Par Robertcri
La pensée, c'est la franchise même, quelques pétales de tendresse... Dans le monde mystérieux des fleurs, riche de couleurs infinies, elle s'exprime avec douceur, à livre ouvert. Peu de fleurs en effet disent d'emblée, comme elle, ce qu'elles inspirent : la pensée que l'on garde en soi, au fond du coeur... Peu importe, au fond, la nature de cette pensée : amicale ou amoureuse, éternelle ou fugitive, chaleureuse ou passionnée, tendre ou nostalgique, la pensée embrasse toutes les nuances des sentiments, elle est le symbole du souvenir précieux que l'on garde d'une personne aimée, par delà le temps, et par delà les distances. Petite fleur à peine dressée au-dessus de la terre du jardin, entourée de feuilles sans prestige, la pensée offre au regard ses larges pétales arrondis et bicolores ; sur le pourtour, ce sont des jaunes safranés, des rouges foncés aux reflets d'acajou sauvage, des mauves profonds et veloutés, des bleus intenses ; au milieu s'épanouit un coeur de velours noir, dont le contraste fait vibrer plus fort les couleurs des pétales. La pensée ne se met pas en gerbes, ni en bouquets, ce n'est pas une prétentieuse ; discrète, elle est à l'image de ces pensées intimes, que nous gardons au plus profond de nous avec pudeur et retenue, comme une petite flamme intérieure qui ne brûle qu'en notre coeur. La pensée est une douce messagère, interprète fidèle de nos sentiments cachés. Il est facile de l'envoyer entre les feuillets d'une lettre, où elle saura dire, simplement, les mots que, parfois, on n'ose formuler ; la pensée, on peut aussi la mettre entre les pages d'un livre, pour conserver en secret un souvenir qui nous est cher... Et ce souvenir, plus fidèle parfois que le nôtre, traversera le temps. Un jour, des années plus tard, en feuilletant un vieux livre oublié, on retrouvera soudain, au détour d'un chapitre, une fleur séchée et pâlie, aux teintes délavées, une pensée cueillie il y a bien longtemps.... Nous poserons délicatement nos doigts sur ses pétales, avec d'infinies précautions, étonnés de l'avoir retrouvée. Alors, silencieuse et muette, elle nous racontera une histoire ancienne, que nous écouterons en nous-mêmes, émus de faire revivre soudain un passé qu'on avait oublié. Et puis nous refermerons le livre doucement et nous le rangerons, avec entre ses pages, fidèle encore, cette si jolie petite fleur qui connaît les joies et les chagrins de nos coeurs : la pensée.
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