<o:p> </o:p>
<o:p> </o:p>
<o:p> </o:p>
<o:p> </o:p>
Vendredi 16 novembre 2001 <o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
<o:p> </o:p>
Il a gelé un peu ce matin : -1°C. Au programme du jour : l’hôpital Saint-Louis, le canal Saint-Martin, et le déjeuner, au célèbre « Hôtel du Nord » …<o:p></o:p>
Les anciens des écoles d’Ivry sont nombreux : 21 aujourd’hui, malgré un froid rendu plus piquant à cause du vent. Nous commençons par une petite balade dans l’hôpital Saint-Louis, celui d’origine, et qui n’est plus utilisé aujourd’hui, sauf pour quelques services administratifs, et qui sera transformé bientôt en un musée de la médecine. Cet hôpital a été construit en 1607, en dehors de Paris à l’époque. Il a été édifié pour regrouper les « pestiférés », c’est-à-dire tous les contagieux, loin de la ville… Les immenses salles communes étaient situées au premier étage, le rez-de-chaussée étant réservé à des pièces de service telles que des celliers, des entrepôts divers… Pour limiter les risques de contamination, l’hôpital est entouré d’une double enceinte isolant complètement les bâtiments de l’extérieur ; par ailleurs, un bâtiment prolongé d’un couloir en étage forme une sorte de sas permettant l’approvisionnement de l’hôpital en nourriture en évitant tout contact entre les gens de l’extérieur et les malades, entassés à trois ou quatre par lit, pratique courante à l’époque !… C’est l’hôpital Laënnec, construit en 1637, qui, le premier, accorde un lit par malade !… Saint-Louis est construit selon l’architecture de l’époque, proche de celle des châteaux ; la cour des malades évoque, en plus austère, la Place des Vosges… Par ailleurs, l’hôpital Saint-Louis est un véritable « hôpital-prison » dont il est impossible de sortir : des archers y veillent ! Et pendant les épidémies, le personnel soignant est également assigné à résidence dans l’hôpital, sans pouvoir en sortir, pendant des périodes pouvant aller jusqu’à deux ans !… La chapelle de l’hôpital était en fait une chapelle paroissiale, dont le chœur était dans l’hôpital, pris dans le mur d’enceinte, le reste à l’extérieur, l’accès étant réservé aux habitants du quartier. Les malades n’avaient en aucun cas accès à la chapelle. Cette chapelle fait l’objet, en ce moment même, d’importants travaux de restauration. L’hôpital Saint-Louis était prolongé par un cimetière, sur l’emplacement duquel on a édifié le nouvel hôpital St-Louis en service aujourd’hui. Nous quittons l’hôpital par la rue de la Grange aux Belles, en haut de laquelle, au numéro 53, se trouvait le gibet de Montfaucon…<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
L’Hôtel du Nord : Il est situé au 102 quai de Jemmapes, au bord du canal Saint-Martin, et doit sa célébrité au fait qu’il a servi de modèle pour le décor du film « Hôtel du Nord » tourné en 1938 par Marcel Carné... Mais revenons un peu en arrière… En 1912, l’Hôtel du Nord est ce qu’on appelle alors un « garni », c’est à dire un hôtel où résident des occupants pour de longues durées… Il comprend 33 chambres de… 6 m2 ! L’affaire est rachetée en 1920, par Emile Dabit et sa famille. Le quartier est alors fréquenté par un mélange étonnant de populations très diverses : des mariniers (on est à côté du canal St-Martin), de nombreux commerçants, artisans et ouvriers, et pas mal de prostituées !… Le fils des hôteliers, Eugène Dabit, observe cette faune qui hante le quartier, tous ces gens l’inspirent, et il décide d’écrire une chronique, qui s’apparente à une série de nouvelles ; il y est aidé par ses amis, dont Roger Martin du Gard et André Gide… Il intitule sa chronique « Hôtel du Nord », et la publie à compte d’auteur, à ses frais donc, car aucun éditeur n’en veut ! Pourtant ce sera d’emblée un très grand succès populaire ! Ce succès attire l’attention de Marcel Carné, intéressé par les milieux populaires, et qui réalisera le film, sur des dialogues d’Henri Jeanson… Le succès du film sera immense, non seulement en France mais à l’étranger… Au lendemain de la guerre, l’hôtel est vendu par les Dabit à la famille Dangue, puis dans les années 60 à un repreneur, qui laisse l’établissement se dégrader au point qu’il a failli être vendu dans les années 80 à un promoteur pour être rasé et remplacé par un ensemble immobilier… Une association de riverains s’est alors constituée pour sauver l’hôtel du nord, ce qui a conduit au classement de la façade comme monument historique. Depuis, un restaurant occupe les lieux, et maintient l’esprit de l’époque ; chaque samedi soir, chanteurs et chanteuses interprètent les chansons des années 30 à 40…<o:p></o:p>
Quoi qu’il en soit, nous sommes très bien accueillis par le propriétaire actuel, qui fut un des assistants de Marcel Carné.<o:p></o:p>
Et, pour la somme de 150 F, voici ce que fut le menu :<o:p></o:p>
En apéritif : un Lillet blanc<o:p></o:p>
- salade chaude de gésiers<o:p></o:p>
- pavé de saumon à l’aneth/riz<o:p></o:p>
- tarte aux pommes<o:p></o:p>
- café<o:p></o:p>
- boisson : beaujolais nouveau<o:p></o:p>
Après ça, il ne restait plus qu’à digérer ! C’est ce que nous avons fait en nous baladant le long du canal Saint-Martin… Après le canal de l’Ourcq, percé sous Napoléon, de 1802 à 1806, le canal Saint-Martin est créé en 1822-1823 ; il a été ouvert aux mariniers en 1825. Long de 4,5 km, il permet, par 9 écluses, de franchir une dénivellation de 25 mètres. Sa largeur est de 27 mètres dans sa partie à l’air libre, et de 16 à 24 m dans sa partie souterraine. Le canal Saint-Martin constituait une frontière entre la ville et les faubourgs. Il a été fréquenté par les mariniers à partir de 1825 ; il leur permettait de raccourcir leur trajet de 12 kilomètres par rapport à la Seine ; mais les berges étaient interdites aux chevaux ; de ce fait les péniches étaient tirées par des hommes ; souvent, c’étaient des clochards qui s’embauchaient pour s’atteler aux péniches, le temps d’un halage… Et , curieux renversement de situation, on pouvait voir, sur la berge, des hommes halant une péniche chargé de… chevaux !… En 1927, un système de halage électrique avait été envisagé par Bienvenüe ; mais finalement, c’est un remorqueur diesel, le « Richard Lenoir » qui assura le trafic jusqu’en 1960. Les écluses, autrefois manuelles, ont été électrifiées en 1970. L’une d’elles, celle de l’Arsenal, est dotée aujourd’hui d’une surveillance informatique sur écran ! Le progrès va partout ! A noter enfin que le canal Saint-Martin, pendant la guerre de 14/18, servait au transport des blessés, venant de la Marne,et dirigés vers l’hôpital militaire Villemin, rue des Récollets.<o:p></o:p>
<o:p> </o:p>
<o:p> </o:p>