• Une femme, récit d’Annie Ernaux, 1987

    Annie Ernaux est une romancière spécialisée dans l’autobiographie, qui constitue véritablement son fond de commerce. Perpétuellement mal à l’aise avec elle-même et en porte-à-faux avec le monde contemporain, avec le présent, elle se plonge et se replonge dans son passé familial, qu’elle fouille, trifouille, dissèque, analyse, commente, à la recherche d’images et de faits qui puissent l’aider peut-être à se comprendre elle-même... Louable démarche, même si, par nature, je suis assez peu attiré par cette perpétuelle analyse de son nombril, d’autant plus que du nombril on passe volontiers un peu plus bas, en se fouillant sans relâche dans la petite culotte et ses secrets de famille... Là, ça ne rate pas, et dès la page 60, on y arrive : les menstrues sont là ! Heureusement le bouquin est très court, 105 pages. Annie Ernaux parle surtout de sa mère dans ce livre, décrivant en particulier sa fin, lorsqu’elle sombre peu à peu dans la maladie d’Alzheimer, ce naufrage irrémédiable. On ne peut pas dire que c’est un bouquin qui fasse rêver. Plutôt un document, bien écrit. Pourquoi pas ? Trois cents pages sur le sujet, j’aurais abandonné ! Mais 105 pages, ça passe.... A lire si vous aimez qu’on se trifouille l’ego...


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  • Crimes célèbres, récits d’Alexandre Dumas,  1839-1840

    Crimes célèbres est une oeuvre de jeunesse d’Alexandre Dumas, dans laquelle il raconte un certain nombre de crimes qui ont défrayé la chronique. Dans le bouquin que je viens de lire, étaient regroupées les histoires suivantes :

    - La marquise de Brinvilliers

    - La Marquise des Ganges

    - Murat

    - La Comtesse de Saint-Géran.

    Dans chacune de ces histoires, Alexandre Dumas raconte donc des faits réels dramatiques, où la mort, l’assassinat, tiennent les premiers rôles. Tout au long des divers récits, l’auteur soutient la thèse suivante : les crimes ne sont pas le fait  d’un individu en tant que tel. Ils sont le résultat d’injustices commises antérieurement, d’inégalités graves, ou de pressions sociales ou politiques. Alexandre Dumas reprendra certaines de ces histoires dans ses romans.

    Cela dit, le livre présente peu d’intérêt littéraire... ! D’ailleurs.... il n’était pas vendu en librairie mais... offert par les stations service Total aux automobilistes ayant fait le plein !!! J’en connais qui devaient faire drôlement la gueule à la pompe, ne lisant jamais, et en tout cas, surtout pas un livre classique ! Quoi qu’il en soit, et bien qu’offert par Total, ce livre n’est pas super ! à oublier !


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  • Les Jeunes gens d’aujourd’hui, essai, d’Agathon,  1913

