•  Une fois encore, Alain Bérard, écrivain régionaliste demeurant dans les Hautes-Vosges, nous entraîne dans une des innombrables légendes qui peuplent ce pays de sapins, d’épicéas et de mélèzes, en des temps reculés, ceux du Moyen-Âge… Comme le titre le mentionne sans qu’il soit  besoin de faire appel à des exégètes, nous suivons la vie d’une petite fille, qui découvre un jour que sa maman s’appelait Mélusine, et qu’elle-même était une fée… En fait, à la fois une femme et une fée… Plongée dans le monde rude et guerrier du Moyen-Âge, elle va éprouver de l’amour pour le jeune Tiphaine, auquel elle va céder (évidemment !) après l’avoir maintes fois repoussé et avoir dit non de la manière la plus catégorique et la plus définitive, comme il est courant chez la gent féminine, fées ou non !!! Passons !... Il va arriver à la fée Merlusse tout plein d’aventures, avant d’en arriver à un dénouement surprenant, un peu triste, mais qui demeure… féerique bien sûr !... J’aime ces histoires racontées par Alain Bérard, qui nous donne à lire des récits enchantés et enchanteurs qui nous changent des frénésies vaginales, fureurs utérines et autres histoires de sécrétions de petite culotte que nous détaillent nombre d’écrivaines contemporaines, dans ce que j’appelle la littérature-tampax où elle se délectent !... Par contre, Alain Bérard, que je connais et que je salue ici,  devrait changer d’éditeur ! Car  le Vert-Galant éditeur a laissé dans ce bouquin beaucoup trop de fautes, de bourdes, de coquilles…. J’en ai trouvé plus de cent, dans les 238 pages du roman… Pas très sérieux pour un éditeur !...


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  •  Il y a peu de rapport entre une berline Ford Focus de 75 000 km et le film de Woody Allen, et pourtant ! Mais lisez plutôt : La Ford Focus c’est ma voiture, et à la suite du contrôle technique obligatoire, je me suis rendu chez Norauto au centre commercial de Belle-Epine. Je sais, vous vous en foutez et vous avez raison, mais comme il fallait deux heures pour changer les quatre pneus de ma voiture, j’en ai profité pour aller au cinéma, histoire de ne pas m’emmerder à attendre bêtement, d’autant que - damned ! - j’avais oublié de prendre un bouquin !  Et donc j’ai atterri dans un fauteuil de velours rouge, avec sur l’écran le dernier Woody Allen « Minuit à Paris ».  D’emblée, j’avoue avoir été déconcerté dans un premier temps. Le film débute par  des vues de Paris, véritable défilé de cartes postales, dans des couleurs artificiellement réchauffées, dans un kaléidoscope presque mièvre... Et puis on enchaîne sur des scènes bavardes avec des personnages assez statiques  se lançant dans des tirades longuettes... Un brin chiant pour parler bien franc... Mais soudain, il se passe quelque chose de magique, c'est comme une vague de poésie qui vous prend, qui vous emporte dans un film qui se met à ressembler à une conte onirique, une fable poétique mêlée de fantastique. Le personnage principal, un écrivain tourmenté, (Owen Wilson) fiancé à une blonde toute fraîche, se met à parcourir Paris la nuit quand les douze coups de minuit sonnent, sans sa fiancée bien sûr. Mais, par la grâce de Woody Allen, cette errance le transporte étrangement dans d'autres époques... Le voici en 1920, les années folles, où il rencontre Salvador Dali, Luis Bunuel, mais aussi une délicieuse jeune femme, toute d'intelligence et de charme, jouée par Marion Cotillard, laquelle a la nostalgie de la Belle-Epoque.... Une jolie romance débute par-delà les décennies, entre le héros, emmerdé par une fiancée américaine casse-burnes et l'évanescente Marion Cotillard et sa robe fluide pour danser le Charleston... Soudain propulsé, une autre nuit, dans les années 1900, voici que notre écrivain et son égérie de rêve se retrouvent au Moulin-Rouge, à la table de Toulouse-Lautrec, Gauguin... Cela donne lieu à de beaux quiproquos entre tous ces personnages appartenant chacun à une époque différente ! L'écrivain est de 2010, Adriana (Marion Cotillard) vit en 1920, et Toulouse-Lautrec en 1900... et tout ce petit monde se rencontre "pour de vrai", c'est-à-dire qu'on y croit... Petit détail : Carla Bruni, l'épouse de qui vous savez, fait quelques brèves apparitions, souriante et mutine, en jouant dans ce film le rôle de guide-conférencière au Musée Rodin de l'Hôtel de Biron... La vérité, la fiction, le rêve, la réalité, tout cela n'a pas grande importance dans ce film, et il en résulte finalement un constat  : chaque personnage, quelle que soit l'époque à laquelle il vit, considère que... c'était mieux avant ! Ah ! Nostalgie, quand tu nous tiens ! Du beau, du grand cinéma en forme de conte philosophique, du Woody Allen pur jus ! Ça m'a tout de même coûté 424 euros ! Mais non, pas le ciné, voyons, mais les quatre pneus de ma Ford Focus que je suis allé récupérer après la séance  !!!...



