Par Robertcri
Jeux d’enfants – film de Yann Samuell – 2003 –
Film étonnant que ce Jeux d’enfants, qui met en scène Guillaume Canet dans le rôle de Julien, et Marion Cotillard dans le rôle de Sophie. Au début du film, Sophie et Julien sont deux enfants, des préados qui vont au collège. Elle Sophie, d’origine polonaise, est méprisée et insultée par ses camarades de classe qui la traitent de « Sale polak ! ». Lui, Julien prend sa défense… Il n’en faut pas plus pour que naisse entre eux deux une profonde amitié… Par jeu, ils se lancent divers défis, avec le traditionnel « t’es cap ?... » Puis les années passent, Julien et Sophie se trouvent séparés, mais restent profondément unis par la même amitié. Ils se retrouvent un certain nombre de fois dans leur vie, et se lancent toujours, comme avant, des défis… et les relèvent ! La passion monte entre eux, sourde et puissante… C’est bien filmé, on suit cette étrange épopée d’une passion mutuelle, à la fois totale et inachevée… Mais c’est là que les critiques se divisent en deux catégories :
- Les idéalistes, surtout les petites ados énamourées et les femmes rêveuses gavées de feuilletons à l’eau de rose, adorent le film : elles perçoivent avec leur féminité tout le désir partagé et contenu de ces deux êtres unis à la vie à la mort, sans jamais sombrer dans la copulation d’après les courses chez Leclerc, ni dans les affres des dates d’ovulation et les jours interdits pour cause de tampax !... L’amour désincarné, dans le feu du désir exacerbé, l’amour fou, l’amour pur, l’amour éternel dans une double fidélité sans failles ! Eternelles rêveuses !...
- Les réalistes, en face, hurlent à la bluette invraisemblable ! Des désirs partagés certes, une passion folle, soit ! Mais bon, les hommes et les femmes ne sont pas des anges ni de purs esprit ! Faudrait voir à ne pas déconner ! Les yeux dans les yeux et la main dans la main, c’est bien mignon, mais au bout d’un moment il faut conclure, et il faut mettre… le tenon dans la mortaise, c’est même pour ça qu’on est plus de sept milliards sur terre !
J'en conviens, ces deux points de vue peuvent se comprendre, car tous les deux contiennent des vérités que l’on peut défendre. Tout dépend de ce chacun privilégie : le rêve ou la réalité. Cela étant, et en tentant de dépasser ces deux approches, on peut dire que cette histoire est presque une fable ou un conte, voire une tragédie racinienne, dans laquelle deux êtres sont emportés par une passion fatale, sans que l’un ou l’autre puisse s’y soustraire. Dans cette optique, peu importe que la passion soit platonique ou charnelle, seule compte l’invincible attraction entre deux êtres quoi qu’ils fassent…
A vous de choisir votre camp ! Bon cinéma !
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