    Ce livre n’est pas un roman, mais une sorte d’étude à prétention statistique, rédigée par deux tristes sires qui ont pris le pseudo d’Agathon.  Même pas le courage de dévoiler leur identité. Mais, comme il y a prescription depuis longtemps, voici les noms des deux auteurs : Alfred Tarde (1880-1925), journaliste et économiste réactionnaire, et Henri Massis (1886-1970),essayiste politique et historien de la littérature, appartenant à l’ultra-droite la plus raciste et la plus réactionnaire qui soit.. Heureusement on a oublié ces deux noms, bon débarras ! De quoi traite leur bouquin ? En fait il entend démontrer le renouveau de la jeunesse de l’époque. Selon  ces deux cons, la jeunesse a pris en horreur le socialisme, le pacifisme, la fraternité et l’humanisme.... Elle a pris en horreur la science, pour en revenir aux vraies valeurs, à savoir la noblesse de la guerre et la religion catholique !!! Ils exaltent dans leur livre les vertus de l’héroïsme, du patriotisme, de la race, du sport, ainsi que le renouveau d’une religion catholique pure et dure dont ils se félicitent ! Bien entendu, ils ont horreur de Zola, de Maupassant, de la liberté, des mœurs légères : on peut et on doit baiser, ça oui, mais uniquement dans le cadre sacré du mariage et de la famille, et pondre de nombreux mouflets pour en faire don à la patrie sous la forme de chair à canon !!!...  Au fait, le livre s’est appuyé sur une « enquête » auprès des jeunes, certes. Mais pas n’importe lesquels : uniquement les jeunes étudiants post-bac, autrement la fine élite de la France d’alors, moins de 5% de la population ! L’avis de la jeunesse ouvrière, paysanne n’intéresse en aucune façon nos deux idéologues de la haine et de la volonté de puissance ! Leurs maîtres : Charles Maurras, Nietzsche... Bref, on n’est pas étonné que la Grande Guerre ait fait près de deux millions de morts en France, avec les idées à la con véhiculées dans ce bouquin que l’on pourrait sous-titrer : Travail-Famille-Patrie ! Comme quoi Pétain n’a rien inventé : tout cela était en germe déjà, avant même 1914. Ouvrage odieux et scandaleux, mais intéressant à parcourir, car il éclaire d’un jour effrayant la Grande Guerre, où l’on a envoyé d’abord au massacre les jeunes gens  d’humble condition, ceux-là même qu’on avait soigneusement écartés de l’enquête sur la jeunesse !!! Mais ne nous y trompons pas : les idées véhiculées ici ne sont pas mortes : ceux qui défilent aujourd’hui pour remettre en cause l’avortement font partie de cette effroyable cohorte réactionnaire et moralisante... La haine des autres, le sectarisme religieux sont toujours d’actualité ! 


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  • La Marquise de Pompadour, roman de Michel Zevaco, 1912

    Je viens de terminer La Marquise de Pompadour : on ne peut pas dire que ce récit soit passionnant, du moins quand on le lit de nos jours. Ce roman est en fait un feuilleton, dans lequel chaque chapitre se termine par une sorte de scoop, histoire de donner au gogo l’envie de lire l’épisode suivant.  Au fond, Plus Belle la Vie n’a rien inventé ! Tout est là déjà chez Michel Zévaco. Bref, ce roman  est une véritable ratatouille historico-sentimentale sur les amours de louis XV et de la marquise de Pompadour, sur fond de vie courtisane, d’intrigues compliquées, de duels entre nobles rivaux, tous plus insolents les uns que les autres. Les hommes se querellent avec de beaux mots et de grandes phrases, et aussi avec des épées, les femmes se jalousent et n’ont qu’une hâte : se taper le roi Louis XV et devenir une favorite. Sympa tout de même, la Pompadour : comme l’amour avec Louis XV l’emmerdait grave, elle avait trouvé un truc pour garder son influence malgré tout auprès du roi : elle avait organisé dans le quartier du Parc-aux-Cerfs à Versailles un véritable élevage de jeunes filles très jeunes qu’elle amenait au roi toutes les fois que tel était son bon plaisir (et c’était souvent ) ! Madame de Pompadour, née Jeanne Poisson, mourut à 43 ans d’une congestion pulmonaire, car Versailles, bien que résidence royale, n’avait même pas le chauffage électrique intégré !... A noter : très chiant à lire, le roman de Zévaco ferait en revanche un excellent film d’aventures historiques, truffé d’histoires de cul, de tromperies et de rabibochages, un peu comme Plus Belle la Vie, mais avec des beaux costumes, des robes de princesse et un langage plus distingué, plein de périphrases et d’imparfaits du subjonctif !


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  • Marie-Claire, roman de Marguerite Audoux, 1910

