Ce roman, Archaos ou le Jardin Etincelant, était resté rangé sur une étagère de ma bibliothèque depuis 1972. Jamais lu, délaissé sans raison sur une tablette en merisier. Entre temps, le 24 avril 1998, son auteur, Christiane Rochefort, est décédée. Paix à son âme ! Mais aujourd'hui, en 2009, nouvelles obsèques : j'enterre son livre ! Un texte nullissime comme on en lit rarement. Le style n'est pas ordinaire pourtant, l'histoire non plus, celle d'un roi au Royaume d'Archaos. C'est un mélange d'utopie, de fable, de conte médiéval, de chanson de geste, le tout assaisonné à une sauce qui se voudrait humoristique et qui n'est que pitoyablement rigolote... Mais du style rigolo comme ça, ça fait sourire pendant cinq pages... ça commence à agacer au bout de dix, ça échauffe les oreilles au bout de quinze, et c'est franchement insupportable à la vingtième page ! J'ai eu, malgré tout, un vague espoir en tournant la vingt-et-unième page : peut-être, ô divine surprise ! allais-je voir le mot "fin", qui m'eût donné le courage d'aller jusqu'au bout ; mais non, il y avait une page 22, une page 23, et ainsi de suite, jusqu'à la page 420 !... Alors j'ai renoncé, j'ai refermé ce livre, qui ne retournera jamais sur l'étagère où je l'ai pris hier soir, mais rejoindra les emballages, la pub Carrefour, le magazine municipal d'Anglet et le vieux programme de télé dans la poubelle jaune... Les héros d'Archaos s'appellent Avatar, Avanie, Analogue, Euphémie, Filet-Mignon, Herpès, Désirade, Malafoutre, Passacaille, Polype, Solive, et j'en passe ! Ca sent son humour façon intello en goguette... Et l'humour intellectuel, une page ça va, trois pages bonjour les dégâts ! Cependant, comme il n'est pas dans ma nature d'accuser sans preuves, je vous livre quelques courts passages, afin que vous puissiez juger par vous-même :
Page 2 : "Ainsi fut fait Govan-Eremetus, comme les autres gosses. Le roi par la porte enfoncée fondit sur le lit comme un busard, y fut accueilli d'un coup de rouleau, vit mille cierges, oublia sa prière, et plus accru par la fureur qu'il ne fut jamais par l'amour laboura ce qu'il trouva sous lui. La reine s'éveilla bleuie de coups et de froid entré dans sa chambre sans porte et désertée du roi parti à l'aube chasser le loup ; mais enceinte."
Page 80 : "Tiens donc, le gynécée les prisons aime, dit le roi. Goût facile à satisfaire, qu'on ouvre six chambres nouvelles. Monsieur le geôlier, qui l'âme si tendre avez, je vous les laisse pour vous amuser jusqu'à ce que votre tête soit tranchée par décapitation.
- Grâce ! dit le geôlier, par pendaison plutôt s'il vous plaît !
- Sauf cette pucelle, dont l'entrée est négociée, et qui sautera de la paille droit dans le lit d'un époux."
Page 223 : "La colline était recouverte de vierges anxieuses d'accompagner la princesse jusqu'au Ciel, et parmi lesquelles elle choisissait celles qui n'étaient pas amenées par leurs parents, répondaient sans détour, et lui plaisaient. Ca fait qu'elle n'en avait encore que cinq : une échappée à un père qui voulait l'unir à un riche débile, une échappée à un père qui la voulait pour lui, une échappée à un mari qui n'en voulait pas, une échappée à la maison des fous, et une gardienne d'oies de treize ans qui l'aimait, pareille à un chat sauvage, échappée à toute la ferme qui lui passait dessus dit-elle tout droit et en patois..."
Ca y est, vous avez lu ces échantillons ?... Je ne sais pas vous, mais moi, je ne supporte pas cette prose... L'histoire, le style, le vocabulaire, toutes ces saillies verbales appuyées, tout, absolument tout m'emmerde ! Allez, n'en parlons plus, et en route pour de nouvelles lectures !
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