•  Ce roman est en quelque sorte une soupe aux herbes sauvages. Une littérature qui sent le terroir et les racines paysannes…  Le récit ne met pas en œuvre une intrigue bien originale. C’est seulement l’histoire d’un père et de son fils, qui ne se voyaient plus depuis plusieurs années, à cause d’histoires de cul entre grands dont les gosses sont toujours victimes… C’est vrai que dans les familles dites recomposées, on fait bien peu de cas des enfants : eux à qui on interdit de « sortir », on leur impose du jour au lendemain la présence à la maison d’un parfait inconnu dont ils n’ont strictement rien à foutre, au prétexte que c’est le nouveau mec de maman, ou la nouvelle poule à papa ! Et après, quand le gosse gueule, on dit que c’est à cause de l’âge ingrat !!! Ils ne manquent pas d’air les adultes ! Bref, à l’occasion de la mort de Samuel le grand-père, père et fils se retrouvent face-à-face dans la ferme où vivait le vieux. Retrouvailles autour d’un cercueil… C’est l’occasion d’une sorte de panégyrique à la gloire de la terre, de la famille, de la contrée sauvage, occasion aussi d’une sorte de plongée dans les racines du passé, le tout saupoudré d’un esprit post-soixante-huitard bien de chez nous !... C’est le premier roman d’André Bucher, et c’est assez bien écrit ; c’est sans doute pour cette raison que je ne me suis pas endormi en cours de lecture, car l’histoire est bien maigre selon moi. Et puis l’auteur, comme tous ceux qui veulent écrire « bio », se croit obligé de truffer son récit de mots que personne ne connaît en ville ; ça donne des trucs comme :

    • Les tiges de fléole
    • Le bois de fayards
    • ..S’accrochaient par touffes en ubac
    • Il faisait presque doux dans la combe
    • Ces saloperies de bestioles sont dans mes baïasses
    • …Commençait à tout bourouler
    • Je me suis levé pour espincher

    En fait, l’auteur oublie qu’un roman ne doit pas être un catalogue de termes techniques pour les initiés, mais un texte donné aux lecteurs, qui ne sont pas forcément des spécialistes, et auxquels il faut offrir lecture et rêve, et non pas la litanie d'un jargon qui gâche le plaisir de lire… Mais bon, le livre de Bucher ne mérite pas le bûcher !!!... Essayez : Le Pays qui vient de loin est publié  chez Sabine Wespieser – 18 euros - 

    Bio : André Bucher est né à Mulhouse, en Alsace, le 12 juillet 1946. Frappé de plein fouet, à l’âge de 22 ans, par mai 68 et sa pseudo-révolution, il ne s’en est jamais remis ! Reçu à l’Ecole Normale, il quitte avec dégoût cette voie glorieuse et se lance dans des métiers mieux considérés par les révolutionnaires, du moins quand ils sont jeunes et encore naïfs : bûcheron, docker, ouvrier agricole, berger…  Plus tard, quand les révolutionnaires ont vieilli et sont devenus des bo-bos (bourgeois-bohêmes) et qu’ils ont enfin compris que le caviar c'est meilleur que les œufs de lump mais que ça coûte plus cher, ils se tournent vers d’autres activités plus lucratives… André Bucher, lui,  s’est lancé dans l’agriculture biologique. Et dans ses moments libres pendant les longs hivers au sud de Sisteron, dans sa ferme à 1100 mètres d’altitude, il écrit. Et sa littérature est bio, elle aussi : naturelle et simple, sans additifs, juste un peu gnan-gnan par moments. 


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