•  Voici un livre dont la forme laisse perplexe : certes il est rectangulaire comme la plupart des livres, (vous l'avez peut-être remarqué !), il a une couverture avec un titre, et un dos avec quelques mots pour donner envie d'acheter l'ouvrage, et à l'intérieur il y a plein de pages, des pages qu'il faut encore feuilleter (avec parfois un discret petit coup de langue sur le doigt pour faire passer les pages rebelles), avant que la tablette Ipad n'envoie les bouquins au cimetière du souvenir où ils retrouveront les parchemins, les papyrus et les tablettes d'argile... Non, quand je parle de la forme, je veux dire que "La petite fille de monsieur Linh" est un récit qui est une sorte d'hybride de roman et de nouvelle. En fait, le mot "roman" est ici une supercherie commerciale destinée à faire vendre : chacun sait en effet – à part vous évidemment- qu'en France on se jette sur les romans, surtout s'ils sont idiots, et on dédaigne les nouvelles, surtout si elles sont bonnes... Mais maintenant vous le savez puisque je vous l'ai dit, je vous ai appris quelque chose encore, vous voyez, vous avez raison de me lire !... Venons-en au livre, qui est finalement une longue nouvelle, c'est-à-dire un récit dans lequel il y a une intrigue simple, très peu de personnages et une chute inattendue. Attention, je précise encore, pour les niais, qu'une chute inattendue ne veut pas dire qu'on se casse la gueule inopinément au détour d'un chapitre sur lequel on s'est endormi, mais seulement que la fin du livre est surprenante. L'histoire de monsieur Linh est simple dans son horreur tragique. Monsieur Linh est un vieux vietnamien. Un soir, ne voyant pas ses enfants rentrer de la rizière, il se rend jusqu'à la lisière – oui, j'ai dit lisière, pour éviter de répéter rizière, mais vous allez croire que j'ai fait une faute, alors bon, on va répéter, tant pis : monsieur Linh se rend donc à la lisière de la rizière (tiens, ça fait bizarre à l'oreille.. ah, les mots !) et il découvre un champ de boue ravagé par les bombes, un champ où gisent des cadavres : ses enfants sont morts. Plus loin, il y a leur enfant, la petite Sang Diu, âgée de six semaines, qu'ils avaient emmenée avec eux. Miracle : elle est indemne. Monsieur Linh prend sa petite fille et quitte son village. Il faut mettre la petite fille à l'abri de la guerre. Alors monsieur Linh prend un bateau, et début novembre, on le retrouve dans une grande ville portuaire de l'Occident. On suit alors monsieur Linh dans une existence quotidienne précaire, sans argent, sans métier, vieux, et ne connaissant pas un mot de la langue du pays où il est arrivé... Monsieur Linh est perdu dans cette grande ville agitée et bruyante, lui qui a laissé, très loin, un calme petit village... Mais il endure tout, pour s'occuper avec amour de Sang Diu, sa petite fille, si sage... Elle est la vie, elle est l'espoir... Le livre n'est fait que de ça : une description de gestes quotidiens, dans un récit serein et triste... Et cette tranquillité du récit contraste avec l'événement final, brutal, qui donne au livre une intensité dramatique supplémentaire en nous dévoilant l'identité de Sang Diu, la petite Vietnamienne, quitte à briser l'espoir... Mais je n'en dirai pas plus, sinon que ce récit a été écrit en 2005 par Philippe Claudel, lequel avait obtenu deux ans plus tôt, en 2003, le Prix Renaudot pour Les âmes grises, remarquable roman prolongé par un film non moins remarquable, mais histoire aussi triste que celle de la petite fille de monsieur Linh. Décidément, Philippe Claudel n'écrit pas pour nous faire marrer ! Et La petite fille de monsieur Linh n'est pas un livre où l'on riz !!!...


