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Littérature et écriture, dans les thèmes suivants : récits et nouvelles - souvenirs - chroniques - critiques littéraires et cinématographiques - humour - poésie - voyages et balades -

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Le Roman d'un enfant - Pierre Loti -

 Aujourd'hui, bande de veinards, je commente deux livres en une seule chronique :

  • Le Roman d'un enfant

  • Prime jeunesse

Dans ces deux ouvrages, Pierre Loti, de son vrai nom Julien Viaud, égrène ses souvenirs d'enfance. Le tout constitue un document intéressant, car cela éclaire la vie et l'oeuvre de cet homme à double face que fut Pierre Loti, à la fois Officier de marine ayant parcouru les mers pendant quarante ans de carrière, et écrivain qui connut d'immenses succès autrefois, avec des ouvrages comme Pêcheur d'Islande, Mon frère Yves, Ramuntcho, pour ne citer que les plus célèbres, qui figuraient naguère en bonne place dans toutes les bibliothèques des écoles primaires et des bonnes familles. Cela étant, on ne peut pas dire que la lecture du "Roman d'un enfant" soit un moment palpitant. Loti nous parle de sa maman, de son papa, de ses grands-mères et de ses tantes, de son frère, de sa soeur, de telle ou telle petite copine d'enfance... C'est son univers, ce n'est pas le mien... Les paysages de la Saintonge l'émeuvent, moi pas... Tout est comme ça dans ce livre : il y a, de mon point de vue, un décalage permanent entre le regard de l'écrivain et celui du lecteur. On dirait que Pierre Loti a écrit tout ça pour lui l'auteur, et non pas pour nous les lecteurs... Il nous dit ses émotions, ses joies et ses peines, mais il ne sait pas nous les faire partager... Dans "Prime Jeunesse", écrit beaucoup plus tard, il revient sur certaines choses déjà dites dans le Roman d'un enfant, ça fait souvent redondance et ça ne présente pas un intérêt majeur. Sur le plan littéraire, là encore, je ne trouve pas l'écriture de Loti belle ni nouvelle. On est loin de Maupassant, on reste dans le style plutôt compassé du bon vieux 19è siècle... bien sage et bien convenu... C'est sans doute ce conformisme bon teint qui a valu à Pierre Loti d'être élu en mai 1890 à l'Académie Française, avec 18 voix en sa faveur, et... zéro pour Emile Zola qui était candidat également !!! Pourtant, Zola, en matière de littérature, c'est tout de même une autre pointure que la plume de Loti ! Mais il est bien connu que l'Académie Française, frileuse et bornée, a toujours récompensé davantage la bien-pensance que la littérature !... Voilà tout ce que j'avais à dire ; attention, je n'assassine pas Pierre Loti ; au-delà d'un écrivain assez banal dans l'évocation de ses souvenirs d'enfance, il est d'abord un homme de son siècle, élevé dans un cocon protestant, protecteur et étouffant, un homme blessé par la mort de son frère Gustave, marin décédé sur un bateau et dont le corps a été jeté à la mer dans le golfe du Bengale. Et qu'on le veuille ou non, il fut, outre un écrivain à succès, un homme tourmenté par les voyages, par la mer, et aussi un homme ébloui par l'aventure, par la civilisation islamique, au point de reconstituer dans sa maison de Rochefort un coin de mosquée et une fumerie orientale... On peut donc lire Loti sans perdre son temps : à défaut d'y rencontrer la littérature, on y découvre un homme original, sensible et attachant, c'est déjà ça et c'est beaucoup...

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