Par Robertcri
Pour employer un mot prononcé certain jour en certaine circonstance par notre ex-Président Chirac, on peut qualifier d' "abracadabrantesque" l'histoire que nous raconte Echenoz dans Cherokee ! Cette intrigue affreusement compliquée nous entraîne dans les aventures invraisembables et totalement inintéressantes d'un dénommé Georges, né à Ivry-sur-Seine, et qui rencontre une certaine Véronique, tout en recherchant un titre qui manque à sa collection de disques américains : Cherokee... De là va naître, sous la plume verbeuse et délirante de l'auteur, un salmigondis épouvantable fait de mille micro-événements enchevêtrés. Le nombre de personnages que l'on croise est impressionnant, ahurissant pour un opuscule de 220 pages ; qu'on en juge : Georges... Chave... Véronique... Block... le Dr Spielvogel... Fred... Ripert... Brigitte,...Gibbs... Leslie Bogomoletz... Crocognan... le perroquet Morgan,... Calvert... Benedetti... Jacqueline... Degas... Léon Richaud... Jenny Wellmann... Fernand,... Crémieux,... Donald... Shapiro... Guilvinnec... Barrymore... Baptiste... Brookemeyer !.... N'en jetez plus, ça en fait presque un par page bientôt ! Trop c'est trop !... Tous ces protagonistes largement surnuméraires se mélangent dans cette ratatouille accomodée à la sauce policière, pour nous offrir cet embrouillamini indigeste : merci du cadeau !.... Par-dessus le marché, et comme un malheur n'arrive jamais seul, Echenoz entrelarde son propos de mots délibérément affectés et originaux et de comparaisons qui se veulent drôles ou impertinentes. Ca donne des trucs comme ça, je cite pêle-mêle :
- "Des réverbères dans lesquels gravitaient des colonies browniennes d'insectes phototropes."
-"Un jour synthétique tombait des feuilles ondulées translucides amalgamées dans l'Everite du toit."
-"...Des nuages fins, laiteux... translucides comme de la salive ou de l'albumine.."
-"...rampant par plissements spasmodiques comme un lombric géant traité au Maxiton."
-"Une sauvage soeur tourière dont le trousseau de longues clefs anglait aigûment le ceinturon."
-"Un long piano à queue noir et laqué comme un cercueil de collectivité."
Toutes ces incoercibles saillies nuisent à l'intrigue, déjà bien incompréhensible, elles gâchent l'ambiance, comme le feraient des pets sonores dans un Prélude de Chopin. L'auteur fait de l'humour un peu comme on en trouve dans l'almanach Vermot : il y a, hélas, du Jacques Veissid dans ce Jean Echenoz ! J'espère qu'il a fait mieux que ça par ailleurs ... Avis aux amateurs !
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