La Grande Sauvagerie – roman de Christophe Pradeau - 2010 –
Décidément, le roman contemporain a quitté les rives du plaisir de lire, pour sombrer dans les pensées abstruses d’auteurs nombrilistes, plus ou moins détraqués, et qui vomissent leur mal de vivre sur le papier. Sans doute est-ce là pour eux une bonne thérapie. Mais il en va tout autrement pour les lecteurs. Car moi, tout en reconnaissant les bienfaits du vomissement, je n’aime pas recevoir le dégueulis sur moi… C’est pourtant ce qu’il m’inflige, Christophe Pradeau, avec son roman La Grande Sauvagerie, qui n’est qu’une interminable bavasserie symbolique où se télescopent toutes sortes de souvenirs personnels, d’impressions, de déductions tout aussi intimes que farfelues qui ne trouvent en moi aucun écho. Le tout dans un style chiant au possible. Quand je lis ce livre, rien ne se grave. Les phrases ne sont que des suites de mots, dont chacun pourrait avoir un sens, mais qui, mis bout-à-bout dans cette vomissure, deviennent indistincts : exactement comme dans le vomi, dans lequel on est incapable de distinguer le bel agencement des plats et mets qui y ont conduit : tout ce perd dans une ratatouille écoeurante… Voici un extrait :
« Depuis lors, il semblait que tout le monde s’était désintéressé du legs de Jean-François : le report des carnets sur microfiches était resté inachevé ; quant à leur transcription, il n’en était question nulle part, alors même que l’université s’était publiquement engagée à en financer la publication et à en assurer une large diffusion au moment où elle s’était portée acquéreur de documents dont l’opinion publique canadienne s’était sentie spoliée. Je finis par apprendre par l’un des conservateurs de la Beinecke que le philologue pressenti pour ce travail était mort sans avoir mené à bien une transcription dont plus personne ne s’était soucié après lui, etc… etc… »
Comme tout cela est pompeux, abstrait, chiant, sans le moindre intérêt ! Ca ne raconte rien, ça n’évoque rien, c’est le type même d’une certaine littérature contemporaine égocentrique dans laquelle l’écrivain se contrefout du lecteur, se bornant à mettre sur le papier les bobos qui lui encombrent l’esprit… Le tout dans un style ampoulé et bouffi à cent lieues du bien écrire ! Et après ça, des sociologues se demandent pourquoi on lit si peu !!! La Grande Sauvagerie, ce n’est pas un roman, c’est du bavardage inutile, une tartine confuse et sans intérêt ! Et ça coûte 13 euros, aux éditions Verdier. Ca ne les vaut pas, gardez vos sous !
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