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Littérature et écriture, dans les thèmes suivants : récits et nouvelles - souvenirs - chroniques - critiques littéraires et cinématographiques - humour - poésie - voyages et balades -

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Françoise SAGAN

NON-FUMEUR<o:p></o:p>

A la manière de Françoise Sagan<o:p></o:p>

Par Robert Lasnier<o:p></o:p>

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Sandra s’approcha et murmura : CharlesWebb et moi, nous nous entendons bien. Et toi, es-tu heureuse ? Je voulus allumer une cigarette.  Elle s’éteignit. Ma main tremblait. J’en allumai une deuxième, puis une troisième, les doigts crispés sur l’allumette. Le regard dur de Sandra affola mon cœur. Elle devait être complice de Charles, mais j’attribuai son comportement à son inconscience. Nous décidâmes de partir immédiatement, dans sa voiture, une longue Ferrari décapotable. On s’élança sur la route, je me renversai doucement sur le cuir du siège, le vent sifflait, Sandra conduisait, s’impatientant malgré la vitesse qui nous grisait. Nous étions de la même race, elle et moi : boire, fumer, conduire, ne jamais choisir… On s’arrêta à Saint-Raphaël, dans une boîte, le « Bar du soleil ». L’orchestre jouait un swing « A brighter summer day »… Il était 22 heures, et à cette heure-là Cyril devait être couché avec Anne, mais je n’en dis rien. Charles Webb nous aperçut et fit un geste de la main. Il fumait un cigare nerveusement.  Sa femme aussi nous avait vues. Elle, elle préférait la pipe, surtout avec des jeunes hommes. On sortit et on alla dîner tous les quatre. Pendant le repas je bus beaucoup, je fumai aussi beaucoup. Des Craven. Et aussi des cigarettes à bout doré, que mon père avait rapportées de Suisse. Charles avait reposé son verre et lança : - Ça ne vous semble pas bizarre, un mariage de vieux ?... Sa femme se leva alors, s’excusa et sortit sous un prétexte qui me sembla futile. Sandra se mit à parler à voix basse à l’oreille de Charles. J’observai le visage buriné de Charles, les yeux sombres de Sandra, je pensai « salaud ! salaud ! », je pris une nouvelle cigarette sur la table et je me mis à rire. Puis craquant une allumette, je tendis avidement mon visage vers la flamme, imaginant que c’étaient les lèvres de Cyril que j’embrassais avec férocité. Sandra comprit-elle mon trouble ? Elle se pencha vers moi et me souffla : Cyril est sur la plage !... Je sentis des larmes de plaisir me couler des yeux. Je sortis, comprenant que j’étais davantage faite pour l’amour que pour passer ma licence de lettres. Je crispai mes doigts sur mon paquet de cigarettes. Cyril !... Je me sentais libérée de beaucoup de peurs. Sur la plage,  dans la nuit éclairée par les néons, je l’aperçus, et je sus qu’avec lui je ne craindrais plus l’ennui. Je criai : « Cyril !», allumant une nouvelle cigarette. Cyril me regarda et parut dérouté. Il portait un tee-shirt blanc sur lequel je lus : « Non-fumeur » et juste en-dessous ce slogan : « La clope c’est pas top ! »… Je n’eus plus la moindre force : nous avions, le soleil, l’eau salée la mer, et moi j’avais Cyril, mais un Cyril sans tabac, dénicotinisé, alors je me mis à sangloter : Bonjour tristesse !<o:p></o:p>

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