HÔTEL DE BOURRIENNE<o:p></o:p>
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21 mai 2007, 58 rue d’Hauteville, 75010 PARIS<o:p></o:p>
Visites sur RDV : 01 47 70 51 14<o:p></o:p>
6 euros/pers, 5 euros à partir de 15 personnes.<o:p></o:p>
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(Visite par SLV EDF, il faisait beau, j’y suis allé à scooter))<o:p></o:p>
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L’Hôtel de Bourrienne représente l’un des très rares ensembles fin18è siècle - Directoire - Empire conservés à Paris.<o:p></o:p>
Il est situé au n° 58 rue d’Hauteville, dans le 10è arrondissement de Paris. Sa façade n’est plus visible de la rue, car un immeuble de rapport a été construit devant au 19è siècle. Il faut donc passer sous le porche de cet immeuble, pour atteindre la cour de l’Hôtel Bourrienne. Le bâtiment présente une façade sobre, sans luxe tapageur. Il a été construit entre 1787 et 1790 par l’architecte Célestin-Joseph Happe. Son premier propriétaire fut Madame de Dompierre. A l’époque, fin du 18è siècle, le quartier était en zone péri-urbaine, et l’on y construisait pour être au calme… Auparavant, il y avait là des terrains de maraîchage possédés par la communauté religieuse : « Les Filles-Dieu », dépendant de Fontevrault. Monsieur d’Hauteville acheta ces terrains, les lotit, et en vendit une parcelle à Madame de Dompierre, laquelle fit construire l’hôtel à partir de 1787..<o:p></o:p>
En 179O, il devient la propriété de Lormier-Lagrave, riche planteur à Saint-Domingue, plus ou moins ruiné par l’abolition de l’esclavage en 1794. En 1795, après sa mort tragique, c’est sa fille, Madame Fortunée Hamelin, qui en devient propriétaire. Elle est alors une « Merveilleuse », qui, avec les « Incroyables » prennent le contre-pied de la Révolution et traduisent le désir d’un retour de la monarchie.<o:p></o:p>
En 1801, après la débâcle du couple Hamelin, l’Hôtel fut vendu à Louis de Bourrienne, ami intime de Napoléon, après avoir été son condisciple à l’école militaire de Brienne. Bonaparte et Bourrienne s’y étaient rapprochés, car tous deux subissaient les quolibets de leurs camarades, Bonaparte pour son accent corse, et Bourrienne du fait de sa timidité… L’école de Brienne avait été créée afin de former à l’art militaire les gens de la petite noblesse, qui, dans le système de l’époque ne pouvaient avoir accès aux plus hautes fonctions militaires, réservées alors aux nobles ayant plusieurs quartiers de noblesse. Bourienne, d’abord secrétaire de légation à Stuttgart en Allemagne, avait épousé une demoiselle Conradi, fille d’un avocat de Leipzig. Quoi qu’il en soit, de retour à Paris, Bourrienne devint fournisseur des armées de Napoléon, ce qui l’enrichit considérablement ; il paya l’Hôtel cent mille livres. Toutefois, en 1802, Bourrienne, compromis dans une faillite frauduleuse, fut congédié de son emploi de secrétaire de l’empereur et envoyé à Hambourg. Neurasthénique, Bourrienne se retirera en province et vendra l’Hôtel en 1824. Il y eut ensuite de nombreux propriétaires, jusqu’à ce que Charles Tuleu achète la propriété le 21 janvier 1886. Il fait construire au fond de la propriété un atelier, dans lequel il installe la fonderie de caractères d’imprimerie dont il a hérité de son parrain Alexandre de Berny, lui-même fils de Madame de Berny, grande égérie de Balzac ! La même année il épouse Jane Peignot, fille de Gustave Peignot, lui-même fondeur en caractères d’imprimerie. Dans les années 1920, les deux sociétés fusionnent, et la société Deberny-Peignot est réputée dans les milieux de la typographie. Les Tuleu font réaménager les combles de lhôtel dans le style Art Nouveau, et font classer l’hôtel « monument historique » en 1921.<o:p></o:p>
En 1943, les Tuleu décédés, leurs neveux, monsieur et madame Jean Peignot, prennent la maison en charge, et en assurent depuis la pérennité.<o:p></o:p>
