pour objectif d’empêcher les clients de s’échapper par les fenêtres en cas de contrôle de police… Sur le quai d’Anjou, on peut voir l’Hôtel de Lauzun. Il fut bâti par Groin, un riche négociant du 17è siècle, qui ravitaillait en vivres les armées, hommes et chevaux. Mais il reçut le nom de son occupant ultérieur, le duc de Lauzun, qui faillit épouser la sœur du roi, la Grande Mademoiselle. Mais Louis XIV interdit cette mésalliance entre une princesse de sang royal et un petit noble de Province. Lauzun fut emprisonné pendant 10 ans.

    On peut voir aussi l’Hôtel de Lambert, flanqué d’une tourelle très rare. Michèle Morgan y habita comme locataire. L’Hôtel de Lambert est aujourd’hui propriété des Rotschchild.

    Quai de Bourbon, maison où séjourna Camille Claudel jusqu’en 1913, année de son internement psychiatrique, qui ne prit fin qu’à sa mort en 1943.

    Quai de Béthune, au numéro 24, appartement de Georges Pompidou.

    On trouve aussi des maisons qui furent autrefois des maisons populaires. Etroites, leurs façades ne comportent que deux fenêtres par étage ; c’étaient des appartements verticaux, une même famille occupant les différents niveaux.

    Rue Saint Louis-en-l’île, on trouve de nombreux commerces, souvent de luxe. S’y trouve également le restaurant « L’Orangeraie », propriété naguère de Jean-Claude Brialy.

    On peut déguster aussi dans cette rue une célèbre glace « Berthillon ». (On a goûté : c’est bon, mais la réputation me semble surfaite : trop cher pour ce que c’est, franchement ! C’est aussi bon chez Auchan ! Mais bon, certains aiment frimer, tout claquer, et gueuler ensuite contre le pouvoir, forcément responsable de l’insuffisance de leur pouvoir d’achat !) Fermons la parenthèse !...

    Face au restaurant l’Orangeraie, l’église Saint-Louis présente une belle coupole surbaissée, construite à l’imitation de Rome, et sa nef est décorée de beaux vitraux polychromes du 19è siècles. Toutefois, il reste encore des vitraux du 17è siècle : ce sont les vitraux clairs, incolores ; au 17è siècle en effet, on s’efforce de mettre des vitraux très clairs, afin qu’il y ait suffisamment de lumière dans l’église pour permettre aux fidèles de suivre les offices en lisant leur missel… Et notre balade s’achève ici.  Il est 12h30. Impeccable. C’est juste l’heure de déjeuner. Nous prolongeons donc notre balade à titre personnel par un menu sympa dans un petit restaurant du coin, histoire de donner à notre balade culturelle une conclusion gastronomique !…




      




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