Par Robertcri
Le cœur de l’ogre – pseudo-roman d’Isabelle Sorente – 2003 –
Le cœur de l’ogre se prétend un roman : foutaise ! Attention, ne prenez pas mon exclamation pour un avis sur le contenu. Il s’agit bien ici de la forme. Un roman, c’est, en gros, une histoire qu’on raconte par écrit… Rien de tout ça ici. Les premiers chapitres, soit tout de même les 240 premières pages, ne sont que des notes minuscules de moins de deux pages parfois, une sorte de journal où Isabelle Sorente donne des espèces de points de vue tourmentés et confus autour de Barbe-Bleue, de la consommation de petits garçons et de petites filles par les ogres… On sent bien qu’elle fait un constant parallèle entre les ogres de légende et ceux qui sévissent au sein de la société, autour de nous... en nous aussi, parfois, en elle, sûrement !… Il s’ensuit une sorte de rumination feutrée sur qu’est-ce que vivre ? Avec, au fond, cette idée que les ogres savent vivre mieux, eux qui vont au bout de leur passion, fût-ce au prix du sang, le sang des autres bien sûr ! Une sorte aussi d’apologie de la douceur de la chair des enfants. Voici un extrait du chapitre intitulé La chambre interdite :
« Dans une certaine rue de La Havane, un tout jeune garçon a attrapé ma main. Il me léchait les doigts, les paumes, le poignet, en me lançant des regards farouches.Il voulait des dollars…. Je l’ai repoussé, juste un peu trop fort, juste un peu trop tard. Pendant quelques secondes, j’étais partie errer dans ces lieux terribles et incolores, où on peut oublier l’enfant sous la caresse… »
Après ces innombrables considérations érotico-ogresques, voici que, après la page 240, et jusqu’à la fin page 248, le livre de mini-chroniques obsessionnelles se transmute en une pièce de théâtre : dialogues entre plusieurs personnages, dont l’incontournable Gilles de Rais, le vrai et authentique Barbe-Bleue… On y voit un Gilles de Rais avouant avoir joui en tuant un enfant, tandis qu’au juge qui lui reproche ce meurtre, il réplique que le juge doit avoir les mêmes envies, même s’il n’en convient pas !...
Bref, ce faux roman n’est qu’un déballage de verbiage intello, racontant sur le mode hypocrite les pulsions secrètes de l’humain dans les zones les plus taboues de la sexualité… Mais l’auteur est incapable de rédiger sur le sujet un texte attrayant. On sent chez elle l’intellectuelle de haut vol, jalouse de l’abscons qu’elle véhicule, dans une écriture pleine se circonvolutions allusives aux références culturelles et historiques multipliées, comme pour cacher le sujet sulfureux sous des tonnes de bla-bla confus. Ce pseudo-roman est fermé à la plupart des lecteurs moyens. Il n’est pas une œuvre littéraire, mais seulement un exutoire à la libido sans doute tyrannique de l’auteur, qui nous fout ici, mine de rien, ses tripes sous le nez. Une diarrhée verbeuse sans le moindre intérêt pour la littérature. Et en outre, disons-le, une imposture commerciale : c’est vendu comme un roman, et ce n’en est pas un. On n’est pas loin ici de la tromperie. Ne perdez pas votre temps à lire ce bouquin, à réserver aux élites intello tourmentées.
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