• Le Trésor des Suédois, roman d’Alain Bérard, 2007

    Une fois de plus, je me suis plongé dans une des histoires vosgiennes que raconte si bien Alain Bérard, un écrivain régional qui sait de quoi il parle, puisqu’il vit à Plainfaing, petit village des Hautes Vosges, à la limite de la Lorraine et de l’Alsace. Il nous raconte ici un joli conte, l’histoire d’un enfant abandonné dans la région du Valtin. Recueilli et élevé par la population locale, on l’appelle Sylvestre. Il devient un jeune homme vigoureux et travailleur, apprécié de tous. Mais lorsqu’il tombe amoureux de la jolie Claudette, le père de cette dernière refuse d’accorder sa fille à un gueux sans argent. Comme quoi, dans nos campagnes reculées du siècle dernier, il n’y a pas que les putes qu’il fallait payer, mais aussi les pères de famille pour qu'ils vous cèdent leur fille... Sylvestre ne se décourage pas : mis sur la voie d’un trésor oublié, il n’aura de cesse de le découvrir, afin de rassembler les écus qui lui permettront d’épouser Claudette... Mais des obstacles vont surgir, au milieu des sapins et des chaumes de la région... En particulier une jeune bohémienne au regard ensorcelant et au 95 C bien rempli... Un roman qui est aussi un conte, et une légende basée sur l’histoire d’une belle région. A lire sans la moindre réticence. Et comme le hasard fait bien les choses, c’est en Alsace que j’ai lu ce livre, à quelques kilomètres des lieux de l’histoire. Un bon moment de lecture.


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  • Longues peines, document de Philippe Laflaquière, 2013

     

    Philippe Laflaquière est procureur de la république adjoint à Perpignan. Mais dans une vie antérieure, il a exercé le métier noble et controversé de Juge d’application des peines, en abrégé le JAP. Son rôle est donc d’examiner le cas des condamnés aux longues peines : 20 ans ou perpétuité, et de voir à quelles conditions il est possible d’envisager leur réinsertion sociale, dans le cadre d’une libération conditionnelle. D’ailleurs, le sous-titre de ce livre est : Le Pari de la réinsertion. Un sous-titre très pertinent, car il exprime à la fois la possibilité de réinsertion des condamnés, et en même temps la part intrinsèquement inévitable de risque que cela peut comporter, comme le suggère le terme de pari : là où il y a pari, il n’y a pas de complète certitude... Il faut absolument lire ce livre : d’abord parce qu’il apporte une mine de renseignements précieux sur la démarche de libération conditionnelle, dont la presse populaire ou populacière se garde bien  de nous donner, préoccupée uniquement de vendre ses infos de merde en s’appuyant sur les indignations souvent sottes du peuple, sans culture, sans connaissances, et qui réagit avec sa petite tripe personnelle émotive... L’auteur met fin clairement à quelques idées reçues : non, on ne remet pas n’importe quel criminel en liberté  n’importe comment... non, on n’oublie pas les victimes des meurtriers, à la seule différence qu’on ne parvient pas encore à redonner vie à ceux qui sont  morts (c’est la seule limite). Non, la justice ne doit pas être une vengeance populacière. Bref, l’ouvrage de Philippe Laflaquière est un beau livre à lire et à méditer, même s’il a les limites du genre : c’est en effet un témoignage personnel, celui d’un seul juge dans sa seule activité, et on manque ici d’éléments généraux chiffrés sur la délinquance, les récidives, la réinsertion... En tout cas, le grand mérite de ce livre est de contribuer un peu à faire reculer les conneries largement entendues habituellement dans ce domaine. C’est déjà beaucoup. Mais le hic de ce genre de bouquin, c’est, hélas, toujours le même : il sera lu par les gens à l’esprit curieux, et ouvert... Mais les autres ?... La masse épaisse du populo de base, au front bas et à l’esprit borné, ne l’ouvrira même pas et continuera de beugler « On n’a qu’à leur couper les couilles au moins i’ r’commenceront pas !!! » !... Mais sait-on jamais !... Gardons un peu d’espoir !...


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  • Sur la route, roman de Jack Kérouac, 1960

     

    A moins d’être un critique snobinard  s’extasiant devant la dernière connerie à la mode dans les mouvements littéraires, il faut bien dire que Sur la route est un roman nullissime sur le plan littéraire. Cette œuvre est représentative d’un mouvement intitulé la « beat génération », caractérisée par la folle démarche des beatniks, vers un monde plus libre, un élan vers les grands espaces, en même temps qu’un rejet de la société de consommation des années 50... Ça c’est pour les grand mots, comme toujours ! Dans la réalité il en va tout autrement... Dans le roman de Kérouac, il n’y a pas la plus petite once de liberté chez les divers protagonistes, qui ne sont que des pauvres types, cassés, brisés, démolis... Leur liberté ?... Inexistante, puisqu’ils sont en fait des esclaves ! Esclaves de leur cul, ils baisent à droite à gauche des radasses et des poufiasses, dont la seule « liberté » consiste à se piquer à l’héroïne entre deux  baises, qu'elles subissent d'ailleurs, de la part des mecs, qui se les refilent, comme ils se refileraient une poupée gonflable, un objet à trous, c’est tout...

    Esclaves de l’alcool, ils picolent à toute heure du jour et de la nuit, dans les bars les plus sordides et les plus crades où ils s’emmerdent sans projets...

    Esclaves de la clope, ils en fument des paquets par jour, y ajoutant bien entendu de la marijuana et même du thé, bref, du grand n’importe quoi !

    Esclaves de leur caractère déglingué, ils sont incapables de s’insérer, vivent de rapines, de  trafics sordides et de petits boulots à la con, claquent le peu qu’ils gagnent en clopes, scotch et cul... puis reprennent la bagnole vers une autre ville...

