La Retraite sentimentale, par Colette, 1900

Ce livre de Colette constitue à la fois une fin et un début... Il est une fin en ce qu'il termine le cycle des "Claudine", romans qui n'étaient pas complètement de Colette, mais entrelardés de la prose de son mari Willy, véritable parasite d'écriture, et voleur de talent, qui a fait passer la prose de Colette pour la sienne pour en retirer célébrité et thune ! (J'ai écrit "thune" dans l'espoir fou, et peut-être vain, de me faire comprendre par d'éventuels lecteurs du 9.3 ou par les bacheliers contemporains !)... La Retraite sentimentale est en même temps un début car ce récit est entièrement de la main et de la plume de Colette, c'est son tout premier roman à elle toute seule, sans la béquille tyrannique d'un coquin macho... Par contre, force est de constater, hélas, que l'histoire patauge un peu... Bien sûr, on y retrouve toute la délicatesse  de Colette dans l'émerveillement face à la nature, aux animaux, chats et chiens, arbres et fleurs, collines et parfums, et elle excelle dans les évocations paysagères... Mais à côté de ça, on a droit à une fatras de souvenirs nostalgiques, mêlés d'une autobiographie romancée, où l'on devine Colette sous Claudine, Willy sous Renaud, et tout cela sans flamme, sans élan... Trop autobiographique pour un roman... trop romancé pour une autobiogaphie... Et puis, on ne peut pas dire que les personnages de l'histoire soient très attachants : en dehors de leur nombril et de leurs histoires de cul, on ne voit pas très bien ce qui les intéresse dans la vie...  Sans vouloir démolir Colette pour autant, j'ai envie de dire que La Retraite sentimentale mérite le même jugement que celui qu'on a formulé sur "La Franciade" de Ronsard : "une brillante erreur esthétique" !