-
SONNET AU DESERTEUR
Il fait nuit ce matin, il a son uniforme
On a bandé ses yeux devant le peloton
Il ne faudrait jamais que le monde s'endorme
Sous la pluie des obus, sous les balles de plomb.
Un ordre et puis la salve, on voit trembler sa forme
Avant qu'il ne s'affaisse enfin de tout son long
Bien plus anéanti que par le chloroforme,
Le poteau de la mort comme ultime jalon.
Il avait déserté, trop seul, trop las, sans aide
Lui, simple matelot servant sur l'Archimède
De la guerre cruelle il paye l'addition.
Est-ce bien de l'amour que notre vie procède ?
Sur la terre saignée gît un corps froid et raide
Un supplicié auquel nul ne porte attention.
-
Commentaires