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     Contre-enquête, sorti en 2007,  est un excellent film policier, un vrai polar de belle facture réalisé par Franck Mancuso. En outre et sans supplément de prix, il nous donne à voir un Jean Dujardin qui sort enfin du personnage où il est enfermé depuis trop longtemps : le macho,  velu et mal rasé, hâbleur et déconneur, un peu con sur les bords et même au centre, tombeur de femelles sottes dans les terrains de camping… Là il se convertit enfin à l’intelligence, ce qui prouve qu’il a un cerveau et qu’il sait s’en servir quand on lui en donne l’occasion : bravo pour cette conversion, il était temps ! Et donc, dans ce film, Jean Dujardin joue le rôle de Malinowski, capitaine à la brigade criminelle, et dont la fille, âgée de neuf ans, est violée et tuée dans une forêt proche de son domicile… L’enquête aboutit rapidement. Les collègues de Malinowski mettent les bouchées doubles pour arrêter le salaud qui a fait ça. Un suspect est rapidement arrêté, avoue, et est condamné à trente ans de réclusion. Les choses pourraient en rester là, mais bon, ce serait un peu court pour faire un film ! Alors l’affaire rebondit : le détenu clame son innocence depuis sa cellule, et écrit au policier, père de la petite fille assassinée. Curieusement, notre flic Dujardin semble troublé malgré sa douleur. Il lit les lettres du condamné et finalement, seul, se lance dans une contre-enquête officieuse malgré le désaveu de tous ses collègues. Un autre homme a été vu dans les bois au moment des faits… Et si le condamné n’était pas le vrai coupable ? Et si le vrai coupable était cet autre homme, déjà condamné dans des affaires de mœurs ?... Le capitaine Malinowski-Dujardin va tout faire pour faire libérer le détenu, et mettre fin à cette erreur judiciaire… Mais est-ce une erreur judiciaire ? ...  Jetez-vous sur le dvd et vous saurez tout. Sachez que le film est très bien construit, les événements s’enchaînent et s’emboîtent à un rythme soutenu qui maintient un suspense constant que rien ne vient affadir. Et, répétons-le, on découvre un autre Jean Dujardin qui se révèle un bon comédien, sensible et juste, parfaitement crédible dans ce rôle de policier blessé,  à l’opposé de l’histrion très beauf de nombre de films précédents. Contre-enquête, un film à voir absolument.


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  •  Je viens de voir Shutter Island, sorti sur nos écrans en février 2010, et que des raisons diverses, dont vous vous foutez éperdument, m’ont empêché de voir en salle à l’époque… Rassurez-vous, à l’issue de ce long film (2h17 mn) du réalisateur Martin Scorsese, je ne me livrerai pas à ces interminables analyses comme font les pédants de ciné-clubs et les intellos qui sévissent particulièrement dans le monde du 7è art. Avez-vous remarqué ? Ils ne peuvent pas s’en empêcher, ils vous parlent inlassablement des mouvements de la caméra, de la lumière, des plans de coupe, du montage et autres insanités techniques, un peu comme si, à propos d’une nouvelle de Maupassant je m’intéressais au nombre de virgules, à la taille des caractères et au nombre de paragraphes dans chacun des chapitres !... Y a vraiment que les intellos du cinéma pour nous emmerder avec ça ! Moi, ayant vu Shutter Island, je vous dis simplement que c’est un film excellent. Et si vous me lisez habituellement, vous savez qu’il est rarissime que j’emploie un qualificatif aussi élogieux ! En fait, ce film est excellent parce que, dès les premières images, quelque chose de mystérieux et d’ineffable vous saisit, vous emporte hors du temps, hors de la salle et hors de vous-même. Et ce quelque chose ne vous lâche plus jusqu’à la fin du film. Vous suivez l’arrivée de deux enquêteurs de police dans cette île étrange au large de Boston : Le marshal Teddy Daniels (Di Caprio) et son adjoint Chuck Aule (Mark Ruffalo). Et d'emblée vous êtes intrigué par les gardiens sur-armés qui gardent cette île. Vous comprenez très vite qu’on y détient les malades mentaux les plus dangereux. Les deux enquêteurs sont venus pour éclaircir la mystérieuse disparition d’une patiente, qui a réussi à déjouer toutes les sécurités et qui rôde quelque part dans l'île… Les choses semblent donc claires : deux policiers vont mener une enquête dans cette lugubre île de fous, où l’on pressent que se passent des choses étranges avec les patients… On éprouve un malaise devant les gardiens lourdement armés et devant l’attitude inquiétante des médecins dont on perçoit une sorte d’hostilité froide et cruelle… L’île évoque les sinistres camps de concentration, et les expériences menées par des médecins sur des malades… Mais très vite aussi, et c’est le génie de Scorsese dans ce film, on vacille dans nos certitudes : qui sont les fous ? Qui sont les gens normaux ? Qui est cet enquêteur que l’on voit poursuivi par d’étranges cauchemars où l’on voit sa femme noyer les trois enfants du couple ? Le doute s’installe peu à peu… Le film se transforme alors en un thriller haletant, sans une minute de répit, sans une seconde d’ennui… Peu à peu, les rôles semblent s’inverser : L’enquêteur principal  (joué par Léonardo du Caprio) apparaît comme un dément, traumatisé par son passé, tandis que la redoutable équipe médicale de l’île semble jouer finalement son rôle normal de thérapeute…. Mais peut-on en être sûr ? Où est le bien, où est le mal, de quel côté est la vérité ? Qui ment ?... Et lorsque s’affiche le mot fin, il reste encore au fond de nous des interrogations et des doutes… « Vaut-il mieux vivre comme un monstre ou mourir comme un homme de bien ? » Telle est la question que pose Scorsese tout à la fin de son film, une fin en forme de point d'interrogation. Si vous ne l’avez pas vu, courez-y. Si vous l’avez vu, revoyez-le. Shutter Island n’est pas seulement un film, c’est un grand moment de cinéma, et c’est aussi, sans quitter son fauteuil, un grand voyage que l’on fait au fond du cœur et de l’esprit des hommes, au fond de soi-même aussi, par conséquent… Assurément, un tel voyage, ce serait dommage de ne pas le faire…