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VISITE DE L’HÔTEL BOURRIENNE<o:p></o:p>
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Remarque : Si la construction de l’hôtel est le fait de Madame de Dompierre, la décoration a été commandée par Madame Hamelin puis par monsieur de Bourienne, et attribuée à Lecomte, Bellanger et Prudhon.<o:p></o:p>
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L’entrée est de modeste dimension, environ 12 mètres carrés, et s’ouvre sur un large corridor ; à gauche, un escalier conduit au premier étage, habité de nos jours par les petits neveux et nièces de Charles Tuleu de Berny, propriétaire de la demeure au 19è siècle, et dont on voit un portrait de famille dans le salon d’hiver.<o:p></o:p>
Au fond du couloir se trouve le jardin d’hiver, aux baies vitrées donnant sur le jardin.<o:p></o:p>
A droite du corridor, on trouve plusieurs pièces de réception :<o:p></o:p>
- Le petit salon et salle à manger
Superbe parquet en mosaïque, de la période Empire, en chêne, palissandre et citronnier (le citronnier n’est pas notre arbre à citrons, mais un bois exotique oriental appelé citronnier par les ébénistes…)<o:p></o:p>
La décoration murale relève du goût de l’Antique qu’on avait alors : fresques en bas-reliefs évoquant les récentes découvertes de Pompéi, colonnes avec des chapiteaux babyloniens. Mais la décoration s’inspire aussi de la mode anglaise de l’époque : murs vert tendre avec bas reliefs imitant le Wedgewood anglais…<o:p></o:p>
Au plafond, une peinture représente une treille et des raisins.<o:p></o:p>
On peut admirer un lustre d’époque fin 18è siècle évoquant la chasse, avec les supports des bougies en forme de cors de chasse…<o:p></o:p>
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- Bureau :<o:p></o:p>
Beau parquet « point de Versailles » en chêne, datant de la construction, soit 1785. Au plafond, il y avait une toile marouflée. Elle a été vendue et se trouve actuellement aux Etats-Unis.<o:p></o:p>
Beau portrait de l’épouse de M. de Barny : une femme belle, aux yeux clairs et dont le portrait est d’une très étonnante modernité…<o:p></o:p>
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- Grand Salon : C’est la salon des grandes réceptions. Décor parfaitement symétrique, avec de grands miroirs faisant face aux portes fenêtres donnant sur le jardin. Les miroirs étaient un signe de richesse, car très coûteux. Murs vert tendre, jaunes, rouge sombre, ornés de personnages antiques. On s’y réunit beaucoup, et notamment les sociétés monarchistes, réclamant le retour de la monarchie et le rétablissement de l’esclavage. C’est l’époque des Incroyables et des Merveilleuses, et aussi celle des Muscadins, appelés ainsi parce qu’ils se parfumaient, monarchistes convaincus. Bourrienne va beaucoup militer en ce sens, en particulier après avoir « retourné sa veste », trahissant Napoléon au profit de Louis XVIII. Madame Hamelin, fille d’un planteur de Saint-Domingue, est amie de Joséphine de Beauharnais, et milite pour le rétablissement de l’esclavage. C’est dans ce salon qu’a été tourné au cinéma la rencontre entre Bonaparte et Joséphine, dans le film où Christian Clavier joue le rôle de Napoléon.<o:p></o:p>
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Chambre à coucher de madame Hamelin :<o:p></o:p>
C’est une chambre d’apparat située au rez-de-chaussée. La décoration est faite d’oiseaux, de fleurs, à la façon de Louis XVI. Il est vrai que madame Hamelin venait de Saint-Domingue ; cela a pu influencer ce choix d’une décoration exotique. Au 18è siècle, la chambre n’est pas une pièce que l’on cache. Au contraire. Et le lit est le meuble dans lequel on investit le plus. Il est en effet un symbole à plusieurs titres : d’abord, à une époque où le chauffage est peu usité, le lit est l’endroit où on a chaud. Et c’est également l’endroit où l’on se retire pour se soigner en se reposant. Avoir