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Littérature et écriture, dans les thèmes suivants : récits et nouvelles - souvenirs - chroniques - critiques littéraires et cinématographiques - humour - poésie - voyages et balades -

Vers le sud - film de 2006 -

 

Vers le sud – film de Laurent Cantet – 2006 –

Acteurs : Charlotte Rampling – Karen Young – Louise Portal -

 

vers

Voici un film qui aborde un sujet  complètement tabou : les vieux et le sexe ! Plus précisément  ici les vieilles, car il s’agit de deux femmes (Charlotte Rampling et Karen Young). Américaines d’un certain âge, ou plutôt d’un âge certain, elles sont confrontées au problème délicat de la gestion de leur libido : elles ont des désirs palpitants d’adolescentes énamourées, mais ont un look où la cruauté du temps a gravé sillons et rides, et mis çà et là bourrelets, tavelures et autres vieilleries diverses, bref, des trucs qui n’attirent guère les mâles, à part d’éventuels gérontophiles, très rares il faut bien en convenir… Au fond c’est comme au restaurant ou au supermarché, vous l’avez sûrement remarqué : les gens préfèrent nettement les produits de première fraîcheur ! Y a même des dates limites de consommation indiquées !… après chacun fait ce qu’il veut ! Que faire alors ? Certes, outre l’habileté manuelle traditionnelle des femmes, « petites mains » dans tous les domaines, il existe aussi de nos jours des sex-toys hyper-perfectionnés, capables tout autant de simuler l’effleurement timide et romantique d’un puceau novice et amoureux, que le viol sauvage par un serial baiseur aux désirs pervers !... Enfin,… je suppose ! Moi, je suis un homme, je n’en sais trop rien, mais vous pouvez me laisser vos témoignages, je ne perds jamais une occasion de m’instruire !... Cependant, pour certaines, le sex-toy (parce que notre société prétendue libérée n’ose plus dire godemiché), ce n’est pas assez, il manque la sueur et l’odeur !... Là évidemment ça se complique un peu : en gros il y a deux cas de figures :

-         Soit vous êtes un chanteur friqué du hit-parade, un animateur TV sur le retour ou encore un vieil acteur cascadeur déglingué tout baveux mais célèbre : en ce cas, pas de problème : vous prenez une toute jeune gigolette (de préférence blonde, avec minijupe  et forte poitrine) en location à l’année, et vous aurez les félicitations de Gala et les compliments de Voici, qui glorifieront auprès des ménagères rêveuses le Grand Amour bouleversant qui donne une nouvelle jeunesse à l’artiste finissant et lui apporte enfin le bonheur après tant d’années d’épreuves et de drames personnels !

-         Soit vous vous avez de l’argent mais pas tant que ça, et là, vous pouvez aller dans des pays comme Haïti, et vous taper des jeunes pour quelques heures ou quelques jours… C’est facile, car vous avez des désirs et de l’argent, et eux ils sont pauvres mais libérés sexuellement. C’est une situation idéale de marché : ils vous apportent un peu de leur corps, vous leur apportez un peu de votre argent. Mais là, Gala ne vous félicitera pas ! On dira au contraire que vous êtes un odieux touriste sexuel !

Eh oui, rien n’a changé depuis La Fontaine : selon que vous serez puissant ou misérable, vous finirez dans les colonnes de Gala ou dans une cellule de Fleury-Mérogis !

Le film Vers le Sud, nous montre justement deux femmes racornies mais encore  bien conservées  (j’adore la formule !!!) qui viennent chaque été sur les plages d’Haïti … Pour le soleil, oui, un tout petit peu tout de même, mais surtout pour se faire caresser par de beaux éphèbes blacks, souriants et disponibles, jeunes et insouciants, au corps de bronze, auxquels elles font de petits cadeaux et donnent de l’argent en échange de leurs « services »…  Elles trouvent que c’est mieux que les sex-toys, on peut le comprendre…

Mais le film s’arrête à ce constat. Sans doute par trouille devant le tabou, le réalisateur ne montre rien, n’analyse rien, n’explique rien, se garde bien de se prononcer sur quoi que ce soit… Il s’ensuit des scènes répétitives. Et même si on a tout de suite compris que ces femmes qui se flétrissent sont comme des fleurs fanées qui souhaitent quand même qu’on les arrose de temps en temps, le réalisateur fait comme si on n’avait rien pigé : il nous montre donc un deuxième ébat, de nouvelles  caresses comme celles qu’on vient de voir juste avant… On se demande vraiment où il veut en venir…  Que veut-il prouver ? De scène en scène on attend, on espère, mais non, on n’en saura rien !...Le sujet étant à l’évidence tabou, le cinéaste a  refusé de le traiter… Par peur de s’engager, sans doute, par hypocrisie peut-être, mais plus probablement, parce qu’un tabou reste un tabou, même si on fait semblant de s’en affranchir…  En sorte que, finalement, avec « Vers le sud », on a un bon sujet et un mauvais film. C'est dommage, car les acteurs sont excellents.

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