Par Robertcri
Je l’ai déjà dit, mais je le répète, car il faut souvent répéter les choses pour les petites têtes : lire, ce n’est pas se jeter sur le dernier bouquin sorti, surtout s’il est en tête de gondole d’un hypermarché, avec cette mention crétine : « Vu à la télé » !... Comme si ce qui est vu à la télé était mieux ! Mais les imbéciles raisonnent comme ça et comme ils sont nombreux, on écrit « Vu à la télé » ! C’est comme ça qu’on vend beaucoup de livres, qui ne seront jamais lus. Car les crétins se ruent sur le bouquin ainsi promu chez Carrefour ou Leclerc, et le balancent dans le caddie, entre le pack de bière en promo, et le poulet rôti label rouge, le deuxième gratuit jusqu'au 16 mars (dépêchez-vous c’est demain !). Mais bien entendu ils ne le lisent pas (le bouquin, pas le poulet !) et l’offrent à un de leurs amis ! Le malheureux reçoit donc un bouquin con, et doit en outre dire merci : c’est un exercice très dur, et je l’ai fait souvent, mais en remerciant tout de même du bout des dents et sans enthousiasme, sinon le crétin vous en achète un autre le coup d’après ! Faut drôlement faire gaffe ! C’est très délicat, limite périlleux : il faut tout à la fois ne pas vexer celui qui vous offre cette merde, tout en lui faisant comprendre de ne pas récidiver !... Mais je m’égare en vous racontant tout ça ! Venons-en aux Aventures de Huckleberry Finn, roman de Mark Twain, écrit en 1884. L’histoire se passe à la fin du 19è siècle aux Etats-Unis. Un jeune garçon, Huckleberry Finn, 14 ans, se sauve de chez lui pour échapper aux coups de son père, un alcoolique raciste et cupide… Il emmène dans sa fuite un jeune esclave noir, Jim, qui cherche à gagner un Etat abolitionniste où il espère trouver la liberté. Afin de ne laisser aucune trace derrière eux, ils s’enfuient en navigant sur le Mississipi à bord d’un radeau qu’ils ont confectionné… Le livre nous conte les innombrables péripéties qui émaillent ce voyage mouvementé… Les héros sont bien sûr Huckleberry Finn et Jim, mais c’est aussi ce large fleuve qu’est le Mississipi, véritable emblème de l’Amérique du 19è siècle, et qu’on retrouve tout au long de l’histoire. Dans ce roman, Mark Twain dépeint une Amérique brutale et féroce, mais aussi très contrastée, avec ses aventuriers brutaux, ses trafiquants, ses colons, ses esclaves, mais aussi ses braves types, ses pauvres diables, qui sont parfois les mêmes. Mais au-delà des aventures racontées, et de l’éternelle leçon de morale américaine : il faut se battre dans la vie, la liberté est à ce prix, ce livre de Mark Twain est novateur par la modernité de son style : une langue directe, presque crue ou argotique parfois, une « écriture parlée » pour oser une expression paradoxale, qui annonce la littérature américaine moderne… Enfin, histoire de relever un peu votre niveau culturel (on ne sait jamais, ça peut vous servir un jour !), je vous livre une anecdote : Mark Twain est le premier écrivain ayant abandonné le manuscrit écrit à la main (pardon pour le pléonasme !) au profit du manuscrit tapé à la machine (on dit de nos jours un tapuscrit). Eh oui, Mark Twain était un écrivain en avance, sur tous les plans.
Thème Magazine © - Hébergé par Eklablog