    2 commentaires
  •  Presque deux semaines sans rien écrire !... En clair, ça veut dire que je n'avais plus le temps de lire, accaparé par les mille tâches du jardin, lorsqu'on le retrouve au seuil de l'été après plus d'un mois d'absence ! Pardon à mes fidèles lecteurs et lectrices ! Pour ma rentrée critique, j'ai choisi "Le tournoi de Vauplassans", écrit par Maurice Maindron, un célèbre inconnu du 19è siècle, exhumé de l'oubli par les Editions France-Empire et leur collection : "Les petites merveilles du 19è siècle"... Hélas, malgré la pub, ce roman n'a rien d'une merveille, fût-elle petite ! Le tournoi de Vauplassans fait partie de ces histoires mièvres et bêtasses dont se délectaient nos ancêtres. Tous les ingrédients y sont : L'intrigue se déroule pendant les Guerres de religion, ce qui permet à l'auteur de faire son malin en nous parlant de l'Amiral de Coligny, histoire d'étaler sa science. Pour le reste, rien que des anecdotes à la con : un preux chevalier, rompu à toutes les violences les plus barbares, tombe soudain sous le charme de l'éblouissante Madeleine. Pourtant la belle ne porte ni string ni minijupe, et ne se désape pas devant sa webcam en gémissant ! Mais, à travers les tissus épais qui la recouvrent, notre chevalier craque pour quelques cheveux blonds et la ligne grêle d'une nuque entraperçue ! Pour pimenter l'histoire, notre héros est catholique, et Madeleine est huguenote... ça aurait été trop simple sans ça, évidemment. ! Alors, pour la séduire, le chevalier, qui s'appelle François, va donner un grand tournoi, histoire d'en mettre plein la vue à Madeleine, avant de lui en mettre plein la.. ah stop ! Ma femme qui relit mes textes, vient de me dire que là, je deviens franchement vulgaire ! Bon ! Pourtant je ne disais que la vérité, rien que la vérité ! Mais les femmes sont d'incorrigibles midinettes !... Passons ! Et donc, il y a un tournoi. Mais un autre chevalier, Jacques, tombe amoureux lui aussi de Madeleine, et même il blesse François. Cette suprématie lui confère le droit de prendre Madeleine comme fiancée. C'est comme chez les animaux : le plus costaud enlève le morceau, le morceau de choix étant ici la pure et vierge Madeleine. La belle, toute rougissante, et à demi-pâmée à la moindre émotion toutes les cinq pages, se soumet ! Mais François ne l'entend pas de cette oreille ! Il soudoie des hommes de main, lesquels vont enlever Madeleine dans le château où elle réside ! Bien entendu, elle proteste avec la plus haute énergie, et puis rougissante, encore vierge et pure ( mais plus pour longtemps !) elle se donne à son nouveau vainqueur, avec une fougue aussi violente que sa colère deux heures avant ! Eh oui, "Souvent femme varie, bien fol est qui s'y fie" comme l'a noté le roi François 1er en sa noble sagesse ... Vous pensez bien que le Jacques, lui, le fiancé officiel, il n'est pas du tout content qu'on soit venu lui piquer sa poupée ! Donc, toute la suite de l'histoire, à longueur de pages, on assiste aux affrontements des deux mâles en rut, aidés chacun d'une troupe armée, pour mettre la main (et pas que la main.. mais bon j'insiste pas, ma femme va encore protester !...)... pour mettre la main disais-je, sur les appas de Madeleine, toujours rougissante évidemment ! Et tout ça va mal finir, même pas la peine de ménager le suspense de ce roman idiot. Je vous dis tout : François va mourir... Madeleine, unique et irremplaçable, mourra aussi... Il restera Jacques, seul et qui poursuivra sa route, solitaire... et la queue entre les jambes, les siennes, et pas celles de Madeleine comme il avait espéré ! Mais je ne m'en fais pas pour lui, il en trouvera une autre, de Madeleine, même si elle se nomme Marie ou Brunehaut ! Elle aussi sera "unique et irremplaçable" : c'est la vie, une meuf chasse l'autre !...  Ne lisez pas "Le tournoi de Vauplassans", ce roman compassé et chiant  est loin de valoir les 18 euros de son prix de vente !... 

