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Littérature et écriture, dans les thèmes suivants : récits et nouvelles - souvenirs - chroniques - critiques littéraires et cinématographiques - humour - poésie - voyages et balades -

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Le Mas Théotime - Henri Bosco -

Voici un calme roman, que l’on croirait écrit au rythme lent des saisons. Le narrateur, Pascal Dérivat, nous raconte sa vie de paysan laborieux, tenace et patient, dans sa demeure du Mas Théotime, au milieu de ses terres. Il vit seul, avec le souvenir trouble de sa cousine Geneviève qu’il regardait en cachette autrefois quand elle était encore petite fille : « Quelquefois, tapi sous la haie d'aubépine, je l'épiais, surtout le matin, à l'heure où les enfants sont légers. J'étais ému de la voir courir çà et là, sans but apparent. Jamais elle ne regardait de mon coté.  Quelquefois, essoufflée par l'ardeur de sa course, elle s'arrêtait, haletante, à deux pas de ma cachette. Et alors je la voyais bien, car je pouvais la regarder à loisir. Elle avait de grandes jambes nues, griffées par les ronces, deux yeux verts très foncés et quelques taches de rousseur sur les bras, au cou. Je la trouvais laide et effrontée »... Entre les travaux des champs et la rigueur des saisons, Pascal Dérivat, homme cultivé, recueille des plantes sauvages dont il fait un herbier… Jusqu’au jour où sa cousine Geneviève, après quelques années d’une vie errante et tumultueuse, vient vivre auprès de lui, au Mas Théotime. Pascal est partagé entre sa terre, et un amour qu’il sent en lui comme un amour impossible. Jouxtant son domaine, il y a aussi Clodius, un voisin taciturne devenu une sorte d’ennemi héréditaire… Et puis une femme, Françoise, qui aime la compagnie de Pascal… Mais que peuvent les cœurs humains contre l’exigence de la terre ?... Et puis un jour on découvre le cadavre de Clodius. Il a été assassiné… C’est que, sous le calme apparent de la campagne, il se passe de bien étranges choses… Certes, on est loin du thriller cher à notre époque, mais le roman d’Henri Bosco nous montre des sentiments et des tourments humains de tous les temps, mais qui se déroulent dans un cadre champêtre et sauvage dont nous avons perdu le goût car il n’en reste plus rien dan notre 21è siècle électronique. C’est pourquoi il faut lire aussi le Mas Théotime, comme un témoignage, un documentaire sur la vie d’autrefois et les temps révolus, lorsqu’on allait à pied sur les chemins, marchant une journée entière pour rendre visite à un berger, dormant sur un lit de paille dans une hutte de pierres, avant de rentrer le lendemain… Imaginez un instant : pas de radio, pas de télévision, pas d’internet, pas de soldes à Créteil-Soleil, pas de scooters, pas de bus ni de RER, même pas de sms… Rien que le bruit de la pluie, le souffle du vent et le chant des oiseaux dans le soir qui descend ! Hein ! ça vous en bouche un coin !... Eh oui, c’était comme ça, la vie autrefois…

Bio : Henri Bosco naît le 16 novembre 1888 à Avignon, 3 rue de la Carrétaire. Après de brillantes études à Avignon, il obtient une licence de lettres puis en 1912 l’agrégation d’italien. Commence alors pour Henri Bosco une vie plutôt nomade. Il enseigne la littérature en Algérie au lycée Gouraud, à Philippeville. Il fait la guerre de 1914 dans le 4è régiment de Zouaves. Puis, de 1920 à 1930, il passe  dix années en Italie, à l’Institut Français de Naples. Vient ensuite, après son mariage en 1930 avec Madeleine Rhodes, un très long séjour au Maroc, de 1930 à 1955, toujours comme professeur de lettres. Son épouse y meurt à Rabat en 1942.  Après le Prix Renaudot, Henri Bosco prend une retraite anticipée. En 1955, il rentre en France et s’établit à Nice. Il meurt à Nice, le 4 mai 1976.

Son premier roman, Pierre Lampédouze, est publié en 1931. Le Mas Théotime paraît en 1945 et obtient le Prix Renaudot..

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