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Littérature et écriture, dans les thèmes suivants : récits et nouvelles - souvenirs - chroniques - critiques littéraires et cinématographiques - humour - poésie - voyages et balades -

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Que ma joie demeure - Jean Giono -

Un bon livre, étonnant et déconcertant. Tandis que fleurissent des "romans paysans" bas de gamme un peu partout, voici que, avec Giono, le roman paysan trouve ses lettres de noblesse... C'est que là, on n'en reste pas au niveau des pâquerettes, on ne distille pas une nostalgie du bon vieux temps, on ne milite pas pour un retour à la nature façon Green Peace... Ce serait même plutôt le contraire ! Explications : Dans le monde rural du début du 20ème siècle, on travaille dur, on souffre, on ne ménage pas sa peine dans cette région méridionale baignée par l'Ouvèze dont parle Giono. Chaque famille paysanne se bat, âprement, pour faire fructifier son champ ou son troupeau... Et voici qu'arrive un homme, un inconnu, Bobi... Il est un peu poète, et il parle, il dit des choses étranges pour les paysans : il veut planter des fleurs... Les paysans en sont ahuris : ça va se vendre ?... Mais non, répond Bobi, c'est juste pour faire joli, c'est pour donner de la joie... Bobi préconise aussi de travailler ensemble, de mettre ensemble les ressources, le travail et les récoltes, plutôt que de travailler égoïstement, chacun dans son coin. Il parle de joie et de générosité à ces forçats de la terre qui ne connaissent que leurs sillons... Ses paroles séduisent les paysans, ces taiseux... Quelque chose commence à changer... On se met à laisser libres chevaux et juments, on domestique un cerf et des biches... Une vie nouvelle se fait jour... Hélas, les hommes sont les hommes, des sentiments troubles vont naître, une jeune femme, Aurore, tombe secrètement amoureuse de Bobi, qui lui, succombe aux charmes opulents de Joséphine, et il la baise enfin, page 307, je vous le dis, pour que vous y alliez tout de suite s'il n' y a que ça qui vous intéresse, plutôt que les paysages bucoliques ! Non, ne protestez pas, vous êtes nombreux  dans ce cas !... Les éditeurs le savent bien : le cul ça fait vendre, c'est comme ça ! Revenons au roman : malgré son titre plein d'espoir "Que ma joie demeure",  il va se terminer dans le drame, avec la mort d'Aurore, puis le désespoir de Bobi, qui s'aperçoit qu'il a échoué dans sa tentative d'apporter la joie. C'est le paradoxe de ce livre : l'échec du héros Bobi, et une belle réussite de Giono, qui nous donne là un magnifique hymne à la nature, à la générosité et à l'espoir...  Un seul point négatif peut-être : beaucoup de descriptions trop longues à mon goût, mais qu'il est aisé de contourner en sautant quelques lignes ici ou là : ça ne nuit en rien à la compréhension... Que ma joie demeure, un grand livre, une oeuvre devenue déjà un classique du genre, et surtout une belle leçon d'humanisme.

Petite notice biographique sur l'auteur : Jean Giono est né à Manosque en 1895. Il est mort, toujours à Manosque, le 8 octobre 1970. Pour le reste, consultez Wikipédia, vous saurez tout sur lui !

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R
Mais non mais non, je ne méprise pas le style d'un auteur, jamais ! Pas plus celui de Giono que d'autres... Mais trop c'est trop ! C'est comme dans Victor Hugo, lorsqu'il consacre une cinquantaine de pages à la description de Paris vu des tours de Notre-dame !??? du style, du style certes, mais ça tourne alors à la diarrhée verbale, inutile et ampoulée ! Eh oui, tout le monde ne maitrise pas son verbe comme le faisait si bien Maupassant, un maître du style et de l'efficacité, sans sombrer jamais dans la logorrhée !!! Mais cela étant, merci de cet avis, il permet une confrontation des points de vue et de nos sensibilités respectives... ça sert à ça aussi la littérature...
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P
" Un<br /> seul point négatif peut-être : beaucoup de descriptions trop longues à <br /> mon goût, mais qu'il est aisé de contourner en sautant quelques lignes <br /> ici ou là : ça ne nuit en rien à la compréhension..."Giono est un des plus grands stylistes de la langue française. Beaucoup de ses lecteurs le lisent aussi pour l'exceptionnelle beauté de ses descriptions, si poétiques et si puissantes. Dommage que cette face de son génie vous échappe...CordialementPhilippe
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