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Littérature et écriture, dans les thèmes suivants : récits et nouvelles - souvenirs - chroniques - critiques littéraires et cinématographiques - humour - poésie - voyages et balades -

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L'heure et l'ombre - Pierre Jourde -

Il ne suffit pas d'être intelligent, cultivé et plein d'humour pour réussir un bon roman ! Telle est la conclusion -toute personnelle- à laquelle j'arrive en refermant "L'Heure et l'ombre" de Pierre Jourde. L'histoire est pourtant intéressante, à défaut d'être originale, et Jourde nous raconte une sorte d'amour fou et impossible, qui prend toute la place du roman, au point d'occulter, comme une parenthèse incise, la vie conjugale du père du narrateur. Le narrateur, alors qu'il a une dizaine d'années, tombe amoureux d'une petite fille, Sylvie, en vacances à Saint-Savin... Vert paradis des amours enfantines, comme disent les journalistes, jamais avares de formules toutes faites... Pire, cet amour, jamais avoué, jamais déclaré, va s'ancrer dans l'esprit du narrateur comme une quête insoluble... Pourtant, comme pour tout apaiser, il y aura une pause, une longue parenthèse en quelque sorte, le narrateur va se marier, aura des enfants et perdra finalement son épouse... Une vie normale et banale.  Et que croyez-vous qu'il va se passer ensuite ?...Vous devinez ?... Non ?... Bon alors je vous aide : il va retrouver Sylvie, bien sûr... Elle a quatre vingt trois ans, lui aussi, ils cheminent doucement dans une maison de retraite !... C'est ça, le roman de Jourde : Sylvie c'est d'abord l'amour trop tôt, et puis c'est l'amour trop tard...  N'est-ce pas ce qui arrive finalement souvent dans nos vies faites de hasards et de contretemps ? Quelque chose d'assez triste, au fond, et bien écrit de surcroît... Mais alors, pourquoi ma réticence ?... Elle tient au fait que le roman s'en tient trop aux cheminements intérieurs des personnages, distillés, analysés, râbachés à l'envi tout au long des pages... Les tourments intérieurs, ça va un moment, puis ça me lasse... On en vient à plaindre le narrateur, qui place Sylvie sur un piédestal, comme une statue de marbre inaccessible, alors qu'elle n'est qu'une femme... On le plaint de cette incapacité à aimer faite de trop aimer et on se demande s'il n'a pas été démoli dans on enfance par une quelconque Folcoche castratrice ! Mais ce n'est là que pure supputation de ma part ! Mais ça sert aussi à ça, la lecture !... De toute façon, je ne vais pas assassiner Pierre Jourde, je garde un trop bon souvenir se sa "Littérature sans estomac" où il matraque les auteurs à succès sur lesquels se jettent les incultes en s'en délectant, comme les mouches se régalent des merdes. On pourrait juste objecter à Pierre Jourde qu'il existe des mouches, que c'est une réalité et qu'elles ont bien le droit, elles aussi,  de se régaler ! Chacun ses goûts... mauvais goût inclus !

Notice bio : Pierre Jourde, né en 1955 à Créteil, banlieue de Paris où on brûle des bagnoles (y a pas que là, je sais !), est à la fois  enseignant, critique et écrivain : un homme orchestre de l'écriture. Il est l'auteur de pas mal d'ouvrages, dont la "Littérature sans estomac", dont j'ai dit un mot... Récemment, un de ses romans "Pays perdu" lui a valu quelques ennuis : Pierre Jourde s'est fait casser la gueule par les habitants du petit village de Lussaud, dans le Cantal : ils s'étaient reconnus dans le roman, comme quoi la vérité blesse dans tous les sens du terme ! ... Certains habitants ont été condamnés à des dommages-intérêts et à de la prison  avec sursis par le Tribunal d'Aurillac le 5 juillet 2007. Vous voyez, c'est parfois dangereux d'écrire !...Faut que je fasse gaffe moi-même !...On ne sait jamais !..

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