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  •  Prenez deux bons acteurs comme Benoît Poelvoorde et Isabelle Carré, juste au moment où ils manquent de fric pour changer de Porsche ou financer une villa de luxe sur la Côte ou une maison authentique dans le Luberon… Proposez-leur alors de tourner un navet conformiste… Bien entendu, ils accepteront pour regonfler un peur leur porte-monnaie… Au final, ça donne Les émotifs anonymes, un film cul-cul la praline, bêta, niais et bien-pensant… En gros, une fille hyper-timide rencontre un patron hyper-coincé… Que va-t-il se produire à votre avis ???... Mais oui voyons !.. Va y avoir de bons gros gags pour faire marrer les familles gentillettes ! Tout ça est bien sage, bien mignon, de la vraie série Harlequin, de la romance façon France-Loisirs sélection du trimestre ! Franchement, pas de quoi se péter un neurone en se prenant la tête comme lorsqu’on visionne un remake d’Ingmar Bergman revu par Agnès Varda avec des dialogues de Margueritte Duras ! Non, ici, c’est cool et clean, pour jacter façon jargon branché pour imbéciles ! Rassurez-vous, braves gens, avec Les émotifs anonymes, vous allez pouvoir pioncer peinards dans le canapé… Soyez sans inquiétude ! Tout va s’arranger à la fin : nos deux timides vont tomber dans les bras l’un de l’autre, et ça nous promet une belle petite vie plan-plan avec une ribambelle de moutards pour surpeupler encore un peu plus notre pauvre Terre ! Le bonheur façon Panurge, comme tout le monde, avec les allocations familiales en guise de stock-options, en attendant le divorce, la ménopause, la retraite !... Exaltant !..... Si vous n’avez pas vu ce film, et si la romance gnan-gnan vous bouleverse, surtout mettez TF1, ça ne  devrait pas tarder, vous y aurez droit, entrecoupé de pubs par-dessus le marché !....