    Bio : Maurice Maindron est né à Paris en 1857, et il est mort en 1911. En fait il n'a rien d'un écrivain (On s'en doute un peu en le lisant !) C'est un scientifique, et plus précisément un entomologiste. Dès l'âge de 20 ans, il effectue de nombreux voyages d'étude en Nouvelle-Guinée, en Inde, en Indonésie, au Pakistan, en Somalie, au Sénégal... On l'embauche au Museum d'Histoire Naturelle à Paris, où il classe les hyménoptères, tâche passionnante s'il en est, essayez pour voir ! Il publie de nombreux textes et de nombreuses études sur les insectes. Plus tard, il délaisse les hyménoptères et se lance dans l'étude des coléoptères, pour changer (Si, si, je vous assure c'est très différent, les coléoptères, rien à voir avec les hyménoptères ! Ni avec les hélicoptères non plus, je le précise !). Avec tout ça, il espérait bien obtenir un poste de professeur au Museum d'Histoire Naturelle, mais des rivalités et des luttes intestines l'en écartent : lui qui a tant étudié les insectes, on lui cherche des poux dans la tête ! Pas de chance !... De dépit, il se lance dans l'écriture de romans et de nouvelles, et c'est ainsi qu'il écrit en 1895 "Le tournoi de Vauplassans, qui se veut un roman historique et qui n'est qu'un navet, ce que confirme le fait qu'il a été immédiatement couronné par l'Académie Française, remarquablement experte dans l'art de primer les navets ! En fait, Maurice Maindron, après avoir classé hyménoptères et coléoptères, a fini, en littérature, par sodomiser des diptères ! Le malheureux est mort en 1911, seulement âgé de 54 ans, victime sans doute d'une maladie tropicale contractée en traquant les coléoptères... Paix à son âme ! 


    1 commentaire
  • Pour une fois, ma critique n'en sera pas une, puisque ce livre "La vie des enfants dans la France d'autrefois" n'est pas une oeuvre littéraire, mais un document. Si c'était un film, on dirait que c'est un documentaire. Ma critique sera donc, pour une fois, un compte rendu de lecture. Ecrit en 1986 par Colette Guillemard, cet ouvrage nous invite à une balade à travers le temps, à des époques qui semblent antédiluviennes à mes petits-enfants, mais qui ne sont pas si lointaines pourtant. Nous suivons l'histoire de l'existence des enfants dans la société d'autrefois : l'enfant dans sa famille... L'enfant avec les enfants de son âge, les jeux, les violences... L'enfant dans la société villageoise... L'enfant à l'école... le passage à l'âge d'homme... Il ne s'agit pas d'un ouvrage théorique, mais d'une histoire anecdotique qui fait revivre des temps qui ne sont plus : les veillées auprès de l'âtre, la peur du loup dans les campagnes, les superstitions, mais aussi les traditions régionales... On y découvre aussi le militantisme ardent des instituteurs  de la fin du 19è siècle, menant une vie rude et sans confort, exerçant leur magistère comme un véritable sacerdoce laïc au service du rationalisme, de l'instruction et du savoir, piliers aussi d'une exigence morale et civique élevée... Ce sont aussi les punitions infligées aux élèves, qui hier valaient aux enfants une raclée parentale complémentaire... tandis qu'elles valent aujourd'hui aux "professeurs des écoles" qui se hasardent à les infliger.. une mise en examen sur plainte des parents ! Amer constat qui montre que, malgré l'enseignement, les parents cons sont plus nombreux de nos jours qu'autrefois... Quoi qu'il en soit, "La vie des enfants dans la France d'autrefois" est un document qui se lit avec plaisir, tant il est clair et attrayant. Au-delà des infos qu'il nous donne, il est aussi un témoignage sur le long cheminement à travers l'humanisme, car l'enjeu, hier, comme aujourd'hui, au-delà des méthodes, des rites et des évolutions, demeure l'éducation, l'instruction et la formation des enfants qui sont les adultes du monde où ils vivront demain, quand nous n'y serons plus...


