Par Robertcri
De tous les romans d’Amélie Nothomb, Le Voyage d’hiver est probablement le plus mauvais. L’histoire ne manque pourtant pas d’originalité. Un employé d’EDF, prénommé Zoïle, lors d’une intervention dans un appartement glacial de Paris, rencontre une très jolie femme, Astrolabe, laquelle héberge une autre femme, écrivain à succès, mais fragile et même débile, fort laide de surcroît… qui s’empiffre en grognant de plaisir et qui se nomme Aliénor… Notre Zoïle tombe immédiatement amoureux de la belle Astrolabe, mais cette dernière joue les frigides et se refuse… Pour les quelques baisers qu’elle accorde, elle exige qu’ils aient lieu en présence d’Aliénor… Zoïle imagine alors un scénario diabolique pour venir à bout de la résistance d’Astrolabe : il offre aux deux femmes un déjeuner dans lequel il a glissé des champignons hallucinogènes … S’ensuit pour les trois protagonistes un trip d’enfer, au cours duquel, hélas, Astrolabe se refuse encore… Zoïle fait alors le constat suivant : puisqu’Astrolabe, qui est la perfection sur la terre, se montre si décevante, le reste de l’humanité ne mérite même pas de vivre ! Notre héros décide donc prendre les commandes d’un avion de ligne, et le jeter sur la Tour Eiffel, parce qu’elle a la forme d’un A, comme Astrolabe, et que Eiffel l’a construite ainsi en hommage à une femme aimée prénommée Amélie… Voilà, c’est tout… Et malgré l’originalité du scénario, on n’entre pas dans cette histoire comme on le fait habituellement dans d’autres romans de Nothomb… L’écriture ici est artificielle et laborieuse, on dirait un travail de commande, pour fournir à l’éditeur le roman annuel qu’il attend et que, sans doute, il exige… Par contre, on retrouve bien entendu dans ce bouquin les thèmes chers à Amélie et qui reviennent chaque fois, à savoir la beauté et la laideur, thèmes sur lesquels Amélie Nothomb dit toujours des choses pleines d'un bon-sens cruel … Petit extrait sur ce sujet :
« Si je voulais que mon acte soit en rapport avec Astrolabe, il me fallait détruire de la beauté. D’ailleurs détruit-on autre chose ? Il n’est pas d’exemple humain d’attentat contre la laideur. Elle ne passionne pas assez pour justifier tant d’effort. L’extrêmement moche ne suscite qu’une indignation stérile. »
En résumé, ce Voyage d’hiver n’est pas du meilleur cru. Mais ce n’est pas de la bibine non plus. Et puis, avec 130 pages écrites assez gros, on est loin des pavés logomachiques de 800 pages façon Victor Hugo, Proust ou best-sellers amerloques. On peut donc le lire sans dommage, et on n’aura pas perdu beaucoup de temps, c’est déjà ça.
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