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  •  Les Noces barbares, roman de Yann Queffelec, a obtenu le Prix Goncourt en 1985.  De mémoire de lecteur, je n’ai pas le souvenir d’un autre livre plus sombre, plus noir, plus désespérant.  Vraiment, Vipère au poing d’Hervé Bazin et la célèbre Folcoche, Sans famille d’Hector Malot, ou encore David Copperfield  de Charles Dickens, tout ça c’est de la gnognotte à côté des Noces barbares ! C’est incroyable ! L’histoire est tristement simple au départ. Nous sommes au lendemain de la seconde guerre mondiale. Nicole a treize ans et elle a déjà de belles miches… Normal, son père est boulanger. Elle se fait draguer par un jeune soldat américain qui lui raconte les salades habituelles : il est d’une riche famille, possède un immense ranch. Le papa boulanger s’offusque bien un peu de voir sa petite ainsi convoitée si jeune, mais la perspective du ranch et de la fortune le rend beaucoup plus large d’esprit : sa morale est comme celle de tout le monde, elle est à géométrie variable et l’argent l’assouplit considérablement !...  La toute jeune Nicole gobe donc  le baratin de l’Amerloque, car comme toutes les petites filles, on lui a raconté plein de belles conneries sur le prince Charmant, les robes de princesse, la poupée Barbie, son crétin de Ken, et j’en passe ! Hélas, elle rencontre bientôt la réalité, beaucoup moins rose : Le soldat américain l’entraîne dans son casernement, et la viole, tout en en faisant profiter deux potes, qui ne se le font pas dire deux fois, après l'avoir tenue fermement pendant que le premier copain s'activait en éclaireur ! Et voilà la toute jeune Nicole triplement violée et enceinte, tandis que les bidasses retournent fissa aux USA, où ils sont plongeurs ou manutentionnaires, des pauvres types quoi ! Pas de richesse, pas de ranch non plus, adieu veaux vaches cochons couvées, mais voici un moutard braillard prénommé Ludo, qui naît neuf mois plus tard, classique !  C’est toujours les mêmes rengaines. On a beau dire de faire gaffe, ça sert à rien, les mêmes conneries, toujours recommencent, à croire que les gens aiment ça… Mais bon, ce n’est pas le sujet… Car ce viol initial n’occupe que quelques pages, aussi vite à écrire qu’à faire… Tout le reste du roman, c’est la dégringolade terrifiante et inexorable de Ludo, enfant non voulu, enfant rejeté, enfant non aimé. Ludo est le seul innocent de cette histoire, et il va payer pour toutes les saloperies des adultes. Il a beau faire, il a beau dire, on le rejette, toujours davantage… Il fait mille choses pour se rapprocher de sa mère… rien à faire, ses tentatives échouent. On espère chaque fois entrevoir un mieux, et puis non, c’est pire…. Voici que Nicole, la mère, fait placer Ludo dans un établissement pour débiles divers… Tout est bon pour s’en débarrasser… Dimanche après dimanche, au moment des visites, Ludo voit arriver à l’institution les parents des autres enfants placés là comme lui… sa mère, elle ne vient jamais… Mais il espère toujours. Nous aussi, on espère, car à nous aussi on a raconté des conneries : qu’il suffit d’attendre, que tout finit par s’arranger dans la vie… Erreur, mensonge ! Et de fait, rien ne viendra jamais éclairer cette désespérance. Chaque chapitre est un nouvel enfoncement… Au fond, ce livre illustre la plus grande et la plus terrible inégalité dont sont victimes les enfants : ils n’ont choisi ni leur naissance ni leurs parents, ils les subissent pour le meilleur et pour le pire. Ici, il n’y a que du pire, du début à la fin !  Ne l’emportez donc pas sur la plage aux prochaines vacances, ce n’est pas le genre de truc qu’on lit en bronzant idiot au milieu des strings et des tas de lard qui s’exhibent sans vergogne. Mais comme il n’est pas interdit d’être intelligent, et vous l’êtes sans doute, mettez-le tout de même dans votre valise, il en vaut la peine. Les Noces barbares, de Yann Queffelec, un livre à lire.


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  •  Le couperet est un excellent film de Costa-Gavras, mais il  est vrai que je ne dis rien là d’original, puisque Costa Gavras n’est pas spécialement un spécialiste des films cons. Une fois de plus donc, il nous donne ici une œuvre puissante, intéressante à plus d’un titre, un thriller original … L’histoire, pourtant invraisemblable, est si bien tournée et si bien interprétée par un José Garcia fabuleux de vérité, qu’elle nous semble étrangement crédible. José Garcia y campe monsieur Davert, un cadre supérieur de l’industrie du papier. Victime des restructurations et d’une délocalisation, il se retrouve chômeur. Belle maison, épouse haut de gamme, et tout et tout, the beautiful train de vie, davantage style villa de Maisons-Laffitte qu’HLM pourri et tagué d’Argenteuil… Evidemment c’est très dur ! C’est alors que germe une idée diabolique dans l’esprit de notre chômeur : s’il ne retrouve pas de boulot, c’est parce que des concurrents sont meilleurs que lui…La solution est simple : il faut les éliminer ! Il se procure donc les CV des candidats qui postulent aux mêmes emplois que lui… Et José Garcia excelle dans l’interprétation de cette double vie qui s’organise : il est mari modèle et père de famille attentif le soir, tandis que la journée, prétextant des entretiens, il va tuer ses concurrents à l’aide un pistolet Luger… L’histoire, dans son outrance, ressemble en fait à une fable sociale. Bien que caricaturale, elle sonne juste. Costa-Gavras jette un regard lucide et dur sur les ravages de l’ultralibéralisme et les drames humains qu’il entraîne à cause des délocalisations, des licenciements brutaux… Et il pousse jusqu'à sa logique extrême le "chacun pour soi" qui caractérise la compétition professionnelle. Le plus extraordinaire, c’est que nous ne ressentons pas d’antipathie pour ce tueur, tant le jeu de José Garcia donne à voir un personnage plus fragile que cruel, plus victime que tueur… Le film dure près de deux heures, mais sans aucune longueur, un bel exploit, du bon cinéma comme j’aime, et comme vous aimerez, vous aussi, j’en suis sûr !...


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