    votre commentaire
  •  Avec Brothers, film réalisé par Jim Shéridan, est un film de plus sur la guerre. C’est même un remake du film éponyme réalisé par la Suédoise Suzanne Bier. Mais ce n’est pas vraiment un film de guerre. Car  habituellement, les « films de guerre » sont ceux qui nous montrent les qualités supposées de la guerre : héroïsme, virilité, courage, camaraderie, combats, et bien entendu, la victoire finale et glorieuse contre « l’ennemi », c'est-à-dire celui d’en face, qui est forcément une ordure, un salaud, un nazi, parce qu’il est né de l’autre côté de la frontière : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » écrivait déjà le grand Blaise Pascal que plus personne ne lit aujourd’hui… Vous devriez essayer pourtant : un jour, pour voir, plongez-vous dans les Pensées de Pascal plutôt que de rester avachi devant TF1, le Ricard à la main, à regarder un jeu de con, vous verrez, votre QI va gagner trois points d’un seul coup : de 30, votre quotient intellectuel va passer à 33 ! Un gain appréciable, même si ça vous laisse  loin encore du QI de 80, nécessaire pour passer le bac avec succès… Mais si vous voulez gagner encore quelques points, il vous suffit de tourner les pages et de continuer à lire Pascal…et surtout de couper TF1... Mais là, je m’égare, je divague, j’erre loin des sentiers du cinéma… Revenons-y : Donc, le film Brothers, comme son nom l’indique en amerloque, nous raconte l’histoire de deux frères très différents en apparence : Tommy est marié avec une épouse charmante et modèle, ils ont deux petites filles. L’autre frère Sam, est le vilain petit canard de la famille : c’est un perdant, un errant, il sort de prison. Il est détesté par son père, qui ne jure que par son autre fils, Tommy, le bon. Or voici que Tommy, le fils-modèle, part combattre en Afghanistan. Mais son hélicoptère est abattu par les talibans. Tommy est mort, et les autorités en informent sa veuve, Grace (La belle Natalie Portman). Et comme Grace est, je vous l’ai dit, une épouse-modèle, elle verse de vraies larmes, qui n’ont rien à voir avec celles d’un crocodile. Sam, son beau-frère, se montre dès lors d’un grand dévouement. Avec discrétion, il apporte son aide au quotidien dans la maison… Et puis un jour… Tommy revient ; on le croyait mort, mais il avait été fait prisonnier. Et les talibans lui ont proposé un horrible marché : pour être libéré, il devait tuer à coups de gourdin un de ses camarades. En cas de refus, il serait immédiatement abattu… Or Tommy est revenu… La vie reprend alors dans d’étranges conditions entre les trois personnages. Tommy est persuadé que son frère Sam a couché avec Grace en son absence… Mais l’intérêt du film est de nous montrer la double évolution contraire des deux frères : Sam, le réprouvé, s’humanise peu à peu aux côtés de Grace et de ses deux filles. Dans le même temps, Tommy le héros fait une sorte de descente aux enfers, et ne se remet pas de ce qu’il a vécu en Afghanistan. Le grand mérite de Brothers est d’avoir miraculeusement évité le mélodrame pleurnichard, et de s’être attaché à l’histoire des deux frères plutôt qu’au spectaculaire de la guerre. Le point faible du film est sa dramatique inutilité. Après avoir contemplé l’horreur  des guerres et les ravages collatéraux qu’elles occasionnent, chacun rentre chez soi… et dans le monde, les guerres continuent, partout, en Afghanistan bien sûr, mais aussi en Palestine, en Israël, en Irak, en Afrique… Bon, je ne vais pas vous énumérer toute la misère du monde, ce serait trop long. Brothers fait donc partie de ces excellents films bourrés de bons sentiments et porteurs de leçons inutiles et qui ne portent pas leurs fruits. Car la nature humaine est mauvaise et s’il suffisait d’un film pour la changer, ça se saurait !.... Malgré "Brothers", il faut s'attendre chaque jour à recevoir sur la tête une pluie d'obus plutôt qu'une pluie de roses... Et on continuera à s'étriper sur la Terre, pour longtemps hélas...


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires