CHÂTEAU DE VINCENNES
Balade organisée par le Centre Culturel de Vitry
Le 31 janvier 2009
Petit conseil personnel aux visiteurs : ne faites pas comme nous, n’y allez pas en hiver : quel froid ! Pas le moindre chauffage…
Visite du château de Vincennes, en partant de Vitry en car. A 14 heures, nous y sommes, par un beau temps, ensoleillé, mais glacial. Entrée par la tour médiévale nord. Une guide jeune et compétente nous accueille, et nous partons pour un voyage dans le passé, il y a environ un millier d’années !…
Attesté en 847, le bois de Vincennes est devenu, au moins partiellement, une forêt royale un peu avant 1037. Une première résidence royale existe dès la fin du règne de Louis VII (aux environs de 1170-1180), vraisemblablement sur le site de l’actuel château. Sous Philippe-Auguste (1180-1223), Vincennes devient l’une des résidences de la Cour d’Île-de-France et un centre de gouvernement.
Du règne de Louis IX (1226-1270) à celui de Philippe VI (1328-1350), le manoir prend une place de plus en plus importante dans la vie de la monarchie. Plusieurs souverains y meurent, s’y marient, y naissent entre 1338 et 1340.
La guerre de Cent Ans (1337-1453) entraîne une modification de la nature des bâtiments : Jean II le Bon (1350-1364), pour faire face aux multiples dangers qui menacent alors la monarchie (jacqueries et Étienne Marcel), fait entreprendre en 1361 un énorme donjon (50 m de hauteur) achevé en 1369 sous le règne de son fils Charles V le Sage (1364-1380). Celui-ci renforce la vocation militaire du château en protégeant toutes les constructions antérieures par une vaste enceinte de 378 m sur 175 m. L’essentiel de cette structure existe encore aujourd’hui.
En 1379, Charles V ordonne la construction d’une Sainte-Chapelle qui ne sera achevée que sous le règne d’Henri II, au milieu du XVIe siècle. Son style, la qualité de son architecture, sa taille, en font l’un des plus beaux édifices religieux de la fin du Moyen Âge. Pendant trente ans, à partir de 1365, ce nouveau château de Vincennes va être l’une des principales résidences de Charles V et de son fils Charles VI (1380-1422). Puis la guerre de Cent Ans et ses suites vont éloigner la royauté de Vincennes.
Ce n’est qu’avec le règne de Louis XI (1461-1483) que les souverains reviennent à Vincennes. Le changement des goûts architecturaux se manifeste ici par la construction, peut-être dès 1470-1475 d’un pavillon de plain-pied au sud-ouest de l’enceinte de Charles V, reconstruit par Marie de Médicis. Un demi-siècle plus tard, cette construction sera remplacée par l’actuel pavillon du roi édifié pour Louis XIV par l’architecte Le Vau de 1654 à 1658, qui construira ensuite de 1658 à 1660, l’actuel pavillon de la reine.
Avec le départ de Louis XIV et de sa cour à Versailles en 1762, le château connaîtra diverses affectations. Il abritera les débuts de l’École militaire (1753-1756), une fabrique de porcelaine (1740-1756), des ateliers produisant des armes... Le donjon devenu prison reçoit des personnages célèbres comme Mirabeau, Sade, Diderot. En 1796, le Directoire y transfère l’arsenal de Paris : c’est le début de l’implantation militaire dans le château qui, en donnant une fonction à l’édifice, en assurera la sauvegarde.
- En 1804, Bonaparte, afin d’enlever tout espoir de restauration aux Bourbons, fait enlever le duc d’Enghien (dernier héritier des Condés) et le fait fusiller dans les fossés du château.
- Dès 1831, on construit les premières casemates contre l’enceinte médiévale avant qu’une loi, votée en 1840 et décidant la fortification de Paris, ne transforme les lieux en un fort de seconde ligne défendant la capitale. En 1939-1940, le château abrite le poste de commandement de l’état-major des armées, avant que les troupes allemandes ne l’occupent.
- En 1948, le service historique de l’armée de terre s’installe dans le château, suivi par la marine et l’air, ce qui fait aujourd’hui de Vincennes le troisième lieu de mémoire en France après les Archives nationales et la Bibliothèque nationale.
- Vincennes est un lieu exceptionnel à plus d'’un titre : mis à part le Louvre, il n’existe aucun château en France ayant une aussi longue existence au cœur de l’histoire nationale.
Nous avons visité le donjon principal du château, entièrement restauré : des fossés entourent le donjon, ils étaient autrefois remplis d’eau. Un pont-levis permet d’en interdire l’accès, mais en outre, pour décourager d’éventuels assaillants, la porte d’accès au donjon se fait par une passerelle située à douze mètres du sol, à laquelle on accède par un escalier à l’intérieur d’une tour… Au premier étage, derrière une fenêtre à vitrail se trouve le cabinet de travail du roi, avec une cheminée ; à l’arrière de ce bureau, la salle du Conseil réunissait les collaborateurs et conseillers, dans une salle qui, le soir venu, était transformée en dortoir. Pour maintenir la chaleur, les voûtes et les murs de pierre étaient revêtus de lambris de bois, puis de tapisseries murales, et de tapis au sol. Au deuxième étage, accès par un escalier d’honneur, on arrive dans la chambre du roi, richement décorée de couleurs, car le roi recevait ici. Jouxtant la chambre, une garde-robe, mais aussi une chapelle réservée aux seuls religieux. Le roi lui-même ne pouvait y entrer, il se tenait dans une minuscule pièce attenante, l’oratoire, d’où il pouvait suivre l’office, par une petite fenêtre ménagée dans la cloison.
Le château de Vincennes fut également une prison, où Louis XIV envoyait des personnes par les fameuses lettres de cachet, ainsi appelées car signées et cachetées par le roi lui-même : aucune juridiction n’avait le pouvoir de libérer les prisonniers, seul le roi avait la faculté d’accorder sa grâce. Les prisonniers étaient souvent des personnages notables, ils avaient le droit de se chauffer, et même de faire décorer et meubler leur cellule. Certains pouvaient aussi y amener leurs domestiques, secrétaires et serviteurs… Quelques prisonniers célèbres : le Cardinal de Retz, Diderot, le Marquis de Sade qui y passa sept années de 1776 à 1783, avant d’être transféré à la Bastille, d’où il fut libéré par les révolutionnaires… le 14 juillet 1789.
Les fossés du château ont servi souvent de lieu d’exécution… Quelques fusillés célèbres :
- Le Duc d’Enghien, fusillé en 1804
- Mata-Hari (courtisane et espionne) fusillée le 15 octobre 1917.
Intéressante et instructive balade que la visite du château de Vincennes… mais à deux conditions : il faut avoir de bonnes jambes pour pouvoir marcher et gravir des marches… et puis il ne faut pas y aller en hiver, car le froid y est terrible : même les prisonniers autrefois étaient mieux traités : ils avaient le droit de faire du feu dans les cheminées, eux !