Par Robertcri
Lettre ouverte à Benoît Duteurtre
A BAS LA TYRANNIE DES FUMEURS !
C’est bien pratique d’être romancier, on sait écrire ; et c’est encore plus pratique d’être collaborateur de Marianne : on vous offre une pleine page pour y faire l’apologie du tabac qui tue 73 000 fois chaque année, et pour présenter dans le même temps les non-fumeurs comme des terroristes ! On croit rêver ! Tout l’art de l’écrivain est là : donner à entendre que le pollueur, l’emmerdeur... c’est le non-fumeur ! Quant au fumeur, lui qui souffle sa fumée dans les poumons des autres... c’est un homme qui exprime sa liberté... alors qu’il est esclave du tabac dont il est incapable de se délivrer, son addiction personnelle allant jusqu’à la négation du droit qu’ont les autres de respirer un air non vicié ! Bien entendu, Duteurtre ajoute à sa philippique tous les poncifs habituels et tous les sophismes ramassés dans le carquois des arguties pro-fumeurs : comparaison avec les fast-food, avec l’alcool !... Et bien entendu, quand on n’a pas de véritable argument, on fait appel aux grands mots, ceux qui s’écrivent avec des majuscules : Liberté, Démocratie, Droits Sociaux, Politique et j’en passe ! C’est habile, cet écran de fumée ! Mais ça ne résiste pas à quelques constats simples, qui montrent la tyrannie quotidienne exercée par les fumeurs... Tyrannie en effet quand un fumeur pollue tout un abribus, au mépris de la dizaine de non-fumeurs qui sont là... tyrannie quand quelques fumeurs répandandent leur fumée à la sortie d’une école, au milieu des enfants... Tyrannie quand il m’est impossible de participer avec mes petits-enfants au karaoké organisé chaque soir dans le village de vacances, tant le lieu est enfumé sous prétexte qu’on est dehors... tyrannie quand je ne peux passer une heure sur la plage sans être contraint de respirer les fumées cancérigènes des clopes alentour... tyrannie quand dans ma chambre d’hôpital, je respire à pleines bouffées la fumée provenant des 5 infirmiers qui en grillent une dans la cour, sous les fenêtres des malades... Oui, les fumeurs exercent une véritable tyrannie, permanente, quotidienne, omniprésente. Car il y a une spécificité dramatique du fumeur : il est le seul drogué qui impose aux autres de consommer sa drogue ! Le buveur ne me tend pas son verre, l’héroïnomane ne me pique pas avec sa seringue. Je ne demande pas qu’on interdise le tabac. Mais j’exige, avec Marisol Touraine, que l’on ne fume pas dans les endroits, ouverts ou fermés, dans lesquels les gens sont amenés normalement à stationner... Au-delà des grands mots qui claquent comme des drapeaux, est-il si difficile de comprendre que le simple respect des autres et de leur corps, impose de ne pas fumer en leur présence ?... Benoît Duteurtre écrit de bons livres, mais défend ici une bien mauvaise cause.
Robert LASNIER, auteur de A la Recherche du Mégot Perdu, (www.thebookedition.com)
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