• La Petite fille de monsieur Linh - Philippe Claudel -2005-

     Voici un livre dont la forme laisse perplexe : certes il est rectangulaire comme la plupart des livres, (vous l'avez peut-être remarqué !), il a une couverture avec un titre, et un dos avec quelques mots pour donner envie d'acheter l'ouvrage, et à l'intérieur il y a plein de pages, des pages qu'il faut encore feuilleter (avec parfois un discret petit coup de langue sur le doigt pour faire passer les pages rebelles), avant que la tablette Ipad n'envoie les bouquins au cimetière du souvenir où ils retrouveront les parchemins, les papyrus et les tablettes d'argile... Non, quand je parle de la forme, je veux dire que "La petite fille de monsieur Linh" est un récit qui est une sorte d'hybride de roman et de nouvelle. En fait, le mot "roman" est ici une supercherie commerciale destinée à faire vendre : chacun sait en effet – à part vous évidemment- qu'en France on se jette sur les romans, surtout s'ils sont idiots, et on dédaigne les nouvelles, surtout si elles sont bonnes... Mais maintenant vous le savez puisque je vous l'ai dit, je vous ai appris quelque chose encore, vous voyez, vous avez raison de me lire !... Venons-en au livre, qui est finalement une longue nouvelle, c'est-à-dire un récit dans lequel il y a une intrigue simple, très peu de personnages et une chute inattendue. Attention, je précise encore, pour les niais, qu'une chute inattendue ne veut pas dire qu'on se casse la gueule inopinément au détour d'un chapitre sur lequel on s'est endormi, mais seulement que la fin du livre est surprenante. L'histoire de monsieur Linh est simple dans son horreur tragique. Monsieur Linh est un vieux vietnamien. Un soir, ne voyant pas ses enfants rentrer de la rizière, il se rend jusqu'à la lisière – oui, j'ai dit lisière, pour éviter de répéter rizière, mais vous allez croire que j'ai fait une faute, alors bon, on va répéter, tant pis : monsieur Linh se rend donc à la lisière de la rizière (tiens, ça fait bizarre à l'oreille.. ah, les mots !) et il découvre un champ de boue ravagé par les bombes, un champ où gisent des cadavres : ses enfants sont morts. Plus loin, il y a leur enfant, la petite Sang Diu, âgée de six semaines, qu'ils avaient emmenée avec eux. Miracle : elle est indemne. Monsieur Linh prend sa petite fille et quitte son village. Il faut mettre la petite fille à l'abri de la guerre. Alors monsieur Linh prend un bateau, et début novembre, on le retrouve dans une grande ville portuaire de l'Occident. On suit alors monsieur Linh dans une existence quotidienne précaire, sans argent, sans métier, vieux, et ne connaissant pas un mot de la langue du pays où il est arrivé... Monsieur Linh est perdu dans cette grande ville agitée et bruyante, lui qui a laissé, très loin, un calme petit village... Mais il endure tout, pour s'occuper avec amour de Sang Diu, sa petite fille, si sage... Elle est la vie, elle est l'espoir... Le livre n'est fait que de ça : une description de gestes quotidiens, dans un récit serein et triste... Et cette tranquillité du récit contraste avec l'événement final, brutal, qui donne au livre une intensité dramatique supplémentaire en nous dévoilant l'identité de Sang Diu, la petite Vietnamienne, quitte à briser l'espoir... Mais je n'en dirai pas plus, sinon que ce récit a été écrit en 2005 par Philippe Claudel, lequel avait obtenu deux ans plus tôt, en 2003, le Prix Renaudot pour Les âmes grises, remarquable roman prolongé par un film non moins remarquable, mais histoire aussi triste que celle de la petite fille de monsieur Linh. Décidément, Philippe Claudel n'écrit pas pour nous faire marrer ! Et La petite fille de monsieur Linh n'est pas un livre où l'on riz !!!...


  • Commentaires

    1
    skaograch
    Lundi 28 Juin 2010 à 11:34
    inattendue, la chute ? bof ! j'avais compris (deviné) à la moitié de ce très court roman, en effet longue nouvelle
    et puis c'est un peu trop gentillet, ça plait aux âmes sensibles
    2
    Robertcri Profil de Robertcri
    Jeudi 5 Août 2010 à 15:30
    Les âmes sensibles ont bien le droit de lire, non ? Y a même des gens qui lisent Delly ou Guy des Cars ! Pourquoi n'y aurait-il pas une littérature pour les faibles d'esprit ?...Ils ont déjà TF1 comme télé !...
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