chaud, bien se soigner, sont des signes de luxe, et on tient à le montrer… A l’époque du Directoire, puis de l’Empire, on assiste d’ailleurs à une sorte de libération des femmes : on utilise moins de cosmétiques sur le visage, on se montre plus souvent sans perruque, avec des cheveux libres, et coiffés selon des modèles antiques : coiffure à la Titus par exemple… De même, on supprime le corset (qui reviendra cependant plus tard), et on porte des robes à taille très haute. Enfin apparaissent le châle qu’on pose sur les épaules, les cothurnes, chaussures à haute semelle pleine, et on se met à porter de petits sacs à mains, les réticules..<o:p></o:p>
Toute une époque !....<o:p></o:p>
A l’arrière de l’Hôtel Bourrienne, il y a un jardin ; mais il n’en subsiste de nos jours qu’une petite partie, le reste ayant été amputé pour construire plusieurs bâtiments, dont une école…<o:p></o:p>
L’Hôtel Bourrienne est un exemple rare de demeure du 18è siècle comportant encore de nombreux éléments décoratifs de cette époque.<o:p></o:p>
Les visites se font sur RDV.<o:p></o:p>
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COMPLEMENT : Le quartier de la Nouvelle-France :<o:p></o:p>
La Nouvelle-France, nom donné au 18è siècle au Canada français, était le nom d’une caserne parisienne d’où partaient les soldats pour « La Jolie Province ». Ce nom de Nouvelle France, désigna, par extension, le quartier alentour. Ce terrain, marécageux à l’origine, fut assaini. Il se couvrit de belles demeures à la fin du 18è siècle et au début du 19è siècle. Beaucoup d’entre elles furent détruites ou saccagées quand s’installèrent boutiques et ateliers ; disparurent alors en particulier trois maisons construites par Ledoux. Pourtant, derrière des immeubles de rapport, se cachent encore quelques beaux hôtels :<o:p></o:p>
- L’Hôtel Titon, 58 rue du Fbg Poissonnière, fut construit vers 1780 pour un conseiller au Parlement de Paris, Jean-Baptiste Titon. Les anciens jardins de l’hôtel Titon forment aujourd’hui la Cité Paradis au fond de laquelle se trouve la façade est de l’hôtel.<o:p></o:p>
- L’Hôtel Cheret, 30 rue du Fbg Poissonnière, construit vers 1780 pour François-Nicolas Lenormant de Flaghac, trésorier des ordres du Roi, fut aussi habité par le maréchal Ney, qui termina sa vie tragiquement, fusillé avenue de l’Observatoire à Paris. Le porche sur la rue s’ouvre sur une grande cour. Le long de celle-ci se trouvent les anciens communs, ainsi que, au fond, un corps de logis dont la façade est agrémentée de quatre colonnes ioniques et d’ornements Louis XVI.<o:p></o:p>
- L’Hôtel Bony, 32 rue de Trévise, que l’architecte Bony construisit pour lui-même en 1826, a conservé sa décoration intérieure Restauration.<o:p></o:p>
- L’Hôtel de Botterel-Quintin, 44 rue des Petites Ecuries, fut construit à partir de 1782 par Perrard de Montreuil pour le comte de Botterel-Quintin ; la façade modeste cache une très belle décoration intérieure de style Directoire, dans le même goût que ce que l’on peut voir dans la chambre à coucher et la salle à manger de l’Hôtel Bourienne.<o:p></o:p>
- L’Hôtel Marmont, 51 rue de Paradis, construit en 1780, fut acheté par le banquier Perregaux et habité par son gendre le Maréchal Marmont qui y signa en 1814 la capitulation des troupes françaises. L’hôtel est complètement défiguré extérieurement mais quelques salons ont conservé des vestiges de leur décoration Empire.<o:p></o:p>
- Et enfin, toujours au fond des cours, des vestiges de la même époque, plus ou moins bien conservés :<o:p></o:p>
- 54 rue d’Hauteville, un petit pavillon<o:p></o:p>
- 60 Faubourg Poissonnière : un petit hôtel Louis XVI<o:p></o:p>
- 56 Faubourg Poissonnière : un noble hôtel défiguré par des surélévations.<o:p></o:p>
- 52 et 50 Faubg Poissonnière, deux bâtiments qui devaient servir d’auberges<o:p></o:p>
- 6 bis rue Laumain, un pavillon élevé vers 1840…<o:p></o:p>