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Littérature et écriture, dans les thèmes suivants : récits et nouvelles - souvenirs - chroniques - critiques littéraires et cinématographiques - humour - poésie - voyages et balades -

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Jean-Jacques - Frédéric Richaud -

Il y a dans la vie  de curieuses coïncidences. Il y en a aussi en lecture. Ainsi, devant assister à une cérémonie funèbre au crematorium du Père-Lachaise le 24 septembre, j'avais eu soin d'emporter avec moi un bouquin, pour passer le temps dans le métro... Je l'avais choisi pour sa taille, un petit livre d'une centaine de pages, peu encombrant, pour qu'il tienne dans ma poche... Or ce livre parle finalement beaucoup de mort, d'inhumation... Qui plus est, voici la phrase qui figure en exergue : "C'est ici que repose sa cendre... la moitié de sa cendre..." (Jean-Jacques Rousseau, La Nouvelle Héloïse) Bref, j'étais dans l'ambiance, paré pour une méditation sur notre finitude... dans un silence de mort !... ! En fait, il s'agit ici d'une sorte de conte, mi-cruel, mi-ironique... Nous sommes en 1778, dans l'Oise. Deux frères, Jean et Jacques Chapelet, des bourgeois enrichis un peu niais et vaguement imbéciles, sortes de Bouvard et Pécuchet avant l'heure,  sont de grands admirateurs de Jean-Jacques Rousseau : ensemble ils lisent des pages et des pages du grand philosophe : "Le Contrat Social"... "La Nouvelle Héloïse"... Ils ne comprennent pas tout mais qu'importe, les mots sont si beaux !... Comme la plupart des imbéciles, ils n'ont pas besoin de comprendre, il leur suffit d'être grisés... Ils ont un rêve fou, accueillir chez eux Jean-Jacques Rousseau. A cet effet, ils entreprennent des travaux d'aménagement dans leur jardin, pour en faire un écrin digne de recevoir le grand homme. Hélas, les deux frères ne sont pas plus doués pour la culture botanique que pour la culture littéraire et philosophique ; tout périclite, leur jardin est comme eux, désespérément inculte,  mais ils s'acharnent. Quand soudain ils apprennent qu'un marquis a ouvert son château  d'Ermenonville, pour y accueillir Rousseau ! Les deux frères, dépités mais non découragés, se rendent à Ermenonville, pénètrent incognito dans le jardin... Un jour ils parviennent à approcher Rousseau, mais ils bafouillent et le philosophe, apeuré, s'enfuit... A quelque temps de là, alors qu'ils sont encore tapis dans le parc, ils voient passer sur le lac, dans le soir qui descend,  une barque funèbre entourée de bougies : On enterre Jean-Jacques Rousseau sur une petite île dans les jardins d'Ermenonville... Les deux frères n'accueilleront jamais Rousseau chez eux... Alors ils ont une idée : ils vont déterrer le cadavre du philosophe et le transportent chez eux, où ils l'enterrent dans un coin de leur jardin. Et tandis que la foule pleure sur un tombeau vide à Ermenonvile, les frères se recueillent au-dessus des restes du Maître, en déclamant ses oeuvres. Les années passent, un des frères, Jacques, meurt, et Jean l'enterre auprès de Rousseau... Quand soudain, en mai 1794, Jean voit ce titre à la une de son journal : "Paris ordonne le transfert de Rousseau au Panthéon". Jean déterre alors les restes de Jean-Jacques Rousseau, et les remet à leur place d'origine : dans le tombeau d'Ermenonville !... Le livre s'achève sur la surprise des fossoyeurs lorsqu'ils ouvrent le tombeau de Jean-Jacques Rousseau le 6 octobre 1794, et sur une anecdote étrange lors de la cérémonie au Panthéon... Je n'en dirai pas davantage. Si vous avez envie de partager cette surprise, lisez "Jean-Jacques" de Frédéric Richaud. N'attendez pas forcément un enterrement pour ça ! Une précision encore : celles et ceux qui souhaiteraient connaître Rousseau à travers ce livre en seront pour leurs frais : ce n'est pas le sujet !... Une remarque pour finir : le livre est écrit en français, un français simple, correct et compréhensible ; ça semble un truisme, et pourtant c'est devenu rare de nos jours, où les romans contemporains sont souvent de longs charabias verbeux  et psychologisants sur les misères intimes de l'humanité souffrante !... "Jean-Jacques" de Frédéric Richaud est publié chez Grasset - 2008 -

Bio : Pas grand-chose sur ce petit nouveau ! Il est né en 1966 à Aubignan. Il est scénariste de B.D. Il s'est lancé dans l'écriture de courts romans à prétexte historique, ouvrages ironiques soulignant la bassesse et la bêtise... Outre "Jean-Jacques", on trouvera dans la même veine "La Ménagerie de Versailles", toujours chez Grasset : Louis XIV a créé une ménagerie à Versailles : veaux, vaches, poules et cochons... Un marquis, pour plaire au Roi, veut lui offrir un animal extraordinaire... Mais où le trouver ? Notre marquis va donc, poudré et dûment perruqué, partir en Afrique, folle aventure à l'époque,  pour en ramener la bête féroce ou l'oiseau rare qui lui apporteront, pense-t-il,  les faveurs du Roi !...Petite fable  sur la servilité de Cour !... Toujours d'actualité !...

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M
très interessant merçibise.Méty
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R
Chez Grasset, 2008... amitié...
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S
Chez Grasset, 2008... amitié...
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