    Je l’ai déjà dit, mais je le répète car certains sont durs à la comprenette : il n’est pas indispensable de se ruer sur le dernier bouquin paru, vendu trop cher  en tête de gondole du supermarché, entre  le papier à cul en promo et les chocolats de Noel en solde. On peut trouver d’excellents bouquins en fouinant un peu. C’est ainsi que j’ai déniché à Vitry un roman ancien : Marie-Claire, publié par Marguerite Audoux en 1910 ! Pour une fois, je vais parler de l’auteur avant de parler du livre... Marguerite Audoux naît en 1863 à Sancoins, dans le Cher. A trois ans, sa mère meurt. Juste après, son père s’en va, abandonnant ses deux filles. Marguerite passe neuf années à l’orphelinat de l’Hôpital général de Bourges. De 1877 à 1881, Marguerite, qui a 14 ans,  est placée comme bergère d’agneaux en Sologne à Sainte-Montaine, près d'Aubigny-sur-Nère. A 17 ans, elle est amoureuse du jeune Henri Dejoulx, mais la famille d’Henri, par peur d’une mésalliance, met un terme à cette histoire. L’orpheline quitte alors la Sologne et monte à Paris, où elle vit difficilement comme couturière. Le chômage la contraint de faire des petits boulots très durs, à la Cartoucherie de Vincennes et dans la buanderie de l’Hôpital Laennec. Pendant ces années de misère, en 1883, elle a un enfant qui ne survit pas, et dont l'accouchement pénible lui vaut une stérilité définitive. À la même époque, sa sœur Madeleine lui laisse sa fille Yvonne, que la future romancière élève, en dépit de ses difficultés financières. C’est précisément cette nièce qui, sans bien sûr en avoir conscience, va favoriser la carrière littéraire de sa mère adoptive : la jeune fille, à seize ans, se prostitue, à l’insu de sa tante, dans le quartier des Halles de Paris ; or, un jeune homme, qui ignore qu’elle fait la pute, s’éprend d’elle. Il se nomme Jules Iehl, alias Michel Yell en littérature, c’est un ami d'André Gide. Quand il prend conscience de la situation, il va voir la tante... dont il tombe amoureux, délaissant du coup la nièce. Yell présente son amie Marguerite Audoux à  un groupe d’intellectuels, écrivains et artistes, parmi lesquels figurent Charles-Louis Philippe, Léon-Paul Fargue, Léon Werth et Francis Jourdain. Michel Yell découvre que celle avec qui il partage ses jours (et qui, dès 1895, a définitivement adopté le nom de sa mère : Audoux) a écrit ses souvenirs, et d’une fort jolie façon. Il en informe ses camarades. Francis Jourdain est un ami d’Octave Mirbeau, et va trouver l’auteur du Journal d’une femme de chambre. Octave Mirbeau tombe immédiatement sous le charme du manuscrit et l’impose à son éditeur. C’est donc à Octave Mirbeau que la bergère-couturière des lettres doit la sortie de son livre Marie-Claire... qui reçoit en outre le Prix Femina, décerné le 2 décembre 1910 à l’ancienne petite bergère d’agneaux. Les ventes dépasseront les cent mille exemplaires. En 1920 paraîtra un deuxième roman, suite du premier : L’Atelier de Marie-Claire. Mais avec un tirage de 12 000 exemplaires, le succès est bien moindre. Il faut dire qu’entre temps, deux grands amis de Marguerite Audoux sont morts : Octave Mirbeau et Alain-Fournier... Commence alors un oubli progressif, et Marguerite Audoux meurt le 31 janvier 1937 à Saint-Raphaël où elle est inhumée. Précisions pour les curieux : sur la mairie de Sainte-Montaine (Cher), une plaque rappelle la petite bergère qui y séjourna. De même, une plaque est posée sur la façade du 10 rue Léopold Robert, dans le14è arrondissement de Paris, où Marguerite Audoux vécut de 1908 à 1935. Une dernier point : un petit musée est consacré à sa mémoire à Aubigny-sur-Nère, dans le Cher...

    Passons au livre : je n’en dirai pas grand-chose parce que c’est inutile : l’histoire racontée dans Marie-Claire est... tout simplement celle de la vie l’auteur. Une vie extraordinaire qui ressemble à un roman, et qu’elle nous raconte avec une simplicité désarmante et une grande sensibilité. Quel courage aussi chez cette femme ! Dans Marie-Claire, nous suivons l’héroïne de sa naissance à son départ pour Paris. A lire absolument. Précision : je viens de télécharger gratuitement (et légalement), sur ma liseuses électronique, la suite : L’Atelier de Marie-Claire, qui raconte la vie de Marguerite à son arrivée à Paris...


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