    En outre, ce roman ne raconte rien, rien qu’une errance interminable de ville en ville, à travers les Etats-Unis... tous les chapitres sont tristement identiques : bagnole, auto-stop, baise, drogue, clopes, potes bourrés... la pitoyable dérive de gens qui se disent libres et qui sont en fait prisonniers d’eux-mêmes. Une odyssée sans le talent d’Homère. Les héros de Kérouac appellent Liberté leur esclavage permanent et destructeur. Rejeter une société qu’on estime pourrie est peut-être salutaire... à condition de proposer un plan B à la place  Tel n’est pas le cas des héros du livre, qui n’ont trouvé que la défonce pour s’exprimer... Rappelons pour finir que l’auteur, Jack Kérouac, est mort complètement imprégné d’alcool, en 1969, âgé de 47 ans seulement ! C’est ça, la liberté ?... Elle a une drôle de gueule, je trouve ! Sur la route, un roman dont on peut vraiment se passer.


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  • Le tourniquet des innocents, roman de Roger Ikor, 1972

     

    Ce roman de Roger Ikor nous raconte une histoire qui relève à la fois du roman, du documentaire historique et de l’autobiographie. Oui, tout  ça à la fois. Le livre est un roman, qui raconte l’histoire d’une famille  honorablement bourgeoise : père prof agrégé de lettres au lycée, mère de formation universitaire, mais qui, évidemment, reste à la maison pour élever les cinq enfants dont le couple est très fier. Enfants qui sont en plein dans la tourmente soixante-huitarde, et qui n’ont à la bouche que des mots et des expressions stéréotypées : Révolution, abattre la bourgeoisie, lutte contre les trusts et le grand capital... et tout ça bien sûr au bistrot, avec le pognon de papa-maman, pendant que les quelques fils d’ouvriers inscrits au lycée, eux, travaillent !... Ce roman est aussi un documentaire, en ce sens où il nous plonge dans cette période originale autour de mai 68, et où, à l’occasion de cette révolte estudiantine et lycéenne, on découvre en arrière-plan et en écho le combat et la révolte du père professeur, du temps de sa jeunesse, lorsqu’il prend part au combat antifasciste et aux sanglantes manifestations parisiennes de février 1934... Enfin, ce livre est également largement autobiographique : Roger Ikor était en effet prof de français au lycée Condorcet, et, comme monsieur Jourdedieu, le prof héros du livre, il a eu un fils qui a mal fini, très mal... Notons également à propos de ce roman, qu’on y perçoit très nettement les évolutions de notre société, en particulier dans les relations entre parents et enfants, dans les relations entre les profs et les élèves, entre les relations garçons/filles. Et de nombreux comportements, décrits comme modernes par l’auteur, en 1972, nous semblent aujourd’hui complètement dépassés, vieillots, surannés... Il reste pourtant un aspect qui reste toujours d’actualité : le difficile dialogue entre parents et enfants, avec des problèmes tels que cela peut aboutir au drame...

     

    Bio : Roger Ikor est un écrivain français né en 1923 et mort en 1986. Professeur de français au lycée Condorcet et au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, il obtient le Prix Goncourt en 1955 avec son roman Les Eaux mêlées. Durement frappé par le suicide de son fils, victime de la secte Zen Macrobiotique, à l’âge de 20ans, Roger Ikor s’engagera dans un combat impitoyable contre les sectes. Auteur quelque peu oublié de nos jours et c’est bien dommage... Même si je ne suis pas un inconditionnel de toute son œuvre. Lisez-le.


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  • Le Saint découvre le virus 13, roman de Leslie Charteris, 1954

     

    Une fois de plus, je me suis plongé avec délice dans une des nombreuses aventures de Simon Templar, alias Le Saint. Ça change de Kierkegaard et de Proust, c’est moi qui vous le dis ! Et c’est largement aussi bien écrit que les prix littéraires d’aujourd’hui, vite torchés, vite vendus, vite oubliés. L’histoire est évidemment invraisemblable mais on s’en fout ! Ou plutôt on ne s’en fout pas, car c’est cette invraisemblance qui donne du piment à l’histoire. De quoi s’agit-il ici ? Le Saint, qui s’emmerde ferme aux Etats-Unis, reçoit un appel d’un de ses chefs : on a trouvé dans la rue un homme gravement malade, bientôt emporté par une forme gravissime de typhus. Il semblerait qu’un virus soit susceptible de rayer les humains de la carte du monde. Rien que ça ! Simon Templar prend immédiatement le taureau par les cornes, et le train par le marchepied, pour se rendre à Los Angeles. Mais à peine le voyage a-t-il commencé, que l’on trouve un cadavre dans un compartiment ! Bingo ! Et voilà notre Simon Templar embringué dans une abracadabrantesque aventure, flanqué de son lieutenant, le colosse crétin et alcoolique M. Uniatz, dont le cerveau est celui d’une poule, mais qui possède des poings qui cognent dur, ça peut servir, des fois. Bref, on est loin ici des états d’âme masturbatoires et pédérastiques  d’un Gide préoccupé par les  mollets fins et duveteux des petits garçons, ou des tourments copulatoires et présidentiels d’un scootériste obsédé par le périnée d’une actrice, mais on passe vraiment de très bons moments de lecture, bien au chaud par ce temps humide et frisquet d’un mois de  janvier atypique et inondé de partout. Le Saint découvre le virus13, à lire absolument. On ne le trouve plus en librairie, mais vous avez toutes les chances d’en trouver pour pas cher sur ebay, ou sur le site www.delcampe.net  que je vous recommande vivement. 


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