Par Robertcri
Il y a peut-être parmi vous des cinéphiles qui se rappellent le film que François Truffaut a tiré de ce livre. Je ne l'ai pas vu. Je n'en parlerai donc pas, d'autant que nous ne sommes pas ici dans la rubrique des films mais dans celle des livres : ne mélangeons pas tout. Parlons donc du livre "La Nuit Américaine". Rappelons tout d'abord que la "nuit américaine" désigne une technique de prise de vue cinématographique qui consiste à filmer des scènes de nuit en plein jour. Pour ce faire, on sous-expose fortement la pellicule, tout en soumettant les acteurs principaux de la scène à une lumière extrêmement forte. C'est sans doute pour cette raison que le réalisateur Zulawski a adapté le livre à l'écran. Globalement, l'histoire que nous raconte Christopher Frank n'est pas une histoire de technique cinématographique. C'est seulement une chronique, une tranche d'existence, ou plutôt d'existences au pluriel, où se croisent toutes sortes de personnages qui ont un point commun: ils travaillent dans le milieu du théâtre ou du cinéma. Il y a là Servais, le photographe de presse qui couvre la rubrique des faits divers, et qui se balade de ville en pays, pour traquer le train qui déraille, la crue qui emporte un village, la petite fille enlevée... On trouve la jeune actrice Nadine Chevalier, qui court le cachet et joue dans des pièces qui ne lui plaisent guère en attendant le grand rôle au cinéma... Il y a là aussi, bien sûr, l'auteur et sa terrible page qui s'obstine à rester blanche, il y a l'éditeur au rejet brutal de ce qui ne lui convient pas... Tout ce monde particulier vit sous nos yeux, sans que jamais on ne sombre dans une technique fastidieuse. Au fond, c'est comme si nous assistions à une pièce qui nous ferait pénétrer dans le milieu du théâtre et du cinéma... Curieusement, le concept de "nuit américaine" n'apparaît que tardivement dans le récit, et de manière très superficielle... Une simple évocation, qui pourtant donne son titre au livre. La Nuit Américaine se lit facilement. Ce n'est pas un livre à thèse, on ne se prend pas la tête et on ne se regarde pas le nombril. Ce livre a quelque chose du documentaire, mais un documentaire qui nous parlerait davantage des gens que des techniques, et c'est ce qui en fait la réussite. La littérature, pour moi, comporte deux écueils : le premier est l'intellectualisme élitiste, le second est la bêtification de masse ! La Nuit Américaine évite les deux. Il faut dire que Christopher Frank est lui-même cinéaste, à la fois scénariste et réalisateur de films tels que Josépha en 1982, L'année des Méduses en 1984. Son livre La Nuit Américaine a obtenu le Prix Renaudot en 1972. Un bon bouquin avec lequel on passe un bon moment ! Mais ce n'est bien sûr que mon avis. Vous avez le droit d'avoir le vôtre, même s'il est différent !
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