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Je suis le visiteur du soir
Je suis le poète des nuits
J'effleure parfois de ma plume
Le papier gris du désespoir
Et dans la nuit pâle je hume
Ton coeur qui bat et qui s'ennuie
Je suis le visiteur du soir
Je suis le poète des nuits
Mais dans ton coeur rien ne s'allume
Lorsque tu vois tomber le soir
Et quand tes yeux alors s'embrument
Coule une larme dans la nuit.
Je suis le visiteur du soir
Je suis le poète des nuits
Mes mots volent comme une plume
Au vent léger de mon espoir
Tendres souvenis qu'on parfume
A l'heure douce de minuit.
Je suis le visiteur du soir
Je suis le poète des nuits
Je suis un rêve un peu d'écume
Dans le train qui va dans le noir
Et qui t'emporte dans la nuit.
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Il y a bien longtemps quelque part sur la terre
Une fleur sans couleur sans odeur et sans nom
Versait tout doucement des larmes bien amères
Dans le coin d'un jardin obscur à l'abandon.
Un bourdon qui passait tout bruissant de ses ailes
Entendit ses sanglots et se posa sur elle.
Vois mes épines hélas, disait la pauvre fleur
Elles piquent, et cruelle, aux autres je fais peur
On se méfie de moi on me fuit on m'évite
Et je reste si seule, oubliée et maudite...
Ne pleure pas ô fleur, répondit le bourdon
Car moi aussi, tu sais, on craint mon aiguillon,
Et puis ne vois-tu pas mon coeur qui te sourit
Au seuil d'un nouveau jour qui renaît à la vie ?
Et si je viens vers toi, butiner matinal
C'est que tu m'éblouis et qu'entre tes pétales
Ivre de ton parfum je te respire telle
Entre toutes les fleurs car tu es la plus belle...
En entendant ces mots la fleur se redressa
Elle embauma soudain, rougit avec éclat
Et c'est ainsi qu'en mai naquit un jour la rose..
De terne qu'elle était, elle se fit grandiose
Et devint la plus belle car un jour de rosée
Un bourdon qui passait, enfin l'avait aimée.
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Dans l'inventaire à la Prévert
On trouve de la prose et des vers
Et même à la fin ô bonheur
Un tout petit raton-laveur.
Dans l'inventaire à la Robert
Beaucoup plus extraordinaire
Où rien n'est vrai où tout est faux
Viens découvrir les ani-mots !
Lors tu verras des pies-panthères
Fumantes et pleines de mystère
Et là, faisant de grands plongeons
Mais oui ce sont des canes-thons
A côté, la mine hypocrite
Se reposent les chattes-mites...
Dans l'inventaire à la Robert
En cherchant bien on trouve encore
Une famille de rats-porcs...
Quant à l'hybride magnifique
Qu'on voit là-bas c'est un porc-tique.
Pourtant celui que je préfère
Qui me ressemble comme un frère
Il a vraiment un nom ad hoc
T'as deviné ? C'est le loup-phoque...
Ici finit mon inventaire
Bien loin de celui de Prévert
Car de mes mots écrits hier
Le temps demain fera poussière.
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Il fait nuit ce matin, il a son uniforme
On a bandé ses yeux devant le peloton
Il ne faudrait jamais que le monde s'endorme
Sous la pluie des obus, sous les balles de plomb.
Un ordre et puis la salve, on voit trembler sa forme
Avant qu'il ne s'affaisse enfin de tout son long
Bien plus anéanti que par le chloroforme,
Le poteau de la mort comme ultime jalon.
Il avait déserté, trop seul, trop las, sans aide
Lui, simple matelot servant sur l'Archimède
De la guerre cruelle il paye l'addition.
Est-ce bien de l'amour que notre vie procède ?
Sur la terre saignée gît un corps froid et raide
Un supplicié auquel nul ne porte attention.
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De la rue Pierre Honfroy à la rue Jean Picourt
A l'ombre du clocher hommage à Saint Frambourg
Elle offrait sa chaussée, ses cailloux, sa poussière
Et ses trottoirs poudreux à nos jeux de naguère.
Elle était un peu rue, voie, impasse et venelle
Entourée de jardins, de cours et de tonnelles
Dans l'escalier en bas, tout fleuri d'églantines
On croisait Jean, Pierrot, Chantal ou bien Martine.
De la rue Pierre Honfroy à la rue Jean Picourt
On tâchait d'esquiver, nous surveillant toujours
Derrière ses carreaux, le regard du tailleur
Témoins de tous nos jeux dont il fut le censeur.
De la rue Pierre Honfroy à la rue Jean Picourt
Le lilas a jauni sur nos printemps trop courts
Et nous avons quitté notre rue, nos maisons
Dispersés par la vie vers les quatre horizons.
Cette rue n'avait rien des chemins de la gloire
Et sa seule richesse était dans nos espoirs,
Mais de toutes les rues c'est elle la plus belle
A notre coeur d'enfant, rue Ferdinand Roussel.
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