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  •  Prédictions est un film fantastique de très belle facture. J’ai bien dit film fantastique et non pas film d’horreur, car il n’y a ici aucun monstre, pas d’effroyables meurtres à coups de hache avec tripes à l'air, pas d’infections virales avec vomissements de toutes les couleurs… Rien que des gens normaux, comme vous et moi…. Et pourtant, la peur et l’angoisse vous prennent et ne vous lâchent plus tout au long de ce film où tout est puissamment suggéré… Voici l’histoire : Nous sommes en 1959, et on inaugure une école primaire. A cette occasion, les élèves d’une classe et leur institutrice ont eu une idée : placer des textes dans une urne que l'on ouvrira dans cinquante ans. Chacun écrit un mot ou fait un dessin. Mais une des élèves, Lucinda, n’a ni écrit ni dessiné, elle a seulement couvert sa feuille de chiffres… Les documents sont donc placés dans une urne scellée que l’on ouvrira dans cinq décennies (et non cinq décades comme disent les incultes!)... 2009 : A l'occasion du cinquantenaire de l’école, on ouvre l’urne, et les documents sont remis aux élèves. L’un d’eux, nommé Caleb a reçu la liste de chiffres de Lucinda et la remet à son père… Celui-ci, intrigué par les chiffres, les analyse et finit par découvrir que les dates indiquées font référence à des terribles accidents qui se sont produits depuis ! La petite Lucinda avait donc un don mystérieux pour faire de redoutables prédictions… Or, voici que le père de Caleb découvre soudain avec horreur que les quatre dernières séries de chiffres correspondent à des catastrophes futures : pourra-t-il agir pour les empêcher ?...  Quant à la toute dernière série de chiffres, elle semble plus terrifiante encore !... Retrouver Lucinda ? Impossible, elle est morte depuis des années !.... Stop, j’arrête ! Impossible d’en dire davantage sans dévoiler trop de choses ! Mais sachez que le suspense est rondement mené, et que la peur est d’autant plus grande qu’on la sent crédible, dans un monde qui est le nôtre, avec des gens qui sont normaux… Un excellent moment de cinéma, du moins pour ceux qui n’ont pas peur de faire des cauchemars… 


