Ah ! Les Mémoires de Casanova !! Rien qu'à prononcer le titre de cet ouvrage, bien des lecteurs en ont par avance le périnée qui s'émoustille ! Désolé de les décevoir dans leurs attentes ! S'ils veulent du sexe, il va falloir lire autre chose... Non, ce n'est pas que Casanova soit un saint, oh non ! Il mérite largement sa réputation de jouisseur impénitent, dans la Venise du 18ème siècle, mais aussi partout en Europe, car Casanova chassait la jeune fille en tous lieux, mais à deux conditions toutefois : il fallait que les filles soient BELLES, et qu'elles soient INTELLIGENTES ! Alors forcément, ça restreint drôlement le choix, et il ne pouvait se contenter de Venise, il lui fallait ratisser plus large ! En fait, Casanova en a fait beaucoup plus qu'il ne le dit dans ses Mémoires. C'est qu'il n'était pas facile de parler cul comme aujourd'hui, au 18ème siècle, il fallait enrober ça dans de l'allusif bon teint. Pour parler de l'intimité féminine, Casanova use de métaphores alambiquées, il nous parle du "sanctuaire... à la porte duquel il a dû rester" !!!... Alors dans les 650 pages que je viens de lire, et qui ne sont que des extraits d'un texte beaucoup plus long, il n'y a finalement pas grand-chose de grivois. Rien à voir avec notre époque où il suffit d'un clic de souris pour voir bourgeonner un clito en gros plan sur écran de 19 pouces !... Avant d'en venir à une scène de sexe, on a donc droit chez Casanova à des pages et des pages d'un bla-bla fastidieux, un papotage truffé d'imparfaits du subjonctif, selon une rigoureuse concordance des temps aujourd'hui oubliée. Ce bla-bla est sans le moindre intérêt, du genre : "En arrivant à Rome, nous fûmes obligés de baisser la toile avant le dénouement du drame que nous avions joué à la grande satisfaction des acteurs. Je rentrai chez moi un peu fatigué ; mais un sommeil comme on en a à cet âge me rendit toute ma vigueur. " Pour un peu il nous indiquerait où il a rempli son caddie et ce qu'il a mangé !... Et lorsqu'il en arrive à nous raconter ses histoires de cul,...il tourne si j'ose dire autour du pot, avec des phrases comme ça : "Je voulais parvenir à la possession de ce charmant objet...
- Et tu appelles cela un lit, mon enfant ?
- Je n'en ai pas d'autre, monsieur.
- Tu dors donc tout habillée ?
- Oh ! point du tout !
- Eh bien, couche-toi comme d'ordinaire et je te donnerai le petit écu...
- Pourquoi donc ?
- Je veux te voir dans cet état.
- Mais vous ne me ferez rien ?
- Pas la moindre chose...
Elle se met sur la pauvre paillasse, elle oppose de la résistance, mais un écu de six francs la rend docile..."
Après ces détails finalement brefs, et parfois plus sordides qu'érotiques, il en revient à des tartines d'anecdotes, avant de s'éblouir d'une nouvelle paire de seins, qu'il estime "les plus beaux qu'il ait jamais vus", alors qu'il vient de dire la même chose à propos de la fille d'avant, et qu'il en dira tout autant de la prochaine, cinquante pages plus loin !!!...
Il reste, çà et là, quelques notations intéressantes sur Venise, sur Paris, qui nous donnent quelques informations sur ces villes au 18ème siècle... Il est vrai également que cette oeuvre nous montre une philosophie de la vie originale... Mais est-il besoin de tant de pages pour ça ? Pour le reste, on perd son temps à lire Casanova, et surtout on s'emmerde ! et la lecture, selon moi, ce n'est pas fait pour s'emmerder !... Telle est mon opinion, je vous laisse la vôtre...
Bio : Giacomo Casanova est né à Venise, rue Malipiero, le 2 avril 1725 ; il est mort à Dux, en Bohême, le 4 juin 1798, à l'âge de 73 ans, alors qu'il occupait les fonctions de bibliothécaire. Il est difficile d'énumérer toutes les activités de Casanova, tour à tour violoniste, écrivain, diplomate, escroc, magicien, joueur, bibliothécaire, agent secret... Il fut tout cela et ne fut rien de cela, car ces multiples activités n'avaient qu'un but : trouver de l'argent, beaucoup d'argent, pour assouvir sa passion frénétique des femmes... Une passion qui le fait souvent comparer à Dom Juan, mais à tort. Car chez Casanova il n'y a aucune envie de collectionner les femmes. il ne séduit pas une femme pour en faire "une de plus", mais tout simplement parce qu'il en a trouvé encore une, à la fois belle et intelligente, digne d'être aimée, et dont il a une envie folle.. La beauté féminine le subjugue et il en est conscient, comme il l'écrit : "Rien de tout ce qui existe n'a jamais exercé sur moi un si fort pouvoir qu'une belle figure de femme." Cela étant, il use de tous les moyens masculins de la séduction (encore en vigueur de nos jours) : le charme, le mensonge, la perfidie, et l'argent. Force est de constater, tristement, que, de tous ces moyens, c'est l'argent qui marche le mieux auprès des femmes ! (encore en vigueur de nos jours, bis repetita !)... En outre, Casanova ne rejette pas les filles qu'il a aimées. Souvent, il leur attribue une forte somme d'argent pour les aider à trouver un bon mariage... Casanova me semble être sincère avec les femmes, il les aime vraiment à chaque fois, et souffre lui-même des ruptures qu'il provoque ; simplement, il refuse l'engagement dans la durée avec une seule femme, car, comme il le dit : "La plus belle des maisons devient détestable dès lors qu'on est condamné à y habiter..." C'est une philosophie de l'existence qui en vaut bien d'autres... il est vrai que cette philosophie exige une grande indépendance d'esprit, le rejet de la morale traditionnelle, et une grande aisance financière, ce qui explique la vie particulièrement aventureuse de Giacomo Casanova, qui fut emprisonné à plusieurs reprises et parvint même à s'évader de la fameuse prison des "Plombs" de Venise.... Dans son ouvrage "Histoire de ma vie", il recense au moins 122 femmes,... dont sa propre fille (mais c'était en fait sa petite-cousine, il s'était gouré, ouf ! on a échappé au pire !) !) ainsi qu'une petite fille russe... achetée sur la fin de sa vie pour lui servir de soins palliatifs sur ses vieux jours ! Plus fort que Polanski, le mec !...