Par Robertcri
Mumu – film de Joel Séria – 2010 –
Mumu est un film largement autobiographique, si l’on en croit son réalisateur Joel Séria, qui revient ici au cinéma, qu’il avait abandonné depuis longtemps au profit de séries TV. L’histoire se déroule au lendemain de la guerre, nous sommes en 1947, quelque part en Anjou. Mais la fameuse douceur angevine cache parfois bien des souffrances. Le petit Roger, 11 ans, a été renvoyé du pensionnat où il se trouvait, pour quelques bêtises. Son père lui flanque une raclée d’une violence inouïe, avec force gifles, mais aussi coups de poing et coups de pied. La mère ne dit rien ou presque. Pas facile de se dresser contre la violence brutale. Roger est alors placé dans une institution religieuse où il sera pensionnaire. L’institutrice (interprétée par Sylvie Testud) est une véritable « peau de vache », secondée par un pion falot, chahuté et sans autorité. Mais rapidement, on voit évoluer les choses. L’institutrice, sous son air sévère et revêche, cache un cœur d’or, très à l’écoute des progrès des enfants. Elle s’attache d’autant plus au petit Roger, qu’elle comprend à quel point il est mal-aimé et rejeté par sa famille, qui bien souvent ne vient pas le chercher le week-end, ni aux vacances de Pâques… Roger est mal-aimé, particulièrement parce qu’il pense qu’il n’est pas de lui ! Au fond, ce con de père est comme beaucoup d’autres : il n’aime nullement les enfants, il est fier seulement du produit de ses couilles ! Et quand il y a doute, la haine s’engouffre, ravageuse : saloperie de nature humaine !... Le pensionnat est dirigé par un prêtre qui comprend également la situation de Roger, et fait tout pour adoucir son séjour… Mais Roger, au cours d’une bagarre, lance une brosse qui atteint l’institutrice en plein visage, devant tous les élèves. Malgré toute son affection, le prêtre renvoie Roger… Ses parents sont convoqués pour le récupérer. Les parents, cette fois, décident que ce sera la maison de correction… mais le destin va s’en mêler… heureusement pour le petit Roger… Ce film est un film simple et émouvant, qui raconte une histoire à la fois humaine, belle et triste. Certes, il y a de la caricature dans les personnages : les parents sont odieux, l’institutrice vacharde au cœur d’or, mais avec des fêlures dues à la guerre, le curé compréhensif, sévère et juste… On a déjà vu ça dans plein de films. Mais malgré tout, on a un film qui n’est pas fastidieux du tout et qui plonge les seniors dont je suis dans le souvenir des écoles dans les années 50, quand on écrivait à la plume en faisant des pâtés. On ne s’ennuie pas un seul instant, le réalisateur a parfaitement maîtrisé son sujet, et ne s’est pas laissé entraîner à se regarder le nombril en nous présentant une histoire qui finalement, peu ou prou, a été la sienne. De son enfance, de ses souvenirs de pensionnat, de sa douleur sans doute, il a su faire une belle histoire qu’il nous présente sans afféterie. Il faut le féliciter et l’en remercier. Un grand bravo à Joël Séria !
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