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  • Tout nouveau tout beau, ça vient de sortir en salles ! Voici, une fois n’est pas coutume, une comédie française bien ficelée. Bien sûr ce film est parfois caricatural… quoique ! Bien sûr il est parfois outrancier… quoique !... Mais disons-le d’emblée : sa force tient au jeu crédible de trois acteurs majeurs : Fabrice Lucchini joue ici un agent de change coincé. Saluons sa prouesse : il joue très bien le rôle du bourgeois aisé, et ne joue pas du Lucchini comme il l’a fait trop souvent… Sandrine Kiberlain est parfaite dans le rôle de l'épouse, bourgeoise raffinée, conformiste et sotte. Enfin, Natalia Verbeke (je ne la connaissais pas), interprète de manière très juste le rôle de la petite bonne espagnole (ravissante !)…L’histoire ?... Oh pardon, je vous sens impatients ! J’aurais dû commencer par là : Nous sommes à Paris en 1962. Jean-Louis Joubert (Lucchini) est un agent de change qui vit dans un immeuble cossu où il est né, et où vivaient déjà ses parents et ses grands-parents. Sa femme est une bourgeoise futile. Ils ont une bonne, la brave Germaine, qui les quitte après plus de  vingt ans de bons et loyaux services.  Il faut la remplacer. Or, ça tombe bien, au 6è étage vivent les bonnes, toutes des Espagnoles, qui forment une communauté joyeuse et amicale. Le couple embauche donc l’une d’entre elles, Maria (Natalia Verbeke)… Oui, vous devinez la suite : Lucchini va se taper la petite bonne ! Vous avez tout faux ! Enfin, pas tout-à-fait, c’est plus complexe… Notre bourgeois coincé va découvrir peu à peu ce monde simple et vrai des bonnes du 6è étage, mais aussi les vraies conditions d’existence de ces femmes souvent exilées de leur pays pour des raisons politiques ou tout simplement familiales… Et puis il se découvre au milieu d’elles une vraie famille, une vie vraie qu’il n’a jamais connue.  A noter toutefois qu’il ne se trompe pas de bonne ! Il délaisse les moches, et choisit Maria, qui est évidemment très jolie et toute jeune (Natalia Verbeke) C’est là qu’on voit que c’est du cinéma : dans la réalité il n’y aurait eu que des moches assez âgées !... Eh oui, la vraie vie ce n’est pas du cinéma ! Lucchini quitte sa femme et va vivre dans une chambre de bonne. Maria ne passera avec lui qu’une seule nuit, avant de repartir en Espagne sans le prévenir…. Comment tout cela va-t-il finir ?.... Allez au cinéma et vous le saurez. En tout cas, cette comédie n’est pas une franche rigolade, c’est aussi une fable, et même un témoignage sur les rapports maîtres/serviteurs, des rapports de domination basés sur l’argent et le mépris, des rapports qui ne sont finalement pas très éloignés des comportements des maîtres vis-à-vis de leurs esclaves… Il n'est que d'entendre la manière dont les deux enfants du couple, deux sales petits cons en pensionnat, parlent à la bonne quand ils séjournent chez leurs parents !... Mais bon, allez voir vous-mêmes Les femmes du 6è étage, elles vous attendent au cinéma près de chez vous.


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  •  Brocken Flowers est l’archétype de l’américanerie sentimentaliste et pleurnicharde, autrement dit des tonnes de philosophie bas de gamme à propos d’histoires de cul bien banales, qui sont notre lot à tous, dans le cadre de notre condition humaine… De quoi que ça cause ? Je vous narre la chose, lisez : donc, vous avez un homme qui filait le parfait amour avec sa femme du moment… Bien entendu, il se foutait de tout le reste. La terre entière aurait bien pu crever, il se fichait éperdument des autres et de leurs problèmes, ce n'étaient pas ses oignons : son cul seul le préococcupait, et quand je dis son cul, je parle de sa petite situation personnelle, son petit bonheur profondément égoïste… moi… moi… moi !... Bref, un homme ordinaire, un pauvre type comme votre voisin de palier…Pas comme vous bien sûr qui êtes au-dessus de ces basses contingences !!! Mais voici que sa compagne le quitte. Du coup, et comme par miracle, notre héros s’intéresse soudain à ses ex, qu’il avait parfaitement délaissées pendant des années, sans le moindre état d’âme ! Intérêt retrouvé pour les autres, regrets tardifs… ? Pas du tout ! Car s’il se lance à la recherche de ses ex… c’est seulement dans l’espoir de retrouver son fils ! Eh oui, encore une motivation parfaitement égoïste ! Aucun altruisme là-dedans, rien que l’assouvissement de petites envies mesquines et égotiques ! Rien d’autre ! Et on en fait un film !... Moi, je trouve ça assez pitoyable ! Mais les critiques ont été généralement favorables à ce film. Comme si le fait de dépeindre cette humanité égoïste et sordide, lâche et veule, leur semblait le summum de la délicatesse ! Comme un aveu d'impuissance devant la bassesse humaine... Il est vrai qu’il y a aussi dans ce film un humour grinçant, et que l’humanité est cruellement mise à nu, avec sa petitesse et ses pleurnicheries sentimentales… Je déteste ce genre de cinéma, qui se complaît dans la bassesse des préoccupations intimistes plutôt que d’exalter la grandeur…


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